mardi 31 mars 2009

CCCXXXV : Les statues de l'Hôtel de Ville (34e volet) : Marivaux par Albert Lefeuvre

 

Voici le 34e volet de la série des statues de l'Hôtel de Ville. Elle est située au 3e étage de la façade qui donne sur le quai de l'Hôtel de Ville (voir la photo ci-dessous). Il ne s'agit pas d'un inconnu puisque la statue représente Marivaux.


 Pierre Carlert de Chamblain de Marivaux est né à Paris le 4 février 1688. Il y est mort à l'âge de 75 ans le 12 février 1763. Il est issu d'une famille de magistrats normands.

Marivaux est un des plus grands auteurs de théâtre du XVIIIe siècle français. Son premier succès est Arlequin poli par l'amour (1720). La pièce qui aujourd'hui reste la plus célèbre est La double inconstance créée en 1723.

Le style de Marivaux a donné marivaudage pour désigner un parler dont le but est de séduire les personnes du sexe opposé et plus généralement pour tout ce qui se rapporte au libertinage si répandu pendant le règne de Louis XV (1715-1774), roi qui a particulièrement pratiqué la chose !

 Voici quelques suggestions de citations pour ceux et celles qui aiment en placer dans leurs discours :

"Nous sommes plus jaloux de la considération des autres que de leur estime" (La vie de Marianne).

"Quand une fois l'imagination est en train, malheur à qui les gouverne" (La vie de Marianne).

Marivaux a été élu en 1742 à l'Académie française. Il a occupé le fauteuil N°24 occupé par Colbert de 1667 à 1684, par La Fontaine de 1684 à 1695, par Jean-François-Revel de 1997 à 2007 et aujourd'hui par Max Gallo. (voir la fiche de l'Académie française).

La rue Marivaux est située dans le 2e arrondissement. Elle longe l'Opéra comique.

La statue est une oeuvre de Louis-Albert Lefeuvre, dit Albert Lefeuvre né le 27 mai 1845 dans l'ancien 3e arrondissement de Paris et mort à Neuilly-sur-Seine le 11 août 1924.

 

lundi 30 mars 2009

CCCXXXIV : Les façades du Centre de Paris : Le nouvel immeuble à l'angle de la rue Saint-Antoine et de la rue de Turenne

 

Trois lecteurs ont laissé des commentaires me suggérant de faire un article à propos de l'immeuble des logements sociaux inaugurés en mars 2009 à l'angle de la rue Saint-Antoine et de la rue de Turenne.

Il était bien dans mes intentions de consacrer un article à cette nouveauté. J'ai régulièrement pris des photographies pour voir l'évolution de ce chantier. Celui-ci a soulevé deux problèmes.

Le premier est esthétique. De nombreux riverains (questions posées en conseil d'arrondissement par le public, intervention d'associations de défense du patrimoine) se sont demandés comment on pouvait construire une telle façade en plein coeur du PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Marais). On peut en effet s'interroger sur les règles appliquées à certains et pas à d'autres. Dans mon immeuble, l'architecte des bâtiments de France s'est opposé aux travaux d'intervention sur la toiture, au prétexte qu'il faudrait commencer par démonter une cheminée qui se trouve dans une courette intérieure et qui n'est pas visible de l'extérieur. L'idée est qu'il faut revenir à "l'état ancien". La démontage de cette cheminée entraînerait d'énormes difficultés pour le café-restaurant situé au bas de l'immeuble et donc le chantier est bloqué. Pendant ce temps-là, il continue de pleuvoir chez les résidents du dernier étage en raison des trous dans la toiture. Le fait que dans le même temps on permette presqu'en face de l'église Saint-Paul-Saint-Louis (que de plus la Ville de Paris ne se décide pas à restaurer), de construire une façade aussi radicalement moderne me laisse perplexe.

Cependant, il faut nuancer ces critiques. En effet, l'état initial de ce bâtiment n'avait rien de très enthousiasmant. Comme on le voit sur la photographie prise ci-dessous en novembre 2007, le côté donnant sur la rue de Turenne était peu esthétique :

De plus, alors que le projet, qui était placardé sur l'immeuble au moment de l'annonce des travaux, laissait croire à une façade métallique criarde (comme on le voit sur la photo ci-dessous), le résultat final  s'insère assez bien, je trouve, dans le secteur (voir la photographie du début de l'article).

Le deuxième problème posé par cet immeuble concerne les logements sociaux. Il n'est pas possible de contester la nécessité de construire des logements sociaux dans le 4e. Pour avoir enseigné pendant 5 ans dans des quartiers "sensibles" de Seine-Saint-Denis, je pense qu'il est vraiment indispensable de davantage répartir les logements sociaux et de ne pas les concentrer dans certaines parties du territoire. Cependant, il serait bon, d'une part, de ne pas oublier les habitants du 4e arrondissement qui ont du mal à se loger et qui sont de plus en plus obligés de s'exiler loin de notre arrondissement. Il faudra d'ici quelques années faire un bilan de la part des habitants du 4e arrondissement qui ont profité de ces logements. D'autre part, cette politique de logements sociaux (l'objectif de la maire du 4e est de parvenir à 10% de logements sociaux avant la fin de son second mandat en 2014) ne doit conduire à oublier les classes moyennes qui, elles aussi, sont contraintes à l'exil hors du centre de Paris.

In cauda venenum : si la mairie de Paris considère que le logement social est une telle priorité, on peut s'étonner du retard pris dans la livraison de ces logements sociaux. Sur la pancarte disposée en 2007, c'est-à-dire en pleine période électorale, il était prévu que ces logements soient livrés "à l'automne 2008" : 

Or, comme on le voit sur cette photographie prise en octobre 2008, donc à "l'automne 2008", le chantier n'était pas fini. Il manquait les panneaux métalliques qui ont tant été critiqués :

Finalement, ces logements n'ont été livrés qu'en mars 2009. Alors que l'hiver a été cette année particulièrement froid et alors que la crise économique commençait à faire des ravages sociaux, on ne peut que regretter ce retard dans la livraison des logements. Il faudrait faire un bilan de tous les logements qui ont été rachetés par la Ville de Paris et qui sont en attente de livraison... Le résultat serait édifiant. N'y a-t-il pourtant pas urgence ? Je pense notamment à un immeuble de la rue du roi de Sicile qui a été vidé de ses habitants et qui n'est toujours pas fini.

Pour la poissonnerie qui doit s'installer au rez-de-chaussée, il faudra attendre le mois de juillet 2009... Heureusement que dans l'Ouest de l'arrondissement nous avons un très bon poissonnier rue Rambuteau.

Voilà un article qui rassurera je l'espère ceux qui pensaient que je ne m'étais pas intéressé à la rénovation de cet immeuble.

samedi 21 mars 2009

CCCXXV : Le signe du bélier sur la façade de Notre-Dame : taillez votre vigne !

 

Pour les amateurs d'astrologie, nous entrons aujourd'hui dans le signe du bélier. J'ai déjà signalé à propos du Poisson (article du 20 février dernier) que le portail de la Vierge était orné par les signes astrologiques.

 
 
Le bélier est associé à un personnage dont on peut se demander au 1er abord ce qu'il fait. Comme le signe du bélier correspond à l'arrivée du printemps (21 mars au 19 avril), le paysan du Moyen Âge remettait le nez dehors pour aller tailler sa vigne.

lundi 16 mars 2009

CCCXX : Signalétique du métro (3) : une entrée Guimard à Cité

 

J'avais évoqué dans le 1er volet de la série consacrée à la signalétique du métro, les versions les plus anciennes que nous devons à Hector Guimard.

A la station métro Cité, le 4e arrondissement conserve de ce design urbain qui correspond au style "Art nouveau". On peut ainsi se rendre compte que la première signalétique (mise en place à l'occasion de l'exposition de 1900) donnait le nom complet "Métropolitain" et que ce n'est que par la suite que l'abbréviation "Métro" s'est imposée (voir l'article consacré aux candélabres "Val d'Osne").   

On ne peut pas être insensible à la ligne de ce style Art nouveau qui s'inspire directement de plantes et de fleurs.


jeudi 12 mars 2009

CCCXVI : Place Baudoyer... la place où un dauphin a failli être tué par un cochon

 

Mon meilleur ami m'a signalé que dans un numéro double du magazine Le Point consacré aux rois de France (décembre 2008) on trouvait un article intitulé "Le dauphin tué par un cochon place Baudoyer". Sachant mon intérêt pour le 4e arrondissement, il m'a passé cet article qui se trouvait en page 204.

Le journaliste (Frédéric Lewino) raconte en effet avec force détails la mort  survenue le 13 octobre 1131 de Philippe, le fils aîné de Louis VI le gros. "Le 13 octobre 1131, le dauphin Philippe, fils de Louis VI le Gros, pénètre dans Paris par la place Baudoyer (à l'emplacement de l'actuelle place du même nom, devant la mairie du 4e arrondissement). A 15 ans, le jeune prince a déjà été sacré à Reims par la volonté de son père, qui l'associe au pouvoir. Soudain, le cheval du jeune souverain est effrayé par un troupeau de pourceaux qui divague. A cette époque, Paris n'est encore qu'une ville de chaumière et de boue. Philippe tombe et se fracasse le crâne. Mort, le dauphin !".

Tout ce qui est raconté ici est très exact d'un point de vue factuel. (Voir par exemple l'ouvrage d'Yves SASSIER, Louis VII, Fayard, 1991, page 15). De même la place Baudoyer était bien une des entrées de Paris comme je l'avais évoqué dans un article consacré à la rue du Bourg-Tibourg. Rien à redire donc...

Si ce n'est que l'historien journaliste emporté par son anecdote évoque à trois reprises le "dauphin". Le fait d'appeler le fils aîné du roi de France ne date que de deux siècles plus tard quand en 1349 Humbert II du Dauphiné (un débauché qui a dilapidé tous ses biens) a vendu son fief au roi Philippe VI de Valois a condition que l'héritier du trône porte le titre de "Dauphin". Le 1er dauphin entré dans l'histoire est Charles, futur Charles V, qui pendant l'emprisonnement de son père Jean II le bon à Londres, a dû surmonter la révolte menée par Etienne Marcel.

 En 1131 c'est bien l'héritier du trône qui est mort sur la place Baudoyer... mais pas le "dauphin".

mercredi 11 mars 2009

CCCXV : Les statues de l'Hôtel de Ville (33e volet) : La Rochefoucauld par Jean-Didier Début

  

Voici le 33e volet de la série des statues de l'Hôtel de Ville. Nous continuons avec la façade côté Seine avec La Rochefoucauld :

 François de La Rochefoucauld est né à Paris le 15 septembre 1613. Il appartenait à une des familles de la grande noblesse française. Il s'agit de François VI duc de la Rochefoucauld. Il a participé aux intrigues de cour notamment pendant la Fronde au début du règne de Louis XIV.

Il est surtout connu pour son oeuvre de mémoraliste et surtout les Mémoires. Il est mort le 17 mars 1680.

Voici quelques maximes de La Rochefoucauld :

" On fait souvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal".

"Quand on ne trouve pas son repos en soi-même il est inutile de le chercher ailleurs".

"L'amour de la justice n'est pour la plupart des hommes que la crainte de souffrir de l'injustice".

Source : horaz.com

La Rochefoucauld est une ville de Charente située au Nord-Est d'Angoulême.

 La rue de La Rochefoucauld est située dans le 9e arrondissement à l'Ouest de la place Saint-Georges mais elle rend hommage en fait à une abbesse de Montmartre membre de la famille de celui dont il s'agit dans cet article.

La statue est une oeuvre de Jean-Didier Début (né à Moulins le 4 juin 1824 et mort à Paris le 5 avril 1893) auquel on doit aussi une autre statue de l'Hôtel de Ville, celle de Charles Rollin (voir article du 27 décembre 2012).


dimanche 8 mars 2009

CCCXII : Avenue Victoria : un souvenir d'une visite officielle à l'Hôtel de Ville le 23 août 1855. Un article à l'occasion de la journée mondiale de la femme.

 

Voici un article publié à l'occasion de la Journée mondiale de la Femme. Il est consacré à une des rares voies du 4e qui porte le nom d'un personnage de sexe féminin.

L'avenue Victoria part de la place de l'Hôtel de Ville pour se perdre quelques centaines de mètres plus loin un peu au-de là de Châtelet dans le 1er arrondissement.

 Ce nom a été choisi suite à la visite officielle de la reine Victoria reçue en France par Napoléon III en août 1855.  Cela a été relaté par André Castelot dans un numéro du magazine Historia de Septembre-Octobre 1995 (page 97) :

"Le jeudi 23 août devait se terminer par un bal donné à l'Hôtel de Ville. [...] Entre deux danses, on présente à la reine des chefs arabes. L'un d'eux, avant que la reine ait pu faire un geste, se met à genoux, soulève le bas de la jupe de dentelle blanche de Victoria, lui embrasse le mollet en s'écriant "Honni soit qui mal y pense !" "La reine ne cria pas, raconta Mérimée, mais elle souffrit du mal qu'elle se donna pour ne pas éclater de rire !".

En souvenir de cette soirée, la municipalité demanda à Victoria la permission de donner son nom à la nouvelle avenue qui allait réunir l'Hôtel de Ville à la place du Châtelet. La reine n'avait pas besoin de cet hommage pour se souvenir de la réception. Le baiser du cheik donné à son mollet suffisait...".

Une exposition s'est tenue jusqu'au 19 janvier 2009 au musée de Compiègne à propos de cette visite en France de la reine Victoria.

samedi 7 mars 2009

CCCXI : Un pigeonnier pour pigeonner... les pigeons ! ou comment les "pigeonnes" ont failli avaler la pilule

 

Nos amis les pigeons ont longtemps eu tendance à être envahissants. Cela a des effets dévastateurs sur de nombreuses façades en raison de leurs déjections... De plus, il existe même des riverains qui ont la phobie de ces volatiles.

En 2008, le Conseil d'arrondissement du 4e arrondissement a adopté une décision qui peut sembler surprenante : l'installation d'un pigeonnier (voir dans le compte-rendu du 14 octobre 2008 en page 5). En fait, il s'agit d'un "pigeonnier contraceptif" comme l'a précisé Julien Landel. Corine Faugeron a ajouté "ne croyez pas qu'on donne la pilule aux pigeonnes [...] On secoue le pigeonnier régulièrement ce qui fait que les œufs n'éclosent pas". Ce dispositif permet ainsi de contrôler la population de pigeons.

On peut déjà voir un tel pigeonnier dans le 1er arrondissement, rue Réaumur au niveau du croisement avec la rue Montorgueil (voir la photo ci-dessous). Je n'ai pas d'information concernant l'emplacement de celui du 4e arrondissement. D'après l'intervention de Julien Landel lors de ce même conseil d'arrondissement du 14 octobre, il devrait être installé dans le quartier Saint-Merri puisque c'est ce conseil de quartier qui en a fait la demande. 



mercredi 4 mars 2009

CCCVIII : La place de l'Hôtel de Ville : un endroit agréable... en 1822 !

  

Par hasard, il y a deux semaines, en chinant à Londres,  j'ai trouvé cette gravure à Portobello Road Market. Je l'ai achetée pour la modique somme de 18 £ (environ 20 €). J'en suis très content car elle représente un lieu que j'aime beaucoup : la place de l'Hôtel de Ville de Paris (qui s'appelait à l'époque la place de Grève, c'est-à-dire la grève du port de Paris).

L’œuvre est datée de 1822. Le dessin est signé Frederik Nash et la gravure Edward Goodhall. Elle a été fabriquée à Londres.

A cette époque, la façade de l'Hôtel de Ville ne s'étendait pas sur toute la façade de l'Hôtel de Ville, c'est pourquoi on aperçoit un pâté de maison dans le prolongement de l'édifice vers le quai. De plus, un arche que l'on voit bien au 2e plan permettait de prendre une petite rue et de se rendre à l'église Saint-Jean qui a été détruite quand l'Hôtel de Ville a été considérablement agrandi sous Louis-Philippe. (L'édifice actuel recontruit après l'incendie lors de la Commune en 1871 a repris la même occupation du sol). On voit au centre de la façade la statue du roi Henri IV. Le lanternon rappelle celui qui surmonte l'Hôtel de Ville actuelle (voir un premier détail de cette gravure ci-dessous : )

Autres détails qui montrent que cette gravure date du début du XIXe siècle :

- à l'horizon on voit Notre-Dame. On se rend compte que le pinacle (la flèche centrale que l'on trouve aujourd'hui à la croisée des transepts) n'est pas visible. En effet, sa reconstruction est due à la "restauration" opérée de 1841 à 1864 sous la conduite de Viollet-le-Duc.

-mais surtout on voit un parasol sur la place. Cela donne l'impression que Paris plage n'est finalement pas une invention de M. Delanoë mais qu'à l'époque les Parisiens pouvaient disposer librement de la place comme ils le voulaient. On peut le constater sur cet autre détail de la gravure : 


 


 

lundi 2 mars 2009

CCCVI : Une nouvelle plaque dans le 4e : un hommage à la 1ère femme pilote d'avion au monde : Elisa Deroche

 

Comme je passe souvent rue de la Verrerie, une nouveauté ne m'a pas échappé : la pose d'une nouvelle plaque commémorative au 61 rue de la Verrerie. Elle est consacrée à Elisa Deroche, née à cet endroit le 22 août 1882. On peut en savoir plus grâce à l'article du 13 février 2009 que j'ai trouvé sur le site du journal "L'ardennais".

La pause de cette plaque avait été décidée suite à une délibération présentée par Corinne Faugeron lors du Conseil d'arrondissement du 19 septembre 2006. Une délibération qui avait conduit à une belle passe d'arme entre non pas Mme Faugeron et Mme Bertinotti (comme c'est l'usage) mais entre notre élue verte et Christophe Girard. A l'époque c'est Jean Lhôpital qui avait ramené le calme dans les rangs de la majorité municipale.

Un regret... Trop peu de femmes sont honorées. Il est dommage que la pause de cette plaque n'ait pas donné lieu à une meilleure information parmi la population du 4e arrondissement.


 J'ai fait paraitre un complément à cet article suite à une visite au musée Saint-Remi de Reims (article paru le 22 août 2009).