dimanche 29 mai 2011

DCCCLXXXIX : Les ponts de Paris Centre : le Petit Pont, un pont antique par son emplacement

 

Voici un nouvel article de la série consacrée aux ponts de Paris Centre. Il s'agit du "Petit Pont" qui relie l’ile de la Cité à la rive gauche au niveau de la partie ouest du Parvis Jean-Paul II, c'est-à-dire du parvis de la cathédrale Notre-Dame.

 Ce "petit Pont" qui ne paie pas de mine est peut-être le plus ancien par son emplacement. Dès l'Antiquité, il est fort probable que la rive gauche où se trouvait le forum principal (au niveau de l'actuelle rue Soufflot) était relié à l'île de la cité par un pont situé à cet endroit. Il s'appelle le "petit Pont" car c'est à cet endroit que la Seine est la moins large ce qui a donc permis de construire un pont assez peu long (il ne fait que 32m).

C'est certainement à cet endroit que les Parisiens ont réussi à repoussé une attaque des Vikings au IXe siècle. Cela est rappelé par une plaque située dans l'escalier qui mène à la crypte archéologique située sous le parvis. [Eudes Ier (860-898), comte de Paris menait la bataille. C'est le frère de mon ancêtre Robert Ier (866-923)].

Le 1er pont en pierre construit à cet endroit date de 1185. Il a été détruit dès 1196. Par la suite, de nombreuses constructions et destructions se sont poursuivis. Voici par exemple l'aspect du pont sur le plan de Bâle des années 1550 :

 On trouvait des maisons sur ce pont. Ces maisons se prolongeaient vers la rive gauche. Cela explique que la partie la plus au nord de la rue Saint-Jacques porte pendant quelques dizaines de mètres le nom de "rue du Petit Pont'.

D'après cette gravure que j'ai dans ma collection personnelle, ce pont avec les maisons a brûlé en 1718 :

Sur le plan Turgot des années 1730 on se rend compte ainsi compte que le pont avait complètement d'aspect mais il était toujours protégé sur la rive gauche par le Petit Châtelet :

Ce dernier pont à trois arches a été à nouveau détruit en 1850 pour faciliter la navigation. Le  pont actuel, inauguré en 1853 a été conçu par l'ingénieur Michal. C'est un ouvrage en pierres tout simple avec une seule arche. Il fait 12m de large.

jeudi 26 mai 2011

DCCCLXXXVII : Les statues de l'Hôtel de Ville (70e volet) : Anne Robert Jacques Turgot par Alexandre Oliva

  

Voici le 70e volet de la série des statues de l'Hôtel de Ville. Elle concerne une grande figure de l'histoire de France : Turgot. Sa statue est située au 1er étage du portail central sur la place à droite de la porte gauche :


Turgot est un des premiers personnages de l'histoire de France que j'ai étudié. Je me rappelle très bien d'un dossier que j'avais fait sur lui à l'école primaire. Je vais donc faire un article très bref car on peut facilement trouver sur la toile ou dans les dictionnaires des informations le concernant.

Anne Robert Jacques Turgot, baron de l'Aulne est né à Paris le 10 mai 1727. Il est le fils de Michel-Etienne Turgot, prévôt des marchands de Paris (qui a Paris est resté célèbre pour avoir commandé la mise au point du plan dit "Turgot").

Devenu conseiller au Parlement de Paris au début des années 1750, il se rapproche des économistes physiocrates. Il est nommé en 1761 intendant à Limoges. Il écrit plusieurs ouvrages dans lesquels il prône une réforme économique et fiscale de grande ampleur.

Cela lui permet, après l'avènement de Louis XVI, de devenir Contrôleur général des finanaces en juillet 1774. Il met assez rapidement en oeuvre son programme réformateur. Ses préconisations sont fort simples : « Point de banqueroute, point d’augmentation d’imposition, point d’emprunts. Pour remplir ces trois points, il n’y a qu’un moyen : réduire la dépense au-dessous de la recette". (voir la lettre écrite à Louis XVI datée du 24 août 1774).

Cependant la réorganisation du marché du blé dans un contexte de récolte peu abondante provoque des émeutes (un épisode surnommé la "guerre des farines").

Sa proposition en janvier 1776 de supprimer les corporations provoque une vague de mécontentement qui montre que la société d'Ancien Régime n'était pas prête à accepter des changements. Lâché par Louis XVI, Turgot démissionne en mai 1776.

Il meurt à Paris le 18 mars 1781.

Les corporations disparaissent à peine 10 ans plus tard par le décret dit "Décret d'Allarde" voté par l'Assemblée constituante en mars 1791... dans un contexte bien différent puisque la Révolution française a alors commencé depuis 2 ans. La réforme par le haut qui n'avait pas assez été soutenue par Louis XVI à l'époque de Turgot a été imposée par la violence.

Il existe une rue Turgot dans le 9e arrondissement mais elle rend hommage à M. père car c'est lui qui a été prévôt des marchands.

La statue de  Turgot à l'Hôtel de Ville est une oeuvre du sculpteur Alexandre Joseph Oliva né le 4e septembre 1823 à Saillegousse (Pyrénées Orientales) et mort le 22 février 1890 dans le 5e arrondissement de Paris.

 

mardi 24 mai 2011

DCCCLXXXVI : Les impressionnantes destructions dans Paris Centre fin mai 1871 après les la terrible semaine sanglante.

  

Voici la photo qui m'a le plus impressionné lors de l'exposition sur la Commune de Paris qui s'est tenue à l'Hôtel de Ville. (voir article du 26 avril 2011)

Nous sommes en effet habitués à voir les photographies et les gravures des monuments parisiens en ruine, les scènes de barricades, les Communards fusillés lors de la Semaine sanglante du 22 mai au 29 mai qui conclut cette période.

Cependant, je n'avais jamais vu une telle vue qui nous montre la rue de Rivoli à la hauteur de la rue Saint-Martin (avec en arrière-plan un angle de l'Hôtel de ville). Pour bien se repérer je publie le même endroit aujourd'hui :

On peut voir sur la photo de 1871 des façades d'immeubles complètement détruites. Le 24 mai 1871, face à l'avancée des armées Versaillaises, la Commune a décidé d'évacuer ce secteur de Paris pour se replier dans le Nord-Est non sans décider d'incendier plusieurs bâtiments dont l'Hôtel de Ville, la Préfecture de Police et le Palais de Justice. Il s'agit de la dernière période lors de laquelle le coeur de Paris a été touché par une telle catastrophe. Sous la 1ère guerre mondiale, seuls quelques bâtiments (notamment un immeuble en face du métro Saint-Paul et la nef de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais) ont été touchés par des tirs d'obus tirés par la "Grosse Bertha" ou des bombardiers Gothas en 1918.

Pour mieux se rendre compte voici une juxtaposition des deux photographies :


 


 

mercredi 18 mai 2011

DCCCLXXXI : Square Barye : retour d'une statue en bronze de Barye disparue pendant l'Occupation

En ce printemps 2011,on peut observer un changement dans la statue consacrée à Barye que l'on peut voit dans le square du même nom à la pointe Est de l'île Saint-Louis et à laquelle j'avais consacré un article il y 2 ans (article du 23 avril 2009). Comme je l'avais signalé à cette époque, la statue était surmontée jusqu'en 1941 (ou 1942) d'une statue en bronze qui avait disparu sous l'Occupation allemande. La nouveauté est donc que cette sculpture a été remise en place ce mois-ci : 

vue au printemps 2009 :

vue en mai 2011 :

Comme on l'apprend grâce à des plaques fixées sur le socle, la statue en bronze a été offerte par un mécène taïwanais :


On peut même voir la plaque avec la version en chinois : 


L’œuvre qui a retrouvé sa place est une copie d'un bronze de Barye exposé au Louvre et au musée Crozatier du Puy en Velay sous le titre Thésée combattant le Centaure Biénor (voir la base Joconde du ministère de la Culture) qui est aussi connu sous le titre "Combat du Centaure et du Lapitre".

L'histoire tirée de la mythologie antique grecque du combat entre les Centaures et les Lapithes est un thème intemporel : les Centaures qui sont mi-homme mi-animal (ils ont un corps de cheval) sont vaincus par les humains. Une façon d'évoquer combien l'humanité et chaque être humain doit être conduit à lutter contre sa propre bestialité.

Comme dans les métopes qui ornaient le Parthénon et que l'on peut voir au British Museum, ce combat permet de mettre en évidence les corps musclés des deux personnages qui sont en plein effort. L'oeuvre est vraiment remarquable même si on a un peu de mal à la voir sur ce piédestal :

mardi 17 mai 2011

DCCCLXXX : La nef de Paris dans le 4e (épisode n°5) : Une nef de Paris du XVIIIe siècle sur la fontaine Maubuée

 

Voici le 5e épisode de la série consacrée aux représentations de la nef de Paris dans Paris Centre. Il concerne une version qui est une des plus anciennes que l'on peut voir dans l'espace public. Elle orne la fontaine Maubuée située à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue de Venise.

Cette fontaine est déjà citée en 1320. Son nom a deux origines possibles : une éventuelle famille Mabué ou bien une déformation de "mauvaise eau à boire" car elle n'avait pas bonne réputation.

Cette fontaine a été recontruite en 1733. Elle représente donc un navire de ligne de la 1ère moitié du XVIIIe siècle. Il est fort probable que ce soit une représentation de la nef de Paris qui apparaissait déjà sur les armes de la Ville.

Cette fontaine se trouvait au n°122 de la rue Saint-Martin. Elle a été déplacée et remonté à cet endroit en 1937.

samedi 7 mai 2011

DCCCLXXIII : Les rues de Paris Centre : la Rue Brise-Miche, une rue dont le nom a une fausse origine grivoise et qui a connu d'importantes transformations

  

Voici une rue du 4e arrondissement à laquelle je veux consacrer un article depuis fort longtemps car elle est victime d'une légende concernant l'origine de son nom qui est fausse. Il s'agit de la rue Brise-Miche située au Nord de l'église Saint-Merri entre la rue du Cloître Saint-Merri et la rue Saint-Merri le long de la place Igor Stravinsky  :

On peut voir cette rue sur le plan Turgot des années 1730 : 

 On trouvait dans ce quartier des "femmes folieuses" (des prostituées)  qui en furent expulsées en 1425. Certains affirment que cette dernière activité était à l'origine du nom de la rue "Brise-miche" faisant allusion aux "miches" des professionnelles de ce quartier livrées à la clientèle masculine, mais en fait c'est une légende qui est fausse... La rue porte ce nom en raison d'une boulangerie dans laquelle les chanoines du chapitre Saint-Merri distribuaient du pain aux pauvres d'où le nom "brise-miche", la rue où on rompt le pain.

Au début du XXe siècle, cette rue avait encore un aspect très médiéval comme le montre cette carte postale qui fait partie de ma collection personnelle :

La rue a connu une première transformation importante quand les immeubles médiévaux ont été détruits en 1911 dans la partie Sud de la rue. La plupart des immeubles que l'on peut voir dans la partie Sud de cette rue sont donc relativement récents :

Quant à la partie située côté ouest de la rue (les numéros impairs) , elle a complètement disparu. On y trouvait un "ilôt insalubre" qui a été rasé à partir des années 1930. On  y trouve l'actuelle place Stavinski ce qui fait que la rue Brise-Miche n'a plus que son côté pair. Vous ne pouvez pas habiter au 2, au 4 ou 6 rue Brise-Miche.