lundi 29 août 2011

CMXLIII : Le décord sculpté de la Tour Saint-Jacques : les gargouilles

Un récent cadeau me permet de faire cet article... que je fais paraître en guise de remerciements.

Grâce au zoom de mon nouvel appareil photo, je peux faire d'impressionnant zoom comme en témoigne cette série de photographies qui concernent les gargouilles de la Tour Saint-Jacques.

Une vue d'ensemble des gargouilles :

Un angle :

Un détail d'une gargouille :


Je rappelle que ce décor de pierres date en grande partie du XIXe siècle, époque où la tour Saint-Jacques a été complètement restaurée par Viollet-le-duc.

La tour a connu un importante restauration au cours des années 2000. Nous pouvons depuis profiter de ce très beau legs de l'architecture gothique. La tour est le reste de l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie construite au XVIe siècle.

jeudi 25 août 2011

CMXLI : Un des plus superbes hôtels du Marais : l'hôtel de Beauvais inauguré le 26 août 1660

  

J'ai eu la chance de visiter par deux fois l'Hôtel de Beauvais au cours de l'année qui vient de s'écouler à chaque fois avec les commentaires érudits de Pierre Housieaux, le président de l'Association Paris Historique.

 Cet hôtel a été inauguré le 26 août 1660. Pour comprendre l'importance de cet événement, il faut faire savoir qui était "Madame de Beauvais".

Il s'agit de Catherine Bellier qui était 1ère dame de chambre d'Anne d'Autriche. En 1653, elle avait été chargée de "déniaiser" le roi Louis XIV alors âgé de 16 ans. Catherine Bellier, âgée déjà de 40 ans, avait déjà une certaine expérience et il semble qu'elle avait la réputation d'avoir la jambe légère. Il paraît qu'elle était très laide puisqu'elle était surnommée "Cateau-la-Borgnesse".

Le roi en tout cas se montra fort reconnaissant puisque Catherine Bellier fut faite baronne de Beauvais. Elle put faire construire l' Hôtel de Beauvais, dans l'actuelle rue François Miron. Ce bâtiment était la risée de certains car, pour la première fois avec ce genre de grande résidence aristocratique, la construction comprenait côté des rues des échoppes destinées à être louées.

Ce bel édifice fut inauguré en grande pompe le 26 août 1660 en présence de la reine-mère Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin. Louis XIV venait d'épouser quelques mois plus tôt l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche.

La reconnaissance du roi pour Madame Beauvais ne s'arrêta pas là. Alors qu'elle était confrontée à des difficultés financières, il lui accorda en 1667, le privilège des carosses et des messageries de Versailles (ville qui ont le sait jouait un rôle de plus en plus importante jusqu'à devenir en 1682 le lieu de séjour de la Cour).

La baronne de Beauvais, malgré son grand âge et sa prétendue laideur, avait un appétit sexuel qui la conduisit à recourir à des services masculins rémunérés. Après la mort de son mari en 1674, elle finit par être si ruinée qu'elle dut s'exiler pour finalement mourir en 1689 à Arrou dans l'Eure-et-Loir. 

Voici trois photographies prises dans ce très bel endroit :

Deux angelots qui apparaissent en bas-relief dans la voute de l'escalier d'honneur de l'Hôtel de Beauvais.

le très bel escalier situé au fond à gauche de la cour qui permet d'accéder au 1er étage,  une très belle réalisation de l'architecte Antoine Le Pautre qui a réussi à tirer partie de l'exiguïté de l'espace disponible pour cet escalier. 

Dans les sous-sols de l'Hôtel de Beauvais, on peut aussi admirer une superbe cave voûtée d'ogives. Elle date du début du XIIIe siècle, époque où le lieu était possédé par l'abbaye de Chaalis dans l'Oise. Au Moyen Âge, on trouvait dans cette partie de Paris (entre l'actuelle rue François Miron et la Seine) de nombreuses maisons de villes de grandes abbayes provinciales (comme par exemple la maison de Ville de l'abbaye de Maubuisson que l'on peut encore voir à l'angle de la rue des Barres et de la rue du Grenier-sur-l'eau à laquelle j'ai consacré un article le 30 octobre 2008). [Voir aussi l'article publié en septembre 2020 à propos de la cave de la maison d'Ourscamp, siège du Paris Historique].

Pour finir voici ce qu'on pouvait voir de cet hôtel sur le plan Turgot des années 1730 (on voit bien exiguïté de la parcelle).


P.S. Un très bon reportage photo sur l'hôtel de Beauvais est paru sur le blog Paris Bise Art en 2016 => voir lien suivant.

dimanche 21 août 2011

CMXXXIX : Paris Centre hier et aujourd'hui : le Pont Saint-Louis vu du quai de la Tournelle il y a 100 ans..

  

Voici le 4e épisode de la série consacrée à des cartes postales qui font partie de ma collection personnelle.  Voici une vue prise du même endroit en août 2011 :

Il s'agit d'une vue du Pont Saint-Louis avec l'île de la Cité à gauche et l'Île Saint-Louis à droite. La carte est donc prise depuis le quai de la Tournelle dans le 5e arrondissement. La carte postale date de 1905 comme en atteste le cachet de La Poste. L'envoi semble daté de décembre 1905 comme le montre cet agrandissement :

Au centre de la photographie, on voit le Pont Saint-Louis avec en arrière-plan l'Hôtel de Ville. On peut remarquer que ce pont a changé puisque le pont Saint-Louis actuel date de 1970 (voir article du 20 octobre 2008) L'ancien pont Saint-Louis ressemblait considérablement à l'actuel pont d'Arcole.

Sous ce pont, on peut voir trois navires très différents : à gauche une péniche, à droite ce qui ressemble à un ancêtre des bateaux mouches. Au centre, un petit bateau avec une énorme haute cheminée.

ur la gauche de la photographie, on remarque un bâtiment qui apparaissait à la pointe de l'île de la Cité. Il s'agit de la morgue de Paris à laquelle je consacrerai très bientôt un article. 


On notera que la morgue telle qu'elle apparaît ici est à l'emplacement du square de l'Île-de-France et du saule pleureur (replanté en mars 2010 ==> voir article du 24 mars 2010). Il est amusant de noter que le "saule pleureur centenaire" qui a beaucoup fait parler de lui (y compris sur ce blog) n'était peut-être pas si vieux que cela !

Pour le reste, on peut remarquer que les façades n'ont pas beaucoup changé entre 1905 et aujourd'hui dans ce secteur de Paris.

En ce qui concerne les arbres de la pointe de l'île Saint-Louis, on peut remarquer qu'ils n'ont pas de feuilles et que donc la vue a dû être prise pendant l'hiver.

jeudi 18 août 2011

CMXXXVIII : Les statues de l'Hôtel de Ville (73e volet) : Charles Dumoulin par Daniel Dupuis

  

Voici le 73e épisode de la série des statues de l'Hôtel de ville. Il concerne Charles Dumoulin que l'on peut voir au 1er étage à droite du pavillon central qui donne sur la place :

Charles Dumoulin est né à Paris en 1500 et il y est mort en 1566. C'est un grand juriste parisien du XVIe siècle. On lui doit l'édition des deux premiers tomes de la Coutume de Paris

 
Charles Dumoulin, Commentarii in consuetudines parisienses, édition de 1638
 
Converti au protestantisme (calviniste puis luthérien), il s'opposa à la réception des décisions du Concile de Trente en France. Il fut emprisonné à la demande du Parlement de Paris (qui pour autant était aussi opposé mais par gallicanisme en ce qui le concerne aux décisions du Concile de Trente).

Il est donc un personnage parisien emblématique du XVIe siècle par son érudition humaniste et par ses choix religieux. Il est aussi le symbole du raidissement observé dans ce domaine avec le règne d'Henri II puis la régence de sa femme Catherine de Médicis. Charles Dumoulin a échappé au massacre de la Saint-Barthélémy puisqu'il est mort 6 ans avant. Par contre deux de ses enfants firent partie des victimes. Son petit-fils Pierre Du Moulin (1558-1658) fut un grand théologien protestant, pasteur du temple de Charenton.

La statue de Charles Dumoulin est une œuvre de Daniel Dupuis né à Blois le 17 février 1849 et mort dans le 16e arrondissement de Paris le 14 novembre 1899. On lui doit aussi une autre statue de l'Hôtel de Ville, celle représentant Matthieu Mollé.(voir article du 29 décembre 2011).

vendredi 12 août 2011

CMXXXVI : Un vestige de l'ancien Hôtel de Ville dans les allées du Parc Monceau

Comme on peut le lire page 37 du livre Paris déplacé* , on trouve dans le Parc Monceau un des rares vestiges de la façade de l'Hôtel de Ville détruit après l'incendie de la Commune.

Ces restes de l'Hôtel de ville datent soit du XVIe siècle, soit de l'époque de son agrandissement sous Louis-Philippe en 1840. La qualité du décor que l'on peut voir peut laisser penser qu'il s'agit d'un reste de la partie la plus ancienne de la façade du bâtiment.

Je n'avais jamais pensé que l'on trouvait dans ce parc, créé sous Napoléon III, autre chose que des fausses ruines antiques. Ce vestige de la façade de l'Hôtel de Ville n'est pourtant pas le seul : on y trouve aussi par exemple des colonnes qui ornaient la façade du Palais des Tuileries.
 

* Le livre Paris déplacé a été écrit par Ruth FIORI et il vient d'être édité cette année chez l'excellent éditeur Parigramme :

mercredi 3 août 2011

CMXXXIII : Les rues de Paris Centre : La Rue Crillon, une rue percée dans les années 1840 qui rend un hommage à un grand capitaine de la 2e moitié du XVIe siècle

 

Le nom de Crillon fait penser à un hôtel très prestigieux situé place de la Concorde. Cependant, la rue Crillon est située dans le quartier Arsenal, à l'Est du 4e arrondissement. Il s'agit d'une petite rue (elle ne fait que 252m de long) qui relie le boulevard Morland à la rue de l'Arsenal.


a rue a été percée dans les années 1840 au moment de la réorganisation de ce quartier avec la disparition de l'île des Louviers (localisée entre l'actuel boulevard Boulevard Morland et le quai Henri IV) où était situé l'Arsenal, c'est-à-dire une réserve d'armes et de poudre : elle a été percée en 1843.

On la voit sur ce plan de 1860 :

mais tel n'était pas le cas près de 20 ans plus tôt sur ce plan de 1840 :

Sur le plan Turgot des années 1730 on voit même que la rue était dans ce qui constituait un parc dépendant de l'Arsenal :


La rue a pris son nom de "rue Crillon" en 1844 un an après son ouverture car, en l'honneur de Sully et d'Henri IV qui avait créé, l'Arsenal, cette réserve destinée à l'armement, les rues du quartier portent des noms qui rappellent ces deux personnages et leur entourage. Tel est le cas de Louis des Balbes de Berton, seigneur de Crillon (1541-1615).

Louis des Balbes de Berton faisait partie des rares français qui ont participé à la victoire de Lépante en 1571 contre l'Empire Ottoman. Il était un proche du Duc d'Anjou devenu le roi Henri III à partir de 1574 pour lequel il combattit notamment aux batailles de Jarnac et de Moncontour. En 1584, il fut nommé colonel-général des Gardes françaises.

Après l'assassinat d'Henri III, Crillon se rallia au roi Henri IV. Il l'aida à s'imposer comme roi de France ce qui lui valu le surnom de "meilleur capitaine du monde". Cependant après 1598, Crillon âgé de 57 ans, se retira dans ses terres du comtat Venaissin. Devenu l'ami du Vert Galant, il resta en correspondance avec lui jusqu'à l'assassinat d'Henri IV. Il décéda cinq ans après lui en 1615.