vendredi 27 janvier 2012

MXL : Façades d'immeuble de Paris Centre : Un immeuble de 1881 dans le plus pur style Haussmannien aux 6, 8 et 10 rue Jean Du Bellay

  

J'ai déjà consacré plusieurs articles à des façades d'immeubles du 4e et je me rends compte que cela fait longtemps que je n'en ai pas publié à propos du type de façade le plus classique : celles des immeubles haussmanniens. Voilà une faute qui sera réparée avec cet article.

J'ai choisi un peu au hasard l'immeuble situé aux 6, 8 et 10 de la rue rue Jean Du Bellay sur l'ïle Saint-Louis. J'ai fait paraître un article à propos de cette rue (voir mon article du 8 juin 2011). J'ai profité d'une belle lumière d'un soleil couchant pour prendre en photo la façade de cet immeuble.

Celui-ci est donc typiquement haussmannien avec une rangée de balcons au 2e et au 5e étages. Le décor de cet immeuble du 10 rue Jean Du Bellay est particulièrement sobre C'est particulièrement vrai des consoles qui soutiennent le balcon du 5e étage. L'aspect ressemble a quelque chose d'Art déco avant l'heure :

Comme souvent avec ce genre de façade qui cherche la sobriété, on peut quand même trouver quelques éléments plus décoratifs. Tel est le cas des deux portails qui ont un aspect légèrement influencé par le rococo :

 Pour s'en convaincre un peu plus, voici un détail du linteau de ce portail :

Comme cela est écrit sur la façade, l'immeuble date de 1881 et est dû à un architecte appelé Ch. Pasquier.

L'immeuble se prolonge jusqu'à l'angle avec la rue Saint-Louis-en-l'île et présente un angle cassé :

Contrairement à un immeuble de la rue du Pont-Louis-Philippe et de la rue François Miron qui date de la même époque et auquel j'ai consacré un article le 8 juin 2010, l'architecte n'a pas choisi de placer des balcons à tous les étages dans la partie située à l'angle... dommage car la vue vers la rive gauche avec le Panthéon ne doit pas être désagréable !
 

vendredi 20 janvier 2012

MXXXIV : Les statues de l'Hôtel de Ville (79e volet) : Antoine de Lavoisier par Jean-Antoine-Marie Idrac

 

Voici le 79e volet de la série consacrée aux statues de l'Hôtel de Ville. Elle concerne Lavoisier qui est situé à gauche du portail de droite du pavillon central qui donne sur la place de l'Hôtel de Ville.

Antoine-Laurent de Lavoisier est né à Paris le 26 août 1743. On peut supposer que sa famille était de l'actuel 4e arrondissement puisque sa naissance a été inscrite au registre des baptêmes de l'église Saint-Merri.

C'est un des plus grands chimistes français. On lui doit l'identification en 1778 de l'oxygène et la mise au point de la nomenclature chimique. Il est le père de la fameuse loi de conservation : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". On lui doit aussi les travaux qui ont permis la mise au point de la 1ère carte géologique de France en 1769.

Cependant, Antoine de Lavoisier était aussi percepteur de la Ferme générale. Or, si les révolutions sont parfois nécessaires pour renverser les injustices, elles conduisent parfois à des violences et des sottises sans nom... Lors de la terreur, malgré l'excellence de ses recherches, Lavoisier a fait partie des 28 fermiers généraux guillotinés place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) le 8 mai 1794. Alors que Lavoisier demandait un sursis de quelques jours pour pouvoir achever une expérience, le président du tribunal révolutionnaire, Coffinhal a répondu que "La République n'a pas besoin de savants, ni de chimistes !".

Les révolutions sont peut-être parfois utiles mais elles sont aveugles et rien ne garantit qu'elles ne conduisent pas des imbéciles à exercer du pouvoir. En même temps on ne peut pas s'étonner que le père de la "loi de conservation" ait été victime d'une révolution !

Depuis 1840, Lavoisier a donné son nom à une rue du 8e arrondissement dans le quartier de la Madeleine.  Elle mène au square Louis XVI où se trouve la chapelle expiatoire de l'exécution du roi... Il faudrait aussi prévoir un lieu pour regretter la mort de Lavoisier.

La statue est une oeuvre de Jean-Antoine-Marie Idrac (né à Toulouse le 14 avril 1849 et mort dans le 9 arrondissement de Paris le 28 décembre1884) auquel on doit aussi la statue d'Etienne Marcel sur le quai de l'Hôtel de Ville (statue achevée après sa mort par Laurent Marquestre [voir article du 16 avril 2008]) et la statue d'Alfred Musset sur la façade qui donne sur le quai de l'Hôtel de Ville (voir article du 26 février 2009).

 

mercredi 18 janvier 2012

MXXXIII : "La déconstruction" des Halles de Willerwal et de F.-X. Lalanne : une série de photographies souvenir.

  

Les photos qui illustrent cet article montrent qu'on a le droit de ne pas être d'accord avec les fatwas architecturales qui affirmaient les pavillons Willerwal des Halles étaient des "pans de laideurs" Ces lieux n'étaient pas sans un certain charme. Le reflet d'un beau ciel bleu ou des façades des vieux immeubles sur les miroirs n'étaient pas si affreux que l'on a bien voulu le prétendre.


 Avec les travaux, ces bâtiments prennent encore un peu plus de gravité. Je ne peux m'empêcher de penser au tableau de William Turner, The fighting temeraire, en voyant ces bâtiments progressivement désossés... Je devrais écrire "déconstruits" puisque c'est le langage "politiquement correct" utilisé sur les panneaux d'information...

Photos publiées initialement dans l'article du 14 septembre 2010 : 



 



 Photos publiées dans l'article du 3 janvier 2012 : 




Photos publiés dans l'article du 18 janvier 2012 :

La déconstruction du pavillon le plus à l'Ouest, le long de la rue rue Rambuteau :

-. La photo avait été prise le 31 août 2011 :

- 12 septembre 2012 (Le 12 septembre 2011 (photo ci-dessus, on voit que l'espace intérieur est visible et on voit un nouveau "palmier" qui jusque-là était masqué à l'intérieur de l'ouvrage. Rappelons que cette architecture en palmier qui n'est pas sans rappeler l'architecture gothique tardive était une des caractéristiques architecturales de l'ensemble détruit ) :

- Le 26 septembre 2011, le palmier a été complètement supprimé. Il ne reste plus qu'un cercle suspendu en hauteur qui ressemble à l'empreinte du palmier disparu.
- le Le 4 novembre 2011, la plus grande partie de l'édifice a disparu malgré la courte suspension des travaux en raison d'un incident technique fin septembre (voir infra).Il ne reste plus en hauteur que des structures qui ressemblent à un squelette. On ne voit plus trace d'aucun palmier...

Le 18 novembre 2011, il ne reste presque plus rien. Je cherche en vain à retrouver l'angle dans lequel j'avais pris les vues précédentes. Ce vide qui nous fait découvrir des perspectives nouvelles que l'on ne connaissaient pas.

 Les travaux avancent relativement vite même s'ils ont été suspendus en raison d'un percement accidentel de la dalle le 20 septembre 2011 ce qui a conduit à un contentieux administratif avec le magasin H&M. La Ville de Paris a peu communiqué sur cet incident mais je renvoie à l'article paru chez Dalloz à ce sujet. On pourra y lire la décision prise par la section du contentieux du Conseil d'Etat (présidé par un des mes maîtres en Droit public quand j'étais à Sce Po M. Bernard Stirn).

 Ces photographies contribueront à l'Histoire de Paris. Elles feront certainement plaisir à ceux qui se sont félicités de la disparition de "pans de laideurs".

lundi 16 janvier 2012

MXXXII : Le 4e hier et aujourd'hui (6) : la place Baudoyer et la mairie du 4e en 1905

 

Voici une carte postale qui montre la place Baudoyer avec la mairie du 4e. Voici une vue du même lieu en 2012 :

La carte date de 1905 comme en atteste le timbre et le cachet de la poste qui figure au dos :
On peut noter que la mairie du 4e arrondissement n'a pas beaucoup changé depuis plus de 100 ans. Par contre, sur la place on peut noter quelques modifications. Tout d'abord, on voit que la circulation était possible mais à l'époque on ne voit qu'un véhicule sur la photographie et il est tiré par un cheval :

En ce tout début du XXe siècle, le règne de la voiture n'en était encore qu'à ses balbutiements.

Autre modification, on voit sur la place une vespasienne :

Celle-ci a disparu et n'a pas été remplacée par une "sanisette" (pour reprendre le langage "politiquement correct" utilisé aujourd'hui)

On peut, de plus, noter qu'en haut à droite, l'expéditeur de la carte postale a indiqué dans le coin en haut à droite qu'il était né en 1882 dans le 4e arrondissement :

 La personne avait célébré ainsi son propre 23e anniversaire en 1905. On sent poindre une fierté d'avoir cet âge et aussi d'être née dans le 4e arrondissement. Cependant, aujourd'hui, elle aurait près de 130 ans ce qui fait que malheureusement on peut avoir la certitude qu'elle n'est plus de ce monde.

Un petit memento mori pour finir cet article avec une pointe de philosophie..

 

mardi 10 janvier 2012

MXXVIII : Un monument funéraire en l'honneur d'Henri II qui se trouvait jadis dans le quartier Arsenal

  

En préparant l'Assemblée générale de l'association que je préside, le 4e au cœur, j'ai été conduit à m'intéresser à l'histoire du couvent des Célestins qui se trouvait à l'Est de la rue du Petit Musc à l'emplacement du boulevard Henri IV et de la caserne de la Garde Républicaine. J'ai ainsi découvert grâce à l'ouvrage de CHADYCH, Le Marais, Parigramme (qui je le répète est LA Bible à propos du quartier) que dans l'église du couvent des Célestins* on trouvait un monument funéraire dont je n'avais jamais entendu parler : celui où était conservé le coeur de Henri II. Je suis allé faire des photographies au Louvre pour retrouver dans le musée la salle où cette œuvre est aujourd'hui conservée.

Henri II étant mort suite à un tournoi, dans le Palais des Tournelles qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel Place des Vosges (voir mon article du 10 juillet 2009), la reine Catherine de Médicis a souhaité que le cœur de son mari, reste dans un lieu proche de l'endroit où il avait trépassé : c'est le chapelle du couvent des Célestins qui fut choisie. Le monument où le cœur du roi était situé était à cet endroit jusqu'à la Révolution. C'était vraiment une très belle œuvre.

Le piédestal est dû à l'italien Domenico del Barbiere, dit Dominique Le Florentin. On peut y lire des plaques qui rappellent que l’œuvre était destinée à contenir le cœur du roi par la volonté de son épouse éplorée : 

Les Trois grâces qui soutiennent l'urne où se trouvait le cœur d'Henri II sont l’œuvre du grand sculpteur de l'époque : Germain Pilon.

Comme pour la Vierge de la Déploration, commandée elle aussi par Catherine de Médicis à Germain Pilon et que l'on peut aujourd'hui voir dans l'église Saint-Paul-Saint-Louis, on retrouve des caractéristiques de l'Ecole maniériste française du milieu et de la 2e moitié du XVIe siècle : l'élancement des personnages et notamment de leurs membres. Pour preuve voici un détail des pieds d'une de ses Trois grâces :

Les Trois jeunes femmes soutenaient une urne en bronze doré dans laquelle le coeur royal était conservé. Cette partie du monument a été fondue à la Révolution puis remplacé à la Restauration par une urne en bois.

On notera que ces Trois grâces, par leur sensualité, n'invitent pas vraiment aux vertus chrétiennes mais elles sont un beau legs de la Renaissance.

* Le couvent des Célestins comme on le voit ici le sur le plan Turgot des années 1730 était situé à l'Est de la rue du Petit-Musc et occupait une partie de l'actuel boulevard Henri IV et de la caserne de la Garde Républicaine :

jeudi 5 janvier 2012

MXXV : Au 12 rue Charles V : Un mascaron du XVIIIe siècle qui marque l'adresse où a vécu une serial-killer du XVIIe siècle

  

Au-dessus du portail d'entrée du 12 de la rue Charles V, on trouve ce curieux mascaron qui représente un personnage barbu qui a tout l'air d'un faune si ce n'est qu'il n'a pas de grandes oreilles. Les faunes sont des personnages de la mythologie romaine qui sont caractérisés par leur pilosité abondante, leur corps de chèvre et leurs longues oreilles.

Ce décor, d'après l'ouvrage de Danielle CHADYCH, Le Marais (aux éditions Parigramme), date du début du XVIIIe siècle. Voici une autre photographie pour qu'on se rendre mieux compte de l'aspect de la partie supérieure de ce portail : 

Ce décor orne le 12, de la rue Charles V, une adresse où a vécu un personnage sulfureux du XVIIe siècle. En effet, dans ce lieu a vécu au XVIIe siècle la marquise de Brinvilliers restée célèbre grâce à "l'affaire des poisons". Parmi ses exploits, elle fit passer de vie à trépas son père puis ses deux frères* et fut impliquée dans les intrigues de cour menées par Mme de Montespan pour rester en grâce auprès du Roi-Soleil. Après un procès, elle fut condamnée à mort et brûlée en place de Grève le 17 juillet 1676. Ce qui fit écrire à Mme de Sévigné : "la Brinvilliers est dans l'air".

Cependant, contrairement à ce que j'ai entendu à plusieurs reprises, la Brinvilliers n'a pas connu ce faune qui orne le 12 rue Charles V puisqu'elle était morte longtemps avant qu'il soit ne sculpté !

* Voir aussi l'article paru le 5 juillet 2021 à propos de la galerie Vero-Dodat construite à l'emplacement de l'Hôtel particuler où la Brinvilliers avait passé son enfance.