dimanche 30 juillet 2017

MDCCCXCVI : Un tableau relatif à la Révolution de 1830 qui devait orner l'Hôtel de Ville. Une autre version de la "Liberté guidant le peuple"

  

Chacun a en tête le tableau de Delacroix, "La liberté guidant le peuple". Ce tableau représente la révolution de juillet 1830 au cours de laquelle, entre le 28 et le 30, le roi Charles X fut contraint à abdiquer et remplacé par son cousin Louis-Philippe d'Orléans.

En (re)visitant le Petit Palais, mon attention a été attirée par ce tableau de Victor Schnetz (1787-1870) intitulé "28 juillet 1830, combats devant l'Hôtel de Ville" et qui date de 1838. On y retrouve en effet une composition assez similaire avec le tableau de Delacroix : au Centre le drapeau français est tenu par une femme mais elle s'appuie sur un jeune homme qui brandit un fusil :


Au 1er plan, on retrouve comme dans le tableau de Delacroix, des pavés d'une barricade avec des soldats morts.

De même, on peut voir des personnages qui symbolisent les différentes classes sociales avec des chapeaux à haut de forme de bourgeois, des étudiants (notamment des polytechniciens), des ouvriers, des enfants. A l'arrière plan, dans la fumée, comme dans le tableau de Delacroix on reconnaît aussi les tours de Notre-Dame.

Cependant, on peut aussi observer un drapeau rouge tout à gauche du tableau :

Ce drapeau rouge donne une tonalité très révolutionnaire au tableau. Cependant si on y regarde de plus près, une mention est écrite sur cet étendard :

Il est écrit "vive la charte", c'est-à-dire le texte à valeur constitutionnelle qui faisait de la France une monarchie parlementaire et que le roi Charles X était accusé de ne plus respecter.

Pour ceux qui s'intéressent à l'Hôtel de Ville, on peut aussi remarquer tout à gauche, la façade centrale de l'Hôtel de Ville dont le portail principal était orné d'une statue équestre de Henri IV :

Rappelons qu'après avoir été considérablement agrandi sous Louis-Philippe, l'Hôtel de Ville a été incendié en 1871 et que sa reconstruction pendant les premières décennies de la IIIe République a modifié l'aspect de cette façade Renaissance tout en s'en inspirant (mais la statue équestre de Henri IV n'a pas été réinstallée et est conservée au Musée Carnavalet).

Cette peinture devait orner l'Hôtel de Ville mais le roi Louis-Philippe qui l'avait commandé a dû trouver qu'évoquer des sujets révolutionnaires était un peu trop dangereux, c'est pourquoi tout comme le tableau de Delaroche consacré au 14 juillet (voir l'article du 14 juillet 2017), il a été conservé dans les réserves ce qui lui a permis d'échapper à l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871.

 

 

lundi 24 juillet 2017

MDCCCXCIV : La disparition de la boutique IGN du 50 rue de la Verrerie

Voici un article que j'ai un peu tardé à écrire mais dont je me suis rappelé qu'il fallait que je le fasse en repassant au 50 rue de la Verrerie. En effet, le magasin de cartes et de documents liés à la Géographie de l'IGN a fermé ses portes cette année. La fermeture est devenue définitive comme l'explique une petite affiche fixée sur une des vitrines :


Cette boutique avait ouvert ses portes en 2011 (elle avait été inaugurée le 11 mai 2011 comme le rappelle cet article du Parisien). Elle était un moyen de perpétuer l'immense commerce IGN que l'on trouvait dans les  rue de la Boétie jusqu'en 2010 tout près des Champs Élysées et où j'aimais aller flâner notamment quand je voulais travailler des cartes quand je préparais l'agrégation.

Au moment de l'inauguration, j'avais pris des photographies de l'immense globe qui avait été installé pour saluer cet événement :

Cette boutique de la rue de la Verrerie a été victime de deux évolutions. La vente des cartes s'est effondrée avec la numérisation et la généralisation de l'utilisation des cartes en ligne. De plus, le 4e arrondissement est touché par une explosion des baux commerciaux avec la généralisation des commerces top luxe qui ont rarement une visée culturelle de très haut niveau.

Pour ceux qui veulent continuer à la géographie, il faut désormais se rendre 8 avenue Pasteur à Saint-Mandé.

Sic transit mundi.


 

vendredi 14 juillet 2017

MDCCCXCI : Une peinture commémorant le 14 juillet qui aurait dû orner l'Hôtel de Ville


 Voici une peinture que l'on peut voir actuellement au Petit Palais. Elle est signée Paul Delaroche et représente "les vainqueurs de la Bastille devant l'Hôtel de Ville". Elle a été faite en 1830 et 1838 et a été commandée par Louis-Philippe Ier.

Ce tableau devait décorer l'Hôtel de Ville agrandi et reconstruit sur les ordres de Louis-Philippe mais finalement le sujet devenu un peu trop révolutionnaire a été remisé dans les réserves. Cela lui a permis d'échapper à l'incendie provoqué par la Commune en 1871.

Dans la composition on peut remarquer au centre un personnage qui tient les clés de la Bastille et une lettre du gouverneur de la Bastille, De Launay (qui venait d'être lynché par la foule). 

En bas à gauche, le peintre a représenté la raison qui a expliqué la prise de la Bastille : la volonté de récupérer des réserves de poudres comme cela est écrit sur la caisse :