mardi 29 septembre 2020

MMCCVII : A propos du Bas et du Haut Marais...

 

J'ai publié récemment un article consacré aux sources de la Seine. Je l'avais dédié à Pierre Aidenbaum, ancien maire du 3e (de 1995 à 2020)  et adjoint à la Seine à Anne Hidalgo depuis juillet 2020 mais au moment où je publie cet article il a été conduit à démissionner le 16 septembre (pour un type de péripéties auxquelles je ne me suis jamais laissé aller à évoquer sur ce blog).

En tant que maire du 3e arrondissement, Pierre Aidenbaum avait contribué à populariser l'expression "Haut Marais" pour désigner le 3e arrondissement... par opposition au 4e arrondissement qui aurait donc été le "Bas Marais". Cette erreur historique et géographique m'a depuis longtemps agacé et il y a quelques semaines, sur twitter j'ai expliqué à un Twittos pourquoi le Haut Marais correspondait au 4e... et pas au 3e arrondissement (j'ai pu le faire sans craindre d'être accusé de "Mansplaining" car heureusement il s'agissait d'un homme et il très bien accepté de lire mes explications).

 Si on regarde une carte topographique de Paris, on observe que l'altitude à Paris varie de 30m au niveau de la Seine à 129m au somment du Montmartre. On pourrait donc avoir l'impression que sur la rive droite plus on va vers le Nord, plus l'altitude s'élève.

Cependant si on regarde de près les courbes de niveau de Paris Centre, on peut se rendre compte que c'est beaucoup plus compliqué :


Il existe dans l'extrémité Sud des petites buttes situées tout au sud et que j'ai fait apparaître par des flèches ci-dessus. La plus importante d'entre elle est celle qui correspond au "monceau Saint-Gervais" sur lequel est située l'église Saint-Gervais-Saint-Protais. Ce qui donne de superbes vues en contre-plongée quand on se place rue des Barres :


Ce monceau a été en partie arasé en 1844-1847 lors du percement de la rue du Pont-Louis-Philippe et encore plus quelques années plus tard lors du percement de la rue de Rivoli entre la rue Saint-Antoine et la partie déjà existante au niveau du Louvre. La partie la plus haute du Marais était donc au sud de l'actuel 4e.

En ce qui concerne le 3e arrondissement, il peut paraître étonnant que les altitudes y aient été plus basses mais cela s'explique en raison de l'ancien cours de la Seine qui passait au niveau des Grands boulevards jusqu'au néolithique :

Ce n'est que très tardivement que la Seine a pris son aspect actuel en se déversant dans la partie la plus en aval de la Bièvre dont le cours ancien allait de l'actuelle rue de Bièvre (dans le 5e) jusqu'au Champ de Mars. La partie la plus basse et la plus marécageuse du Marais était donc située à l'Est et au Nord du Marais. C'est pourquoi jusqu'à assez tardivement on y a trouvé des champs cultivés sur des zones marécageuses aménagées comme par exemple "La couture (=culture) Sainte-Catherine" dans l'actuel 3e arrondissement.

Par la suite, une partie de cette zone proche de l'ancien bras de la Seie a été un peu surélevée car avec la construction de l'enceinte de Charles V au XIVe siècle, les parisiens se sont habitués à aller déposer leurs déchets le long de l'enceinte ce qui a créé de petites buttes artificielles comme par exemple (Côté 2e le "Mont Orgueil" nom affectueux donné par les Parisiens aux immondices qu'on y trouvait et qui y donné son nom à la rue Montorgeuil).

Il n'empêche que comme en Egypte, où la Haute Egypte est située au Sud et la Basse Egypte est située au Nord, le Haut-Marais correspond au 4e et le Bas-Marais au 3e. A la grande époque du Marais, au XVIIe siècle, l'expression était utilisée dans ce sens (et mon chargé de TD à la Sorbonne en Histoire Moderne à la Sorbonne quand j'étais étudiant insistait sur ce point)  mais à la fin du XXe siècle, certains ont décidé de réécrire l'Histoire et la Topographie de Paris. Je tenais par cet article à prendre le temps de l'expliquer. 

En même temps il y a plus grave mais comme dans ce monde, il devient compliqué de prendre le temps d'expliquer des faits complexes....

 


dimanche 27 septembre 2020

MMCCVI : Le retable de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais propriété de la ville de Rennes...

 

Cet été en visitant le musée des Beaux-Arts de la ville de Rennes. Mon attention a été attirée par cette peinture de Quentin Varin qui date de 1618-1620 et qui représente les Noces de Cana :

En effet, en lisant le cartel, on peut se rendre compte que ce tableau ornait le maître-retable de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais. Le tableau a été saisi pendant la Révolution française, puis déposé au musée des Beaux-Arts de la ville de Rennes en 1811 sous l'Empire et récemment la République vient de céder (en 2016) la propriété du tableau à la ville de Rennes :

L'église Saint-Gervais-Saint-Protais présente encore aujourd'hui de très belles oeuvres (par exemple les stalles du choeur [voir mon article du 21 janvier 2009] ou le tombeau de Michel Le Tellier [article du 25 avril 2009] ) mais j'avoue avoir eu l'idée que ce serait bien si cette peinture était présentée dans le site pour lequel elle a été créée.

 



mercredi 23 septembre 2020

MMCCV : La rue d'Argout : une rue à la numéroration surprenante...

 

La rue d'Argout est une rue du 2e arrondissement. Cela fait longtemps que je veux lui consacrer un article car ma (chère) belle-mère y a vécu une partie de sa jeunesse au début des années 1970. En préparant cet article, je me suis rendu compte qu'elle avait une particularité assez étonnante.

La rue finit rue Montmartre, la longue rue qui traverse le 1er et le 2e arrondissement du Nord au Sud. Le 1er tronçon est située entre la rue Montmartre et la rue du Louvre :


Puis elle se prolonge vers le sud-Ouest entre la rue du Louvre et la rue Etienne Marcel :

 
 
C'est là qu'on a une petite surprise quand on regarde la numérotation. Quand on arrive au bout de la rue, on est d'un côté au numéro 1 mais en face la numérotation commence au numéro 32 :

Quand on regarde depuis la rue Etienne Marcel, à gauche on a donc le 1 qui fait face au 32 : 

La rue d'Argout correspond à l'ancienne rue des Vieux Augustins dont l’extrémité Nord-Ouest est devenue la rue Hérold. Pour une raison que je ne connais pas. Le côté impair a été renuméroté en partant de 1, alors que le côté pair a gardé son ancienne numérotation. C'est à la ma connaissance la seule rue dans ce cas. On ne peut donc pas habiter au 2, 4, 6, 8, 10, 12, 14, 16, 18, 20, 22, 24, 26, 28 et 30 rue d'Argout.

J'avais déjà signalé une autre rue, en partie amputée dont les premiers numéros n'existaient pas, la rue de La Reynie ( Paris 4e) mais là au moins il n'y avait pas les premiers numéros côté pairs et impairs (article du 15 février 2009).

Quant à d'Argout, il s'agit un homme politique appelé Antoine Maurice Apollinaire d'Argout né en 1782 et mort à Paris le 15 février 1858. Il a été ministre à plusieurs reprises entre 1830 et 1836 et a occupé le poste de gouverneur de la Banque de France de 1834 à 1857 (avec une petite interruption en 1836 pendant laquelle il a été ministre des Finances). Il a été une des principales cibles du journal satirique Charivari ce qui a contribué à sa notoriété avec par exemple celle-ci faite par Daumier :



dimanche 20 septembre 2020

MMCCIV : La Révolution française en 8 dates clé sur le socle de la statue de la République

Enseigner la Révolution française en 4e et en 2nde est toujours une gageure car il est nécessaire de faire des choix. Pour cette raison, en observant le socle de la statue de la République place de la République (dont la partie Sud est dans Paris Centre), je me suis dit qu'il serait intéressant d'observer les choix faits au début des années 1880. La statue a été inaugurée en 1883. Tout comme les bas-reliefs en bronze auxquels est consacré cet article, c'est une œuvre de Léopold Meurice.

Parmi les huit événement représentés, certains ne sont pas des surprises. J'avoue par contre que le dernier me laisse un peu perplexe :

1er événement : le serment du Jeu de Paume le 20 juin 1789


2eme événement  : la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 :

3ème événement : l'abolition des privilèges dans la nuit du 4 au 5 août 1789 :

4 événement : la fête de la Fédération le 14 juillet 1790 :

5ème événement : La proclamation de la "Patrie en danger" le 11 juillet 1792 (avec l'appel à tous les volontaires à se rassembler à Paris) :

6ème événement : la victoire de Valmy le 20 septembre 1792 :


7ème événement : la proclamation de la République le 21 septembre 1792 :

8ème événement : la bataille navale du 13 Prairial an II (1er juin 1794) lors de laquelle la flotte française et la flotte britannique s'affrontèrent 740 Km au large d'Ouessant. Un convoi de ravitaillement venu des États-Unis d'Amérique réussit à arriver jusqu'en France malgré les pertes provoquées lors de cet affrontement :

La Révolution française se limite sur le socle de la place de la République à ces huit dates (après ce sont la proclamation de la 2e et de la 3e République qui sont évoquées).

On peut remarquer que certains événements de la Révolution ne sont pas évoqués (peut-être pour ménager certains) : la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen le 26 août 1789, la Prise des Tuileries le 10 août 1792 ou bien l'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793.

Il aurait peut-être été de représenter le décret du 16 Pluviôse an II (4 février 1794) avec la 1ère abolition de l'esclavage,  la loi du 22 Prairial an II (10 juin 1794) avec l'adoption du drapeau tricolore Bleu, blanc, rouge comme symbole national et celle  du 18 Germinal an III (7 avril 1795) avec la mise en place du système métrique (pour l'esprit rationnel et scientifique de la Révolution).

En même temps on ne m'a demandé mon avis...


jeudi 17 septembre 2020

MMCCIII : Pourquoi moi prof, je fais grève aujourd'hui...

 

J'écris cet article pour expliquer pourquoi aujourd'hui j'ai l'idée saugrenue (selon certains) d'être en grève.

Je le fais car ayant été sur une liste menée par des membres de LREM au printemps dernier, je sais qu'on y trouve un bon nombre de donneurs de leçons (pas tous loin de là) qui portent des jugements sans prendre le temps de s'intéresser au monde réel. J'espère que certains réussiront à entendre mon point de vue...

Je fais rarement grève. Cela a surpris mes élèves hier quand je leur ai dit que je ne serai pas là aujourd'hui.

La principale raison pour laquelle je fais grève est que j'en ai assez que malgré quelques discours laudatifs, un grand nombre de personnes continuent à avoir un profond mépris pour "les profs". Je pense par exemple à cette famille qui apprenant que j'avais fait Sce Po Paris (dont je suis sorti dans la même promotion qu'Edouard Philippe en 1992) me demanda pourquoi je n'avais fait "que" professeur. J'ai essayé d'expliquer que j'adorais mon métier mais je pense les avoir laissé perplexe.

Au printemps dernier, à partir de la mise en place du confinement, à la mi-mars, je me suis donné à fond dans l'enseignement à distance. Un très grand nombre de mes collègues en on fait autant. Certains jours, je suis resté vissé sur ma chaise derrière mon ordinateur pendant près de 12h non stop. Je regrette de devoir dire que chacun a du se développer un peu tout seul. Les ENT (les plateformes d'échange  à distance avec les familles étaient complètement saturés pendant plusieurs semaines) et chaque enseignant a trouvé des stratégies personnelles pour continuer à assurer des cours. A aucun moment on ne nous a demandé comment nous allions, si nous avions des problèmes, du stress, rien...

Comme j'ai une maladie de Crohn, je prends un traitement immun-suppresseur, qui me fait rentrer dans la catégorie "à risque" pour la COVID. Mon médecin traitant m'a fait un certificat pour l'éloignement de mon lieu de travail que j'ai fait remonter dès mi-mai à ma hiérarchie. Or, fin mai, lors de l'annonce de reprise des cours en collège, j'ai reçu un message m'indiquant que "comme convenu dans nos échanges, nous vous donnons rendez-vous mardi 2 juin à 9h j'étais attendu en salle de réunion"  pour organiser la reprise des cours. J'ai donc envoyé un mail courtois à tous les expéditeurs (puisque je n'étais pas le seul concerné) pour demander ce que je devais faire puisque ma demande de maintien en télétravail n'avait pas été prise en compte. Cela m'a valu un coup d'appel avec un échange très vif de la part de ma hiérarchie qui s'est fini par le fait qu'on m'a raccroché au nez... tout en m'annonçant qu'en gros évidemment ma demande de maintien en travail à distance était acceptée.

J'ai donc continué l'enseignement à distance et je pense avoir réussi à assurer une bonne continuité pédagogique jusqu'aux vacances début juillet. Je tiens si nécessaire en réserve les nombreux messages de remerciement que les parents et les élèves m'ont adressé en fin d'année scolaire. 

Pour me remercier de cet énorme travail, j'ai eu une petite surprise fin juillet : mon salaire a été amputé de plus de 700€ soit plus du tiers de mon revenu : un rappel pour l'argent en trop perçu que j'aurais reçu pendant la période de travail à distance : il a été considéré semble-t-il que puisque j'étais en travail à distance je n'avais plus à toucher les primes comme par exemple les Heures Supplémentaires Annuelles dues au fait que par rapport à mon service normal j'avais un groupe d'élèves en plus pendant l'année 2019/2020.

Fin août, après avoir envoyé des messages demandant la cause de ce retrait sur salaire en juillet, j'ai reçu un message qui disait "Vous avez peut-être constaté une diminution de votre traitement" où il était annoncé " les indemnités manquantes seront reportées sur le traitement d'octobre".Aucun message d'excuse ni oral, ni écrit depuis comme s'il était normal de retirer en pleines vacances à un agent plus du tiers de son revenu alors qu'il a travaillé comme un fou de mars à fin juin.

Face à un tel mépris, j'ai donc décidé de faire grève aujourd'hui. Au moins, là il y aura une bonne raison pour me retirer une journée de salaire.

Je suis conscient que par rapport à de nombreuses personnes, notamment, aux artisans, aux auto-entrepreneurs, étant fonctionnaire, j'ai le privilège de continuer à avoir un emploi et un revenu.Cependant, je fais grève car je n'accepte pas le mépris dans lequel certains tiennent la profession que je suis très fier d'exercer : professeur dans le secondaire.

mardi 15 septembre 2020

MMCCII : Les passages du Paris centre : Le passage des Gravilliers et ses superbes fresques


Je continue avec cet article ma série consacrée aux passage de Paris Centre. Il concerne le "Passage des Gravilliers" qui est privé mais qui est accessible au public. Il est accessible par deux entrées : celle au Sud située au 10 de la rue Chapon :


et au Nord par le 19 de la rue des Gravilliers :


Situé dans le 3e arrondissement, après des passages couverts au nord comme au sud, on pénètre dans un espace qui à l'aspect d'une ruelle assez large :


La très belle surprise se trouve dans la partie couverte juste avant la sortie de la rue des Gravilliers car on peut y avoir des fresques en trompe-l’œil que je trouve très réussies :








D'après un article du site Parisbouge.com ces fresques datent de 2015 et elles sont dues au graffeur unSolub.

samedi 12 septembre 2020

MMCCI : Dans l'Univers Kafkaïen des piscines de la Ville de Paris

 

J'écris cet article non pas pour dénigrer les piscines de la Ville de Paris que je fréquente depuis près de 20 ans très assidument mais pour faire part quand même de mon exaspération. Je vais essayer de faire court et de ne pas donner l'impression que je suis excessif mais il s'agit d'un témoignage...

Depuis maintenant près de 15 ans, j'ai un abonnement trimestriel de la ville de Paris. Cette carte coûte 43€ quand on n'a pas de réduction (ce qui est mon cas) et elle permet d'entrer dans toutes les piscines de la ville de Paris sauf celles qui sont concédées à des opérateurs privés comme la piscine Suzanne Berlioux des Halles.

Le 17 février, ma carte étant arrivée à échéance la veille, j'ai repris un abonnement de 3 mois qui était donc valable jusqu'au 18 mai... Je l'ai fait dans l'une des piscines proches de chez moi : la piscine Valeyre dans le 9e (pour ceux qui sont dans le Centre, par la ligne 7 ou à vélo ce n'est pas loin).

J'y suis allé très régulièrement jusqu'au vendredi 13 mars.... et puis le 14 mars, toutes les piscines ont fermé. Le confinement a commencé le 16 mars et je me suis dit que je n'allais pas pouvoir renager avant longtemps.

Et puis, comme d'autres j'ai vécu à peu près bien cette longue période sauf que faire mes 1000m en crawl me manquait énormément. J'ai commencé à avoir des douleurs dans le dos alors que jusque-là mes séances de natation intensive m'avait toujours épargné ce mal du siècle.  J'ai appris que le 22 juin, les piscines de la Ville rouvraient. Je ne me suis pas précipité... d'autant plus que toutes les piscines que j'ai l'habitude de fréquenter étaient fermées : la piscine Valeyre, mais aussi la piscine Drigny (aussi dans le 9e), la piscine Marie Marvingt (Ex piscine Saint-Merri) et même la piscine concédée des Halles. En plus j'étais super occupé car mon métier de prof m'a donné un boulot intensif jusqu'à la toute fin de juin.

Finalement, le 29 juin, je me suis décidé à me rendre dans une piscine que je ne connaissais pas et qui était rouverte : la piscine Catherine Lagatu dans le 10e arrondissement (métro Parmentier). Mon abonnement s'était achevé le 17 mai mais j'expliquais en caisse que comme je n'avais pas pu utiliser mon abonnement depuis le 13 mars, il me paraissait normal que mon abonnement soit prolongé d'environ donc 2 mois. C'est ce qui avait été pratiqué certaines années précédentes quand les piscines avaient été fermées pour cause de grèves répétées : il avait été possible en passant en caisse d'obtenir un prolongement de l'abonnement. On me laissa simplement entrer en me donnant un billet gratuit.

J'ai refait la même opération, le 30 juin mais là on me montra une circulaire placardée sur la vitre de la caisse qui expliquait les règles à suivre pour obtenir un prolongement de l'abonnement. Je dis au caissier que j'allais le faire. En attendant on me donnant encore une fois un ticket gratuit.

Rentré chez moi je cherchais à retrouver la circulaire sur Internet... mais je ne trouvais RIEN. Le lendemain (donc le 1er juilllet), retour à la piscine Catherine Lagatu et j'expliquais que je n'avais pas trouvé cette circulaire sur Internet. On m'expliqua que c'était normal... car elle n'était pas sur Internet. Je me dis que la seule solution était donc de prendre en photo cette longue circulaire pour comprendre ce que j'avais à faire. A la caisse on me donna un ticket gratuit en me disant que c'était la dernière fois car la prochaine fois il fallait que je prouve que j'avais fait les démarches.


 

Du coup dès le 2 juillet, je me décidais à regarder de près ce qu'il fallait faire d'après la circulaire que j'avais photographié : il fallait envoyer par courrier (je l'ai souligné dans la photographie ci-dessus) au "service des piscines et des baignades" de la Ville de Paris boulevard Bourdon (dans le 4e [donc dans Paris Centre !]) les références de l'abonnement et solliciter un prolongement de celui-ci. J'écrivis donc ma lettre et je la postais dès le 2 juillet au matin. 

Je me présentais à la piscine Catherine Lagatu avec la copie de ma lettre en disant que j'avais fait les démarches mais là on me répondit que ce n'était plus possible de me donner un billet "gratuitement" et qu'il fallait que je paie une entrée... Ce que je fis.

Je me dis qu'il fallait que je prenne mon mal en patience. Le lundi 6 juillet, j'allais nager à la piscine Marie Marvingt dans le 4e arrondissement car elle venait de rouvrir. Là, le personnel n'était même pas au courant de la procédure de prolongement possible de la carte trimestrielle et donc je préférais à nouveau payer mon entrée sans même essayer de discuter. 

Dans le même temps, je me rendis compte que les deux piscines les plus poches de chez moi : Drigny et Valeyre seraient fermées pendant tout l'été... pour travaux.  Comme de toute façon, je n'avais toujours pas de réponses du service des piscines de la Ville, je me dis qu'il valait mieux que je me rende à la piscine des Halles qui était la piscine ouverte la plus proche de chez moi et où je pouvais prendre une carte de 10 entrées pour 45€. Je suis donc aller nager à la piscine Suzanne Berlioux des Halles à partir du 8 juillet... en attendant de recevoir le prolongement de mon abonnement trimestriel pour pouvoir aller dans  des piscines de la Ville.

Le courrier affranchi le 17 juillet au tarif de 0,57€ arriva chez moi le 22 juillet (près de 20 jours après ma demande). 

La lettre datée du 16 juillet avait un aspect un peu étrange. Une feuille photocopiée un peu de travers et qui surtout ne faisait même plus référence à mon nom ou à mon numéro d'abonné :


 On m'y indiquait clairement qu'il fallait que je me présente en caisse pour faire tamponner ma lettre et que par la suite il faudrait que je présente cette lettre pour obtenir le droit d'entrée pendant trois mois, avec donc la nécessité de passer à chaque fois en caisse (c'est important pour la fin de cette histoire) : 

Je décidais donc de retourner muni de ma lettre à la piscine Catherine Lagatu. On me fit un ticket sans problème sans même me mettre de tampon mais je me dis que ce n'était pas très grave. J'y retournais les jours suivants. Finalement, le 24 juillet, un caissier mit un tampon sur la lettre comme cela était prévu.


 

Par la suite, de fin juillet à début septembre, même si la piscine Catherine Lagatu n'était pas tout près de chez moi. J'y suis allé très régulièrement. J'ai trouvé le personnel toujours aimable et surtout la piscine était toujours ouverte aux horaires annoncés avec un caissier présent puisque pour pouvoir entrer il fallait que je trouve une personne pour me délivrer un billet en présentant la fameuse lettre. Début septembre, j'ai  fait un tweet (lisible par mes 21 000 abonnés) pour manifester ma satisfaction : 

 
Cependant, l'inconvénient est que cette piscine est loin de chez moi... J'attendais avec impatience la réouverture de la piscine la plus proche de chez moi : la piscine Valeyre. Il était annoncé qu'elle devait rouvrir lundi 7 septembre. Cela me fut même confirmé par un tweet de la mairie du 9e en réponse à un de mes propres tweets de mécontentement :

 Je me disais que ça tombait bien puisque comme je n'ai pas cours le lundi je pourrais donc y aller. Je m'y présentais donc avec beaucoup d'espérance le lundi 7 septembre... et là... déception. Un panneau indiquait que finalement la réouverture était reportée au... 8

Le 8 septembre, ayant fait part de mon agacement sur twitter, cela me permit d'avoir en réponse un tweet de la mairie du 9e prévenant que finalement la réouverture était encore repoussée... au 9 :

 
 
Le mercredi 9 septembre, après avoir travaillé le matin, je me suis dit qu'enfin j'allais pouvoir retrouver ma piscine. Comme la piscine ferme à 18h (ce qui en langage de piscine parisienne signifie que le bassin de la piscine est évacué à 17h30 et que donc la caisse ferme vers 17h10/17h15 maxi) je m'y suis rendu vers 16h40 (je rappelle que pour aller dans une piscine il faut avoir le temps de se changer puis de nager...). J'étais donc tout content de pouvoir enfin entrer dans le hall où se trouve la caisse... Il me fallait un caissier car comme j'avais ce prolongement d'abonnement sous forme de lettre, cela oblige je le rappelle à ce qu'on me fasse un billet pour que je puisse franchir le portillon. Près de la caisse, il y avait deux agents de la ville, plus une 3e personne chargée de fouiller les sacs... mais personne derrière la caisse. Là un des agents me répondit que la caissière était "en pause" et qu'il fallait que j'attende pour une durée indéterminée... J'étais plus qu'agacé et rappelait que comme la piscine fermait quelques dizaines de minutes plus tard je ne pouvais pas attendre. L'agent me répondit qu'il y avait des caisses automatiques pour prendre un billet mais je lui répondais que je ne voulais pas acheter de billets puisque j'avais une lettre à présenter à la caisse... Devant une telle absurdité, je montrais mon exaspération ce qui provoqua une franche rigolade de la part du 2e agent présent. Je lui demandais si c'était là son sens du service public et au lieu de me répondre il se dirigea vers l'ascenseur et partit. Quant au 1er agent avec qui j'avais parlé, il finit par afficher un panneau indiquant que désormais la caisse était fermée sans plus rien écouter.
 Du coup, ne voyant pas de solution à cette situation,  je me suis décidé à prendre la ligne 7 et à aller nager à la piscine des Halles. Là bas, l'abonnement trimestriel n'était pas valable mais au moins j'étais sûr de trouver une piscine ouverte avec une caisse... ce qui fut le cas. Cela est triste et regrettable mais je me suis dit qu'en ce qui concerne la qualité du service public,  cela avait du bon de concéder des piscines à des prestataires privés (mais j'espère je ne deviens pas un affreux ultra libéral pour autant !).

Finalement, ce samedi 12 septembre, j'ai réussi à aller à la piscine Valeyre et à y... nager ! Le caissier aimable a lu ma lettre. Il semble que j'étais le premier qu'il rencontrait qui avait eu le courage de faire toutes ses démarches. Il me demanda si j'avais la carte d'abonnement trimestriel originale car le courrier ne permettait pas de savoir si la lettre était bien à moi. Je lui dis qu'il avait tout à fait raison et je lui présentais donc en plus de la lettre aussi mon coupon trimestriel (qui apparaît en début d'article) et là j'ai réussi à obtenir le Graal : un ticket d'entrée pour la piscine Valeyre qui indiquait que j'avais le droit d'y entrer dans le cadre de mon abonnement :

Mon but n'est pas du tout d'accabler le personnel des piscines (surtout que comme on l'a compris dans cet article je les rencontre très souvent et la plupart d'entre eux sont plutôt sympas). Par contre l'organisation du service public des piscines municipales me donne parfois envie de hurler. La procédure utilisée pour ce qui paraît un droit légitime (le prolongement d'un abonnement payé) était digne de l'époque de l'URSS finissante. Quant  à l'organisation des services qui conduit à avoir une caisse à être vide de tout personnel pendant la période d'ouverture (alors qu'en période de COVID il peut quand même sembler normal qu'un caissier ou une caissière soit là pour vérifier le nombre de personnes qui entrent dans la piscine), je ne pense que cela soit digne d'un service public d'une grande métropole mondiale.



jeudi 10 septembre 2020

MMCC : La fontaine de la place Gaillon

 

La place Gaillon (Paris 2e) est un lieu auquel je suis attaché depuis mon adolescence car alors que je finis de lire le roman de Zola, "Au bonheur des dames" (1883) je me rappelle avoir voulu faire un détour pour voir la place sur laquelle l’écrivain français du XIXe siècle avait situé le grand magasin décrit dans ce volet des Rougon-Macquart.

Cela m'a conduit à m'intéresser à la fontaine que l'on trouve sur l'immeuble situé entre la rue de Michodière et la rue de Port-Mahon :


Une fontaine avait été installé à cet endroit en 1707 à la fin du règne de Louis XIV mais comme on peut le voir sur le plan Turgot des années 1730, cet endroit avait un aspect très différent... puisque les rues de la Michodière et la rue de Port-Mahon n'avaient pas encore été percées :


La place, et donc la fontaine, n'a pris son aspect actuel que dans les années 1820 sous la Restauration comme cela est indiqué sur la place qui surmonte la fontaine :

Elle a été conçue par Louis Visconti, architecte de Charles X. La sculpture centrale est due à Georges Jacquot. Elle représente un putti tenant un trident :

L'ensemble est dans un goût néo-Renaissance très à la mode dans la 1ère moitié du XIXe siècle.