dimanche 27 novembre 2011

CMXCVIII : Les statues de l'Hôtel de Ville (77e volet) : Michel de Lallier par Jean-Paul Aubé

  

Voici le 77e épisode de la série des statues de l'Hôtel de Ville. Elle concerne Michel De Lallier que l'on peut voir légèrement à droite du portail central, tout près de François Miron


 Michel de Laillier (ou de Lallier) est le personnage le plus ancien parmi tous ceux dont j'ai parlé jusqu'à présent en décrivant les statues représentées sur les différentes façades de l'Hôtel de Ville. En effet, il s'agit d'un prévôt des marchands de la Ville de Paris du XVe siècle.

J'ai eu beaucoup de mal à trouver des informations précises sur ce personnage. Il est presqu'inconnu sur la toile. Il faut dire que dans les ouvrages les plus sérieux, il est orthographié 'Laillier" et non pas "Lallier" ce qui ne facilite pas la tâche. J'ai finalement trouvé les informations dans le livre paru sous la direction d'Alfred FIERRO, Histoire et dictionnaire de Paris, Robert Laffont, 1996, collection Bouquins. Pages 51-54, la "présence anglaise de Paris (1420-1436)" est décrite. On apprend page 53 que Michel de Laillier est passé au service des Bourguignons [et donc des Anglais] du seul fait qu'il a accepté le traité de Troyes alors que ses deux frères eux ont refusé et donc sont restés dans le camp des Armagnac et donc le camp du futur Charles VII.  D'après Jean Favier, qui est cité par Alfred Fierro, "il n'est pas exclu que le souci de protéger leur patrimoine ait conduit quelques familles à se scinder délibérément".

Page 54, on apprend que Michel De Lallier, devenu "chef du parti français" dans la capitale dominée par les Anglais déclencha le 13 avril 1436 une émeute populaire contre l'armée d'occupation... au moment où les armées de Charles VII se massaient aux portes de Paris. Les Anglais après s'être repliés dans et autour de la Bastille acceptèrent de décamper : ils furent autorisés le 15 avril 1436 à s'embarquer pour Rouen."Paris outragé, Paris martyrisé, mais Paris... libéré !".

Le prévôt des marchands qui avait servi sous la domination anglaise, Hugues Lecoq, put lui aussi à partir pour la Normandie... Pour lui succéder, le choix se porta sur Michel de Laillier qui exerça la charge jusqu'en 1438.

La statue est une oeuvre de Jean-Paul Aubé (né le 3 juillet 1837 à Longwy et mort à Cap-Breton le  23 août 1916) qui dût avoir beaucoup d'imagination puisqu'on a aucun portrait de Michel Lallier.

samedi 26 novembre 2011

CMXCVII : Illuminations de Noël rue Rambuteau/Archives : la version 2011

La rue Rambuteau fin novembre 2011

C'est devenu une habitude sur ce blog, chaque année, je publie les photographies des illuminations de Noël que l'on peut voir dans la partie Est de la rue Rambuteau (à partir de la rue Beaubourg) et depuis quelques années dans le tronçon de la rue des Achives compris entre la rue Rambuteau et la rue des Blancs Manteaux. 

La rue des Archives entre la rue Rambuteau et la rue des Blancs Manteaux fin novembre 2011
 

Chaque année nous avons droit à des illuminations différentes et je trouve que celles de 2011 sont vraiment réussies. Pour s'en convaincre, je renvoie aux articles parus le 22 décembre 2010 et le 16 décembre 2009 (dans lequel on peut voir la décoration des années 2005, 2007, 2008 et 2009).

mercredi 23 novembre 2011

CMXCV : Des plaques de rues ordonnées par René Hérault, lieutenant général de Police, en 1729

 

On trouve dans plusieurs rues du 4e arrondissement des rues dont le nom est gravé directement dans les façades. Il s'agit d'un legs du XVIIIe siècle. En  effet, par l'ordonnance du 30 juillet 1729, le lieutenant général de Police, René Hérault, ordonna que les propriétaires des maisons situées aux extrêmités des rues apposent des plaques pour indiquer le nom de la voie.

Les plaques que l'on peut voir sont donc un témoignage du Paris de la première moitié du XVIIIe siècle. Elles sont contemporaines du fameux plan Turgot qui date des années 1730.

Elles nous montrent que le nom de certaines rues a été parfois modifié comme la rue Saint-Médéric qui est devenu la rue Saint-Merri :

ou bien la rue de la Mortellerie qui est devenue la rue de l'Hôtel de Ville sous Louis-Philippe comme j'en reparlerai très bientôt :

René Hérault, né à Rouen le 23 avril 1691, fut lieutenant général de Police de Paris de 1725 à 1739. Pour lutter contre le Jansénisme, très présent dans la capitale, il mit en place une police secrète ce qui le rendit fort peu populaire.


 Pour la petite histoire, sa 2e femme, Hélène Moreau de Séchelles, qu'il épousa en 1732, lui donna un enfant qu'il reconnu... même si en fait le père était Louis Georges Erasme de Contades. Ce fils, Jean-Louis-Martine Hérault de Séchelles est le père du conventionnel Marin-Jean Hérault de Séchelles qui est representé sur la façade de l'Hôtel de Ville (voir article du 4 juillet 2009).

Pour finir, voici deux dernières plaques qui viennent celles-ci du quartier Saint-Gervais : l'angle entre la rue du prévôt (appelé au XVIIIe siècle la "rue percée) et la rue Charlemagne (appelée la rue des Prestres).


 

jeudi 17 novembre 2011

CMXCI : La nef de Paris dans Paris Centre (épisode n°8) : Une nef, version galère, des années 1880 au lycée Sophie Germain

Voici un nouvel épisode de la série consacrée aux représentations de la nef de Paris dans Paris Centre. J'ai écrit, il y a quelques semaines, un article à propos de la galère qui figure à l'entrée de l'école de la rue du Fauconnier (article du 3 septembre 2011). En continuant cette série, je me rends compte que la représentation d'une galère dans les armoiries n'est pas si rare. Elle est certes très éloignée de la nef représentée sur le sceau des marchands d'eau de Paris au XIIIe siècle (voir article du 13 octobre 2011) mais il semble que cela corresponde à une mode du XIXe siècle. En effet, on retrouve une autre galère sur la plaque située à l'entrée du lycée Sophie Germain.

 On voit très nettement, dans la coque, cinq orifices dans lesquels dix rames apparaissent. Cette embarcation si elle était plus plate ressemblerait fort aux drakkars (le nom communément donné au bateaux des vikings qui ont menacé Paris aux IXe et Xe siècle).

Sous cette nef, on retrouve très classiquement la devise de Paris :


 La plaque comporte une date : 1882. Il s'agit de l'année où "l'école primaire supérieure" qui a précédé le lycée Sophie Germain a ouvert ses portes à cet endroit. Tout laisse penser que la plaque date de l'époque de la fondation. En tout cas, elle a nécessairement été gravée avant 1900 : autrement la belle facture de l'ouvrage ne manquerait pas de faire apparaître, à la base de la nef, la légion d'Honneur dont la Ville de Paris a été décorée à la toute fin du XIXe siècle.

 


 

dimanche 13 novembre 2011

CMLXXXIX : Les statues de l'Hôtel de Ville (76e volet) : François Miron par Henri-Frédéric Iselin

  

Voici le 76e épisode de la série consacrée aux statues de l'Hôtel de Ville : elle concerne François Miron que l'on peut voir au 1er étage juste à droite du portail central :

François Miron est né à Paris en 1560. Issu d'une famille de robe, il a été membre de la haute magistrature parisienne. Il est resté célèbre pour avoir été prévôt des marchands de 1604 à sa mort (le 4 juin 1609). Il a utilisé une partie de ses ressources pour achever la construction de l'Hôtel de Ville dont les travaux avaient commencé plus de 60 ans plus tôt sous François Ier (voir l'article du 15 octobre 2011 consacré à Pierre Viole qui est situé lui à gauche du portail central). Cette volonté de consacrer son argent pour la maison commune des Parisiens est mise en évidence par la statue : la main gauche du personnage tend une bourse. Faut-il regretter le temps où des édiles zêlés mettaient les mains à la poche pour oeuvre en faveur de l'intérêt général ? En tout cas, cela a valu à François Miron le surnom élogieux de "Père du Peuple"...

J'ai déjà écrit un article à propos de la rue François Miron située dans le 4e arrondissement entre la rue Lobau et la rue Saint-Antoine (voir article du 20 janvier 2010).

La statue de François Miron a été sculptée par Henri-Frédéric Iselin (né le 15 décembre 1825 à Clairegoutte en Haute-Saône et mort dans la même ville le 30 mars 1905) . Le musée Georges-Garret de Vesoul possède un modèle en plâtre de cette statue.

 

mercredi 9 novembre 2011

CMLXXXVII : Le Mur des Justes : un haut lieu de la morale civique au coeur du 4e arrondissement

J'ai déjà consacré plusieurs articles sur ce blog au Mémorial de la Shoah. Je tenais à publier un article consacré au mur des Justes qui est situé sur la paroi extérieure du mur d'enceinte et qui donne sur la rue qui, depuis, est devenue la "rue des Justes" (ancien tronçon Est de la rue du Grenier-sur-l'eau).

Un panneau explique mieux que je ne pourrai le faire qui étaient les justes (pour ceux qui n'arrivent pas à lire, cliquez dessus pour agrandir la photo) :


 Ce mur nous rappelle ainsi que dans les heures sombres du régime de Vichy et de l'Occupation nazie, des Françaises et des Français ont risqué leur vie pour sauver des Juifs qui étaient menacés. Que cette belle leçon de courage et d'engagement pour les valeurs qui fondent la République servent de modèle !

Le Mur des Justes a été inauguré le 14 juin 2006 en présence du Premier Ministre de l'époque, Dominique de Villepin . Je rappelle les paroles qu'il a prononcées à cette occasion : "Derrière ces noms il y a des hommes et des femmes issus de toutes les régions de France, de tous les milieux. Il y a des médecins, des infirmières, des enseignants, des fonctionnaires, des policiers, des prêtres et des pasteurs, des commerçants, des fermiers, des ouvriers. Derrière ces noms il y a des histoires multiples, des opinions politiques diverses, des convictions différentes. [...] A cet instant précis, ces hommes et ces femmes nous rappellent qu'il est un devoir qui dépasse tous les autres, un devoir de protection, un devoir d'assistance, et peut-être plus simplement encore un devoir d'humanité. Oui, à cet instant précis, pour se sauver soi, il fallait prendre le risque de porter secours à l'autre. Oui, à cet instant il s'agissait bien de sauver l'homme dans son évidence première". 


vendredi 4 novembre 2011

CMLVI : Une belle découverte lors des journées du Patrimoine : l'Hôtel de Chalons-Luxembourg et dix de ses mascarons

 

Les Journées du Patrimoine de 2011 m'ont permis de découvrir un hôtel que je ne connaissais pas et qui était ouvert grâce à l'association Paris historique.

Au 26, rue Geoffroy l'Asnier (Paris 4e), j'ai toujours été intrigué par le magnifique portail qui indique le nom du lieu : Hôtel de Chalons-Luxembourg. Mon intérêt était d'autant plus grand que, depuis quelques mois, cet hôtel particulier était à vendre (on a vu des annonces paraître dans le journal Le Monde), et il est possible qu'on ne puisse pas le revisiter avant longtemps. Bref, grâce à une amie du 4e qui m'a rappelé que cet hôtel était ouvert, je suis allé le découvrir.

C'est avec plaisir qu'après avoir traversé la partie qui donne sur la rue, j'ai découvert au fond de la première cour un hôtel superbe dont le style est caractéristique de la première moitié du XVIIe siècle. En voici une vue que j'ai pu prendre en montant dans les étages du 1er bâtiment. Il faut notamment admirer le très bel escalier à double volée.

Autre surprise, on trouve de l'autre côté de cette cour, un jardin qui donne encore plus d'élégance à la construction. Ce n'est pas si souvent que l'on voit dans le Marais de petits hôtels particuliers qui ont gardé cet ordonnancement :

Cet était décoré par de superbes mascarons. Voici un nouvel article pour le prouver. En effet, dans la cour d'Honneur, on trouve sur la façade principale 5 femmes au 2e étage (mascaron n°1 et n°2) puis 5 personnages plus grotesques (des hommes !) au 1er étage (mascarons n°3, 4, 5 et 6) :

 
Mascaron n°1 : 

Mascaron n°2

 
 Mascaron n°3

Mascaron n°4

Mascaron n°5


Mascaron n°6

 

Sur la façade côté jardin, on peut voir un ensemble encore plus nombreux de ces têtes qui sont toutes différentes les une des autres puisqu'au 8 mascarons du corps central (4 par étages) s'en ajoutent 4 autres qui sont situés dans chaque aile. Ce qui fait donc un total de 12 pour cette façade :


Je publie trois de ces 12 mascarons (les mascarons 7, 8 et 9) qui sont moins "fantasques" que ceux du 1er étage de la façade précédente :

Mascaron n°7


Mascaron n°8


Mascaron n°9

Le bâtiment plus récent qui donne sur la cour d'honneur et qui est situé en face de la façade principale semble avoir été complètement refait au XIXe siècle. Néanmoins, pour faire bonne mesure, 5 mascarons ont été placés sur cette façade. Peut-être des restes d'une construction plus ancienne. Je ne publie la photographie que d'un seul d'entre eux (le n°10) : 

Les 5 mascarons de la façade de l'immeuble situé entre la Cour d'Honneur et la rue (Geoffroy l'Asnier) avec l'emplacement du mascaron n°10.