Ceux qui me lisent très régulièrement savent que j'aime détourner
certaines affiches de film. L'actualité politique récente du 4e arrondissement me conduit à rendre un hommage au film : les
Tontons flingueurs.
En effet, comme je l'ai déjà expliqué, la nomination de Dominique
Bertinotti comme ministre déléguée à la Famille va conduire à un
remaniement des cartes locales qui est loin de se passer dans la joie et
la bonne humeur. Certains peuvent penser que j'ai tendance à exagérer
la réalité. Je les invite à lire l'article paru dans Le Parisien daté du 6 juin 2012 en page III du cahier central de l'édition 75 :
J'ai choisi l'affiche du film Les tontons flingueurs mais j'aurais pu choisir Règlement de comptes à O.K. corral. En fond sonore, je pense aussi à la chanson interprétée par France Gall Ca balance pas mal à Paris.
Voici un résumé en trois actes (pour le moment) des péripéties de cette saynette à l'intérêt très local :
L'acte I se passe à la mairie du 4e, place Baudoyer
Acte I, scène 1 : Dominique Bertinotti est nommée ministre déléguée à
la famille le 16 mai dernier. Le Premier ministre confirme que les
membres du gouvernement doivent démissionner de tout mandat exécutif.
Acte I, Scène 2 : La loi "PLM" oblige le maire d'arrondissement à
être membre du Conseil de Paris. Or le 4e arrondissement ne désigne que 3
conseillers de Paris. Les élus depuis les dernières élections de mars
2008 sont Dominique Bertinotti (PS), Christophe Girard (PS) et Vincent
Roger (UMP). Christophe Girard est donc appelé à devenir maire du 4e... à
moins que la Gauche ne fasse un geste d'ouverture inattendu !L'acte II se passe à l'Hôtel de Ville, toujours dans le 4e arrondissement
Acte II, scène 1 : Depuis l'élection de Bertrand Delanoë comme maire
de la capitale en 2001, une règle a été mise en place : les adjoints à
la Ville de Paris n'ont pas pas le droit d'être maire d'arrondissement
(règle un peu faux-cul puisque par contre ils ont le droit d'être
parlementaire). Christophe Girard réalise que sa place en tant
qu'adjoint à la Culture est menacée. Il bat le rappel et de manière très spontanée tous ceux qu'il a nommé à la tête d'institutions culturelles
parisiennes l'exhortent à rester maire adjoint à la Culture de la Ville.
La principale cible de cette campagne n'était autre que le maire de
Paris afin qu'il accepte une exception à la règle fixée par lui depuis
2001.
Acte II, scène 2 : Les proches de Bertrand Delanoë laissent
clairement entendre que la question du remplacement de Christophe Girard
en tant qu'adjoint à la Culture est clairement envisagée (On le
comprend dans un article paru dans le journal Le monde daté du 31 mai
2012). Pour le comprendre, je renvoie au livre de Dominique FOING, Comptes et légendes de Paris
(Paris, Denoël, 2011). On y apprend que le maire de Paris cherche
depuis pas mal de temps à se débarasser de son adjoint à la Culture
auquel il a quelques reproches à faire. Avec l'élection de Christophe Girard comme maire du 4e arrondissement, l'occasion paraît trop belle !
L'acte III : Retour à la mairie du 4e arrondissement
Acte III, scène 1 : Christophe Girard sent qu'il est victime d'un
petit traquenard. Mme Bertinotti et M. Delanoë ne sont pas les meilleurs
amis du monde mais dans cette affaire ils font cause commune. Dans
l'article du Parisien daté du 6 juin 2012 qui m'inspire
aujourd'hui, on comprend que Mme Bertinotti ne fait rien pour aider son
successeur à garder le poste d'adjoint à la Culture. Elle rappelle
qu'être maire d'arrondissement lui a permis de devenir ministre (alors
que Christophe Girard a pu lui même rêver d'une telle fonction) et
souligne qu'être maire d'arrondissement est un job à plein temps...
Acte III, scène 2 : Le même Christophe Girard mène la riposte contre
la maire du 4e (avec laquelle il est de notoriété publique qu'il
n'entretient pas des relations cordiales). Il rappelle que Dominique
Bertinotti n'a pas décidé de renoncer à son poste de conseillère de
Paris tout en précisant le montant de l'indemnité que cela lui permet de
recevoir en complément de ce qu'elle reçoit comme ministre (les coups
peuvent voler très bas !). De plus, il rappelle qu'au terme de la loi
PLM, Mme Bertinotti devra être adjointe du conseil du 4e arrondissement
(il faut en effet qu'un des adjoints au maire d'arrondissement soit
membre du Conseil de Paris). Il donne donc un argument percutant qui
plaide en faveur de la démission de Mme Bertinotti du Conseil de Paris.
En effet, il avait été prévu que les ministres ne pouvaient garder aucun
poste dans un exécutif, même celui de maire adjoint (cela a été
précisée notamment par la porte-parole du gouvernement lors d'un grand
jury sur LCI le dimanche 27 mai). Bref, si la règle s'applique
complètement à Mme Bertinotti, elle doit démissionner de son poste de
conseillère de Paris. Ambiance ! Ambiance !
Acte III, scène 3 : On attend avec impatience le prochain conseil
d'arrondissement qui doit se tenir lundi 11 juin à 19h dans la salle des
mariages du 4e !
To be followed...
J'avais rappelé dans un précédent article que si Dominique Bertinotti devenait ministre
(cela n'avait rien de certain à l'époque), elle laissait une majorité
dans un "état pour le moins chaotique". On pourra admettre que si je
prétends pas au titre de "pythie du 4e arrondissement" qu'un spécialiste
du Marais m'a décerné, j'étais en fait en deça de la réalité !