mercredi 28 septembre 2022

MMCDLXXXI : Les façades de Paris Centre : Un immeuble Art Nouveau de Franz Jourdain pour Ernest Cognacq au 16 rue du Louvre

 

L'idée de publier cet article à propos  du 16 rue de Louvre (à l'angle avec la rue Bailleul) m'est venue car j'ai lu les informations concernant son permis de construire quand j'ai fait les recherches sur le magasin Samaritaine Luxe construit par Franz Jourdain pour Ernest Cognacq au 27 boulevard des Capucines (voir article du 31 mars 2022). En effet, j'ai alors découvert que l'architecte qui aussi réalisé la partie rénovée du magasin La Samaritaine rue du Pont Neuf pour Ernest Cognaq (le directeur de la Samaritaine [Voir aussi l'article du 23 juillet 2021]) avait aussi construit pour le même commanditaire cet immeuble situé tout près du Louvre (et donc pas très loin non plus de la Samaritaine). Voici une vue sur cette immeuble depuis l'angle formé par Louvre tout près de la colonnade :

Le permis de construire a été déposé le 6 octobre 1910. Il indique comme propriétaire Ernest Cognacq domicilié 1-15 rue de la Monnaie (ce qui correspond à l'adresse du magasin La Samaritaine) et comme architecte Frantz Jourdain.

Cela m'a donc conduit à aller voir de plus près cet immeuble qui est très intéressant :

On y retrouve un grand nombre de décors typiques du style Art Nouveau avec des contours de fenêtres aux formes végétales :


 

Le portail du 16 rue du Louvre est vraiment superbe :

 

Ce portail a fait l'objet d'un très bel article en 2016 sur le site "I Prefer Paris". En s'approchant, on peut apercevoir un hall magnifique de transition entre le style Art Nouveau et le style Art Déco :

La façade est composée d'avancées qui commencent au 2e étage et qui sont soutenus par des consoles. Entre, celles-ci, il existe un décor que l'on voit très mal car il est dans l'ombre :

Ce décor est superbe quand on l'observe attentivement :

 D'après le site Monumentum qui consacre un fiche à cet immeuble il s'agit de "Grès bigot inséré dans du mortier". 

 

Cette fiche précise que la façade (et une grande partie des décors de cet édifice) font l'objet par un arrêté du 11 décembre 2000 d'une inscription à l'inventaire du Patrimoine protégé. On y apprend aussi que "Le bâtiment abritait des appartements et les locaux administratifs de l'organisme de crédit de la Samaritaine, La Semeuse de Paris, qui permettait aux moins favorisés d'acquérir des biens de consommation".

 Voici un bordereau délivré aux clients qui achetaient à la Samaritaine grâce à la Semeuse de Paris. L'ancêtre des cartes de crédit. J'y ai entouré l'adresse où figure le 16 rue du Louvre.



dimanche 25 septembre 2022

MMCDLXXX : Les statues du Louvre : Série Les personnages (2e volet) : Pascal par François Lanno

  

Voici le 2e article consacré aux personnages représentés dans la cour du Louvre. Il  concerne Blaise Pascal que l'on peut voir dans la partie en retour de l’aile Turgot :

La statue de Blaise Pascal est la 2e en partant de la gauche :

Blaise Pascal est né à Clermont-Ferrand le 19 juin 1623 et il est mort à Paris le 19 août 1662. C'était à la fois un philosophe et un scientifique. Son air méditatif est une allusion directe à son rôle de penseur :

A ses pieds on peut voir plusieurs livres dont un dont on reconnaît le titre "Les Provinciales", ouvrage publié en 1656-1657 :

La statue est une oeuvre de François Lanno né à Rennes le 16 février 1800 et mort à Beaumont-sur-Oise le 5 septembre 1871. Il a aussi sculpté la statue de Fléchier située sur l'aile Henri IV du Louvre et la statue de Fénelon située sur la fontaine de la place Saint-Sulpice.

Cette statue est à peine postérieure d'une dizaine d'années de celle sculpté par Jules Cavelier (1814-1894) et qui est située au pied de la Tour Saint-Jacques qui elle date de 1857 (voir article du 31 décembre 2014).

Il est intéressant de comparer les deux statues :

jeudi 22 septembre 2022

MMCDLXXIX : Rue Saint-Joseph : sur les traces du cimetière où Molière fut inhumé en 1673... tout près de l'endroit où est né Zola en 1840 !

 

Nous allons bientôt célébrer le 350e anniversaire de la mort de Jean-Baptiste Poquelin le 22 février 1673. Cela m'a conduit à m'intéresser de plus près à la rue Saint-Joseph...

En effet, à la hauteur du 142/144 rue Montmartre, on trouve aujourd'hui un superbe immeuble auquel j'ai déjà consacré un article le  14 juillet 2020.

Or, c'est dans ce pâté de maisons qu'on trouvait avant la Révolution française une chapelle avec un cimetière qui ont donné leur nom à la rue qui longe le sud de ce pâté de maisons, la rue Saint-Joseph :

Le Dictionnaire historique des rues de la ville de Paris de 1844  nous apprend que cette rue portait à la fin du XVIe siècle un très joli nom : la "rue du Temps perdu". Ce n'est qu'au milieu du XVIIe siècle qu'elle a pris son nom actuel.

Le plan Mérian des années 1610 montre le côté très bucolique que devait avoir cet endroit quand la rue Montmartre avait encore en son milieu le ruisseau qui coulait en son milieu et auquel j'ai consacré un article paru le 14 août 2022.

C'est par la volonté d'un puissant personnage que la chapelle Saint-Joseph a été édifiée dans cette rue : le chancelier Séguier*. Celui-ci a en effet voulu y déplacer le cimetière de l'église Saint-Eustache qui se trouvait à côté de son hôtel particulier rue du Bouloi et à cette fin il y a fait édifier cet édifice religieux dont il posa la première pierre. Cela est aussi expliqué de manière détaillée dans le Dictionnaire Histoire des rues de Paris de 1844.

On peut voir sur le plan Turgot des années 1730, l'aspect de la rue Saint Joseph avec cette chapelle et le cimetière :

que l'on peut voir en plus grand ici :

C'est dans ce cimetière que Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, et Jean de La Fontaine furent inhumés comme cela est expliqué dans la même source :

 Une gravure de 1839 montre à quoi pouvait ressembler le chevet de la chapelle Saint-Joseph en 1673 :

Le Dictionnaire Histoires des rues de Paris de 1844 précise ce qu'il est advenu de la chapelle et du cimetière :

Un blog spécialiste des sépultures donne une information plus précise concernant cet endroit : on y apprend que ce cimetière faisait 510 m² et recevait 300 corps par an. D'après une enquête de salubrité publique de 1763, on y trouvait 40 000 corps (!). Le cimetière fut fermé en 1781 et les corps furent déplacés à partir de 1787. La chapelle fut détruite en 1800.

Un marché fut installé  sur l'emplacement du cimetière suite à un décision prise par le Préfet de police le 13 frimaire an XIV (4 décembre 1805) avec une application prévue le 1er nivôse an XIV (22 décembre 1805)  (voir à nouveau dans le Dictionnaire historique des rues de Paris de 1844 :) 

On peut voir sur le plan cadastre de la première moitié du XIXe siècle à quoi ressemblait ce marché alimentaire qui s'étendait -comme le cimetière- entre la rue Saint-Joseph et la rue du Croissant

Ce marché fut détruit en 1882. Dans la partie qui donne sur la rue Montmartre, on a édifié l'immeuble où a été installé le siège du Journal la France que j'ai évoqué en début d'article.

On peut remarquer que c'est tout près de l'emplacement de ce cimetière qu’Émile Zola est né le 2 avril 1840 au 10 de la rue Saint-Joseph (voir article du 10 mai 2022). Il est assez intéressant de noter qu'un des plus grands romancier de la 2e moitié du XIX siècle est né près de l'endroit où pendant plus d'un siècle avait été situé la tombe de Molière et de La Fontaine.

* Chancelier Séguier dont le tombeau se trouve dans l'église Saint-Gervais-Saint-Protais (voir article du 25 avril 2009).

lundi 19 septembre 2022

MMCDLXXVIII : Les statues de l'Hôtel de Ville : Série sur les Villes de France (3e volet) : Nancy par André-Arthur Massoulle.

 

Voici un nouvel épisode consacré aux villes de France représentées sur l'Hôtel de Ville de Paris. Il concerne la 3e ville en partant de la droite que l'on peut voir dans la partie centrale de la façade rue Lobau :


 Cette statue est aisément reconnaissable car elle tient un écu avec des armoiries avec la main gauche :

On reconnaît les armoiries de la ville de Nancy :

Le chardon en effet figure sur les armoiries de la ville de Nancy avec la devise "Non inultus premor" qui veut dire "Qui s'y frotte s'y pique". La devise rappelle que le duc de Bourgogne Charles Le Téméraire est mort devant les murs de Nancy en essayant de prendre le contrôle de la ville en 1477.

Cette statue est une œuvre du sculpteur André Paul Arthur Massoulle qui est né à Epernay le 5 novembre 1851 et mort à Paris le 19 juin 1901. Il a aussi sculpté la statue du Maréchal Charles de Catinat sur la façade de l'Hôtel de Ville sur la place (voir article du 27 juin 2013)

Cet artiste a aussi notamment travaillé pour les statues du pont Alexandre III.

vendredi 16 septembre 2022

MMCDLXXVII : Les statues incroyablement rescapées de la flèche de Notre Dame en ce moment à la Cité de l'Architecture

  

La flèche de Notre-Dame s'est effondrée le 15 avril 2019 suite à l'incendie qui est encore dans toutes les mémoires. A la base de la flèche on trouvait des statues disposées aux quatre angles. J'ai retrouvé des photographies que j'avais prises dans les années qui ont précédé ce terrible sinistre.


Ce que j'ignorais c'est que tout juste quatre jours avant l'incendie, le 11 avril 2019, ces statues avaient été déposées en vue de leur restauration. On peut cette année avoir une très belle surprise en visitant les collections permanentes de la Cité de l'Architecture (au Trocadéro). En effet, une exposition permet de voir ces sculptures de très près :

Les statues des douze apôtres et les symboles qui représentent les quatre évangélistes sont en effet présentés dans le superbe écrin que constitue l'aile consacrée aux moulages des monuments français du Moyen Âge :


Les statues en cuivre datent de 1861/1865. Elles ont été sculptées par Adolphe Victor Geoffreoy-Dechaume. Elles ont été nettoyées, désoxydées et une patine a été apposée pour préserver leur surface. La structure métallique interne a été consolidée (par la société Monduit).

Voici une petite synthèse avec les douze apôtres :

1. Saint Pierre qui tient la clé du paradis

2. Saint André et sa croix en X

3. Saint Jude

4. Saint Simon

5. Saint Barthélémy et le couteau qui symbolise son martyr (il a été écorché vif)

6. Saint Jacques le Mineur

7. Saint Paul et l'épée qui symbolise son martyr (il a eu la tête tranchée)

8. Saint Jacques le Majeur et son bâton de pélerin

9. Saint Jean l'Apôtre qui est représenté sous l'aspect d'un  homme juvénile

10 Saint Philippe qui porte une croix car lui aussi a été crucifié

11 Saint Thomas, la statue la plus intéressante (voir ci-dessous)

12. Saint Matthieu qui tient un livre pour rappeler qu'il est un des quatre évangélistes

A la base de chaque série de trois apôtres, on trouvait un personnage qui symbolise les évangélistes :

Ils sont aussi présents dans l'exposition :

On peut voir :

Le lion qui symbolise Saint Marc 


L'aigle pour Saint Jean :

- L'ange pour Saint Matthieu :

et le taureau pour Saint Luc :

De ces 16 statues, la statue la plus impressionnante est celle de Saint Thomas :

en effet, cet apôtre a les traits d'Eugène Viollet le Duc :

Il tient une règle d'architecte qui porte la signature de l'architecte qui a construit la flèche :

Je publierai très bientôt un article à propos du coq qui surmontait cette flèche et que l'on peut voir aussi dans l'exposition de la Cité de l'Architecture.