jeudi 31 mars 2022

MMCDXII : Les façades de Paris de Paris Centre : un immeuble Art Nouveau signé Franz-Jourdain au 27 boulevard de Capucines

 

Au 27 boulevard des Capucines (Paris 2e), on peut voir une superbe façade en style Art Nouveau. Le permis de construire a été déposé le 12 mars 1914. Le propriétaire était Ernest Cognacq, le propriétaire de la Samaritaine. Il avait décidé d'installer à cet endroit un magasin "Samaritaine de luxe". Il a fait appel au même architecte que la partie Art nouveau du magasin du Pont Neuf : Franz-Jourdain assisté de G.. Bourneuf.

Le magasin a été inauguré en janvier 1917. Le décor de la façade est vraiment superbe :





Ce décor n'est pas sans rappeler celui de la partie rénovée récemment de la Samaritaine près du Pont Neuf. (voir mon article du 23 juillet 2021).

De chaque côté, le toit a une forme assez amusante, caractéristique du style "nouille" : 



lundi 28 mars 2022

MMCDXI : En cet endroit Napoléon Bonaparte et Joséphine de Beauharnais se sont mariés le 9 mars 1796... à 22h.

 


 Au 3 rue d'Antin deux plaques signalent qu'à cet endroit eu lieu un événement qui a l'époque était certainement anodin : le 9 mars 1796, le général Napoléon Bonaparte épousa Joséphine de Beauharnais :


 En effet, au 3 rue d'Antin, dans un édifice construit au XVIIIe, l'Hôtel de Mondragon, on trouvait depuis 1795 la mairie du 2e arrondissement (correspondant au découpage de Paris jusqu'en 1860).

Bonaparte, né en août 1769 avait donc 26 ans alors que Joséphine de Beauharnais (née en juin 1764) avec 31 ans. Elle s'appelait de son nom de jeune fille Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie mais avait pris le nom de Beauharnais après son mariage en 1779 avec le marquis Alexandre de Beauharnais dont elle avait eu deux enfants : Eugène et Hortense. Elle était séparée de son époux, et celui-ci devenu général sous la Révolution, fut guillotiné le 23 juillet 1794.

Le mariage de Napoléon Bonaparte et de Joséphine devait être célébré en fin de soirée, mais le général ayant du retard ce n'est qu'à 22h que la cérémonie put se tenir. Il semble donc qu'à l'époque les services municipaux faisaient des nocturnes !

Huit ans après ce mariage civil célébré à la hussarde, les deux époux se marièrent religieusement ce qui permis, le 2 décembre 1804,  à Joséphine d'être couronnée impératrice par  son mari :

 Cependant, 5 ans plus tard, Napoléon Ier qui voulait avoir un héritier (il avait expérimenté avec une maîtresse qu'il pouvait engendrer) décida de se séparer de Joséphine. Le mariage  fut dissous le 15 décembre 1809 soit un peu plus de 13 ans après avoir été célébré.

Il est donc amusant que ce mascaron situé au dessus du portail central a vu passer un soir de mars 1796 le général Napoléon Bonaparte arrivant à son mariage :

De chaque côté on peut voir une nef  et un Lion :

 
La nef symbolise Paris et le lion les Pays Bas. En effet, l'Hôtel de Mondragon a cessé d'être la mairie du 2e arrondissement en 1835 et est devenu le siège de la banque Paribas, qui fait aujourd'hui parti du groupe BNP Paribas..



vendredi 25 mars 2022

MMCDX : Le splendide mobilier Diego Giacometti à l'Hôtel Salé

Voici un article que je me promets de faire à chacune de mes visites du musée Picasso située dans l'Hôtel Salé. Je me décide donc à le faire en complètement des articles que j'ai écrit sur l'exposition Picasso/Rodin qui s'est achevée il y a quelques semaines (voir article du 21 décembre 2021 ) et de celui consacré au paon du Salon de Jupiter (article du 9 mars 2022)

Il concerne le mobilier commandé à Diego Giocometti en 1985 pour décorer les salles et en particulier le Salon de Jupiter. Je trouve vraiment très réussi le mélange entre le décor XVIIe/XVIIIe de ce lieu et les créations de Giaocometti.


Rappelons que Diego Giacometti (1902-1985) a travaillé en étroite association avec son frère Alberto Giacometti (1901-1966) qu'il a assisté pour la création de ses œuvres. Pendant la vingtaine d'années où il a survécu à son frère, il a continué à créer en montrant ses qualités de designer, notamment comme on le voit ici à l'Hôtel Salé où il s'agit d'une de ses dernières créations puisqu'il est décédé en 1985, année de livraison du mobilier.

mardi 22 mars 2022

MMCDIX : Les statues de la Tour Saint-Jacques (17e volet) : Sainte Marguerite d'Ecosse par Victor Vilain

 

Voici le 17e volet de la série consacrée aux statues de la Tour Saint-Jacques. Il concerne une statue que l'on peut voir sur le côté Ouest au 1er étage sur la gauche :

Elle est située entre Sainte Geneviève (voir article du 27 février 2022) et Saint Marcel (voir article du 15 janvier 2022) :

Elle représente Sainte Marguerite d'Ecosse qui a régné au XIe siècle. Issu de la famille des rois anglo-saxons d'Angleterre. Elle était la petite-fille d'Edmond Côte-de-fer qui a été roi d'Angleterre et en 1069/1070 elle a épousé le roi d'Ecosse Malcom III. Elle avait la réputation d'être très pieuse. Elle est décédée en 1093. Sur la statue elle est représentée avec des textes sacrés dans la main droite et elle tient un sceptre dans la main gauche et elle porte une couronne sur la tête.

Elle a été canonisée en 1250 par le pape Innocent IV et est devenue la Sainte Patronne de l'Ecosse.

La statue est une œuvre du sculpteur parisien Victor Vilain (1818-1899). On lui doit plusieurs statues qui décorent les façades du Louvre.


samedi 19 mars 2022

MMCDVIII : Les façades de Paris Centre : au 20 rue des Tournelles un élégant immeuble construit en 1910 pour un bijoutier religieux

  

Au 20 rue des Tournelles (dans le 4e arrondissement), mon attention a été attiré par cet immeuble car il comporte une partie en avancée sur la gauche mais le portail lui est au centre. Alors qu'il arrive que ce décrochement vers l'avant corresponde au portail central (voir par exemple l'immeuble du 38 quai d'Orléans auquel j'avais consacré un article en novembre 2017).


De plus, alors que cet immeuble a été construit en 1910 il a un décor assez différent des façades construites en style Art Nouveau à la même époque.

Si on regarde le portail, on observe des détails qui n'ont rien de très différent par rapport à l'époque haussmannienne avec un lion au dessus du portail central et des consoles d'inspiration XVIIIe qui surmonte le linteau supérieur :


Dans les étages, la partie en retrait au centre et sur la droite avec un balcon courant au 2e et 5e étage ne manque pas d'élégance :


La partie la plus intéressante est celle à gauche avec cette avancée qui commence au 2e étage :


Là encore les décors, par exemple la fenêtre située au 1er étage est plutôt dans le goût du XVIIIe siècle :

Au dessus du portail à gauche le nom de l'entreprise qui a construit l'immeuble est indiqué mais difficile à lire : Couygnon ? 
 
A droite, on peut lire l'année de construction (1910) et le nom de l'architecte : F. Boiret.

Cela est confirmé par le relevé des permis de construite : il a été déposé le 27 février 1909 par un architecte appelé Boiret dont les bureaux se trouvaient 13 rue de Londres. Cet architecte avait préalablement construit d'autres immeubles hors du centre de Paris : en 1884 au 125 rue de la Roquette (Paris 11e), en 1885 au 2 rue Merlin, au 45 rue Folie Regnault et au 151 bis rue de la Roquette (Paris 11e) et en 1889 au 216 bis et 218 bis rue des Pyrénées (Paris 20e).

Détail intéressant, le permis de construite mentionne que le propriétaire nommé Rouillon habitait à cet endroit. Or, cela m'a permis -un peu par hasard- de retrouver une facture de l910 d'une entreprise Rouillon sise au 20 rue des Tournelles :

On y apprend que l'entreprise J.Rouillon était le nom d'un fabrique de bijouterie religieuse et qu'elle avait été fondée en 1842 :


 

mercredi 16 mars 2022

MMCDVII : Au musée Cognacq-Jay, une exposition consacrée à Louis-Léolpod Boilly à ne manquer sous aucun prétexte

 

Impossible de manquer cette affiche joyeuse que l'on peut voir dans les couloirs du métro parisien. Elle montre un personnage à l'air rigolard et facétieux et résume bien l'exposition dont elle fait la promotion. Il s'agit en effet d'un peintre que j'apprécie tout particulièrement, Louis-Léopold Boilly et je suis tout particulièrement content que le musée Cognacq-Jay lui consacré depuis fin février une exposition.

Ce peintre de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle est surtout connu pour ses nombreux portraits de la société parisienne de l'époque mais l'exposition permet de prendre conscience à la fois de la variété de ses talents mais aussi de réaliser à quel point il avait une capacité à rire de tout et de tous, y compris de lui-même.

De plus, observateur attentif de son temps, certaines de ses oeuvres sont un témoignage de la vie quotidienne dans Paris, et tout particulièrement le centre de Paris.

Voici une sélection de 7 œuvres que j'ai choisies complètement arbitrairement :

1°) Un autoportrait dans lequel Boilly semble surpris par sa propre image :

2°) Une peinture à l'huile où le peintre s'est amusée à réaliser une fausse gravure représentant ses fils et son chien prêts à combattre. La scène se passe en 1809 en plein pendant les guerres de Napoléon Ier et l'oeuvre est intitulée "Mes soldats" :

3°) Parmi une série de 20 lithographies intitulées "les grimaces", celle-ci qui représente l'Orgueil. Une très belle représentation de morgue de certains hommes (et de certaines femmes) de pouvoir ainsi que de la capacité de certains à s'abaisser à leur cirer les pompes pour leur demander des faveurs :

4°) Un trompe-l’œil impressionnant dans lequel même la vitre de protection semble cassée :

5°) Une scène du Carnaval en 1832 sur les Grands Boulevards (à la limite Nord) donc de Paris Centre. Ce n'est pas la 1ère fois que je vois des évocations de carnaval qui se tenait sur les Grands Boulevard et qui a disparu à une date que j'ignore ce qui me conduira à enquêter plus loin à ce sujet.

6°) Une scène d'arrivée dans la Cour des Messageries en 1803 (j'ai fait paraître un article en relation avec ce tableau le 3 mars 2022). Elle a été peinte dans un lieu qui était situé à l'emplacement de la rue Réaumur dans la partie comprise entre la rue Notre-Dame-des-Victoires et la rue Montmartre :

7°) Une vue de la cour de la prison des Madelonnettes , une prison pour femmes située dans le 3e arrondissement. J'ai aussi consacré un article à ce tableau. Il est paru le 1er juin 2021.


 Cet article ne présente qu'une toute petite partie des oeuvres que l'on peut admirer et apprécier dans cette exposition. Le mieux est d'aller la visiter... avant le 26 juin 2022 :


dimanche 13 mars 2022

MMCDVI : Paris Centre Hier et Aujourd'hui : Une vue du port de Saint-Paul au XVIIIe siècle

La semaine dernière, j'ai fait la découverte de cette vue de Paris Centre au XVIIIe siècle qui représente la partie la plus au sud-est du secteur Paris Centre : cette gravure signée Charles-Melchior Descourtis (1753-1820) représente " une vue du port de Saint-Paul prise depuis le parapet". Elle m'a particulièrement intéressé car cette partie du 4e arrondissement a énormément changé depuis

Au centre on peut voir une île reliée par un pont :

pour comprendre de quoi il s'agit, il faut regarder de près le plan Turgot des années 1730 :

Cela permet de se rappeler qu'en amont de l'île Saint-Louis, il existait une île appelée l'île Louvier et qu'elle était reliée à la rive droite par un pont, le "pont de Grammont" :

J'ai déjà consacré plusieurs vues à cette île dans un article paru en avril 2012 :


Cette île a été rattaché à la rive droite sous la Monarchie de Juillet dans les années 1840. Sur ce plan de 1892, j'ai encerclé l'espace construit entre le quai Henri IV et le boulevard Morland qui correspondait à cet île :

A gauche de la gravure qui concerne l'article d'aujourd'hui, on peut voir tout à droite à l'arrière-plan, un ensemble de bâtiments religieux que j'ai indiqués par le 4 dans le détail ci-dessous :


 en se reportant au plan Turgot, on comprend qu'il s'agit du couvent des Célestins :

J'ai déjà consacré un  article à ce couvent où était conservé le coeur du roi Henri II (article paru le 10 janvier 2012). Entre le pont et ce couvent, on voit des bâtiments, on se rend compte grâce au plan Turgot qu'il s'agit d'une partie des bâtiments de l'Arsenal.

Le couvent des Célestins a disparu après la Révolution française. Il a été remplacé par le boulevard Henri IV et la caserne de la Garde Républicaine. J'ai représenté sur cette vue actuelle prise depuis le quai des Célestins par un A l'emplacement de l'île et par un B l'emplacement de ce couvent :


 Sur la droite, du tableau, on voit un édifice qui domine la pointe de l'île Saint-Louis :


 Une vue actuelle permet de se rendre compte que cet édifice existe toujours aujourd'hui :

On a du mal à voit cette construction sur la plan Turgot :

On se rend compte que cette partie du quai d'Anjou est située juste avant l'Hôtel Lambert. Il s'agit même de ce que l'on a coutume d'appeler le "Petit Lambert" :

Dernier élément intrigant, à l'arrière-plan de la gravure, on voit une coupole à l'horizon :

Il faut regarder de près le plan Turgot pour comprendre de quoi il s'agit en regardant la direction comprise entre la pointe Est de l'île Saint-Louis et l'île Louvier :

On se rend ainsi compte qu'il s'agit de la chapelle de l'hôpital de la Salpêtrière :


Dernier élément à ne pas négliger, on se rend compte de l'importante activité de ce port :