dimanche 30 mars 2025

MMDCCXCVII : L'Hôtel de Ville aux couleurs d'un des plus anciens Etats européens et avec lequel la France n'a jamais été en guerre



En passant devant l'Hôtel de Ville de Paris ce dimanche, on peut apercevoir - malgré les travaux de la place - que la façade est pavoisée comme cela arrive régulièrement quand des chefs d'Etat sont en visite à Paris. Cette fois-ci c'est le Danemark qui est à l'honneur.

Le roi Frederik X de Danemark sera en visite d'Etat en France du 31 mars au 2 avril 2005. Voilà l'occasion de rappeler que ce -relativement - petit Etat du nord de l'Europe (42 000 Km²) est une des plus vieilles nations européennes puisque son histoire remonte au VIIIe siècle à une époque où les Vikings étaient de grands navigateurs, explorateurs, commerçants et guerriers. Dans la première moitié du XIe siècle, Knut le grand a régné sur un immense empire qui s'étendait tout autour de la mer du Nord.

Alors que le Danemark est ainsi tout comme la France un des plus vieux Etats européens, ils n'ont jamais été en guerre ce qui - cela avait été souligné par François Mitterrand en 1992 - est en soi assez extraordinaire puisque la France a été en guerre au cours de son histoire avec presque tous les pays du continent. En ces temps où des chefaillons populiste ont tendance à vouloir faire table rase du passé, il est bon de rappeler ce long passé de paix entre les deux États.

Le roi Frédéric X est en lui-même un symbole de l'amitié franco-danoise puisqu'il est le fils la reine Marghrete II (qui a régné de 1972 à 2024) et d'Henri de Laborde de Montpezat (1934-2018) issus d'une famille béarnaise.

 

 

vendredi 28 mars 2025

MMDCCXLVI : Les rues de Paris Centre : la rue Thorel, une rue qui rend hommage à un élu parisien oublié

 

Voici un nouvel article de la série consacrée aux rues de Paris Centre : il concerne la rue Thorel, située dans le quartier du Sentier, entre la rue Beauregard et le boulevard Bonne-Nouvelle. Cette rue ne fait que 111m de long.


 Cette rue est très ancienne. Elle apparaît sur le plan Turgot des années 1730 sous le nom de "rue Sainte-Barbe" :


 

Cet espace est intéressant car il est situé entre l'enceinte de Charles V et les "Fossés jaunes" qui sont apparus dans la 2e moitié du XVIe siècle. On voit son emplacement ici sur le plan Mérian de 1615 :

Sur un plan encore plus ancien, du milieu du XVIe siècle, le plan dit "de Bâle", on voit que la rue était hors de Paris :

Ce qui m'a intéressé à propos de cette rue est le fait qu'il est mentionné qu'elle porte le nom d'un "Conseil du quartier" : 

J'ai voulu en savoir plus... Dans les Archives en ligne de Paris, j'ai trouvé une photographie d'Ernest Thorel 

La légende de la photographie est intéressante. On y apprend qu'Ernest Thorel était né le 7 décembre 1815 à Paris. Il a été élu pour la première fois le 23 juillet 1871, il été réélu le 29 novembre 1874, le 6 janvier 1878 et le 9 janvier 1881. On y affirme qu'il est mort le 11 avril 1884.


 J'ai donc voulu retrouver l'information dans le Petit Parisien du 12 avril et j'ai en effet trouvé un article qui permet d'en savoir plus. On y apprend qu'Ernest Thorel est mort d'une "congestion cérébrale" à son domicile du 11, rue du Sentier. Il a été connu pour ses idées républicaines dès 1848. Pendant la guerre contre la Prusse de 1870/1871, il a été commandant du 10e bataillon de la garde nationale qui a combattu à Montretout (une redoute tenu par les Prussiens dès septembre 1870 à l'Ouest de Paris).  On y lit aussi qu'Ernest Thorel, par la suite, a été président du conseil général de la Seine et qu'il a voulu obtenir davantage de libertés pour Paris (qui ne pouvait pas élire son maire) :


 Ayant appris qu'Ernest Thorel était mort à son domicile dans le 2e arrondissement, j'ai retrouvé son acte de décès dans les archives en ligne de l’état civil. On y apprend qu'Ernest Thorel n'est pas mort le 11 avril mais le 10 avril 1884 à six heures du matin :

Ernest Thorel est mort alors que les Parisiens s'apprêtaient à renouveler leurs élus. Cela est évoqué dans un article du Petit Parisien du 10 avril 1884 qui déplore le fait que la capitale ne puisse pas élire son conseil municipal comme les autres villes de France :

Depuis 1871, Paris était divisé en 80 quartiers qui élisaient chacun leur conseiller au scrutin uninominal, et auxquels s'ajoutaient 8 conseillers élus par les communes de la petite couronne pour former le Conseil général de la Seine. Ernest Thorel a été président du Conseil général de la Seine de 1881 à 1882 (une fonction qu'a exercé en 1911/1912, Henri Galli [voir article du 1er septembre 2023]).

La rue a pris le nom de rue Thorel en 1885, un an après la mort d'Ernest Thorel. On peut remarquer que la rue n'est pas située dans le quartier dont il était élu, le mail, puisqu'elle était un peu plus à l'Est dans le quartier Bonne Nouvelle :

 

L'histoire d'Ernst Thorel montre que la notoriété municipale est toute relative puisque,aujourd'hui, Ernst Thorel est presque complètement oublié. A méditer... Omnia Vanitas !


samedi 22 mars 2025

MMDCCXCV : Les façades de Paris Centre : le Berlitz, un immeuble emblématique de Paris Centre

  

Le "Berlitz" fait partie des immeubles célèbres de paris Centre. Il est situé dans un pâté de maisons compris entre le boulevard des Italiens au nord, la rue Louis-le-Grand à l'ouest,la rue du quatre Septembre au sud-ouest, la rue de Hanovre au sud et la rue de la Michodière à l'est. 

L'angle boulevard des Italiens/rue de la Michodière (nord-est)

L'angle du boulevard des Italiens et de la rue Louis-le-Grand (nord-ouest)

L'angle de la rue de la Michodère et de la rue de Hanovre (sud-est)

L'angle de la rue du 4 Septembre et de la rue du Hanovre (sud-ouest)

C'est en haut de cet angle qu'est indiqué le nom officiel de cet immeuble : "Palais du Hanovre" : 


 Le bâtiment porte ce nom car un de ses angles, celui du boulevard des Italiens était l'endroit où se trouvait le "Pavillon de Hanovre" qui a été déplacé dans le parc de Sceaux pour la construction du Berlitz (article du 18 avril 2022).

Le Berlitz a été construit en 1932. Il est dû à 'architecte Charles Lemauresquier à qui on doit aussi le siège de Félix Potin à l'angle du boulevard Sébastopol et de la rue Réaumur (article du 10 août 2019) et l'immeuble qui a été le siège de groupe Havas (article du 18 février 2025)


dimanche 16 mars 2025

MMDCCXCIV : Les copies de nymphes de Jean Goujon dans l'hôtel de Ville d'une ville d'Italie

 

Bologne, capitale de la région d’Émilie-Romagne, est une ville dont je recommande la visite. On y a ouvert la première Université d'Europe au XIe siècle. Au XVIe siècle, c'était la 2e ville la plus peuplée des États pontificaux. Elle a attirée de nombreux artistes français dont Jean de Boulogne qui a réalisé la fontaine de Neptune qui est devenue emblématique de cette cité touristique.

L"Hôtel de Ville est un immense édifice qui ressemble à un château fortifié. Voici une photo de sa façade arrière :

On monte à la salle du Conseil par un escalier qui a lui aussi des proportions imposantes :

Cependant, à ma grande surprise, en arrivant dans le vestibule de l'étage d'honneur, j'ai découvert un décor que je connais bien :


 Comme cela est indiqué dans le cartel situé en dessous, ces nymphes qui ornent la fontaine des Innocents ont été offertes par le Louvre en 1935 :

Ce don du Musée du Louvre s'explique par le fait que Jean Goujon en mort à Bologne en 1568.

Les cinq nymphes de la Fontaine des Innocents sont celles qui ornaient l'édifice avant son déplacement et sa transformation à la fin du XVIIIe siècle (voir mon article du 15 juillet 2022).



mercredi 12 mars 2025

MMDCCXCIII : Une cérémonie pour célébrer la fin des travaux de Saint-Gervais-Saint-Protais : "Enfin" et... merci !

 

Ce mercredi 12 mars 2025 à 15h a eu lieu dans l'église Saint-Gervais-Saint-Protais, une cérémonie à laquelle j'ai été très content de pouvoir assister. L'adjointe à la maire de Paris en charge du Patrimoine, Karen Taieb a présidé une cérémonie qui marquait la fin des travaux de restauration du clocher et du transept nord de Saint-Gervais-Saint-Protais.

J'avais, à partir de 2012, publié plusieurs articles pour initialement déplorer l'échafaudage qui masquait le clocher (  6 octobre 2012 : Un article pour aider des élus à répondre à une question... ;  17 décembre 2014 : Les échafaudages de la tour de Saint-Gervais ne disparaîtront pas avant 2014 ! ; 20 février 2015 : Bientôt la fin des échafaudages sur la Tour-clocher de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais ? ) puis à propos des calendriers des travaux (26 avril 2018 : Le calendrier des travaux du clocher de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais ; 13 décembre 2019 : Une réunion en mairie du 4e qui permet de connaître le calendrier des travaux du clocher de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais).

J'ai donc été ravi que Karen Taieb commence son discours en s'exclamant "Enfin !" tant il est vrai que l'on a énormément attendu mais le résultat est là. Mme Taieb a remercié les équipes qui ont réalisé les travaux. Après cette longue attente, on peut aussi dire "Merci !'", y compris à l'adjointe Mme Taieb qui, depuis qu'elle a pris en charge le dossier du Patrimoine à Paris en 2018, a énormément fait pour la restauration du patrimoine cultuel (qui en avait tant besoin) !

Karen Taïeb avec les équipes qui ont participé au travaux de restauration du clocher de St-Gervais-St-Protais et du transept Nord, ainsi que des élus de Paris Centre

 

lundi 10 mars 2025

MMDCCXCII : Paris Centre de Paris dans les assiettes anciennes (2e épisode) : la fontaine du Châtelet au début du XIXe siècle

 

Je continue la série à propos des assiettes représentant Paris Centre avec celle-ci qui représente la place et la fontaine du Châtelet.

Cette assiette blanche à fond noir a été fabriquée par la manufacture de Montereau. Elle montre la place du châtelet dans les premières décennies du XIXe siècle, ici juste après la démolition de la forteresse du Châtelet décidée par Napoléon Ier en 1808 (voir mon article du 30 janvier 2023) et avant le déplacement de la fontaine du Palmier de quelques mètres vers l'Est sous le préfet Haussmann au milieu du XIXe siècle. On peut voir la fontaine avant les sphinx qui ont été ajoutés à a base lors du déplacement de la fontaine :

Rappelons qu'aujourd'hui la fontaine a cet aspect :

A l'arrière-plan de la fontaine, on devine un bâtiment. Il 'agit d'un marché à la viande construit aussi au début du XIXe siècle. C'est pourquoi, sur l'assiette, un bovin est représenté au-dessus de la porte de droite :


On reconnaît cette construction, avec sa partie en retrait à gauche, sur le plan du cadastre Vasserot du début du XIXe siècle :

Ces assiettes sont donc un témoignage passionnant sur Paris Centre au début du XIXe siècle.

mercredi 5 mars 2025

MMDCCXCI : Les sirènes du 65 boulevard Sébastopol qui ont inspiré Raymond Queneau

 

Au 65 boulevard Sébastopol, dans l'immeuble à l'angle avec la rue Etienne Marcel, on peut voir dans la partie la plus au sud de la façade de l'immeuble deux très belles sirènes.

Située de part et d'autre du cartouche qui indique le numéro de l'immeuble, ces deux sirènes sont très aguicheuses :


Ces deux sirènes doivent être présentes ici depuis le 2nd empire quand furent percés le boulevard Sébastopol (au milieu des années 1850) et la rue Etienne Marcel (dans la 2e partie des années 1860). Elles  ont inspiré Raymond Queneau : dans son receuil de poésies "courir les rues" paru en 1967, le 2e volet a  pour titre "les sirènes du boulevard Sébastopol". 

"Soixante-cinq boulevard de Sébastopol
il y a deux sirènes sculptées au-dessus d’une porte
elles ne doivent pas être très anciennes
elles datent sans doute du dix-neuvième siècle
elles n’ont aucun intérêt pour les archéologues
mais si elles sont là ce n’est pas sans intention
quel rapport avec l’architecte auteur de cette bourgeoise construction ?
quel rapport avec le propriétaire qui portait peut être un bonnet de coton ?
il y a la un mystère qui a tout autant d’intérêt qu’un autre
une fois qu’on a découvert ces deux modestes sirènes
modestement sculptées, merveilles incertaines."

J'ai trouvé ce poème sur le blog "Paris à nu" qui hélas à cesser de publier des articles depuis juin 2021.

mardi 25 février 2025

MMDCCXC : Le mausolée de l'archevêque de Belloy vu sous un nouvel éclairage

 

Parmi les splendeurs que l'on peut voir depuis la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, un monument a retenu mon attention : le mausolée de l'archevêque de Belloy. En effet, je lui avais consacré un article paru le 3 janvier 2017

Cela me permet donc de faire une comparaison entre l'éclairage et les décors d'avant l'incendie de 2019 et l'actuel. La différence est assez parlante :


Pour savoir qui était l'archevêque de Belloy et son possible lien avec l'invention du percolateur, je renvoie à mon aticle de 2017.

mardi 18 février 2025

MMDCCLXXXIX : Les façades de Paris Centre : Au 62 rue Richelieu, un superbe immeuble bâti en 1916 qui a été le siège d'Havas publicité

 

Au 62 rue Richelieu, on peut admirer une superbe immeuble avec des quatre colonnes corinthiennes qui décore une partie centrale en saillie par rapport au reste de façade.

Une élégante guirlande décore la limite entre le rez-de-chaussée et le 1er étage :

Elle est décorée par deux mascarons féminins :

L'élégance de cette façade a retenu mon attention ce qui m'a permis d'en apprendre beaucoup plus sur l'entreprise qui a fait édifier cet immeuble. Le permis de construire date du 12 décembre 1916. On y apprend que l'immeuble a été dessinée par l'architecte Charles Henri Camille Lemaresquier(1870-1972)* pour la Société Générale des Annonces. Cette entreprise existait depuis la première moitié du XIXe siècle et elle avait son siège place de la Bourse comme le montre cette gravure parue dans l'Illustration en 1845 :

Cette entreprise était très puissante dans le Paris du début du XXe siècle. Elle détenait une grande partie du marché de la publicité dans les journaux (dont beaucoup d'eux avaient leur siège social et leur rédaction dans le quartier de la Bourse). En 1920, l'entreprise a fusionné avec Havas. Le siège de la branche Havas Publicité s'est alors installé au 62 rue Richelieu en 1921.

En 1944, l'agence Havas a été scindée en deux. L'activité agence de presse a été nationalisée pour former l'Agence France Presse. Par contre, l'activité publicité est restée privée et elle a gardé son siège au 62 rue Richelieu. L'adresse apparaît sur des visuels (dont certains sont amusants) faisant la promotion de cette société :

Depuis le début des années 2000, Havas Publicité fait partie du groupe de Vincent Bolloré et l'entreprise est dirigée par son fils Yannick Bolloré. Son siège est à Puteaux.

L'immeuble du 62 rue Richelieu a été acquis en 2010 par AEW groupe, une filiale de la caisse des Dépôts (d'après un article de Business Immo du 2 septembre 2010).

Voici pour finir deux détails du 62 rue Richelieu.


 * on doit à Charles Le Maresquier de nombreux immeubles de prestige dont le magnifique siège de Félix Potin du 51 rue Réaumur (voir article du 10 août 2019) (Paris 3e), l'immeuble du Berlitz (Paris 2e) ainsi que le cercle militaire, place des Augustins (Paris 8e).