dimanche 14 décembre 2025

MMDCCCLVI : Les illuminations de Noël 2025 de l'île Saint-Louis


 Après l'article que j'ai consacré aux illuminations de la rue Saint-Honoré et de la rue des Prouvais (voir article du 8 décembre 2025), en voici un autre consacré à celles de l'île Saint-Louis.

On peut commencer à les observer depuis la pointe ouest de l'île :

avec les illuminations de la rue Jean-du-Bellay :

Cependant, il ne faut pas manquer de se mettre dans l'enfilade de la rue Saint-Louis-en-l'Île :

Les éclairages sont vraiment superbes.

 

Bravo à l'association des commerçants de l'île Saint-Louis "Au fil de l'eau" d'avoir organisé le financement de ces illuminations (pris en charge à 30% par le budget de la mairie de Paris Centre).

 

J'avais consacré un article aux illuminations de Noël de l'île Saint-Louis en 2014 (voir article du 27 décembre 2014) et en 2015 (article du 28 décembre 2015) alors qu'en 2016 l'île n'avait pas été illuminée (voir article du 14 décembre 2016).

 

jeudi 11 décembre 2025

MMDCCCLV : Le triptyque de Moulins pour quelques mois au Louvre

 

Depuis quelques jours, on peut voir une merveille de la peinture : le triptyque de Moulins qui est normalement exposé dans la cathédrale de cette ville, préfecture de l'Allier (et où je l'ai vu il y a une bonne dizaine d'années). Après avoir été restauré par le le C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Monuments Français), il est exposé jusqu'en septembre 2026 au Musée du Louvre.

Le couronnement de la Vierge dans la partie centrale a retrouvé l'éclat de ses couleurs :


 L'oeuvre est due au peintre Jean Hey qui a été actif dans le dernier quart du XVe siècle. Les commanditaires sont représentés dans les panneaux latéraux :

avec à gauche, Pierre II, duc de Bourbon (1438-1503) :

et à droite son épouse, la puissance Anne de Beaujeu (1461-1522), fille de Louis XI et régente de France en 1483/1491 et 1494/1495, avec derrière elle leur unique enfant, Suzanne (1491-1521) :

Anne de Beaujeu est une femme trop méconnue : elle a exercé le pouvoir avec beaucoup d'intelligence pendant la minorité de son frère Charles VIII. Un sens de l’État digne de son père, Louis XI.
 

 La façon dont le triptyque est exposée au Louvre permet d'admirer les détails des personnages, ce qu'on ne pouvait pas du tout faire dans la cathédrale.  De plus, on peut aussi voir le revers du triptyque qui est décoré d'une très belle grisaille. Ici la partie droite qui représente une Annonciation :

 

 A voir avant septembre 2026 car, après, il faudra aller jusque dans l'Allier pour le voir !

 



lundi 8 décembre 2025

MMDCCCLIV : De superbes illuminations de Noël cette année rue Saint-Honoré et rue des Prouvaires



Cela fait des années que je consacre des articles aux illuminations de noël (j'en ai même fait toute une série à propos de celles que l'on trouvait rue Rambuteau [Voir par exemple mon article du 25 décembre 2023]). Le fait de décorer les rues au moment des fêtes est un moyen de donner un peu de baume au cœur dans cette période de l'année où il fait nuit tôt. 

Pour que des illuminations soient mises en place, il faut une initiative et un financement des commerçants. Cela implique la création d'association et des démarches qui permettent une prise en charge (très partielle) par les pouvoirs publics. Tel est le cas de l'association Halles Saint-Honoré, grâce à laquelle, cette année, la rue des Prouvaires et la partie la plus à l'Est de la rue Saint-Honoré sont joliment décorées cette année. Un grand bravo aux commerçants pour cette belle initiative.

L'angle de la rue des Prouvaires et de la rue Saint-Honoré en regardant en direction de l'ouest

La rue Saint-Honoré, avec d'arriver à l'angle avec la rue des Prouvaires, en regardant vers l'est

La rue des Prouvaires, depuis la rue Saint-Honoré, en regardant vers le sud

La rue Saint-Honoré au niveau de la fontaine de la Croix du Trahoir en regardant vers l'ouest.

samedi 6 décembre 2025

MMDCCCLIII : Les rues de Paris Centre : la rue du Plat d'étain

  

Voici un nouvel article de la série consacrée aux rues de Paris. Il concerne une petite rue du 1er arrondissement. Elle ne fait que 57m de long et relie à l'ouest, le 4, rue des Déchargeurs et à l'est, le 25, rue des Lavandières-Sainte-Opportune.

La partie Ouest de la rue en regardant en direction de la rue des Déchargeurs

La partie est de la rue en regardant en direction de la rue des Lavandières-Sainte-Opportune

La rue existait déjà sur le plan dit de Bâle de 1550, même si son nom n'est pas mentionné :

Elle est représentée de manière très visible sur le plan Turgot des années 1730 :


 en voici un détail :


 Cette rue semble avoir existé dès le XIIIe siècle, au moment où les Halles ont commencé à devenir le principal marché de Paris après leur intégration dans l'enceinte de Philippe Auguste à la fin du XIIe siècle. Elle porte ce nom en raison d'un hôtel du plat d'étain qui en 1489 appartenait aux frères Simon et Etienne de Lille.

Il est amusant de constater que dans Paris Centre, on trouve toujours aujourd'hui une rue du plat d'étain mais il est situé plus au nord-est, dans le 3e arrondissement, au 69, rue Meslay :

Pour en revenir, à la rue du Plat d'étain, mon appareil photographique a pris cette vue étrange :



 

 

lundi 1 décembre 2025

MMDCCCLII : Les façades de Paris Centre : le 40, rue des Blancs-Manteaux et son ancienne coutellerie primée à l'exposition universelle de 1889

 

Au 40, rue des Francs Bourgeois (Paris 4e), on trouve une façade qui comporte des décors intéressants et qui posent question sur leurs origines. J'ai essayé de trouver des réponses mais elles sont incomplètes et appellent à de plus amples investigations.

Tout d'abord, on ne peut qu'être frappé par l'élégance du portail :

On peut voir deux céramiques en plâtre à gauche et à droite :

Ce décor néo-classique rappelle celui qui ornait la cour Batave dont on peut voir quelques vestiges rue Saint-Denis.(voir article du 7 janvier 2023). Tout laisse à penser qu'il s'agit donc d'une façade de l'extrême fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle. Il semble qu'il s'agit de la parcelle qui apparaît à l'époque au 44, dans le plan cadastre Vasserot des années 1815/1820 :


 

Le décor, avec les deux céramiques, peut laisser penser qu'on a trouvé à cet endroit un commerce de poterie ou d'antiquités mais je n'ai trouvé aucune information à ce sujet. La façade a en tout cas connu quelques transformations depuis le plan Vasserot comme la partie en retrait à gauche du portail :


 Le portail et la partie droite de la façade comportent un décor qui est lui aussi très intéressant :

On peut voir deux types de médailles en plâtre :

Il s'agit alternativement de ces deux-ci :

On reconnaît les médailles décernées pour l'exposition universelle de 1889 :


 La question est de savoir quel commerce a reçu une médaille à l'Exposition universelle de 1889. J'ai consulté un registre de commerce parisien de cette année. J'ai trouvé dans la liste suivante une coutellerie, "J. Oradour" qui a retenu mon attention :

Cette coutellerie parisienne semble avoir eu une certaine renommée. Elle est mentionné dans un ouvrage consacré à la coutellerie en France paru en 1897 :


 En outre, j'ai trouvé une annonce (dont la page semble avoir disparu mais sont j'avais sauvegardé des photographies) de ciseaux de drapiers vendus par la coutellerie Oradour, rue des Blancs Manteaux :


Après encore plus d'investigation, j'ai trouvé la preuve que mon hypothèse était exacte dans le catalogue de l'Exposition universelle de 1900 :


 On y lit que la maison J. Oradour a reçu en 1889 la médaille de bronze de l'exposition universelle mais qu'en 1900, la coutellerie a été reprise par l'entreprise L. Rottier qui est toujours au 40, rue des Blancs-Manteaux. J'ai retrouvé par hasard dans le journal Le morvandiau de Paris du 1er mars 1935 une annonce qui montre que la coutellerie du 40, rue des Blancs Manteaux existait toujours juste avant la Seconde Guerre mondiale :

On trouve le même genre de copies de médailles décernées à des commerces, lors des expositions universelles (voir par exemple l'article du 24 février 2022 à propos du 54, rue de Cléry).
 



 

vendredi 28 novembre 2025

MMDCCCLI : Exposition David : une exposition consacrée à un natif du quartier du Louvre

 

En ce moment, se tient au Louvre une exposition à ne pas manquer : la rétrospective consacrée au peintre Jacques-Louis David. Une impressionnante quantité de ses oeuvres y sont exposées et la présentation est très réussie. Par exemple, pour le Serment des Horaces, on a l'impression de rentrer dans le tableau ce qui n'est pas le cas quand il est présenté dans la salle des grands formats tout près de l'immense sacre de Napoléon.

J'ai aussi énormément apprécié de voir l'immense esquisse inachevée d'une partie du serment du jeu de Paume :


 La réunion des trois versions de la Mort de Marat est aussi très saisissante même si comme la salle est plongée dans le noir, il est difficile de réussir une bonne photo.

L'exposition permet aussi de réunir de nombreuses oeuvres de l'époque napoléonienne. Les fan de Bonaparte doivent s'y précipiter :


 J'ai un regret cependant. L'exposition mentionne seulement que David est né à Paris en août 1748. Il aurait été intéressant de rappeler qu'il était né à quelques centaines du Louvre, quai de la Mégisserie et qu'il a été baptisé dans l'église St-Germain-l'Auxerrois qui aujourd'hui est juste en face du Louvre. De même, je ne crois pas qu'il soit signalé que David avoit trois ateliers au Louvre quand celui-ci, avant la Révolution, était un site qui accueillait des artistes en résidence. 

 

mercredi 26 novembre 2025

MMDCCCL : Les statues du Louvre (33e volet) : Lavoisier par Jacques-Léonard Maillet

  

Voici le 33e épisode de la série relative aux statues qui décorent la cour du Louvre. Il concerne la statue de Lavoisier l'on peut voir sur la rotonde de Beauvais  :


 La statue de Lavoisier est la cinquième en partant de la gauche : 

J'ai déjà consacré deux articles à ce scientifique. Un à propos de sa statue par Jean-Antoine-Marie Idrac que l'on peut voir sur l'Hôtel de Ville (article du 20 janvier 2012) et un autre à propos de son laboratoire de chimie qui se trouvait à l'Arsenal (article du 

Voici la notice que je lui avais consacré en 2012 : Antoine-Laurent de Lavoisier est né à Paris le 26 août 1743. On peut supposer que sa famille était de l'actuel 4e arrondissement puisque sa naissance a été inscrite au registre des baptêmes de l'église Saint-Merri.

C'est un des plus grands chimistes français. On lui doit l'identification en 1778 de l'oxygène et la mise au point de la nomenclature chimique. Il est le père de la fameuse loi de conservation : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". On lui doit aussi les travaux qui ont permis la mise au point de la 1ère carte géologique de France en 1769.

Cependant, Antoine de Lavoisier était aussi percepteur de la Ferme générale. Or, si les révolutions sont parfois nécessaires pour renverser les injustices, elles conduisent parfois à des violences et des sottises sans nom... Lors de la terreur, malgré l'excellence de ses recherches, Lavoisier a fait partie des 28 fermiers généraux guillotinés place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) le 8 mai 1794. Alors que Lavoisier demandait un sursis de quelques jours pour pouvoir achever une expérience, le président du tribunal révolutionnaire, Coffinhal a répondu que "La République n'a pas besoin de savants, ni de chimistes !". 


 L'artiste qui a sculpté cette statue est Jacques-Léonard Maillet, né à Paris le 12 juillet 1823 et mort dans le 16e arrondissement de Paris le 14 février 1894.C'était un élève de James Pradier. Eugène Lenepveu a peint un portrait de lui vers 1850. Il est aujourd'hui conservé à l'Académie de France à Rome :

L'acte de décès mentionne que Jacques-Léonard Maillet était chevalier de la légion d'honneur et qu'au moment de son décès il habitait 49, boulevard Lannes.


 

J'ai trouvé une page sur un site mis en ligne par ses descendants en 2004 qui lui est intégralement consacré . Je reproduis ici les informations car quand les pages disparaissent, on perd toute la richesse de l'information :

"Jacques-Léonard MAILLET est né à Paris le 12 juillet 1823 au 8 Marché Beauveau (l’actuelle place d’Aligre). Son père s’appelait Léonard Simon MAILLET, sa mère Louise Elisabeth AVIGNON. Monsieur MAILLET père vécut toute sa vie du coté du Faubourg St Antoine (13, rue de Cotte) où il exerça la profession de menuisier. Il décéda au 10, rue de Picpus le 24 août 1866. Son épouse décéda avant lui.
Jacques MAILLET eût une soeur ainée (Estelle, née en 1819, épouse d'Etienne LEGOUARDIN), un frère (Jean-Baptiste Simon, né en 1820 et sans doute décédé très jeune) et une autre sœur (Reine, née en 1826, épouse d’Armand MALTAUX) qui lui survécu et habitait la commune de Puteaux.  Jacques MAILLET épousa Adrienne Désirée VARE le 31 décembre 1856 dont il eût 3 filles: Léonie, Eugénie et Isabelle. Ils habitent successivement au 5 rue Carnot puis au 49 boulevard Lannes à Paris. Il se séparent probablement ensuite puisque Adrienne Varé termine sa vie à Précy sur Oise où se marieront les trois filles. Deux ans avant sa mort, alors qu’il était veuf d’Adrienne VARE, il épouse Jenny TOUZIN (poête) née GRIMAULT qui se trouve à cette époque en si mauvaise santé qu’elle ne peut se déplacer et que son mariage doit être célébré à son domicile. Il décéda le 14 février 1894 après avoir perdu sa fille ainée Léonie morte en couche à l’âge de 34 ans le 13 janvier 1893. Il fût inhummé au cimetière du Père Lachaise (Concession reprise en 1984, aucune trace de l’endroit exact ni du monument). Hormis les dernières années de sa vie perturbées par de nombreux évênements familiaux, Jacques MAILLET sculpta sans discontinuer et exposa ses œuvres aussi bien à Paris qu’en province où il voyagea probablement à de nombreuses reprises pour sa carrière (Nantes, Montauban...). Il acquit suffisamment de notoriété pour vivre très confortablement de son art et être admis dans les hautes sphères de l’état. Il nous laisse une œuvre complète pour partie visible dans les musées nationaux, les églises et bâtiments publics, et pour le reste probablement disséminée dans des collections privées et susceptible à tout moment de réapparaître sur le marché de l’art au gré des ventes....

Sculpteur français, son œuvre est très marquée par les thèmes antiques ou bibliques. Elle comporte également des petites terres cuites et des modèles pour orfèvre. L’artiste se partagea entre le style néo-grec académique et le style romantique. Jacques MAILLET fréquenta d’abord une école de dessin du Faubourg Saint-Antoine, puis entra à l’âge de 17 ans à l’école des Beaux-Arts le 1er octobre 1840 (date confirmée dans le registre matricule des élèves de l’école: AJ52327 N°1909), remporta, alors qu’il était élève de élève de Jean-Jacques Feuchère, le deuxième grand prix de Rome de sculpture en 1841, puis étudia sous la direction de James Pradier. A vingt ans, le jeune Maillet n’a pas que la sculpture en tête...et déçoit un peu ses professeurs:
"Il y a deux ans que M. Maillet a obtenu un second grand prix, il n’avait alors que dix huit ans; la confiance, si commune à cet âge, et la bonne opinion que ce demi-succès lui aura fait concevoir de lui-même, ont sans doute amené quelque relachement dans son travail, car, depuis ce temps, il n’a fait aucun progrès, et même il peut être classé aujourd’hui parmi les plus faibles du concours. En effet, si dans sa composition nous exceptons une figure d’enfant placée à droite, qui a beaucoup de jeunesse, nous trouverons que tout le reste est fort insignifiant, que les têtes sont sans caractère et les draperies très lourdes..."

Malgré cela son classement pour chaque année montre une belle progression (1841: admis, 1842: admis, 1843: 6ième, 1844? 1845: 2ième, 1846: 1er, 1847: 3ième (archives nationales AJ52/234). Le 4 septembre 1845, Pradier écrit au directeur des Musées le comte de Cailleux: "[...] Je compte encore sur votre bonté pour me faire obtenir ce morceau de marbre grec qui, je vous répète, ne peut servir qu’à moi. [...] Vous verrez, cher de Cailleux, que si vous me permettez de faire votre buste comme j’en ai l’espérance, ce que je saurai faire du restant de ce marbre. [...] L’exposition en sculpture est ouverte à présent. MM. Guillaume et Maillet, mes élèves, ont beaucoup de chances; M. Moreau aussi, élève de Ramey et Dumont. Les autres font fiasco, à part cependant Thomas qui n’est pas mal."

En 1847 il gagna le premier grand prix de Rome sur le sujet de concours: Télémaque rapportant à Phalante l’urne renfermant les cendres d’Hippias , puis quitta ensuite l’école et parti alors pour Rome où il séjourna pendant quatre ans à l’Académie de France (on trouve trace de son passage en tant que résident à la villa MEDICIS du 26/01/1848 au 31/12/1851). Il reçu là bas la visite de Gustave Flaubert et Maxime Du camp comme l’atteste une lettre de Flaubert à sa mère (Rome, 29 mars 1851):
"Nous avons été faire une visite à Maillet, l’ancien élève de Pradier, que tu as vu dans son atelier. Il nous a parfaitement reçus, et a eu l’air content de nous revoir."Il revint en France en 1853, rapportant à son retour à Paris le groupe Agrippina et Caligula (marbre, salon de 1853), son premier objet exposé dans un salon et qui lui valu une première médaille. Plus tard il fût encore récompensé d’une 2ième médaille à l’exposition universelle de 1855, d’un rappel de première médaille en 1857, et d’une 3ième médaille à l’exposition universelle de 1867. Toutes les récompenses qu’il recevra lui seront décernées sous le second empire.

La statue de Lavoisier par Jacques-Léonard Maillet montre un Lavoisier très pensif :