samedi 29 novembre 2008

CCXIII : Mais où est passé le "chant des voyelles" ?

 

Un restaurant bien connu de la rue des Lombards s'appelle "Le chant des voyelles". Sait-on que ce nom est la trace d'une époque où l'ambition était de mettre l'art contemporain dans la rue (et pas dans les ors du château de Versailles...) ?

 En effet, ce restaurant porte ce nom car à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue des Lombards/rue de la Verrerie, la statue "Le chant des Voyelles" de Jacques Lipchitz avait été installée. J'ai retrouvé une carte postale des années 1970 qui montrait une vue du quartier avec cette sculpture. Je ne sais pas s'il s'agissait de l'original car aujourd'hui on peut voir cette oeuvre au Kröller-Müller Museum aux Pays Bas.


 Si quelqu'un peut m'apporter des lumières sur la question, il peut laisser un commentaire...

mercredi 26 novembre 2008

CCX : Les statues de l'Hôtel de ville (23e volet) : Eugène Scribe

  

Voici le 23e épisode de la série relative aux statues des personnages qui ornent l'Hôtel de Ville. Nous sommes toujours sur la façade rue de Lobau. La statue de Scribe se trouve sur la partie gauche de l'avancée que forme le portail d'entrée gauche (donc au dessus de la statue de Barye).

Voilà encore un personnage que je connaissais avant de me pencher sur la personnalité des individus qui ornent l'Hôtel de Ville. En effet, lors de ma préparation à l'agrégation interne, j'ai eu comme professeur Jean-Claude Yon dont la thèse porte justement sur Eugène Scribe.

Eugène (Augustin-Eugène) Scribe est né à Paris, le 24 décembre 1791. Le père d'Eugène Scribe était drapier à l'enseigne du Chat Noir  (voir article du 26 octobre 2021). 

Eugène Scribe est un auteur de pièce de théâtre.  Il est entré dans l'histoire grâce à son oeuvre de librettiste (tout comme Quinault dont j'ai parlé précédemment). Il a travaillé pour de nombreux opéras écrits par exemple par Auber (La muette de Portici, 1828), Rossini (Le comte Ory, 1828), Verdi (Les vêpres siciliennes, 1855). Il a aussi composé le livret de la Juive (1835), opéra de Halévy compositeur que l'on connaît grâce au 17e épisode de cette série. Il a été élu à l'Académie française en 1834. Il est mort à Paris le 20 février 1861.

La rue Scribe est située dans le quartier de l'Opéra (9e arrondissement), tout comme la rue Halévy dont j'ai déjà parlé et avec laquelle elle est parallèle.

La statue est une oeuvre d'Anatole Marquet de Wasselot né à Paris le 16 juin 1840 et mort à Neuilly-sur-Seine le 10 avril 1904. Voici une photographie de Marquet de Wasselot par Nadar qui date de 1876-1884 à l'époque où la statue de Scribe a été sculptée :


 

mardi 25 novembre 2008

CCIX : Guerre des Roses : qui a gagné... dans le 4e ?


Certains de mes amis, qui savent que je suis de très près l'histoire locale, me demandent qui l'a emporté au P.S. dans l'arrondissement. Nous avons en effet dans le 4e , deux représentants qui se sont beaucoup investis dans la campagne récente pour les élections internes : Dominique Bertinotti, maire du 4e, (une proche de Ségolène Royal) et Christophe Girard, le maire adjoint de la ville chargé de la Culture (un proche de Bertrand Delanoë).

La réponse à la question de savoir qui l'a emporté n'est pas simple :

- pour les motions lors du vote du 6 novembre la motion A de Bertrand Delanoë n'est arrivée en tête qu' à trois voix près devant la motion E de Gérard Collomb, porte drapeau de Ségolène Royal  (avec  un score de 38,95% contre 37,21%). Il faut tenir compte du fait que certains collaborateurs du maire de Paris, Bertrand Delanoë, votent dans le secteur, ce qui a joué au détriment de la motion E de Ségolène Royal.

- pour l'élection au poste de 1er secrétaire de la section PS, le vote du jeudi 20 novembre opposait Nils Pedersen (un proche de Christophe Girard présenté donc par la motion A) à Marie-Sophie du Montant, candidate sur la liste de gauche aux municipales de 2008 en 9e position au 1er tour et qui avait défendu la motion B "pôle écologique" et avait le soutien de la motion E de Ségolène Royal. Là encore, ce sont les partisans de Bertrand Delanoë qui l'ont emporté :  Nils Pedersen a obtenu 97 voix (51,9%) et, Marie-Sophie du Montant, 90 voix (48,1%). Nils Pedersen a donc été élu dès le 20 novembre.

- lors du vote final à propos du choix final du 1er secrétaire au niveau national (le vendredi 21 novembre), Ségolène Royal l'a emporté (dans le 4e arrondissement...)  par 93 voix contre 90 à Martine Aubry. Pour l'élection du secrétaire fédéral, David Assouline (candidat Ségoléniste) a obtenu UNE voix de plus que Rémi Féraud (candidat delanoëiste) avec 91 voix contre 90 voix.

La question du vainqueur, pour le 4e, varie donc selon le vote dont on parle. On voit que suivant les postes et les candidats les votes pouvaient se déplacer d'un camp à l'autre. Autre remarque, si le PS du 4e compte en théorie 414 inscrits, seuls 188 militants se sont déplacés pour le vote du 22 novembre.

 Sources : le blog d'Olivier Francheteau qui est très complet sur la question et qui montre le point de vue des Ségolénistes. (Ca me gêne toujours d'entendre parler des "Royalistes" : ça me donne l'impression de revenir aux temps obscurs de l'Action Française et de Charles Maurras).

N.B. : La "Guerre des Roses" a opposé au milieu du XVe siècle les Lancastre et les York qui se sont déchirés pour obtenir la couronne d'Angleterre.

Addendum (mercredi 26 novembre) : Merci à mon ami Philippe de m'avoir signalé que le décompte des voix dans la section PS du 4e arrondissement avait fait l'objet d'un reportage dans l'Emission "C'est dans l'air" de lundi 24 novembre diffusée sur la 5e et que l'on peut retrouver sur Internet (de la 33e à la 34e minute). Comme je l'avais suggéré dans un article précédent, on peut y voir que le dépouillement n'a pas été simple. J'y ai pourtant reconnu des militants que je connais et même David qui a été assesseur dans le bureau de vote où j'étais président pour les élections présidentielle, législatives et municipales...

 

vendredi 21 novembre 2008

CCV : Rue Eginhard, un "endroit hors du temps"

 

La rue Eginhard est une charmante rue du 4e arrondissement. Située, tout près du village Saint-Paul, c'est une voie piétonne (et pas seulement le dimanche de 10h à 18) en équerre. Au fond du tronçon le plus long de cette rue, on trouve une fontaine très agréable à voir.

L'ensemble date en grande partie du XVIIe siècle à l'époque où ce secteur a été aménagé par les Hospitalières de Sainte-Anastase qui étaient propriétaires des maisons du côté pair de cette rue.

La plupart des immeubles, à l'exception du 2 au 6, sont l'oeuvre du maître-maçon, Charles de Brécy.

Comme il est écrit dans le N°19 de la revue Paris Village (Novembre/décembre 2006), "Cette voie piétonne possède véritablement une atmosphère particulière : la fontaine, les maisons avec leur jardin, l'étroitesse de la voie et son tracé en coude, qui protège du tumulte environnant, le caniveau central... tout concourt à créer ce charme d'un endroit hors du temps".

Cette rue s'appelait au XIVe siècle la ruelle Saint-Paul. Jusqu'en 1864, elle s'est appelée la rue Neuve-Sainte-Anastase. Elle porte aujourd'hui le nom d'Eginhard, ce grand intellectuel a écrit une biographie du contemporain auquel il avait mis ses services : Charlemagne. La Vita Karoli écrite de 816 à 823 est une des principales sources utulisée pour étudier la vie du restaurateur de l'Empire d'Ocident. Le nom d'Eginhard a certainement été choisi car la rue donne sur la rue Charlemagne et qu'elle est située tout près du célèbre lycée du même nom.

mercredi 19 novembre 2008

CCIII : Les statues de l'Hôtel de Ville (22e volet) : Louis-AntoineBarye... et un lion par Louis-Emile Décorchemont

 

Voici le 22e volet de la série consacrée aux statues de l'Hôtel de Ville. Nous commençons la partie en retour d'angle située à gauche de l'entrée gauche rue de Lobau (donc des statues que l'on voit de côté).

Louis-Antoine Barye ne devrait pas être un inconnu des lecteurs de l'Indépendant du 4e. J'ai déjà évoqué ce personnage à propos des coqs qui ornent la colonne de la place de la Bastille (article du 14 septembre 2008).
 Né le 2 vendémiaire an IV (24 septembre 1795) à Paris, ce personnage était en effet un sculpteur très célèbre pour ces sculptures d'animaux (comme on le voit d'ailleurs avec les attributs qui ornent la statue : le lion, le marteau et le burin).

Son Lion au serpent (qui date de 1833) que l'on peut admirer au Louvre est une commande de Louis-Philippe. C'est une allégorie de la monarchie écrasant la sédition et aussi un témoignage de la fougue romantique de cette époque... mise au service de la "réaction". A propos de ce lion, Musset a écrit « Le lion en bronze de M. Barye est effrayant comme la nature. Quelle vigueur et quelle vérité ! Ce lion rugit…»

Sculpteur quasi-officiel de Napoléon III pendant le second empire (1852-1870). On lui doit la statue équestre de Napoléon Ier en empereur romain qui orne la place Charles de Gaulle à Ajaccio.

Barye est mort à Paris le 25 juin 1875 sous la IIIe république naissante.  

La statue est une oeuvre de Louis-Emile Décorchement né à St-Pierre-d'Autils (Eure) le 11 juillet 1851 et mort à Conches-en-Ouche (Eure) le 21 janvier 1920.

lundi 17 novembre 2008

CCI : Un fronton de l'ancien Hôtel de Noirat

 

 

En contrebas du chevet de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais, au bas de la rue des Barres, on trouve le long de la rue de l'Hôtel de ville, au N°80, ce fronton laissé un peu à l'abandon.

Il s'agit d'un reste de l'Hôtel de Noirat qui a été érigé au XVIIe siècle. Il se trouvait au 50, rue Vieille-du-Temple, juste au Nord de l'endroit où se trouve aujourd'hui l'espace d'animations des Blancs Manteaux Pierre-Charles Krieg.

Le fronton a été remonté rue de l'Hôtel de Ville en 1955. Il est percé d'un oculus surmonté d'une tête d'enfant et entouré de guirlandes florales. Ce décor se trouvait à l'avant-corps de la façade qui donnait sur ce jardin.


mercredi 12 novembre 2008

CXCVI : Les statues de l'Hôtel de Ville (21e volet) : L'acteur Lekain par Léon-Alexandre Delhomme

 

Voici la 21e statue de l'Hôtel de Ville. Nous sommes toujours sur la façade rue Lobau. Nous achevons avec Lekain, les statues qui ornent de chaque côté les deux portails d'entrée.


 Contrairement à ce que pourrait laisser penser le costume de cette statue, Lekain n'est pas la 1ère femme de notre série. Il s'agit encore une fois d'un homme. Henri-Louis Lekain est né à Paris le 31 mars 1729. C'était un dramaturge. Il est représenté ici avec le costume oriental qu'il a utilisé pour certains de ces rôles. Il a par exemple joué dans les pièces de Voltaire intitulées Sémiramis et Mahomet.


 Il était membre de la Comédie Française. En 1765, il a joué à la Comédie de Nancy.

Il est mort à Paris le 8 février (ou le 3 mars)  1778, un peu moins de deux mois avant Voltaire.

Il existe une rue Lekain dans le 16e arrondissement.

La statue est une oeuvre de Léon-Alexandre Delhomme né le 20 juillet 1841 à Tournon-sur-Rhône (Ardèche) et mort le 16 mars 1895 à Paris.

 

samedi 8 novembre 2008

CXCII : Leave us alone : un graffitti en céramique polysémique

 

Depuis quelques semaines, sur un des murs situés rue du Temple à l'angle avec la rue Rambuteau (donc côté 3e), on peut voir en hauteur ce graffitti en petite céramique. Cela me conduit à plusieurs remarques.

1°) Je continue à penser que le centre de Paris manque de lieu d'expressions libres dans la rue pour les créations en tout genre. Cet exemple montre combien l'ingéniosité de certains est grande. Cela fait de nombreuses années que j'observe les petits messages qui apparaissent en petits carrelages... Je n'en avais jusqu'ici pas vus de si grands par leur dimension. Quand on voit à quelle hauteur il est placé, on se demande comment ceux ou celles qui en sont les auteurs ont fait.

2°) Le message "Leave us alone", c'est-à-dire "laissez-nous tout seul"/ "laissez-nous tranquille" peut être interprêté de nombreuses façons :

Hypothèse  A : (du 1er degré) : c'est un message par lequel des habitants du quartier souhaitent signaler qu'ils veulent pouvoir vivre en paix sans subir un tourisme agressif.

Hypothèse B : (du 2e degré) : c'est une caricature qui justement se moque de ceux qui prétendent vouloir vivre tranquille dans le quartier et qui sont donc dénoncés comme des grincheux. Les crénaux qui se dessinent en bas de l'oeuvre plaide en faveur de cette lecture.

Hypothèse C : comme le message est tourné en direction du 4e arrondissement, c'est un créateur subventionné par le maire du 3e arrondissement M. Adenbaum. Les relations de ce dernier avec la maire du 4e arrondissement Mme Bertinotti,  sont, de notoriété publique, très détestables même si tous deux sont socialistes... Là c'est moi peut-être qui fait du 3e degré...


 

jeudi 6 novembre 2008

CXC : Les façades d'immeuble de Paris Centre : au 21 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie : une superbe immeuble "Art nouveau"

 

Au 21 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, on peut admirer un très bel immeuble qui date du début du XXe siècle : précisément de 1905 comme on peut le lire sur la façade. (A cette époque, dans le prolongement des percements décidés par Haussman, tout ce secteur a été rénové dans les années 1880-1900.) Cet édifice situé à l'angle avec la rue de Moussy est emblématique de "l'Art nouveau".

e suis particulièrement sensible à ce style car, en août, j'ai visité pour la 2e fois le musée de "l'Ecole de Nancy". Dans la capitale de l'ancien duché de Lorraine, on peut en effet découvrir ce lieu qui permet de mieux connaître ce style de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Ce courant artistique aussi appelé "Art nouveau" s'est caractérisé par la volonté d'intégrer des formes végétales (parfois aussi animales) dans l'architecture et le mobilier. C'est l'époque où à Paris, Guimard a conçu les bouches de métro-libelulles.

Au 21 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, l'architecte A.SIBIEN (d'après ce qu'on peut aussi lire sur le mur) a pris le parti d'intégrer dans une façade assez austère une profusion de détails végétaux qui donnent à l'ensemble une très grande élégance.

J'avoue que je ne suis pas un spécialiste de botanique. Si certains ont des connaissances en la matière, ils peuvent peut-être préciser les différentes essences végétales que l'on peut reconnaître dans les photographies que j'ai prises des détails de cet immeuble.


 

 


 

dimanche 2 novembre 2008

CLXXXVI : Deux têtes de boeufs signées Gaulle rue des Hospitalières Saint-Gervais

 

Rue des Hospitalières Saint-Gervais, en face des l'espace des Blancs-Manteaux-Pierre-Charles-Krieg, on trouve cette curieuse tête de boeuf en bronze. Il s'agit d'une œuvre d'Edme Gaulle (1769-1841), un sculpteur qui a été le maître de François Rude (le sculpteur entre autres de la Marseillaise qui orne l'Arc de Triomphe). 

 On trouve une 2e tête du même genre juste à côté. Toutes les deux datent de 1819. Elles correspondent à ce goût très néo-classique du début du XIXe siècle marqué par le retour à l'Antiquité : elles sont ornées et préparées pour le sacrifice.

Ces têtes de bovidés ornaient un pavillon qui servait pour le commerce de la viande et qui, par la suite, a été intégré à l'école des hospitalières Saint-Gervais qui l'on trouve aujourd'hui à cet endroit. Il s'agissait en fait de fontaines : l'eau sortait du mufle de chacun des deux bœufs.

Sources : Georges POISSON, Guide des statues de Paris, Monuments, décors, fontaines, Guides visuel Hazan, 1990.