samedi 3 avril 2010

DCXXXIII : Une exposition à ne pas manquer sur le génocide tsigane

 

Voilà un sujet qui est fort mal connu : le génocide des Tsiganes pendant la 2nde guerre mondiale. Chaque année, quand j'enseigne cette période, je donne à mes élèves un petit texte à mes élèves de 3e pour leur expliquer qu'outre les Juifs, un autre peuple a été victime d'une volonté d'extermination totale par les nazis : les Tsiganes. Ce petit texte nous apprend qu'au moins 220 000 d'entre eux ont été tués, mais pour le reste, j'avoue que je n'en savais pas beaucoup plus sur cette question.

Mon attention a donc été particulièrement attirée par l'exposition qui se tient à la salle Jean Mouly dans la mairie du 4e arrondissement (la porte au rez-de-chaussée au fond de la cour). Elle s'intitule en effet "Mémoires tsiganes 1939-1946. Regards artistiques sur l'internement et le génocide des Tsiganes. Kkrist Mirror et Gabi Jimenez".

La visite permet de connaître les faits de manière très précise et très rigoureuse. On apprend que les Tsiganes de France (contrairement à ce qui sait passer dans des nombreux autres pays d'Europe) n'ont pas été déportés vers les camps d'extermination. Après le rattachement de l'Alsace et de la Lorraine par la France, la population tsigane de ces territoires a même été envoyée de force vers les camps situés en France.

Pour les Tsiganes de France, la politique raciale menée par l'Allemagne nazie et le gouvernement de Vichy a conduit à un internement systématique de tous les Tsiganes dans des camps de concentration. Un panneau explique très précisément les différentes phases de la mise en oeuvre de cette décision (je le reproduis car en tant que professeur d'histoire-géographie du secondaire, je le trouve vraiment intéressant) : 

Un autre panneau montre de manière très précise la répartition des camps dont 5 étaient en "zone libre" et 25 dans la "zone occupée" :

Les conditions de vie dans ces camps étaient particulièrement pénibles. Une lettre envoyé par un prisonnier à un préfet montre que les détenus vivaient dans le plus total dénuement.

J'étais aussi venu en me demandant pourquoi le titre de l'exposition fixe comme limite finale de la période l'année 1946 : chacun sait que la 2nde guerre mondiale s'est finie en Europe en mai 1945. J'ai eu la surprise de découvrir que les camps d'internement mis en place pendant l'Occupation n'avaient libérés leurs prisonniers qu'en août 1946, soit deux ans après la libération d'une grande partie du territoire français. Cela s'explique car la République n'était pas non plus dénuée de préjugés à l'égard des Tsiganes. Dès 1912, une loi avait été votée pour obliger les seules populations nomades à subir un mode de contrôle très étroit : chaque individu de plus de 13 ans devait avoir sur lui une carte anthropométrique.

L'exposition s'accompagne d'oeuvres de deux artistes.

Kkrist Mirror est l'auteur d'une bande dessinée à propos du camp de Monteuil Bellay où 4000 Tsiganes ont été enfermés. Je n'ai jamais très sensible à la B.D. mais c'est un bon moyen de montrer les souffrances dont on été victimes les détenus et certaines vignettes montrent aussi combien le reste de la population a été souvent au mieux indifférente au pire favorable à cette politique.

J'ai été plus sensible aux créations de Gabi Jimenez représenter la France au « Roma Pavillon » de la Biennale d'art contemporain de Venise en 2007. Je trouve que ces oeuvres marquées par le contraste entre un côté très bariolé et un autre relatif à l'enfermement sont très réussies.  J'ai notamment apprécié l'oeuvre suivante :

L'exposition commencée mercredi 31 mars s'achève dès jeudi 8 avril. Elle est ouverte en semaine de 14h à 18h et le samedi de 14h à 17h... donc si vous travaillez la semaine, il n'y a que cet après-midi samedi 3 avril 2010. N'hésitez pas à y aller.


 

 

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