samedi 22 mai 2021

MMCCXCVII : Il y a 45 ans en mai 1976, le patron du Crédit Lyonnais, Jacques Chaine, était assassiné boulevard des Italiens, en plein coeur de Paris

Je continue à préparer des articles sur un bâtiment auquel je suis tout particulièrement attaché : le siège du Crédit Lyonnais boulevard des Italiens. En faisant mes recherches, j'ai découvert un fait qui s'est produit à cet endroit et qui m'a énormément choqué. Il s'est produit juste devant la façade du bâtiment historique en 1976.

En effet, le vendredi 14 mai 1976, Jacques Chaine PDG du Crédit Lyonnais a été assassiné entre 9h30 et 10h par un personnage se revendiquant de l'anarchie et qui s'est juste après lui-même suicidé en se tirant une balle dans la tête.

Je n'avais jamais entendu parler de cet assassinat et donc j'ai enquêté et interrogé ma propre mère qui travaillait à l'époque au Crédit Lyonnais dans un bâtiment tout tout proche et qui bien sûr se rappelle bien des faits. Voici un petit compte rendu extrait d'un article du journal Libération du 16 mai 1976 :

En me replongeant dans les journaux de l'époque, je me suis rendu combien la presse ( notamment le journal populaire France Soir qui avait son siège rue de Réaumur) n'hésitait pas à entrer dans des détails très scabreux en évoquant par le détail cet attentat à l'aide d'illustration:

Ce dessin est assez erroné puisque l'article du Journal Le Monde du 16 mai 1976 donne plus de détails "M. Chaine allait descendre de sa DS 23 officielle devant le siège du Crédit lyonnais, boulevard des Italiens, quand Jean Bilski s'approcha et, par la vitre arrière droite, tira à bout portant deux balles de P 38 dans la poitrine du président-directeur général. L'agresseur retourna aussitôt l'arme contre lui et se suicida.Mme Chaine, qui se trouvait dans la voiture aux côtés de son mari, fut atteinte à la mâchoire par un projectile."

La presse publia aussi des photos de la victime :

mais aussi l'assassin :

L'article du Journal Le Monde daté du 15 mai 1976 précise :"Quand les secours arrivèrent, Bilski, habillé de bleu, et qui portait une grenade dans une petite sacoche de cuir, gisait mort dans le caniveau. M. Chaine agonisait. En dépit des soins de réanimation prodigués par une équipe du Service d'aide médicale d'urgence (SAMU), M. Chaine décédait à 10 h. 15."
 
Une photo publiée par France Soir permet de bien reconnaître les lieux de cet événement tragique : 
 On reconnaît parfaitement sur cette photographie la façade de l'entrée principale telle qu'on peut encore la voir aujourd'hui 

 

Un article de France Soir paru dans le journal du 16/17 mai permet d'en savoir plus sur le PDG tué dans ces circonstances affreuses :


On ne peut qu'avoir une pensée pour la famille qui a dû être effondrée par ce meurtre. On apprend dans cet extrait d'article que Jacques Chaine avait quatre enfants âgés de 20 à 30 ans.

Quant à l'assassin, il s'agissait d'un extrémiste dont le sort a provoqué une polémique dans la presse de l'époque. Cet article de Libération du 16 mai 1976 dénonce le traitement de l'information par le journal France Soir qui avait semble-t-il fait un amalgame entre le meurtrier et des groupes espagnols anti-franquistes.

Et Libération publia quelques jours plus tard l'entretien que des journalistes avait eu un an plus tôt avec le meurtrier qui annonçait son geste :

Moralité de cet article :

1. On se rend compte qu'un tel acte commis il y a tout juste 45 ans en plein Paris est aujourd'hui presque complètement oublié. Il s'agit pourtant d'un acte qui peut encore aujourd'hui avoir un impact sur des personnes vivant aujourd'hui (et la je pense à nouveau aux enfants de Jacques Chaine et leur descendance). Je trouve assez étonnant de ne pas voir de plaque qui évoque le souvenir de M. Chaine.

2. On se rend compte avec cet assassinat que la violence n'est peut-être pas un phénomène si nouveau qu'on peut parfois le croire. La mémoire collective a tendance à effacer ce genre de souvenir. Les années 1970 ne sont pas un âge d'or dans lequel tout était pacifié et absolument tranquille.

3. On se rend compte aussi que la presse des années 1970 n'était pas toujours très sereine. Les réseaux sociaux sont aujourd'hui accusés de montrer des horreurs mais je pense avoir montré que les photographies diffusées à l'occasion de cet assassinat sont d'une violence incroyable.

4. On se rend compte aussi que les échanges entre les journalistes pouvaient être très violents y compris avec des accusations de colporter des informations fausses, ce qu'on appelle depuis des fake news.



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