mardi 23 avril 2024

MMDCCV : La rue Blondel : une rue des 2e et 3e arrondissements qui reliaient les portes Saint-Denis et Saint-Martin

 

La rue Blondel est une petite rue qui part du 2e arrondissement à l'Ouest rue Saint-Denis (au niveau du 238) et qui se finit à l'Est rue Saint-Martin (au niveau du 351) après avoir été coupée par le boulevard de Sébastopol. Elle fait 215m de long.

Voici une vue de la rue en regardant vers l'Ouest depuis l'extrémité Est de la rue (avec à l'arrière-plan la rue Saint-Denis) :

Une vue de la rue cette fois en regardant vers l'Est (le tronçon de la rue situé dans le 3e arrondissement) avec au fond la rue Saint-Martin:


Cette rue est intéressante car comme la rue de Cléry (voir article du 10 mai 2023), elle permet de se replonger dans le Paris de la fin du Moyen Âge. La rue était située entre la porte Saint-Denis et la Porte Saint-Martin. Voici son emplacement sur le plan de Bâle du milieu du XVIe siècle

Cette partie de Paris a commencé à être lôti au début du XVIIe siècle. Sur le plan Mérian de 1615, on voit que la partie sud de la rue a commencé à être construite :

Sur le plan Turgot, des années 1730, on voit ce quartier complètement transformé avec la disparition de l'enceinte de Charles V, la création des Grands boulevards et la construction des portes Saint-Martin (voir article du 29 juin 2022) et Saint-Denis (voir article du 8 juin 2022) dans les années 1670 :

On observe la création de deux rues jumelles : la rue Sainte-Apolline et la rue des Portes :

Il me semble que le plan Turgot comporte ici une erreur. Il est précisé que la rue Sainte-Apolline avait aussi pour nom la rue Neuve-Saint-Denis. Je pense pour ma part que c'est la rue des portes situé juste au Sud qui a pris le nom de rue Neuve-Saint-Denis. On se rend compte en effet sur un plan Verniquet de de 1790 que la rue Neuve-Saint-Denis est bien à l'emplacement de ce qui était mentionné comme la rue des Portes sur le plan Turgot :

Cela est confirmé par le pan cadastral Vasserot du début du XIXe siècle :

Dans le Dictionnaire Administratif et Historique des rues de Paris, la rue Neuve-Saint-Denis, on affirme que la rue avait porté le nom de "rue des deux portes":

Cette rue a pris le nom de "rue Blondel" par le décret du 11 août 1864. Elle rend hommage à l'architecte François Blondel né le 15 juin 1618 à Ribemont et mort à Paris le 21 janvier 1686). On lui doit la Porte Saint-Denis construite en 1672 pour célébrer le passage du Rhin. Il a avait aussi construit quelques années plus tôt la porte Saint-Antoine (après la paix des Pyrénées de 1660) [voir article du 22 février 2015].

Je me suis intéressé à cette rue car je viens récemment de lire l'Allée du Roi de François Chandernagor. Dans les dernières années du règne de Louis XIV, la protagoniste du roman, Mme de Maintenon décrit la triste situation de Paris en 1709. En raison de la famine, une partie de la population était dans une situation catastrophique. Pour cette raison, des ateliers auraient été créés pour donner un revenu aux pauvres. Le travail consistait à araser la bute comprise entre les portes Saint-Denis et Saint-Martin.

 "En août, Paris tout entier vint  à se révolter : on employait depuis quelques jours les pauvres à raser une grosse motte de terre entre les portes Saint-Denis et Saint-Martin et on distribuait du pain aux travailleurs pour tout salaire ; un jour ce pain vint à manquer. Aussitôt tout courut dans les rues, pillant les boulangers, de proche en proche, les boutiques fermèrent, le désordre grossit et gagna toutes les paroisses, criant :" Du Pain" et en prenant partout. Par hasard, le vieux maréchal Boufflers se trouvait à Paris ; aussi courageux dans l'émeute qu'au combat, il s'avança seul à pied parmi ce peuple infini et furieux leur demanda ce que c'était ce bruit et leur remontrant que ce n'était pas là comment il fallait demander du pain. Il fut reconnu et écouté ; il y eut des cris à plusieurs reprises de "Vive Monsieur le Maréchal de Blufflers". Enfin, il apaisa tout". (Françoise Chandernagor, L'Allée du roi, Julliard, 1981, pages 466/467)

 Je n'ai trouvé aucune source à propos de ces ancêtres des Ateliers Nationaux de 1848 qui ont eu une brève existence en août 1709.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire