mardi 29 juillet 2025

MMDCCCXXIII : Les statues du Louvre (29e volet) : Condorcet par Pierre Loison

  

Voici le 29e épisode de la série relative aux statues qui décorent la cour du Louvre. Il concerne la statue de Condorcet l'on peut voir sur la rotonde de Beauvais  :

La statue de Condorcet est la première en partant de la gauche :

La statue a été nettoyée comme le monte cette photographie qui avait été en 2022 et que l'on peut comparer avec celle qui ouvre cet article :

Marie-Antoine-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, plus simplement appelé Nicolas de Condorcet est né à Remiremont, dans les Vosges, le 17 septembre 1743. C'était un mathématicien  - spécialiste du calcul intégral et des probabilités-  et un homme des Lumières, ami des philosophes comme Voltaire. Proche de Turgot, il a été de 1775 à 1790 inspecteur général de la Monnaie. Il a été membre de l'Assemblée législative de 1791 à 1792. En avril 1792, il participe à un projet de mise en place d'une instruction publique pour rendre l'école accessible à toute la population. Il est élu député de la Convention en septembre 1792. Lors du procès de Louis XVI, il vote contre la mise à mort du roi. Considéré comme trop modéré par les Jacobins, il est mis en accusation en octobre 1793. Il réussit à s'enfuir avant son incarcération mais en tentant de fuir, il est arrêté et meurt dans sa cellule à Bourg-la-Reine, le 29 mars 1794.

La statue est une oeuvre de Pierre Loison, né à Mer dans le Loir-et-Cher le 5 juillet 1816 et mort à Cannes le 3 février 1886. On lui doit la statue de saint Augustin sur la tour Saint-Jacques (article du 2 octobre 2021) et celle du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle sur la façade de l'Hôtel de Ville (article du 14 octobre 2010).

On peut voir la statue depuis la rotonde de Beauvais :


vendredi 25 juillet 2025

MMDCCCXXII : Les façades de Paris Centre : un immeuble de 1882 avec des mosaïques à l'angle du boulevard et du quai Henri IV

  

A l'angle du boulevard Henri IV et du quai Henri IV, on peut voir un immeuble qui est intéressant pour son décor. Son portail d'entrée est situé au 2, boulevard Henri IV. Le permis de construite de cet immeuble a été déposé le 1er avril 1882 par un propriétaire du nom de Magagna qui habitait 170, rue Saint-Antoine.

Comme cela est indiqué à l'angle, l'immeuble a été dessiné par un architecte du nom de Georges Dalbin :


 Georges Dalbin est né le 23 janvier 1842, dans le quartier de Batignolles, dans l'actuel 17e arrondissement de Paris. Il est mort le 5 juillet 1901. En 1897, il était devenu membre de la société d'archéologie. A cette époque, il habitait 49 rue du Rocher (Paris 8e). Il est mort à l'âge de 72 ans, à cette adresse le 5 juillet 1901 comme le montre l'acte de décès qu'a retrouvé @Stefdesvosges. On y apprend que Georges Dalbin était célibatire.


 L'immeuble est particulièrement intéressant en raison de son décor du 2e et du 5e étage :

Au 2e étage, à l'ange on trouve trois ouvertures dans un décor blanc encadrées de mosaïques :

Voici un détail qui montre la qualité de ce décor :

Entre le 4e et le 5e étage, la mosaïque se déroule sur toute la façade :

Là aussi, quand on regarde de près, le décor est superbe :


Détail intéressant, les plaques des voies qui indiquent l'adresse de l'immeuble utilisent aussi la mosaïque pour désigner l'arrondissement :

Il en est de même du "2" qui est situé au dessus du portail d'entrée :


 Ce décor en mosaïque, avec des motifs végétaux, préfigure de manière assez étonnante le style Art Déco des années 1920/1930, cependant il semble qu'il date bien de l'époque où l'immeuble a été construit, en 1882.

 C'est dans cet immeuble qu'est née Hélène Berr, le 27 mars 1921, comme le prouve son acte de naissance :

Hélène Berr a écrit de 1942 à 1944 un journal (paru en 2007 chez Tallandier) qui est un témoignage passionnant et bouleversant d'une jeune étudiante juive à Paris. Elle est morte en déportation en avril 1945.




jeudi 17 juillet 2025

MMDCCCXX : Les archives photos de L'Indépendant du Coeur de Paris (1) : le 12, rue Pavée

  

J'arpente les rues du coeur de Paris depuis plusieurs décennies. En parcourant mes archives photographiques, il m'arrive de retomber sur des prises de vues que je n'ai jamais publiées et qui me semblent intéressantes.

Tel est le cas avec ces photographies du 12 rue Pavée (Paris 4e) que j'ai pu prendre en avril 2023 alors que l'édifice était en pleine rénovation. J'avais été charmé par ces reste du vieux Paris avec des ajouts datant de l'époque où la population miséreuse s'entassait dans le Marais.


Cet édifice du XVIIe siècle apparaît sur le plan Turgot des années 1730 :

On a du mal à se repéter aujourd'hui sur ce plan car juste à côté du 12, à la fin du XIXe siècle a été construite la fameuse synagogue de la rue Pavée (dessinée par Guimart), ce qui fait que le 12, rue Pavée est beaucoup plus ancien que la façade qui le jouxte à sa droite.
 

mardi 15 juillet 2025

MMDCCCXIX : Les statues du Louvre (28e volet) : Bossuet par Louis Despresz

 

Voici le 28e épisode de la série relative aux statues qui décorent la cour du Louvre. Il concerne la statue de Bossuet l'on peut voir dans l'aile Colbert  :

La statue de Bossuet est la 10ème en partant de la gauche :

ou la 1ère en partant de la droite : 

 Jacques-Bénigne Bossuet est né à Dijon le 27 septembre 1627 et il est mort à Paris le 12 avril 1704. C'était un éminent membre du clergé. Il a été évêque de Meaux, de 1681 à 1704. Il avait, auparavant, été précepteur du grand Dauphin, de 1670 à 1680. Il est resté célèbre par ses sermons et ses oraisons funèbres : la plus célèbre d'entre elle a été prononcée pour la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV, décédée en 1683. Il a rédigé en 1681 un Discours sur l'Histoire universelle

 

La statue est une oeuvre de Louis Despresz. On lui doit aussi la statue de Bourdaloue qui se trouve trois statues plus à gauche (voir article du 18 août 2024) et celle de Saint Roch sur la tour Saint-Jacques (voir article du 23 novembre 2020).


 

jeudi 10 juillet 2025

MMDCCCXVIII : Les animaux de Paris Centre : Les Marmottes de Paris Marais Pascal Fonquernie

 Il y aura un an lundi prochain, Pascal Fonquernie disparaissait. C'était le 14 juillet 2024. J'avoue que je n'ai appris son décès qu'en septembre, et j'ai été très surpris car, après une intervention chirurgicale très lourde qu'il avait subie fin décembre 2024, je pensais qu'il était tiré d'affaire. La maladie a finalement été plus forte.

Il avait pendant plus de 15 ans été le rédacteur du site Paris Marais consacré à l'actualité et à la vie des 3e et 4e arrondissements. Étant moi-même rédacteur du blog L'Indépendant du 4e (de 2008 à 2018) puis de L'Indépendant du Coeur de Paris depuis 2018, nous aurions dû être rivaux mais avec le temps une amitié et une complicité s'étaient noués entre nous.

Pascal avait choisi comme animal totem, les marmottes. C'est pourquoi à l'occasion de la journée des Associations de Paris de 2022, nous avons pris la pose avec les fameuses marmottes :

J'aime cette photographie car on y voit Pascal souriant, malgré la maladie et l'angoisse qui ne le quittait pas en raison du risque élevé d'une issue fatale. Il avait toujours trouvé l'énergie pour continuer à avancer et à se consacrer à la vie du Marais.

En juillet 2023, il m'avait fait poser avec une grande marmotte, dans son local de la rue Charlot, car il souhaitait me consacrer un article sur son blog - un projet pour lequel je n'étais pas très enthousiaste - et qui n'a jamais abouti. Voici la photo qu'il avait prise dans ce but, je la publie même si je n'ai pas pour habitude de montrer mon image sur mon blog, pour lui faire un clin d’œil.


 Et vivent les marmottes du Marais !

 

dimanche 6 juillet 2025

MMDCCCXVII : Dix photos inédites de la partie sud de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois

 

La publication d'un fil sur X, puis d'un article sur ce blog, la semaine dernière, par Baptiste Gianeselli, à propos des pinacles gothiques du square de l'Hôtel de Ville (voir article du 3 juillet 2025), m'a rappelé que fin novembre 2022, j'avais pris des photos de la partie sud de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. Des vues que j'avais pu prendre depuis une fenêtre à l'étage de la rue des prrêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois qui longe l'église et.  que j'avais archivées et  jamais publiées. 

Cela me conduit à publier dix des photographies que j'avais prises et qui permettent d'admirer le style gothique flamboyant de la fin du Moyen-Âge et les restaurations du XIXe siècle.


 







mercredi 2 juillet 2025

MMDCCCXVI : Les pinacles oubliés du square de l'Île-de-France. Article de Baptiste Gianeselli

Quand on se promène à la pointe orientale de l’île de la Cité et quon entre dans le square de l’Île-de-France par lentrée nord, on passe entre deux grands éléments en pierre, visiblement très anciens et usés par le temps, sans savoir de quoi il sagit. Dressés face au chevet de Notre-Dame, ils intriguent, et curieusement, aucune plaque ne vient éclairer leur histoire. Rien non plus sur le site internet de la Ville de Paris, pas même sur la page consacrée à ce square.

Étant à lorigine de la pétition « Sauvons les squares de Notre-Dame », lancée  en 2023 pour défendre ces espaces menacés par le projet de réaménagement des abords de la cathédrale, je mintéresse de près à lhistoire et à larchitecture de ce lieu — qui fait aujourdhui partie intégrante du Mémorial des martyrs de la Déportation. Parce que je laime, bien sûr, mais aussi parce que, pour défendre un site patrimonial, il est indispensable de bien le connaître.

Grâce à la mobilisation citoyenne, le projet a évolué dans le bon sens, mais le square va quand même être réaménagé, en particulier à lemplacement de ces vestiges. Il fallait donc que je me mette sérieusement en quête de comprendre leur origine, au risque de voir disparaître, durant les travaux, des éléments qui représentent sans doute un véritable intérêt patrimonial.

Leur style gothique flamboyant évoquait clairement larchitecture religieuse parisienne de la fin du Moyen Âge, mais leur origine précise m’était inconnue. Sur X, jai donc interpellé mes abonnés, parmi lesquels figurent de vrais experts, ainsi que des passionnés pointus en histoire et en architecture.


Certains pensaient quils pouvaient provenir dune des campagnes de restauration de Notre-Dame, dautres y voyaient des vestiges de lancienne passerelle de la Cité, qui reliait l’île de la Cité à l’île Saint-Louis, et on évoquait aussi la piste de lancien Palais de lArchevêché. Pourtant, aucune de ces hypothèses ne correspondait vraiment, ni par la sculpture, ni par les dimensions.


Le Palais de l
Archevêché, Dictionnaire raisonné de larchitecture française du XIᵉ au XVIᵉ siècle, Eugène Viollet-le-Duc.
 

 
Vue stéréoscopique de lancienne passerelle de la Cité et du pont Louis-Philippe, vers 1859. Photographie : anonyme / Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris.

En fouillant les archives photographiques et les inventaires, et avec un peu de chance, jai fini par identifier leur provenance. Cest en découvrant une photo en particulier, prise par Gabriel Ruprich-Robert (1859-1953), architecte en chef des Monuments historiques, au début des années 1940, que jai reconnu un élément qui m’était familier et que javais déjà observé ailleurs à Paris : le motif de lune des balustrades de l’église Saint-Germain-lAuxerrois, située en face du Louvre.

 
Le square de l’Île-de-France, au début des années 1940. Photographie : Gabriel Ruprich-Robert / Médiathèque de lArchitecture et du Patrimoine.

Javais en tête ce motif que javais remarqué sur l’église, quand je m’étais intéressé au travail de Jacques Ignace Hittorff (1792-1867), qui a construit juste à côté, en écho à Saint-Germain-l’Auxerrois, la mairie du 1ᵉʳ arrondissement. Je savais aussi que cette église avait fait lobjet de grandes campagnes de restauration au XIXᵉ siècle. 

 
L'église Saint-Germain-l’Auxerrois, en 1858, avant la construction du beffroi et de la mairie du 1er arrondissement. Photographie : Édouard Baldus.
 

 
L'église Saint-Germain-l’Auxerrois, vers 1863-1870, après la construction du beffroi et de la mairie du 1er arrondissement. Photographie : Édouard Baldus.

Et bingo : en regardant attentivement la façade, je me suis rendu compte que certains pinacles correspondaient exactement à ceux du square, tout comme la balustrade ajourée (voir photo ci-dessous) !

Et en faisant une petite recherche complémentaire, jai eu la confirmation que lors des importantes restaurations menées au XIXᵉ siècle, sous la direction de Jean-Baptiste Antoine Lassus (1807-1857) et de Victor Baltard (1805-1874), plusieurs éléments sculptés très dégradés et devenus dangereux avaient été remplacés par des copies. Parmi ces éléments figuraient justement des pinacles et des balustrades (1).

Ces restaurations sinscrivaient dans le grand mouvement de redécouverte du patrimoine médiéval à Paris, après les destructions révolutionnaires et labandon des monuments pendant plusieurs décennies.

En 1927, la Ville de Paris décide daménager à lextrémité de l’île de la Cité un nouveau square public, à lemplacement de lancienne morgue municipale (construite en 1867, démolie en 1923). 

 
L’ancienne morgue de Paris / Bibliothèque Nationale de France. 

Pour donner un caractère historique au jardin, en harmonie avec Notre-Dame, plusieurs fragments darchitecture gothique provenant des réserves municipales sont installés sur place : au moins six pinacles (quatre alignés côté est, deux à lentrée nord-ouest) et plusieurs panneaux de balustrade ajourée. Des photographies prises avant la construction du Mémorial des martyrs de la Déportation montrent cet ensemble lapidaire complet, qui formait un décor unique à quelques pas de la cathédrale.

 
Le square de l’Île-de-France (après la destruction de la morgue), et les vestiges de Saint-Germain-l’Auxerrois. Photo prise depuis la flèche de Notre-Dame.
 

 
Photo prise depuis le quai d’Orléans, sur l’île Saint-Louis. On distingue les quatre pinacles qui étaient situés à l’est du square, où se trouve aujourd’hui la stèle du Mémorial.  

Lorsque le Mémorial des martyrs de la Déportation, conçu par larchitecte Georges-Henri Pingusson (1894-1978), est édifié et inauguré en 1962, la pointe orientale du square est totalement transformée. Cest durant les travaux quune partie des vestiges disparaît, sans quon sache vraiment ce quils sont devenus. Les deux pinacles encore visibles aujourdhui, qui encadrent lentrée nord du square, sont les derniers témoins de cet aménagement patrimonial.

 
Mémorial des martyrs de la Déportation, à Paris - © ECPAD/Djamal-Edine ISSOUF.

La question reste ouverte : les éléments — les quatre pinacles et les fragments de balustrade — qui étaient installés côté est ont-ils été conservés quelque part dans les réserves municipales, ou bien ont-ils été perdus définitivement ?

À lheure où un nouveau projet de réaménagement du site approche à grands pas, il est plus que jamais nécessaire de rappeler la valeur historique de ces vestiges. Ils racontent non seulement le Paris gothique du XVe siècle, mais aussi la grande vague de restauration du XIXᵉ, puis la volonté de transmission du patrimoine au début du XXᵉ.

Ces pierres méritent quon les regarde et quon les protège, car elles font partie de la mémoire de Paris. Merci à Emmanuel de mavoir proposé d’écrire cet article sur son excellent blog !

Baptiste Gianeselli

 

L’église en 1834, avec ses pinacles et balustrades d’origine, avant la destruction du tissu urbain ancien qui l’entourait. Lithographie de Theodor Hoffbauer

 

SOURCES

(1) Ministère de la Culture – Base Mérimée, fiche PA00085796 ; Daniel Rabreau, Saint-Germain-lAuxerrois, Éd. Picard, 1985 ; Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de larchitecture française, t. VII, 1864.