Trois lecteurs ont laissé des commentaires me suggérant de faire un
article à propos de l'immeuble des logements sociaux inaugurés en mars
2009 à l'angle de la rue Saint-Antoine et de la rue de Turenne.
Il était bien dans mes intentions de consacrer un article à cette
nouveauté. J'ai régulièrement pris des photographies pour voir
l'évolution de ce chantier. Celui-ci a soulevé deux problèmes.
Le premier est esthétique. De nombreux riverains (questions posées en
conseil d'arrondissement par le public, intervention d'associations de
défense du patrimoine) se sont demandés comment on pouvait construire
une telle façade en plein coeur du PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise
en Valeur du Marais). On peut en effet s'interroger sur les règles
appliquées à certains et pas à d'autres. Dans mon immeuble, l'architecte
des bâtiments de France s'est opposé aux travaux d'intervention sur la
toiture, au prétexte qu'il faudrait commencer par démonter une cheminée
qui se trouve dans une courette intérieure et qui n'est pas visible de
l'extérieur. L'idée est qu'il faut revenir à "l'état ancien". La
démontage de cette cheminée entraînerait d'énormes difficultés pour le
café-restaurant situé au bas de l'immeuble et donc le chantier est
bloqué. Pendant ce temps-là, il continue de pleuvoir chez les résidents
du dernier étage en raison des trous dans la toiture. Le fait que dans
le même temps on permette presqu'en face de l'église
Saint-Paul-Saint-Louis (que de plus la Ville de Paris ne se décide pas à
restaurer), de construire une façade aussi radicalement moderne me
laisse perplexe.
Cependant, il faut nuancer ces critiques. En effet, l'état initial de
ce bâtiment n'avait rien de très enthousiasmant. Comme on le voit sur
la photographie prise ci-dessous en novembre 2007, le côté donnant sur
la rue de Turenne était peu esthétique :
De plus, alors que le projet, qui était placardé sur l'immeuble au
moment de l'annonce des travaux, laissait croire à une façade métallique
criarde (comme on le voit sur la photo ci-dessous), le résultat
final s'insère assez bien, je trouve, dans le secteur (voir la
photographie du début de l'article).
Le deuxième problème posé par cet immeuble concerne les logements
sociaux. Il n'est pas possible de contester la nécessité de construire
des logements sociaux dans le 4e. Pour avoir enseigné pendant 5 ans dans
des quartiers "sensibles" de Seine-Saint-Denis, je pense qu'il est
vraiment indispensable de davantage répartir les logements sociaux et de
ne pas les concentrer dans certaines parties du territoire. Cependant,
il serait bon, d'une part, de ne pas oublier les habitants du 4e
arrondissement qui ont du mal à se loger et qui sont de plus en plus
obligés de s'exiler loin de notre arrondissement. Il faudra d'ici
quelques années faire un bilan de la part des habitants du 4e
arrondissement qui ont profité de ces logements. D'autre part, cette
politique de logements sociaux (l'objectif de la maire du 4e est de
parvenir à 10% de logements sociaux avant la fin de son second mandat en
2014) ne doit conduire à oublier les classes moyennes qui, elles aussi,
sont contraintes à l'exil hors du centre de Paris.
In cauda venenum : si la mairie de Paris considère que le
logement social est une telle priorité, on peut s'étonner du retard pris
dans la livraison de ces logements
sociaux. Sur la pancarte disposée en 2007, c'est-à-dire en pleine
période électorale, il était prévu que ces logements soient livrés "à
l'automne 2008" :
Or, comme on le voit sur cette photographie prise en octobre 2008, donc à
"l'automne 2008", le chantier n'était pas fini. Il manquait les
panneaux métalliques qui ont tant été critiqués :
Finalement, ces logements n'ont été livrés qu'en mars 2009. Alors que
l'hiver a été cette année particulièrement froid et alors que la crise
économique commençait à faire des ravages sociaux, on ne peut que
regretter ce retard dans la livraison des logements. Il faudrait faire
un bilan de tous les logements qui ont été rachetés par la Ville de
Paris et qui sont en attente de livraison... Le résultat serait
édifiant. N'y a-t-il pourtant pas urgence ? Je pense notamment à un
immeuble de la rue du roi de Sicile qui a été vidé de ses habitants et
qui n'est toujours pas fini.
Pour la poissonnerie qui doit s'installer au rez-de-chaussée, il
faudra attendre le mois de juillet 2009... Heureusement que dans l'Ouest
de l'arrondissement nous avons un très bon poissonnier rue Rambuteau.
Voilà un article qui rassurera je l'espère ceux qui pensaient que je ne m'étais pas intéressé à la rénovation de cet immeuble.