dimanche 27 février 2022

MMCCCXCIX : Les statues de la Tour Saint-Jacques (16e volet) : Sainte Geneviève par Théodore-Charles Gruyère

  

Voici le 16e volet de la série consacrée aux statues de la Tour Saint-Jacques. Il concerne une statue que l'on a du mal à voir dans la lumière car il est situé au 1er étage dans l'angle à droite de la face Ouest :

Sainte Geneviève est la sainte patronne de Paris. J'ai déjà évoqué la statue qui orne le pont de la Tournelle par Paul Landowski (voir article du 3 janvier 2022). Elle a fait l'objet d'une exposition organisée par la Ville de Paris sur les grilles de la Caserne Napoléon (article du 7 mars 2020).

La sainte aurait vécu entre vers 420 et vers 502/512. D'après la tradition, en 451, elle aurait convaincu les Parisiens de ne pas accéder de se soumettre aux Huns menés par Attila ce qui aurait permis d'éviter l'invasion de la ville.

La sainte est représentée d'une manière qui peut sembler étrange :

Il s'agit d'une iconographie souvent utilisée à la fin du Moyen Age concernant Sainte Genevière avec dans la main gauche un cierge qu'un diablotin essaie d'éteindre alors que dans la main droite un ange maintient le cierge allumé. Le démon a l'air particulièrement facétieux.

Cette statue est une œuvre du sculpteur Théodore-Charles Gruyère (1813-1895). Elle date de l'époque de la restauration de la tour Saint-Jacques dans les années 1850. Ce même artiste est aussi l'auteur d'une statue qui orne une des façades de l'Hôtel de Ville : celle de Philippe Quinault (article du 19 juin 2008).
 


jeudi 24 février 2022

MMCCCXCVIII : Un souvenir du fournisseur officiel de la crème à raser la barbe de l'empereur Napoléon III sur la façade du 54 rue de Cléry

  

Au 54 rue de Cléry dans le 2e arrondissement, on trouve une façade avec seulement deux étages ce qui est assez rare dans le Centre de Paris :

On peut de plus observer une enseigne avec une paire de ciseaux :

Cependant quand on regarde de près, on peut aussi observer des médaillons :

Trois d'entre elles représentent l'empereur Napoléon III :

et deux évoquent des expositions universelles de Paris : celle de 1855 :

et celle de 1867 :

A cette adresse, on trouve la même entreprise depuis 1818 : la société Hamon qui vend aujourd'hui principalement du textile mais sur son site, on apprend que sous le Second Empire, il s'agissait du fournisseur officiel de pâte à raser, qui avait été inventée par la société Hamon.




lundi 21 février 2022

MMCCCXCVII : Les rues de Paris Centre : La rue d'Uzès, une rue qui rappelle l'emplacement d'un fastueux hôtel particulier dessiné par Claude-Nicolas Ledoux

 

La rue d'Uzès est située dans le 2e arrondissement, à l'Est de la rue Montmartre, juste avant avant d'arriver sur les Grands Boulevards quand on vient de de la Seine. Elle fait 196m de long et relie la rue Montmartre à la rue Saint-Fiacre.

Voici une vue en regardant vers l'Ouest depuis la rue Saint-Fiacre :

 Je l'ai entourée sur ce plan de 1892.

En rédigeant l'article sur le Salon d'Honneur de l'Hôtel d'Uzès et les animaux qui sont représentés sur les portes que l'on peut admirer au musée Carnavalet (voir article du 15 février 2021 ), j'ai été intrigué par l'évocation de cet édifice qui semblait important ce qui m'a conduit à préparer cet article.

Quand on regarde un plan plus ancien, par exemple de 1860, on voit que l'Hôtel d'Uzès était situé à l'emplacement exact de cette rue et qu'il en occupait toute la longueur :

On peut se rendre compte des dimensions impressionnantes de cet hôtel en observant le plan Turgot des années 1730 :

On voit que, comme la rue d'Uzès actuelle, l'Hôtel d'Uzès s'étendait de la rue Montmartre à la rue Saint-Fiacre.

On en a confirmation en observant le plan cadastral Vasserot réalisé entre 1810 et 1836. Sur celui-ci le sud est en haut et le nord en bas. Voici le pâté de maisons compris entre la rue Montmartre (à droite) et la rue Saint-Fiacre (à gauche) avec le Boulevard Montmartre (en bas) et la rue des Jeûneurs (en haut) :

Pour mieux comprendre la disposition des lieux, j'ai isolé ce qui correspondait  à l'Hôtel d'Uzès en réorientant le plan vers le Nord. Voici le résultat :

Cet Hôtel particulier appartenait à la famille de Crussol, une des plus prestigieuses de la noblesse française. En effet, les De Crussol avaient reçu en 1565 le titre de duc d'Uzès, puis en 1572 de Pair de France. Les ducs d'Uzès avaient la préséance sur la plus grande partie de la noblesse et leur hôtel particulier montre qu'ils souhaitaient le montrer.

L'Hôtel d'Uzès a été complètement remanié entre 1767 et 1769 par un des plus éminents architectes du XVIIIe siècle, Claude-Nicolas Ledoux à la demande du duc François-Emmanuel de Crussol (1728-1802), 9e duc d'Uzès de 1762 à 1802, dont voici un portrait :

J'ai trouvé plusieurs documents à propos de cette somptueuse demeure :

- un plan en coupe et un plan au sol du début du XIXe siècle :

- trois gravures du portail d'entrée rue Montmartre :


Une reconstitution permet de se rendre compte de la vue que l'on avait depuis le portail :

On arrivait ensuite dans la cour avec une façade typiquement néo-classique :

Une photographie prise en 1865 a été conservée :

Voici ensuite le plan du bâtiment central :

et en le traversant, on arrivait sur la façade côté jardin :

 

 
(une vue parue dans le journal l'Illustration de 1844)

On voit que le jardin avait une très belle dimension sur le plan Turgot :

Il semble que Claude-Nicolas Ledoux avait même des projets encore plus grandioses pour l'Hôtel d'Uzès comme le montre ces projets qui sont passés il y a quelques années en maison de vente :

Pendant la Révolution française, l'Hôtel d'Uzès a été confisqué. Il a été racheté en 1824 par Benjamin Delessert (1773-1847), un puissant banquier, fondateur en 1818 de la Caisse d’Épargne.

Benjamin Delessert était aussi le frère de Gabriel Delessert (1786-1856), préfet de Paris de Police de Paris de 1836 à 1848 (le responsable du maintien de l'ordre à Paris pendant une grande partie de la Monarchie de Juillet).

A la mort de Benjamin Delessert, en 1847, l'Hôtel est devenu la propriété de son fils François-Benjamin Delessert (1817-1868). Celui-ci a été député de Paris de 1849 à 1851. 

Tout laisse penser que c'est à la mort de François-Benjamin Delessert en janvier 1868 qu'il a été décidé de démolir l'Hôtel d'Uzès pour percer une nouvelle rue. Elle a pris dans un 1er temps le nom de "rue Delessert" avec de devenir en 1872, la rue d'Uzès. Précisons -pour ceux qui ne sont pas très bon en géographie- qu'Uzès est une ville du Gard située à environ 30Km au Nord de Nîmes.

Pour finir une vue de la rue d'Uzès quand on passe rue Montmartre à la hauteur du 172 :


et ce que l"on pourrait y apercevoir si l'hôtel n'avait pas été détruit : 

Impressionnant non ?

vendredi 18 février 2022

MMCCCXCVI : Une enseigne du musée Carnavalet qui montre que le café "Le Drapeau" à l'angle de la rue du Temple et de la rue de la Verrerie porte ce nom depuis au moins 150 ans !

 

Au Musée Carnavalet, dans la galerie des enseignes, l'une d'elle a attiré mon attention : celle qui représente un drapeau français avec en arrière-plan une petite tourelle. En effet, quand on regarde bien il s'agit du petit beffroi située dan la partie centrale de l'Hôtel de Ville :


En regardant le cartel de cette enseigne on se rend compte qu'elle servait à signaler la présence d'un café appelé "Au Drapeau de l'Hôtel de Ville" :

Ce café était situé au 10 rue du Temple. Or, il est intéressant de constater qu'à l'angle de la rue de Temple et de la rue de la Verrerie (à la hauteur du 10 rue du Temple), on trouve encore aujourd'hui un café appelé "Le Drapeau":

Pendant les 17 ans où j'ai habité tout près de là, il m'est arrivé très régulièrement de manger dans ce café. Je ne réalisais pas alors que je fréquentais en établissement qui portrait ce nom depuis au moins 1870 (puisque l'enseigne qui m'a donné l'idée d'écrire cet article date de 1870).



mardi 15 février 2022

MMCCCXCV : Les animaux de Paris : Alligators, éléphants, chevaux et dromadaires dans le salon d'honneur de l'Hôtel d'Uzes

Voici quatre animaux que l'on peut voir dans une salle du musée Carnavalet : un éléphant (ci-dessus), un dromadaire :

un alligator :

et un cheval :

ces animaux sont visibles sur les portes du salon d'honneur de l'hôtel d'Uzes :

On peut mieux les admirer quand les portes sont fermées :

Chacun de ces animaux symbolisent un continent : l'alligator pour l'Amérique, le dromadaire pour l'Afrique, l'éléphant pour l'Asie et le cheval pour l'Europe.

Ce décor décorait le salon d'honneur de l'Hôtel d'Uzes, un hôtel qui a été remodelé par l'architecte Claude-Nicolas Ledoux en 1767 et qui était situé dans le 2e arrondissement et dont je reparlerai dans un article à venir car j'ai trouvé des informations très intéressantes à son sujet. 

 C'est de cette époque que date ce superbe salon qui a été restauré et qui est présenté désormais au 1er étage du musée Carnavalet. Il constitue aujourd'hui une des ses plus merveilleuses salles. Un très bel hommage au sens du beau du XVIIIe siècle (dont voici un exemple avec les poignets :

Notons que si l'Hôtel avait été construit après 1770 (la découverte de l'Australie par James Cook) il aurait fallu ajouter une 5e porte pour représenter l'Océanie avec un kangourou ? 

Ces décors du Salon d'honneur de l'Hôtel d'Uzès sont dus aux sculpteurs Joseph Métivier et Jean-Baptiste Boiston. Ils ont été déplacés à plusieurs reprises. En 1868, lors de la destruction de l'Hôtel d'Uzès (auquel le consacrerai bientôt un article), les décors ont été transférés dans une demeure du boulevard Malesherbes. Mais celle-ci a été elle-même démolie ce qui explique que les décors soient devenus la propriété du musée Carnavalet en 1972. Ils ont d'abord été installés au rez-de-chaussée avant -après une importante restauration- d'être présentés après la rénovation du musée (achevée en 2021) au 1er étage où on peut les admirer actuellement.