lundi 29 avril 2024

MMDCCVII : Une visite dans le "Vieux Paris" au 9 rue Aubriot

 

Au 9 rue Aubriot (Paris 4e), on trouve un très beau portail en bois qui a été immortalisé au début du 20e siècle par Eugène Atget.(voir le lien suivant vers la bibliothèque numérisée de l'INHA).

Or, en franchissant, ce portail, on découvre une série de deux belles cours. Voici tout d'abord, la première :

en continuant à gauche, on arrive à un passage avec un escalier :

Après l'escalier, en tournant sur la gauche, on arrive à une 2e cour :

En se plaçant au fond de cette 2e cour et en se retournant on peut voir une charmante façade :

J'ai cherché cette demeure sur le plan Turgot des années 1730. Or, je me suis rendu compte qu'il comportait une erreur : la rue des Singes (actuelle rue des Guillemites) et la rue du Puits (actuelle rue Aubriot) sont inversées :

On peut s'en rendre compte en comparant avec un plan Charles Picquet de 1812 :

Sur le plan Turgot, il faut donc regarder l'angle avec ce qui est présenté comme l'angle de la rue du Puits et de la rue des Blancs Manteaux :

On peut aussi observer un plan cadastral Vasserot du début du XIXe siècle sur lequel j'ai représenté la 1ère cour photographié et l'accès vers la 2e cour :

Il semble ainsi que la 2e cour présentée dans les photos du début de cet article a été considérablement réduite mais la façade la plus ancienne date certainement du XVIIe siècle.

Un dessin de Jules-Adolphe Chauvet (1828-1898) montre qu'à cette adresse on trouvait une "fabrique de casquettes" au XIXe siècle, une entreprise du nom de Victor Baraguey :


 


vendredi 26 avril 2024

MMDCCVI : Les statues de l'Hôtel de Ville : Série sur les Villes de France (22e volet) : Orléans par Louis-Léopold Chambard

  

Voici le 22e épisode de la série consacrée aux statues des villes de France qui ornent la façade de l'Hôtel de Ville de Paris. Il concerne la statue de la ville de Orléans qui est la 8e en partant de la droite de la façade principale qui donne sur la place de l'Hôtel de Ville :

Cette statue représente la ville d'Orléans (Loiret). La statue tient dans la main droite une épée qui est peut-être une évocation du siège de 1429 par les Anglais qui fut levé grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc :

La statue est une œuvre de Louis-Léopold Chambard né le 25 août 1811 à Saint-Amour (Jura) et mort à Neuilly-sur-Seine le 10 mars 1895.

La statue n'est pas en très bon état. Elle a perdu une partie de son nez.




 

 

mardi 23 avril 2024

MMDCCV : La rue Blondel : une rue des 2e et 3e arrondissements qui reliaient les portes Saint-Denis et Saint-Martin

 

La rue Blondel est une petite rue qui part du 2e arrondissement à l'Ouest rue Saint-Denis (au niveau du 238) et qui se finit à l'Est rue Saint-Martin (au niveau du 351) après avoir été coupée par le boulevard de Sébastopol. Elle fait 215m de long.

Voici une vue de la rue en regardant vers l'Ouest depuis l'extrémité Est de la rue (avec à l'arrière-plan la rue Saint-Denis) :

Une vue de la rue cette fois en regardant vers l'Est (le tronçon de la rue situé dans le 3e arrondissement) avec au fond la rue Saint-Martin:


Cette rue est intéressante car comme la rue de Cléry (voir article du 10 mai 2023), elle permet de se replonger dans le Paris de la fin du Moyen Âge. La rue était située entre la porte Saint-Denis et la Porte Saint-Martin. Voici son emplacement sur le plan de Bâle du milieu du XVIe siècle

Cette partie de Paris a commencé à être lôti au début du XVIIe siècle. Sur le plan Mérian de 1615, on voit que la partie sud de la rue a commencé à être construite :

Sur le plan Turgot, des années 1730, on voit ce quartier complètement transformé avec la disparition de l'enceinte de Charles V, la création des Grands boulevards et la construction des portes Saint-Martin (voir article du 29 juin 2022) et Saint-Denis (voir article du 8 juin 2022) dans les années 1670 :

On observe la création de deux rues jumelles : la rue Sainte-Apolline et la rue des Portes :

Il me semble que le plan Turgot comporte ici une erreur. Il est précisé que la rue Sainte-Apolline avait aussi pour nom la rue Neuve-Saint-Denis. Je pense pour ma part que c'est la rue des portes situé juste au Sud qui a pris le nom de rue Neuve-Saint-Denis. On se rend compte en effet sur un plan Verniquet de de 1790 que la rue Neuve-Saint-Denis est bien à l'emplacement de ce qui était mentionné comme la rue des Portes sur le plan Turgot :

Cela est confirmé par le pan cadastral Vasserot du début du XIXe siècle :

Dans le Dictionnaire Administratif et Historique des rues de Paris, la rue Neuve-Saint-Denis, on affirme que la rue avait porté le nom de "rue des deux portes":

Cette rue a pris le nom de "rue Blondel" par le décret du 11 août 1864. Elle rend hommage à l'architecte François Blondel né le 15 juin 1618 à Ribemont et mort à Paris le 21 janvier 1686). On lui doit la Porte Saint-Denis construite en 1672 pour célébrer le passage du Rhin. Il a avait aussi construit quelques années plus tôt la porte Saint-Antoine (après la paix des Pyrénées de 1660) [voir article du 22 février 2015].

Je me suis intéressé à cette rue car je viens récemment de lire l'Allée du Roi de François Chandernagor. Dans les dernières années du règne de Louis XIV, la protagoniste du roman, Mme de Maintenon décrit la triste situation de Paris en 1709. En raison de la famine, une partie de la population était dans une situation catastrophique. Pour cette raison, des ateliers auraient été créés pour donner un revenu aux pauvres. Le travail consistait à araser la bute comprise entre les portes Saint-Denis et Saint-Martin.

 "En août, Paris tout entier vint  à se révolter : on employait depuis quelques jours les pauvres à raser une grosse motte de terre entre les portes Saint-Denis et Saint-Martin et on distribuait du pain aux travailleurs pour tout salaire ; un jour ce pain vint à manquer. Aussitôt tout courut dans les rues, pillant les boulangers, de proche en proche, les boutiques fermèrent, le désordre grossit et gagna toutes les paroisses, criant :" Du Pain" et en prenant partout. Par hasard, le vieux maréchal Boufflers se trouvait à Paris ; aussi courageux dans l'émeute qu'au combat, il s'avança seul à pied parmi ce peuple infini et furieux leur demanda ce que c'était ce bruit et leur remontrant que ce n'était pas là comment il fallait demander du pain. Il fut reconnu et écouté ; il y eut des cris à plusieurs reprises de "Vive Monsieur le Maréchal de Blufflers". Enfin, il apaisa tout". (Françoise Chandernagor, L'Allée du roi, Julliard, 1981, pages 466/467)

 Je n'ai trouvé aucune source à propos de ces ancêtres des Ateliers Nationaux de 1848 qui ont eu une brève existence en août 1709.


samedi 20 avril 2024

MMDCCIV : "Rue des Archives", Un roman qui évoque joliment les rues du Marais

 

J'ai découvert récemment dans une bibliothèque familial ce roman de Michel del Castillo. Son titre "rue des Archives" m'a intrigué car j'ai habité rue des Archives pendant près de 20 ans et je me suis demandé si cet ouvrage avait un quelconque rapport avec cette rue.

Je n'ai pas été déçu puisque dans ce livre Michel del Castillo évoque un appartement où a vécu la mère du narrateur (le livre est en grande partie autobiographique). Une mère qui décède et qui laisse un appartement dans un état calamiteux de désordre et de saleté. Or il s'agit bien de la rue des Archives à Paris, avec une vue sur la cour des Archives nationales.

Une grande partie du récit conduit bien loin du Marais mais certains passages évoquent avec beaucoup de poésie le quartier.

Voici mon extrait préféré (évocation de l'arrivée à Paris en 1955) : "Nous ignorions tout de la ville et de ses secrets et déambulation dans ces ruelles [...] Nous tentions de retenir ces noms : rue des Haudriettes, des Quatre-Fils, des Francs-Bourgeois, du Plâtre. Loin de nous aider à nous orienter, ces appellations poétiques nous dépaysaient davantage. Entre Prévert et Queneau, elles dessinaient une topologie onirique". [...] "Dix ans plus tard, dans les années 70, nous marchions encore dans cet étroit village [...] Nous n'allions pas très loin, à l'intérieur d'un périmètre s'étendant de la rue du Temple, à la rue Vieille-du-Temple, ses limites extrêmes étant la rue de la Verrerie et la rue Portefoin. Plus loin vers le nord, s'ouvraient la steppe de la rue de Bretagne, le désert d'Arabie vers le sud, c'est-à-dire la place de l'Hôtel-de-Ville et ses vastes étendues".

Outre son intérêt pour les passages relatifs à Paris, j'ai énormément apprécié ce roman qui est paru en 1994. (voir mon article sur Héliosse 2).

jeudi 18 avril 2024

MMDCCIII : Les animaux de Paris Centre : Les canards du quai François Mitterrand

 

Il y a 15 ans (déjà) j'avais consacré un article aux cygnes de l'Île Saint-Louis (voir article du 23 janvier 2009). En me promenant sur les bords de Seine, le long du quai François Mitterrand, j'ai eu envie de prolonger cet article avec ces trois colverts qui se sont laissés approchés :


mercredi 17 avril 2024

MMDCCII : Les statues du Louvre : Série les personnages (21e volet) : Saint Bernard par François Jouffroy

 

 Voici le 21e épisode de la série relative aux statues qui décorent la cour du Louvre. Il concerne la statue de Saint-Bernard que l'on peut voir dans la partie de l'aile Colbert  :

La statue de Saint-Bernard est la 3ème en partant de la gauche :

ou la 8e en partant de la droite :


 La statue de Saint-Bernard est une des statues les plus impressionnantes de la série. Il rend le bras pour faire un geste de bénédiction vers la cour où se trouve aujourd'hui la pyramide :

On ne peut manquer de la remarquer :

Saint Bernard est né en 1090 à Fontaine-lès-Dijon et il est mort à l'abbaye de Clairvaux le 20 août 1153. C'était un théologien qui a été un des plus importants membres de l'Ordre cistercien. En 1146, il a prêché la 2e Croisade.

La statue est une oeuvre de François Jouffroy né ) Dijon le 1er février 1806 et mort à Laval le 25 juin 1882. On lui doit la statue représentant la Seine (1866) située aux sources de la Seine (voir article du 24 août 2020) : 


 En passant par les escalators de l'aile Richelieu du Louvre, on ne peut pas manquer d'observer l'élégante silhouette de la statue de Saint Bernard :







dimanche 14 avril 2024

MMDCCI : La place la Concorde il y a 100 ans

 

J'ai acquis récemment cette carte postale qui représente la place de la Concorde. Le cachet de la poste a attiré mon attention. On peut y lire que la carte a été envoyée au moment des jeux olympiques de 1924 :

Il est intéressant de noter qu'à cette époque, des automobiles et des véhicules tirés par des chevaux circulaient sur la chaussée comme on peut le voir par exemple dans la partie Sud-Ouest de la place :

Le détail le plus intéressant est au 1er plan. En effet, le pont de la Concorde est dans son état antérieur à son élargissement dans les années 1930 (voir article du 16 juillet 2021)

On voit les blocs sur lesquels étaient situées les statues des grands hommes de l'Histoire de France : 

Voir l'article sur la statue du cardinal de Richelieu

Aujourd'hui le pont de la Concorde a cet aspect. On voit la partie qui a été ajoutée lors des travaux de 1932  (voir article du 16 juillet 2021) :

Pour voir une autre vue de la place de Concorde sous un autre angle, voici une carte postale que j'ai aussi acquise récemment. Elle montre cette fois la place en regardant vers le Sud. Elle a été envoyée en 1933 mais elle date d'avant 1932 car le pont de la Concorde n'est pas encore élargi :

On précise sur cette carte postale une information dont je n'avais pas connaissance : le fait que 2800 personnes ont été guillotinées sur cette place.

jeudi 11 avril 2024

MMDCC : Les façades de Paris Centre : au 28 rue de Richelieu, un immeuble mauresque de la Monarchie de juillet.

 

Au 28 rue de Richelieu (Paris 1er), on peut voir un immeuble qui a un décor assez étonnant et que l'on remarque en observant les deux portails situés à chaque extrémité :

Le décor est d'inspiration mauresque. L'écriture du "28" est particulièrement admirable :

En observant les étages, on retrouve aussi un décor du même style au 2e étage de chaque côté de la façade :

On le voit mieux sur ce détail :

Cet immeuble a été construit pendant le règne de Louis-Philippe (1830-1848) dans le goût orientalisant très à la mode dans la première moitié du XIXe siècle, notamment en raison de la conquête de l'Algérie à partir de 1830. La façade et la toiture ont été inscrits par arrêté du 15 janvier 1975 à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques.