La rue Courtalon ne fait que 32m de long entre la rue Saint-Denis et la place Sainte-Opportune. Elle est particulièrement étroite comme le montre ces deux photographies : la première prise depuis la rue Saint-Denis (en direction de l'Ouest) :
et une autre prise en direction de l'Est :
et enfin une vue depuis la place Sainte-Opportune qui montre encore mieux combien cette rue est courte :
La rue est située dans un quartier où se trouvait par le passé l'église Sainte-Opportune (voir article du 8 février 2020) . Le Dictionnaire Historique et administratif de 1844 explique que cette rue était déjà entièrement bordée de maisons en 1284. En 1300 elle avait pour nom "rue à petits Soulers de Bazenne" ce qui indique qu'on y trouvait des fabricants de souliers en basane (de la peau de mouton tannée). Elle a pris son nom actuel au XVIe siècle en raison d'un dénommé Guillaume Courtalon qui y possédait deux maisons :
La rue n'est pas aisée à retrouver sur les vieux plans de Paris car elle était si petite et si étroite qu'elle n'est souvenet pas indiquée. Elle était située le long du flanc sud de l'église Sainte-Opportune. Voici sa localisation sur le plan de Bâle des années 1550 :
Même sur le plan Turgot des années 1730 (pourtant très précis) la rue n'apparaît pas et c'est pourquoi je l'ai signalé par une flèche :Elle est cependant mentionnée sur ce plan de 1786 :
Après la destruction de l'église Sainte-Opportune en 1792, la rue Courtalon a gardé son emplacement et son aspect tortueux. On se rend compte que toute la partie Nord de la rue à l'ancien emplacement de l'église a été lotie sur ce plan cadastral de la 1ère moité du XIXe siècle :
Et à cette époque (avant le percement de la rue des Halles plus au sud dans les années 1860) elle continuait à donner sur une espace rectangulaire : la place Sainte-Opportune :
Cette toute petite rue a été le théâtre d'un fait particulièrement macabre en 1684 et dont on pourrait croire qu'il relève de la fiction tant il est incroyable. Pour en avoir un récit complet je renvoie à cet article de Paris à nu mais en voici un résumé en quelques lignes.
En 1684, on se rendit compte que vingt-six jeunes hommes âgés de 17 à 25 ans avaient disparu des rues de Paris en quelques mois. Le lieutenant général de police La Reynie (voir article du 15 février 2009) chargé par Louis XIV de faire régner l'ordre dans Paris voulut élucider l'affaire au plus vite. Il chargea un de ses policiers appelés Le Coq de mener l'enquête. Or celui-ci avait un fils surnommé L'éveillé qui avait l'âge idéal pour servir d'appât. Le piège fonctionna, le fils du commissaire se retrouva (je passe sur les détails) dans le logis d'une prétendue princesse Jabirowska rue ... Courtalon. Or, alors qu'elle le laissait seul quelques instants, le jeune limier ouvrit une armoire et y trouva des têtes de jeune hommes momifiés. La police intervient aussitôt et fort heureusement car la princesse revenait avec quatre hommes armés pour trucider le jeune homme. Toute la bande fut envoyée dans les geôles de la prison du Châtelet. D'après les aveux obtenus, les têtes étaient revendues en Allemagne à des collectionneurs et les corps à l’École de médecine pour permettre de faire des études anatomiques. Toute la bande impliquée dans cette sordide histoire fut vite pendue (même si certains prétendent que la fausse princesse réussit à s'échapper en profitant de complicité).
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