mercredi 29 mai 2024

MMDCCXVII : Les statues de l'Hôtel de Ville : Série sur les Villes de France (23e volet) : Amiens par Emile-François Carlier

 

Voici le 23e épisode de la série consacrée aux statues des villes de France qui ornent la façade de l'Hôtel de Ville de Paris. Il concerne la statue de la ville d'Amiens qui est la 1ere en partant de la gauche de la façade principale qui donne sur la place de l'Hôtel de Ville :

Cette statue représente Amiens (Somme). Il est difficile de l'identifier. Elle tient dans la main droite une épée (qui évoque peut-être Saint Martin découpant son manteau pour en donner à un pauvre)  :

dans la main gauche, elle tient un rouleau de ce qu semble être du tissus ce qui rappellerait la vocation drapière de la ville d'Amiens :

Cette statue est une oeuvre d'un dénommé Carlier. Il existe un grand nombre de sculpteur à cette époque qui portait ce nom de famille. Il semble qu'il s'agit ici d'Emile Joseph François Carlier, né le 3 janvier 1827 à Paris et mort le 28 janvier 1880 dans le 11e arrondissement comme on peut le voir ci-dessous sur son acte de décès :

Dans ce cas, l'artiste serait donc mort avant que l'Hôtel de Ville ne soit achevé (les fêtes d'inauguration ont eu lieu les 13 et 14 juillet 1882 et à cette époque toutes les statues n'étaient pas en place).




dimanche 26 mai 2024

MMDCCXVI : Le clocher de Saint-Gervais-Saint-Protais sans ses échafaudages

 

En classant des photos que j'avais prises en 2011, mes yeux se sont émerveillés. J'ai enfin pu revoir le clocher de Saint-Gervais-Saint-Protais sans ses échafaudages. J'avais fini par oublier à quel point la vue sur ce clocher est superbe.


Je rappelle que les échafaudages qui masquent le clocher ont été installés depuis l'été 2011. J'ai écrit un article à ce sujet dès le 6 octobre 2012 illustré par cette photo :

Lors d'une réunion publique en 2019, un calendrier des travaux avait été annoncé (article du 13 décembre 2019). Ils devaient démarrer en 2020 et s'achever au bout de 16 mois. Je suis conscient que la pandémie de 2020 a retardé les travaux mais force est de constater qu'en 2024, les échafaudages étaient toujours en place comme le montre cette photo prise en mars :

13 ans que ces échafaudages sont en place !!! J'espère donc que l'on va enfin pouvoir la vue de 2011 très bientôt ! Je ne doute pas que Karen Taieb en charge du dossier du Patrimoine parmi les adjoints à la ville de Paris a à cœur que ce chantier s'achève enfin.


jeudi 23 mai 2024

MMDCCXV : Les façades de Paris Centre : un très bel immeuble de 1885/1886 au 13 rue d'Uzès

  

J'ai déjà consacré un article à la rue d'Uzès et au très bel hôtel particulier qui s'y trouvait jusqu'à la fin des années 1860 (voir article du 21 février 2022). On y trouve de nombreux immeubles construits dans les décennies qui ont suivi. Parmi ceux-ci, au n°13 on peut voir une très belle façade qui a attiré mon attention pour deux raisons. 

Tout d'abord, la façade présente de très belles ouvertures encadrées par une structure métallique. C'est assez moderne pour un immeuble qui date comme on le verra de 1885/1886 et cela préfigure l'esthétique de certains immeubles de la rue Réaumur au début du XXe siècle comme par exemple le n°118 (voir article du 23 mai 2018).


L'autre élément remarquable à noter est que malgré la modernité de cette verrière en façade soutnue par des poutres métalliques,on trouve aussi une partie en pierre avec un décor éclectique dans un goût néo-baroque avec notamment quatre caryatides qui soutiennent le balcon du 4e étage :

Par opposition aux poutrelles métalliques, ce décor est assez exhubérant :

L'autre élément décoratif intéressant se situe au rez-de-chaussée avec le superbe portail :

Sur le linteau de la prote, on peut voir une très belle figure de Mercure, le dieu du Commerce, avec son casque ailé :

De part et d'autre de la façade toujours au rez-de-chaussée on peut voir deux informations intéressantes :


A gauche, il s'agit de la date de construction : 1885/1886 :

et à droite des initiales de l'architecte : "G.R." : 

Cela est confirmé par le permis de construite déposé en deux temps : le 23 mai 1885 et le 20 juin 1885. On y trouve le nom de l'architecte correspondant à "G.R.". Il s'agit de Gustave Raulin, né à Paris le 22 février 1837 et mort le 1er février 1910 :

Cet architecte est intéressant car il été professeur d'architecture à l'Ecole des Beaux-Arts. D'après un site consacré à l'Art Nouveau, Raulin aurait été  en 1885 le professeur d'Hector Guimard et il l'aurait sensibiliser à l'ouvrage de Viollet-le-Duc, "Entretiens sur l'Architecture" qui serait une des sources de ce qui sera l'Art Nouveau.

Toujours dans les années 1880, Raulin s'est illustré par un suprenant projet destiné à intégrer la Tour Eiffel construite pour l'Exposition universelle de 1889 dans un curieux palais :


Raulin ne semble pas avoir été associé à la réalisation finale de la Tour Eiffel. Il semble par contre que pour le 13 rue d'Uzès, l'architecte ait fait appel à Gustave Eiffel pour la structure métallique de l'immeuble. C'est ce qu'on peut lire sur la fiche qui lui est consacrée par le cabinet d'architecte qui a rénové l'immeuble en 2012*.

De façon assez surprenante, cet architecte qui semble avoir occupé un rôle éminent dans les années 1880, a participé à la Commune de Paris : il a été élu le 17 avril 1871 membre de la Commission fédérale des Artistes d'après le site Maitron**

Le 13 rue d'Uzès a été édifié pour des ateliers de confection du textile. Une prise de vue du 16 décembre 1916 du photographe Charles Lansiaux*** fait apparaître plusieurs sociétés de ce secteur important dans le quartier du Sentier :




* Page du cabinet d'architecte qui a rénové l'immeuble en 2012.

** site Maitron Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social

*** site Paris Musées



lundi 20 mai 2024

MMDCCXIV : Sur les traces des fontaines de l'Ancien Marché aux Fleurs

 

Pour écrire l'article sur la Cour Batave (article du 7 janvier 2023), j'avais utilisé un intéressant ouvrage sur les fontaines de Paris publié en 1812. Mon attention avait été attiré par une double page consacrée aux fontaines du Marché aux Fleurs. Voici le contenu de la notice :


 On y apprend :

1. Que le marché aux Fleurs était situé au XVIIIe siècle sur la rive droite sur le quai de la Mégisserie et qu'il a déménagé sur l'île de la Cité par la volonté de Napoléon Ier.

2. Que pour créer ce marché le pâté de maisons qui se touvaient entre le pont Notre-Dame et le pont aux Changes sur l'Ile de la Cité a été détruit. Ce pâté de maisons était très ancien comme on le voit sur le plan de Bâle des années 1530 :

3. que le quai créé a porté le nom de Desaix, un général français mort à la bataille de Marengo le 14 juin 1800 (Ce quai s'appelle aujourd'hui le quai de la Corse). On le voit sur ce plan dit Charles Piquet de 1812 :

4. Que le marché aux fleurs se tenait deux fois par semaine (le mercredi et le samedi).

5. Que les deux fontaines étaient alimentées par la pompe du Pont Notre-Dame. On voit cette pompe qui prélevait l'eau de la Seine sur le plan Turgot des années 1730. Elle représentée par le 2 ci-dessous (le 1 représente l'emplacement du marché aux Fleurs voulu par Napoléon).

Pour en savoir plus, je me suis référé au Dictionnaire Historique et Administratif des rues de Paris de 1844 et j'en appris plus sur ce Marché aux Fleurs :


 Le quai et le marché ont ainsi été créés par un décret pris par Napoléon Ier au Palais des Tuileries le 21 avril 1808. Le terrain a été cédé à la Ville de Paris pour qu'elle y organise un marché aux fleurs. Il devait être planté d'arbres. Le marché a été inauguré le 16 août1809, donc moins d'un an et demi plus tard.

Voici le marché aux Fleurs sur un plan de 1838 (le plan Jacoubet) :

Le marché avait été rénové au début des années 1840 comme on l'apprend dans la suite de l'article du Dictonnaire de 1844 :


Le marché-aux-fleurs a été profondément remanié avec la construction du tribunal de commerce entre 1860 et 1865 (voir article du 7 août 2009)  :

Comme on le voir sur cette carte de 1869, le tribunal de commerce s'est étendu sur une partie du marché aux fleurs créé en 1809 :

Voici ci-dessous l'emprise correspondant à l'ancien marché aux fleurs sur un plan de 1825 :

C'est pourquoi le marché aux fleurs été reconfiguré. Au lieu d'être sur un axe Est/Ouest; il s'est étendu dans un axe Nord-Sud depuis le quai jusqu'à la rue de Lutèce :

C'est de cette époque que date le marché aux fleurs que l'on connaît aujourd'hui et qui fait le bonheur des Parisiennes et des Parisiens :

Comme dans le marché aux fleurs voulu par Napoléon Ier il y avait deux fontaines, c'est peut-être la raison pour laquelle on trouve deux fontaines Wallace l'une à côté de l'autre dans le marché aux Fleurs reconfiguré dans les années 1860 (voir mon article du 23 novembre 2009) :


vendredi 17 mai 2024

MMDCCXIII : Les statues du Louvre : Série les personnages (22e volet) : La Bruyère par Joseph-Stanislas Lescorné

 

 Voici le 22e épisode de la série relative aux statues qui décorent la cour du Louvre. Il concerne la statue de La Bruyère que l'on peut voir dans la partie de l'aile Colbert  :

La statue de la Bruyère est la 4ème en partant de la gauche :

ou la 7e en partant de la droite :


 Cette statue représente Jean de La Bruyère :

Comme Jean de La Bruyère est aussi représenté sur l'Hôtel de Ville de Paris (article du 24 novembre 2012), je reprends la notice que j'avais écrite à cette occasion : "Jean de La Bruyère est né à Paris le 17 août 1645. Il est mort à Versailles le 11 mai 1696. Il est l'auteur des très célèbres Catactères ou Moeurs de ce siècle (1686). Certaines flèches décochées par La Bruyère montrent qu'en matière de sévérité contre ses contemporains nous n'avons pas grand chose à inventer..."

La statue est une oeuvre de Joseph-Stanislas Lescorné, né à Langres (Haute-Marne) le  16 septembre 1799 et mort à Paris le 19 avril 1872. Le sculpteur a représenté La Bruyère avec un superbe drapé que l'on peut voir depuis l'arrière de la statue :

On peut avoir un très beau point de vue avec cette statue au 1er plan et la pyramide au second :

 

Une citation de La Bruyère pour finir :

 "Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté". 

A méditer !


mardi 14 mai 2024

MMDCCXII : Impasse des Peintres, une petite voie très ancienne de Paris Centre

 

L'impasse des Peintres est une toute petite voie du 2e arrondissement situé perpendiculairement à la rue Saint-Denis à la hauteur du numéro 112 de cette rue. (Juste un peu au sud de l'intersection avec la rue Turbigo).

Cette voie m'a intéressé car depuis longtemps je me suis demandé quelle était son origine. Or en lisant récemment l'ouvrage de Denis Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris (Parigramme 2004), j'ai lu (page 95) que l'impasse correspondait au chemin de ronde extérieur de l'enceinte de Philippe Auguste construite à partir de 1190. D'après cet ouvrage la porte Saint-Denis se trouvait juste au sud de l'impasse dans la rue Saint-Denis.

Tout près de la rue Saint-Denis, une plaque permet de comprendre la configuration des lieux quand la porte était encore en place : 

L'impasse des peintres correspondait au chemin de ronde extérieur de l'enceinte :

Sur le plus vieux plan représentant Paris, le plan dit de "Braun" où l'on peut observer la ville vers 1530 -quelques années avant la destruction de l'enceinte de Philippe Auguste-, on voit la porte Saint-Denis :

L'impasse était juste à la sortie de la ville côté Est :

Sur l'origine du nom "Impasse des peintres", le Dictionnaire Administratif et Historique de 1844 nous apprend que le nom vient probablement du nom d'un dénommé "Gilles Le Peintre" dont les enfants possédaient une maison à cet endroit en 1303.

Le dictionnaire précise que l'impasse a eu différents noms qui laisse comprendre les activités qui ont eu lieu à cet endroit  : ruelle de l'Arbalète [donc comme souvent des terrains d'entrainement situés juste à la sortie des murailles] et rue des étuves [qui rappellent que dans le Paris médiéval on trouvait de nombreux bains publics qui permettaient à la population de se laver]. 

Le nom "Impasse des Peintres" apparaît sur le plan Cadastre Vasserot de la première moitié du XIXe siècle. On peut y voir dans le parcellaire le tracé de l'enceinte de Philippe Auguste (avec des décrochements qui correspondent au fait que c'est soit la partie intérieure ou extérieure de la muraille qui a été préservée)  :  

L'impasse apparaît sur le planTurgot des années 1730 mais il faut regarder très attentivement :

Le nom est écrite en tout petits caractères :

Elle apparaît sous le nom de "c. Porte aux Peintres", c'est-à-dire Cul-de-sac Porte aux Peintres".

Sur le plan Gomboust de 1652, elle porte le nom de Rue de la Porte aux Peintres mais on voit qu'il s'agissait déjà d'une impasse :

Enfin en observant le plan dit de Bâle du milieu du XVIe, on peut voir cette voie mais son nom n'est pas indiqué. On se rend compte qu'à cette époque la rue avait un accès non seulement sur la rue Saint-Denis mais aussi à l'autre extrémité sur la rue qui à l'époque portait le nom de Rue Bourg L'Abbé :

Le cartographe a même pris la peine de représenter un puits situé dans la cour :

Cette très vieille voie du Centre de Paris a échappé de peu à la destruction lors des percées haussmanniennes avec le tracé du Boulevard Sébastopol à l'Est (dans les années 1850) et la rue de Turbigo au Nord  (dans les années 1860). L'impasse des peintres se situe dans la partie sud-Ouest de l'angle formée par le carrefour entre les deux voies tracées sous Napoléon III comme on le voit sur ce plan de 1869 :