J'ai eu la chance de
visiter par deux fois l'Hôtel de Beauvais au cours de l'année qui vient
de s'écouler à chaque fois avec les commentaires érudits de Pierre
Housieaux, le président de l'Association Paris Historique.
Cet hôtel a été inauguré le 26 août 1660. Pour comprendre l'importance de cet événement, il faut faire savoir
qui était "Madame de Beauvais".
Il s'agit de Catherine Bellier qui était 1ère dame de chambre d'Anne
d'Autriche. En 1653, elle avait été chargée de "déniaiser" le roi Louis
XIV alors âgé de 16 ans. Catherine Bellier, âgée déjà de 40 ans, avait
déjà une certaine expérience et il semble qu'elle avait la réputation
d'avoir la jambe légère. Il paraît qu'elle était très laide puisqu'elle
était surnommée "Cateau-la-Borgnesse".
Le roi en tout cas se montra fort reconnaissant puisque Catherine
Bellier fut faite baronne de Beauvais. Elle put faire construire l' Hôtel
de Beauvais, dans l'actuelle rue François Miron. Ce bâtiment était la
risée de certains car, pour la première fois avec ce genre de grande
résidence aristocratique, la construction comprenait côté des rues des
échoppes destinées à être louées.
Ce bel édifice fut inauguré en grande pompe le 26 août 1660 en présence
de la reine-mère Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin. Louis XIV
venait d'épouser quelques mois plus tôt l'infante d'Espagne
Marie-Thérèse d'Autriche.
La reconnaissance du roi pour Madame Beauvais ne s'arrêta pas là.
Alors qu'elle était confrontée à des difficultés financières, il lui
accorda en 1667, le privilège des carosses et des messageries de
Versailles (ville qui ont le sait jouait un rôle de plus en plus
importante jusqu'à devenir en 1682 le lieu de séjour de la Cour).
La baronne de Beauvais, malgré son grand âge et sa prétendue laideur,
avait un appétit sexuel qui la conduisit à recourir à des services
masculins rémunérés. Après la mort de son mari en 1674, elle finit par
être si ruinée qu'elle dut s'exiler pour finalement mourir en 1689 à
Arrou dans l'Eure-et-Loir.
Voici trois photographies prises dans ce très bel endroit :
Deux angelots qui apparaissent en bas-relief dans la voute de l'escalier d'honneur de l'Hôtel de Beauvais.
le très bel escalier situé au fond à gauche de la cour qui permet
d'accéder au 1er étage, une
très belle réalisation de l'architecte Antoine Le Pautre qui a réussi à
tirer partie de l'exiguïté de l'espace disponible pour cet escalier.
Dans les sous-sols de l'Hôtel de Beauvais, on peut aussi admirer une
superbe cave voûtée d'ogives. Elle date du début du XIIIe siècle, époque
où le lieu était possédé par l'abbaye de Chaalis dans l'Oise. Au Moyen
Âge, on trouvait dans cette partie de Paris (entre l'actuelle rue
François Miron et la Seine) de nombreuses maisons de villes de grandes
abbayes provinciales (comme par exemple la maison de Ville de l'abbaye
de Maubuisson que l'on peut encore voir à l'angle de la rue des Barres
et de la rue du Grenier-sur-l'eau à laquelle j'ai consacré un article le 30 octobre 2008). [Voir aussi l'article publié en septembre 2020 à propos de la cave de la maison d'Ourscamp, siège du Paris Historique].
Pour finir voici ce qu'on pouvait voir de cet hôtel sur le plan Turgot des années 1730 (on voit bien exiguïté de la parcelle).
P.S. Un très bon reportage photo sur l'hôtel de Beauvais est paru sur le blog Paris Bise Art en 2016 => voir lien suivant.