vendredi 28 juin 2024

MMDCCXXVIII : Renaissance de la Fontaine des Innocents

  

Jeudi dernier, le 27 juin 2024, la fontaine des Innocents a retrouvé sa splendeur. Après 7 ans de travaux, ce superbe monument emblématique de Paris auquel j'ai consacré plusieurs articles à été dévoilée et remise en eau. Le résultat est vraiment superbe.

Les nymphes de François Goujon (faces tournées vers l'Est, le Nord et l'Ouest) et celles d'Augustin Pajou (faces Sud et Ouest) ont été remplacées par des copies mais les copies sont très réussies :

On a aussi du plaisir à entendre de nouveau l'eau couler dans les vasques situées dans le soubassement :

Enfin les parterres de verdures qui ont été créés autour de la fontaine sont assez réussis. Ils doivent être très souvent nettoyés mais justement quand je suis passé du personnel municipal était occupé à cette tâche.

 A titre de comparaisons : deux "avant/après" :


Articles :

- 14 avril 2022 : Fontaine des Innocents (1er volet) : Les différents emplacements de la fontaine...

- 15 juillet 2022 : Fontaine des Innocents (2e volet) : parmi les nymphes de la fontaine, quelles sont celles qui ont été sculptées par Jean Goujon ?

- 26 novembre 2022 : Une réunion publique qui a permis d'en savoir plus sur le calendrier de restauration de la Fontaine des Innocents

- 30 décembre 2022 :  Les soubassements qui ornaient la fontaine des Innocents jusqu'en 1811



MMDCCXXVII : Sur les traces de l'église St Jean-en-Grève

 

Au musée Carnavalet, on peut voir ce tableau peint en 1800 par Hubert Robert qui représente la Démolition de l'église Saint-Jean-en-Grève.

Cela m'a donné envie de me pencher sur cette église oublié qui a longtemps participé à l'Histoire du Coeur de Paris.

On peut voir cette église sur le plan Turgot des années 1730. Elle était située juste à l'Est de l'Hôtel de Ville qui était beaucoup moins étendu que l'édifice actuel :

L'église apparaît aussi sur le plan dit de Bâle des années 1550 :

 Le plan De La Caille de 1714 présente en introduction une "skyline de Paris" où on peut voir cette église :

Voici un agrandissement. On voit que le clocher de Saint-Jean-en-Grève était un des plus hauts du Centre de Paris : 

Sur une gravue d'Isaac Silvestre (1621-1691), on peut se rendre compte de la hauteur des deux tours clochers qui surplombaient l'Hôtel de Ville


 Voici pour comparer une vue actuelle depuis le même endroit pour bien comprendre l'emplacement de cet église :

La gravure imprimée au XIXe siècle - donc après la destruction de l'église- montre l'aspect qu'elle devait avoir :

On peut se rendre compte des dimensions de l'église sur un plan Verniquet de 1790 en comparant avec l'église St Gervais St Protais qui était toute proche :

On se rend ainsi compte qu'elle était d'une assez grande dimension. L'église était reconnaissable au lanternon qui surmontait la tour clocher Nord :


La paroisse St Jean-en-Grève avait été crée en 1212 et l'église datait de 1325.  Un tableau d'Antoine Demachy représentant aussi la démolition de cet édifice permet d'observer la nef gothique :

 On ne possède pas de plan de cette église mais elle est représentée sur une carte de Paris dit "Plan de Lagrive" de 1728 :

L'église avait un choeur  principal et des chapelles latérales :

Au Nord, on voit un cloître. Cela est confirmé par le plan Verniquet qui date de 1791 et qui mentionne un "cloître Saint-Jean":

Autre détail intéressant -qui m'avait été appris par le regretté Raphaël Goebbel en 2008- l'église possédait un cimetière qui était situé à quelques centaines de mètres de là à l'emplacement de l'actuelle place Baudoyer :

La paroisse de l'église St Jean-en-Grève (coincée entre les églises Saint-Merry et Saint-Gervais-Saint-Protais) avait une curieuse forme en latte de parquet comme on le voit sur ce pan des Paroisses de 1781. Elle était très étroite mais s'étendait au Nord-Est au de-là des actuelles archives Nationales jusqu'au niveau de la rue Pastourelle.

 On trouvait dans cette église de nombreuses reliques. L'une des plus célèbres était l""hostie miraculeuse" qui en 1290 aurait échappé à la profanation qu'un juif du quartier aurait voulu perpétré et qui a conduit à la création de l'église des Billettes. Un exemple de l'antisémitisme médiéval (voir article du 4 novembre 2021).

 Parmi les personnages célèbres enterrés dans l'église, on peut remarquer le peintre Simon Vouet mort à Paris le 30 juin 1649. Simon Vouet habitait donc dans ce quartier. Rappelons qu'il a peint pour les décors de nombreuses églises du Centre de Paris. Par exemple le retable du choeur de Saint-Nicolas-des-Champs (voir article du 21 juillet 2022).

Il ne reste plus rien de l'église Saint-Jean-en-Grève. Cependant pour en garder la mémoire, la grande salle qui se trouve le long et qui sert souvent pour des expositions- le long de la rue de Lobau porte le nom de "salle Saint-Jean" :

Des expositions très intéressantes y étaient organisées dans le passé. Par exemple celle relative à Gustave Eiffel (voir article du 8 juillet 2009). La photo que j'avais prise à cette occasion donne une idée de l'aspect de la "Salle Saint-Jean" :

mardi 25 juin 2024

MMDCCXXVI : Les statues de l'Hôtel de Ville : Série sur les Villes de France (24e volet) : Rouen par Ernest-Eugène Chrétien

  

Voici le 24e épisode de la série consacrée aux statues des villes de France qui ornent la façade de l'Hôtel de Ville de Paris. Il concerne la statue de la ville de Rouen qui est la 2ème en partant de la gauche de la façade principale qui donne sur la place de l'Hôtel de Ville :

Cette statue représente Rouen (Seine Maritime). On l'identifie en regardant les armoieries qu'elle tien dans la main gauche :


 Voici la description officielle : "de gueules à l'agneau pascal d'argent à la tête contourné nimbée d'or portant un bannière d'argent chargée d'une croisette d'or, à la hampe du même, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or." L'agneau rappelle l'importance de la corporation des Drapiers au Moyen  Âge dans la capitale économique de la Normandie médiévale.

Dans la main droite, la statue tient des pommes :
Une évocation de la présence des pommiers et de la production de cidre en Normandie.

La statue est une oeuvre du sculpteur Ernest-Eugène Chrétien, né à Elbeuf (en Seine Maritime) le 14 juin 1840. Il est mort dans le 15e arrondissement de Paris le 12 juin 1909.

Une autre statue d'Esnest-Eugène Chrétien se trouvait dans le 4e arrondissement : "Le guerrier reforgeant son épée". Cette statue en bronze avait été érigée en 1883 sur le square de l'Alma et déplacée en 1925 dans l'actuel square Henri Galli. Elle a été fondue en 1942.


 


 

samedi 22 juin 2024

MMDCCXXV : Les façades de Paris Centre : une façade d'époque Louis-Philippe au 57 boulevard Beaumarchais

  

Au 57 Boulevard Beaumarchais (Paris 3e), on peut voir une très belle façade d'époque Louis-Philippe donc des années 1830/1840. On reconnaît ce style par son goût pour éclectisme et l'utilisation parfois assez chargée de décors d'inspiration médiévale ou Renaissance.

Ici le portail est particulièrement travaillé :


 Dans les étages, on peut voir aussi des décors qui ne manquent pas d'élégance :




mercredi 19 juin 2024

MMDCCXXIV : Les rues de Paris Centre : la Rue Pastourelle (Paris 3e)

  

La rue Pastourelle est une petite de 274m de long située dans le 3e arrondissement entre le 19 rue Charlot à l'Est et le 129 rue du Temple à l'Ouest. C'est une rue en grande partie préservée du Marais :

La rue Pastourelle ne faisait jusqu'en 1877 que 135m de long avant son annexion comme on le verra plus loin dans cet article de la rue située à l'Est.  C'est de cette partie plus court donc que la rue actuelle dont parle le Dictionnaire Administratif et Historique des rues de Paris de 1844 :

C'est cette rue qui apparaît sur le plan Turgot des années 1730 :


La rue apparaît aussi sur le plan de Bâle qui date des années 1530 :


Comme l'explique le Dictionnaire de 1844, cette rue était à proximité immédiate du Temple. Elle porte le nom de Pastourel du nom de Roger Pastourelle qui y possédait un maison en 1331, mais précédemment elle portait le nom de rue Croignet "qu'elle devait au mesureur de blé du Temple". Je suppose que cela veut dire que le mesureur de blé du Temple près de laquelle cette rue s'est construite avait le nom de Croignet. 

Le plan Braun qui représente Paris en 1530, avant la destruction de l'Enceinte de Philippe Auguste montre que la rue avant la construction de l'enceinte de Charles V vers 1380 était hors de Paris :

Comme la rue Portefoin -située juste au Nord de la rue Pastourelle-, à laquelle j'ai consacré un article paru le 1er juin 2023,  la rue Pastourelle faisait partie de la Censive du Temple :

La rue Pastourelle est donc très ancienne puisque dès le XIIe siècle elle s'est développée dans l'orbite de l'enceinte du Temple... au moins donc pour sa partie ouest.

Cependant, la partie Est de la rue est beaucoup plus récente : en 1877, la rue Pastourelle s'est étendue sur la rue d'Anjou qui était dans son prolongement. On voit les deux rues sur le plan Turgot des années 1730 : 

Cette rue d'Anjou ne doit pas être confondue avec l'actuelle rue d'Anjou (située dans le 8e arrondissement). Elle date elle du début du XVIIe siècle (soit 5 siècles après la rue Pastourelle) et son nom fait partie du projet de créer une place de France voulue par Henri IV :

J'ai déjà évoqué ce projet de place de France à propos de la rue de Normandie (voir article du 4 juillet 2018) :

Ce projet de place de France était grandiose :

L'assassinat d'Henri IV par Ravaillac le 14 mai 1610 a conduit à l'abandon de ce ce projet.

Quoi qu'il en soit, même si cela ne se voit pas l'actuelle rue Pastourelle qui n'a que 274m de long, correspond à deux moments de l'Histoire urbaine de Paris : la partie Ouest correspond à un noyau urbain initialement autonome de Paris qui s'est développé au XIIe siècle autour de l'enclos du Temple, la partie Est au projet de place de France voulu par Henri IV dans la première décennie du XVIIe siècle.

Depuis 2020, la rue Pastourelle marque la limite entre le quartier Temple-Enfants-Rouges au Nord, et le quartier Marais Archive au Sud.