La rue Montmartre est une très vieil axe parisien. On peut y admirer de très beaux immeubles très anciens. Tel est le cas de celui qui se trouve au 63 rue Montmartre à l'angle avec le 60 rue d'Argout (Paris 2e).
Cet immeuble possède une facade étroite sur la rue Montmartre avec seulement deux fenêtres :
Les ferronneries sont particulièrement élégantes :
sauf au 3e étage où elles sont beaucoup plus simples :
L'immeuble se prolonge avec une façade plus large sur la rue D'Argout :
L'entrée au niveau du 60 est particulièrement élégante :
On peut voir dans la partie supérieur un cartouche avec un motif floral :
Au dessus des portes, un imposte en fer forgé est lui aussi d'une grande élégance :
Le cadastre du début du XIXe siècle montre que cet immeuble existait déjà dans les mêmes proportions. A l'époque la rue d'Argout (qui porte le nom d'un homme politique du milieu du XIXe siècle [voir mon article du 23 septembre 2020]) s'appelait la rue des Vieux Augustins :
Voici un agrandissement de la partie qui montre l'immeuble d'angle. Il permet de localiser l'escalier qui se trouvait à l'époque au niveau de l'actuelle entrée sur la rue d'Argout :
Cet immeuble est inscrit dans la liste des constructions faisant l'objet d'une protection dans le PLU du 2e arrondissement :"Maison présentant une façade composée de deux travées sur la rue Montmartre, cinq sur la rue d'Argout et de trois étages carrés sur rez-de-chaussée. Angle abattu avec niche vide. Ferronneries du XVIIIe siècle aux deux premiers étages. Sur la rue d'Argout, petit portail surmonté d'un cartouche et d'un entablement curviligne recoupé. Fenêtres à entourage plat. Refends aux extrémités. Escalier carré à rampe de barreaux forgés. (édifice référencé in "Le quartier Montorgueil Saint-Denis", étude réalisée par A. Gady pour l'association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique, 1992)."
D'après le site Paristoric, cet immeuble a été construit "en 1746 pour Jean Cheveneau, juré contrôleur de la marchandise de foin".
Le musée Carnavalet possède un jeton qui montre qu'au 63 rue Montmartre au trouvait un "corroyeur" du nom de Bertrand (voir fiche suivante)
Cela m'a conduit à me demander à quoi correspondait le "corroyage". Il s'agissait d'une " Série d'opérations par lesquelles le cuir tanné est amené à l'état de cuir fini" (d'après le Larousse). Un corroyeur était donc un cordonnier.
Cependant, je pense qu'il s'agit de l'ancienne numérotation. Sur le plan cadastre du début du XIXes siècle, l'angle avec la rue des Vieux Augustins (actuelle rue d'Argout) porte au niveau de la rue Montmartre le numéro 71. Le numéro 63 était un peu plus au sud. Cela correspond puisque le jeton évoque un magasin dans la cour et on voit qu'au 63, il y avait bien une cour :
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