En lisant Les Mystères de Paris d'Eugène Sue, j'ai été particulièrement intéressé par les longs développements que le romancier fait à propos de la vie quotidienne dans la Prison de la Force qui se trouvait dans l'actuel 4e arrondissement. Or récemment, lors d'un repas, j'ai évoqué cette prison et on m'a demandé où se trouvait précisément cette prison. Voici donc la réponse.
La "Prison de la force" a été construite dans les années 1780 à l'emplacement de l'Hôtel de la Force. Cet hôtel avait été racheté par le gouvernement de Louis XVI pour faire une prison modèle. Voici sur un plan Turgot des années 1730, la zone qui a dû être utilisée pour construite la prison :
On se rend ainsi compte que cette prison jouxtait l'Hôtel Bouthillier de Chavigny dans lequel se trouve aujourd'hui la Caserne des Pompiers du 4e (voir mon article du 21 avril 2013)
On pouvait voir la façade de la prison de la Force depuis la rue Saint-Antoine :
Il fallait passer par une petite rue qui existait déjà sur le plan Turgot, la "Rue des balais" :Cette rue se trouvait approximativement à l'emplacement de la partie sud de l'actuelle rue Malher :
En remontant la rue Malher (qui a été percée depuis), on arrive sur la gauche à une intersection avec la rue du roi de Sicile. Au 2, on peut apercevoir une plaque à l'endroit indiqué ci-dessous :Voici le contenu de cette plaque :Il s'agissait de l'entrée de la "Grande Force", la prison principale.
Cependant, il existait aussi une "Petite force" qui avait été construite sur la rue Pavée afin d'installer une prison pour femmes:
On voit encore aujourd'hui un vestige du mur qui servait de limite entre la Petite force et l'Hôtel Lamoignon (où est installée aujord'hui la Bibliothèque historique de la Ville de Paris). C'est la photographie de ce mur qui ouvre cet article :
Une "pelle à tarte" explique en détail l'histoire de la prison de la force :Le périmètre de la prison de la force était donc relativement vaste comme on peut le voir sur ce plan cadastre du début du XIXe siècle :
Un plan signé Charles Picquet en 1814 montre encore mieux l'aspect de cette prison :
C'est dans cette "prison modèle" pour l'époque construite dans les années 1780 qu'ont eu lieu les Massacres de Septembre 1792. Une grande partie des prisonniers considérés comme des traitres alors que la Patrie était sur le point d'être envahie par les armées prussiennes et autrichiennes ont été massacrés après un procès très sommaire :
Parmi les victimes de cette vague de violences, Marie-Thérèse-Louise de Savoie Carignan, princesse de Lamballe depuis son mariage en 1767 avec Louis-Alexandre de Bourbon (dont elle était veuve depuis 1768). La surintendante de la Maison de la reine fût décapitée le 3 septembre 1792. Elle s'était évanouie en voyant un tas de cadavres. Son corps fut mutilé et sa tête promenée au bout d'un pique jusqu'au Temple où était emprisonnée Marie-Antoinette.Une triste époque pour laquelle personne n'a demandé de repentance
mais peut-être faut-il arrêter de se repentir de tous les massacres qui
ont eu lieu par la passé tant ils font partie de ce dont l'Humanité est
capable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire