La rue Feydeau est située dans le 2e arrondissement, au nord de la place de la Bourse, elle fait 252m de long et relie la rue Montmartre à la rue de Richelieu en suivant un tracé en courbe comme on le voit sur les photographies ci-dessous :
La parte Est (vue depuis la rue de Richelieu) :
la partie centrale en regardant vers l'Est:
l'extrémité Est (avec sur la gauche le n°24 auquel j'ai consacré l'article du 8 octobre 2021) :
Cette rue a joué un certain rôle dans mon histoire familiale. Sans y réfléchir, j'avais pensé jusqu'ici qu'elle rendait hommage au grand dramaturge Georges Feydeau qui a vécu de 1862 à 1921 mais mon attention a été attirée par le fait que certaines plaques montrent que cette voie avait déjà cette appellation au XVIIIe siècle : on peut voir les restes des plaques gravées à l'époque du lieutenant général de police René Hérault dans les années 1730 (même si on voit que l'orthographe a varié) :
Cette rue apparaît aussi sur le plan Turgot réalisé dans les années 1730 avec ce même nom bien longtemps avant l'existence de Georges Feydeau :
Or une famille Feydeau a joué un rôle important au XVIIe et au XVIIIe siècle avec notamment notamment Paul-Esprit Feydeau de Brou (1682-1767), intendant de la généralité de Paris de 1742 à 1744 et Claude-Henri Feydeau de Marville (1705-1787), lieutenant général de police de Paris de 1740 à 1747 auquel on doit une ordonnance du 10 octobre 1741 qui "défend aux pâtissiers, confiseurs et "autres gens qui font profession de sucre" d'utiliser des colorants chimiques et leur enjoint de n'employer que des substances naturelles à base de fruits et de plantes comestibles". (voir site de la Société Française d'Histoire de la Police).
Cependant, en approfondissant les recherches, je me suis rendu compte que ce nom est du à une autre branche de la famille : les Feydeau de Vaugien qui étaient installés dans le Finistère avec notamment Jean-Marie Feydeau de Vaugien (1732-1786), son père Louis-Charles Feydeau de Vaugien (1694-1755) mousquetaire puis lieutenant aux Gardes françaises, son grand-père Henry Charles Feydeau de Saint-Rémy (1647-1703). La mère de ce dernier Catherine Vivien (décédée vers 1658) était "Dame de la Grange Batelière" et le père de celle-ci Louis Vivien était seigneur de Saint-Marc et de la Grange Batelière.
Or la famille Vivien était elle aussi une influente famille parisienne (voir dans les archives un acte de la 2e moitié du XVIe siècle sur le site France Archives) qui possédait le fief de la Grange Batelière qui était situé au Nord de Paris au-delà de l'enceinte de Charles V et qui a donné son nom à une rue du 9e arrondissement : la "rue de la Grange Batelière".
On peut voir sur le plan de Bâle des années 1550 à quoi ressemblait cette "Grange Batelière et sa situation par rapport à l'enceinte de Charles V :Sur ce plan de 1860, j'ai représenté l'emplacement de l'enceinte de Charles V qui se voit encore avec le tracé des rues des Cléry et d'Aboukir (au Sud), la rue de la Grange Batelière (au Nord) et entre les deux la rue Feydeau :
Cette rue porte ce nom car au XVIIe siècle quand la rue a été percée, c'est la famille Feydeau qui était propriétaire de ce fief qui désormais faisait partie de Paris. Ce fief était entré depuis peu dans la famille Feydeau par le mariage célébré en en 1625 entre Catherine Vivien et Henry-Charles Feydeau de Saint-Rémy.
Cependant, la famille Vivien n'a pas été oubliée de la toponymie parisienne puisqu'elle a donné son nom à une autre voie de Paris Centre : la rue Vivienne qui est perpendiculaire... à la rue Feydeau.
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