vendredi 26 mars 2010

DCXXVII : Rue du Roi de Sicile, une rue dont le nom me plaît beaucoup. La preuve en images...

 

La rue du Roi de Sicile est une rue située à quelques centaines de mètres de chez moi. Elle est au nord de la rue de Rivoli qu'elle longe au Nord entre la rue Malher et la rue du Bourg Tibourg :

Le nom de cette rue m'a toujours interpelé. En effet, pendant mes études d'histoire, je me suis spécialisé dans l'étude du royaume de Sicile puisque j'ai fait un mémoire de maîtrise à propos du Liber de regno Sicilie du pseudo Hugo Falcandus et que par la suite j'ai commencé des recherches doctorales à propos de la façon dont les Lombards d'Italie du Sud se sont intégrés à l'aristrocratie du royaume de Sicile au cours du XIIe siècle.

Le royaume de Sicile a en effet été fondé en 1130 par le comte Roger II de Hauteville. Il comprenait non seulement l'île du même nom mais toute la partie méridionale de l'Italie avec notamment Naples. Je m'étais spécialisé dans le règne de son fils Guillaume II (roi de 1154 à 1166).

Le roi de Sicile dont il s'agit dans le 4e arrondissement est bien postérieur à cette époque. En effet, après que le dynastie allemande des Hohenstauffen a hérité du royaume de Sicile avec le règne admirable de Frédéric II, ce dernier a tant irrité la papauté que ses descendants ont été déchus du trône. Le roi de France Louis IX a réussi à ce que son frère cadet Charles d'Anjou soit désigné roi de Sicile. Après avoir vaincu le dernier descendant de Frédéric II, le roi Charles a réussi à s'imposer à Palerme à la tête du royaume de Sicile.

Ce succès a été de courte durée puisqu'en 1282 lors des "Vêpres Siciliennes" , presque tous les Français de Palerme ont été massacrés. Les Siciliens ont fait appel à un rejeton de la dynastie des Aragons qui pouvait se considérer comme le dernier successeur légitime de Frédéric II. De son côté Charles d'Anjou s'est réfugié à Naples d'où il a continué à diriger un royaume qu'il a continué à appeler le "royaume de Sicile". On lui doit la construction du château angevin de Naples : 

 
Le château angevin dans la baie de Naples

Ce n'est qu'en 1435 qu'Alphonse V le magnifique d'Aragon a réunifié les deux royaumes de Sicile (de Palerme et de Naples) en évinçant le dernier descendant de Charles d'Anjou. Alphonse V a été un des grands souverains de la Renaissance comme le montre ce triomphe à la romain de l'arc qui marque l'entrée du château angevin : 

Entrée triomphale à Naples de Ferdinand le magnifique

Le royaume de Sicile a encore connu des heures plus ou moins glorieuses puisque passé par héritage des mains des Aragons à celle des Habsbourg (grâce à Charles Quint) puis au mains des Bourbons (la succession par Philippe V d'Espagne), le royaume a connu une nouvelle heure de gloire avec le règne de Charles III de Bourbon 1734-1759 avant que celui-ci ne devienne roi d'Espagne à la mort de son demi-frère Ferdinand VI. 

Statue de Charles III  (roi de naples de 1734 à 1759 puis d'Espagne de 1759 à 1788) face au palais royal de Naples

 Charles III a été un administrateur remarquable dans l'esprit des Lumières et il a notamment fait construire le magnifique Palais de Caserte dans les environs de Naples.

Les jardins du Palais de Caserte (Campanie)

Après Charles III, le royaume de Sicile est passé entre les mains de son frère et de ses descendants. La dernière reine des Français, Marie-Amélie des Deux-Sicile faisaient partie de cette famille. Le royaume de Sicile a définitivement disparu en 1860 au moment de l'unité italienne. Cela sert de décor au magnifique roman de Lampedusa, Le Guépard magnifiquement transposé au cinéma par Visconti.

Toutes ces raisons (mes études, mon admiration pour Charles III et le Guépard) explique pourquoi j'apprécie tout particulièrement la "rue du roi de Sicile".

Elle porte ce nom car Charles d'Anjou y avait fait construire son Hôtel au XIIIe siècle (avant qu'il ne parte pour l'Italie du Sud et la Sicile). Cela fait longtemps que cet édifice a disparu mais il semble qu'il était situé dans la partie la plus à l'Est de l'actuelle rue à l'endroit où par la suite se trouvait la prison de la Force.

P.S. J'ai publié un article beaucoup plus complet à propos de la rue du roi de Sicile le 19 novembre 2022


 

 

 

 


 

mercredi 24 mars 2010

DCXXV : Saule pleureur de la pointe de l'Île de la Cité... le retour

 

Voici de nouvelles photographies exclusives pour l'Indépendant du 4e. Le saule pleureur, qui a été tronçonné au début de l'été 2009 (ce dont j'ai parlé abondamment l'an dernier), vient d'être remplacé.

 Le saule pleureur est originaire de Chine où il est appelé chu liu (垂柳).  Il est arrivée en Europe au XVIIe siècle. On pensait qu'il s'agissait d'arbres qui décoraient les jardins de Sémiramis à Babylone c'est pourquoi Linnée leur a donné le nom latin de  Salix Babylonica. Ils font une douzaine de mètres de haut

Voici pour mémoire un récapitulatif de ce qui été arrivé au précédent saule pleureur centenaire :

I) Le  majestueux saule pleureur centenaire de la pointe Est de l'ïle de la Cité jusqu'en juin 2009 :

 A la pointe Est de l'ïle de la Cité, on trouvait dans le square de l'île de France ce magnifique saule pleureur:

Le panneau qui décrivait le jardin de "l'Ile-de-de France" précisait que ce "saule pleureur mélancolique" était "dédié aux victimes du nazisme" :

II) L'abattage du saule pleureur les 29/30 juin 2009 :

Fin juin 2009, cet arbre a disparu :

Le 30 juin au matin, les services de la ville achevaient de tronçonner l'arbre :

Ce pauvre saule pleureur avait eu la mauvaise idée de perdre une branche maîtresse qui  était tombée dans la Seine le 29 juin  : 

Lors du conseil d'arrondissement qui s'était tenu le soir même, le 29 juin, face à l'émotion d'un membre du public qui demandait que cet arbre soit préservé, la maire du 4e arrondissement, Dominique Bertinotti, avait répondu qu'elle suivrait le dossier mais finalement le lendemain l'arbre a donc été achevé à la tronçonneuse.

 III) Un tronc d'arbre pourri paraît-il.  La communication de la Ville pendant l'été 2019

Pendant l'été la maire du 4e,  a donné des précisions sur son blog : "le pleureur qui était à la pointe de l'île de la Cité a été abattu le 29 juin juste après la perte d'une branche", "la pourriture du tronc était telle qu'aucune mesure de sauvegarde du saule n'a pu être envisagée" (voir l'article qu'elle a intitulé "La sécurité des personnes avant tout").

Or, le mardi 30 juin 2009 : les services de la Ville avaient mis sur le  muret des tranches du tronc de cet arbre qui venait d'être abattu :


On voit l'état de pourrissement avancé du tronc ! J'espère que les agents de la Ville de Paris n'ont pas égaré ces pièces à conviction. Je suppose que la pourriture dont était atteint le saule pleureur est un micro-parasite invisible à l'oeil nu !!! 

Je me permets de me demander si la maire ne se trompe pas en affirmant que le tronc était pourri... Quand on veut se débarasser de son chien ne l'accuse-t-on pas d'avoir la rage ? 

Enfin pour finir, la maire nous assure qu'elle a pris en compte "la sécurité des passants"... Faut-il rappeler à la maire qui pourtant n'habite pas très loin, que cet arbre était situé derrière une grille et que dans le parc un muret et un grillage empêchaient les visiteurs d'approcher cet arbre : 


 Par la suite, sur place, les services de la Ville en ont remis une couche au début du mois d'août avec la présence de cette affiche informative sur la grille derrière laquelle se trouvait le saule pleureur de la pointe de l'Île de la Cité. "Nous avons du abattre cet arbre malade".:

L'affiche ne précise pas la terrible maladie dont souffrait cet arbre.  Comme mes parents possèdent un saule pleureur dans leur jardin, j'espère que nous aurons un jour la réponse... Il est vrai que pour éviter sa croissance anarchique, chaque hiver mon père élague ses branches. Je ne suis pas sûr que le saule pleureur de l'Île de la Cité avait connu (depuis plusieurs années) un tel entretien de celles qui se plongeaient vers la Seine. Cela aurait certainement évité leur chute de branches!!! 

 IV) Le retour d'un petit saule pleureur en ce mois de mars 2010.

On se rend compte que finalement le saule pleureur "remplaçant" n'a pas été planté à l'automne comme cela annoncé mais qu'il a fallu attendre le printemps suivant... Ce qu'aurait conseillé de toute façon tout bon jardinier !

 En ce mois de mars 2010, ce petit saule pleureur n'a pas du tout l'allure de l'ancien mais il faut lui souhaiter longue vie !


samedi 13 mars 2010

DCXV : Statues de l'Hôtel de Ville (56e volet) : D'Alembert par Auguste Rodin.

 

Voici le 56e volet de la série consacrée aux statues de l'Hôtel de ville. Elle concerne une oeuvre que j'ai prise en photo avant qu'elle ne soit placée derrière un horrible grillage. Elle se situe au 2e niveau dans la partie la plus à gauche de la façade qui donne place de l’Hôtel de Ville.

Jean Le Rond dit d'Alembert est né à Paris le 16 novembre 1717. Il est le fils naturel du chevalier des Touches et de Mme de Tencin qui l'abandonna sur les marches de l'église Saint-Jean-le-Rond (une église aujourd'hui détruite qui était accolée à la nef de la cathédrale Notre-Dame, donc dans le 4e arrondissement).

Géomètre et mathématicien, il entra à l'Académie de science de Paris à l'âge de 23 ans puis à celle de Berlin à 28 ans. Les despotes "éclairés" du XVIIIe siècle, Frédéric II de Prusse puis Catherine II de Russie souhaitaient qu'il entrât à leur service.

D'Alembert est resté célèbre pour les écoliers car c'est avec Diderot qu'il dirigea de 1751 à 1772 la publication de l'Encyclopédie dont le but était de réunir tous les savoirs de son époque et de diffuser les idées des Lumières. Il était un ami proche de Voltaire.

En 1754, D'Alembert fut élu membre de l'Académie française au fauteuil N°25. En 1772, il devint secrétaire perpétuel de l'Académie française. D'Alembert est mort le 29 octobre 1783.

Depuis un décret de décembre 1864, D'Alembert a donné son nom à une rue située dans le 14e arrondissement.

 La statue est elle-même intéressante car c'est une œuvre d'Auguste RODIN qui en reçu commande en 1880. La statue a été sculptée en 1882. Auguste Rodin est né le 12 novembre 1840 à Paris et mort le 17 novembre 1917 à Meudon.

mercredi 3 mars 2010

DCVII : Visite d'Etat de Dimitri Medvedev : Bertrand Delanoë salue les progrès de la liberté de la presse en Russie...


Lors de toute visite d'Etat, le passage par l'Hôtel de ville fait partie du parcours incontournable de l'hôte de la France. Je n'avais jamais jusqu'ici participé à ce genre de cérémonie. Or, hier, je faisais partie du public invité pour la cérémonie de réception qui se tenait dans la salle des fêtes de l'Hôtel de ville à l'occasion de la visite d'Etat du président russe Dimitri Medvedev.

L'attente a été longue puisque les "officiels" n'ont fait leur apparition que vers midi alors qu'ils avaient été annoncés pour 11h. Dans le public des invités, j'ai eu le plaisir de reconnaître la secrétaire perpétuelle de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse, russologue éminente que j'ai souvent croisée quand j'était étudiant à sce po. J'ai aussi reconnu Alexandre Adler, spécialiste des relations internationales que je rencontre souvent dans mon quartier.

Un peu après midi, M. Medvedev, Bertrand Delanoë ainsi que la ministre de l'économie Christine Lagarde (qui de plus est conseillère de Paris) accompagnés d'autres élus de la Ville ont traversé la Salle des fêtes. Nous avons pu ensuite entendre les hymnes. Il est fort surprenant d'entendre celui de la Russie qui rappelle tant celui de l'Union Soviétique.

Les discours de Bertrand Delanoë et de Dimitri Medevedev ont été relativement brefs puisque ils ont duré un petit quart d'heure. L'un comme l'autre ont évoqué l'importance des liens historiques et culturels entre Paris et la Russie. Le président russe a notamment évoqué l'émotion qu'il avait ressentie lors de sa première visite de la ville il y a 15 ans.

 Après les poncifs (bien sûr inévitables) concernant l'amitié franco-russe, le maire de Paris nous a cependant crédité d'un vrai scoop...Il a organisé son discours autour de trois idées : la Réforme, la Paix et la Liberté. Bertrand Delanoë a fini par un hommage aux progrès qu'il a affirmé avoir observé en matière de liberté de la presse en Russie grâce à Dimitri Medevedev.... 

Bertrand Delanoë rendant hommage aux progrès de la liberté de la presse en Russie

Soit la liberté de la presse a effectivement connu une amélioration et il faut effectivement s'en réjouir. Soit ce n'est pas le cas : certains affirment que la diplomatie impose des figures de style. On serait cependant fort surpris que M. Delanoë qui passe son temps à donner des leçons en matière de droit de l'Homme et de bons sentiments socialistes se soit laisser aller sans raisons à de tels propos. Il aurait tout simplement pu taire le sujet. Il faut donc penser que les journalistes et les blogueurs russes connaissent un réel mieux grâce au président actuel... Je me demande quand même si des équivalents de l'Indépendant du 4e sont possibles en Russie !

Cette cérémonie a eu un dernier intérêt  : les petits fours et le champagne qui ont suivi les discours mais bien sûr je n'étais pas venu pour ça.

Enfin pour finir, une photo que j'aime faire lors de chaque visite d'Etat : les drapeaux du pays hautes sur l'Hôtel de Ville. Comme le drapeau russe est en blanc,bleu, rouge (avec des bandes horizontales), il est comme le drapeau français aux couleurs de Paris ce qui donne un ensemble assez harmonieux : 


 

mardi 2 mars 2010

DCVI : La nef de Paris (1er épisode) : le bâtiment administratif place de l'Hôtel de Ville

  

Je commence une nouvelle série consacrée à la nef de Paris que l'on peut voir dans de nombreux lieux du 4e arrondissement. Ici entre les deux anges, on peut voir la version adoptée à la fin du XIXe siècle (qui reprend l'aspect d'une nef médiévale). On peur la voir dans dans la partie supérieur de la façade du bâtiment administratif situé dans la partie Nord Ouest de la place de l'Hôtel de Ville.

 J'aurai l'occasion de montrer que cette représentation a beaucoup évolué au cours du temps.