vendredi 30 septembre 2016

MDCCLXVIII : La Guillotine est passée à plusieurs reprises dans le 4e arrondissement de 1792 à 1832... à différents endroits

 


En lisant cet été, Les Mystères de Paris d'Eugène Sue, mon attention a été attirée par une note en bas de page (page 1146 de l'édition Quarto Gallimard) à propos de la localisation de la Guillotine.

En effet, la plupart des amateurs d'Histoire sont habitués à l'image de la guillotine dressée sur l'actuelle place de la Concorde puisque c'est à cet endroit que Louis XVI puis Marie-Antoinette ont été exécutés en 1793.

Je ne savais pas que la guillotine avait été "inaugurée" place de l'Hôtel de Ville avec une 1ère utilisation le 25 avril 1792 pour la décapitation de Jacques Nicolas Pelletier, un criminel qui avait été arrêté en 1791 pour avoir violemment attaqué à coups de couteau un passant pour le voler.

La guillotine est restée place de l'Hôtel de Ville jusqu'au 21 août 1792. Après avoir erré entre la place du Carrousel et l'actuelle place de la Concorde, elle est revenue brièvement à la limite du 4e arrondissement du 9 juin 1794, elle a été installée place de la Bastille jusqu'au 27 juillet 1794  Le poète André Chénier, guillotiné le 25 juillet 1794 semble faire partie de ceux qui ont été exécutés à cet endroit. Après cette date, à laquelle est repartie place de la Concorde.

De novembre 1794 à mai 1795, la guillotine était revenue place de l'Hôtel de Ville. En effet, c'est à cet endroit qu'ont été guillotinés Jean-Baptiste Carrier le responsable des massacres et des noyades de Nantes (le 16 décembre 1794) puis Antoine Fouquier-Tinville l'impitoyable procureur du tribunal révolutionnaire (le 7 mai 1795).

Après la Révolution, la guillotine est restée place de l'Hôtel de Ville jusqu'en 1832, date à laquelle elle a été déplacée  à la barrière Saint-Jacques (actuelle place Saint-Jacques dans le 14e arrondissement). Le "rasoir national" a par la suite connu plusieurs localisations mais n'est jamais repassé par le 4e arrondissement.

La dernière exécution publique a eu lieu en France à Versailles le 17 juin 1939 pour la mise à mort du séducteur Eugène Weidmann. Une foule en grande partie composée de femmes assistait au spectacle. Pour mieux voir la scène, les journalistes s'étaient hissés dans des arbres. Certains avaient apporté du champagne pour fêter l'occasion !  Ecoeuré  par ce voyeurisme (qui donne certainement une idée de l'ambiance qui devait exister pour certaines exécutions plus ancienne), le président du Conseil de l'époque Edouard Daladier demanda que la guillotine soit désormais utilisée dans une cour de prison.

Le dernier guillotiné s'appelait Hamida Djandoubi. Il a été exécuté le 9 septembre 1977 à la prison des Baumettes à Marseille. 

La peine de mort a été abolie le 9 octobre 1981.

mardi 27 septembre 2016

MDCCLXVII : Les façades d'immeuble de Paris Centre : Au 12 rue de Rivoli, un souvenir du bombardement du 12 avril 1918

  

Voici un article propos d'une plaque d'immeuble que l'on peut voir sur l'immeuble situé 12 rue de Rivoli.

On pourrait penser qu'il s'agit d'une évocation d'un bombardement par la "Grosse Bertha", le canon placé par les Allemands au Nord de Paris au cours du printemps 1918. Or, pour un sujet en relation avec Londres pendant la 1ère Guerre mondiale que j'ai préparé pour mes élèves, j'ai découvert que la capitale britannique avait elle  subi plusieurs bombardements aériens pendant la 1ère Guerre mondiale. On était bien sur loin du Blitz de 1940/1941 mais Londres a subi de nombreux dommages causés d'abord par des Zeppelins, puis par des bombardiers de plus en plus puissants : les Gothas G-V mis au point au cours de l'année 1917.

la plaque située au 12 rue de Rivoli ne mentionnait pas des tirs de canons mais des "torpilles". Une petite recherche m'a alors fait comprendre qu'il s'agissait là aussi d'un bombardement aérien dû à des Gothas G-V. J'ai trouvé à ce sujet un article très bien fait sur le site ClippCity "Le 12 rue de Rivoli, pulvérisé par une bombe".

On y apprend que le bombardement a eu lieu dans la nuit du 12 au 13 avril 1918. Le Journal Le Figaro du 13 n'a cependant pas mentionné le lieu du sinistre :  "La consigne très sage étant de ne donner en dehors des communiqués, aucun renseignement sur les points de chute, le nombre des bombes ou leurs effets, nous nous bornons à ces communiqués et nos lecteurs, nous le savons, approuveront notre réserve". 

Voici une photographie qui montre l'aspect du 12 rue de Rivoli après le bombardement :

J'ai aussi trouvé un article très intéressant sur le site de photo Vergue.com. On peut y voir une photographie de ce que nous appelons aujourd'hui le "terre-plein Saint-Paul" : on peut observer une vespasienne complètement éventrée mais aussi les effets du bombardement sur l'immeuble situé à la pointe Rivoli/rue François Miron et que le 12 rue de Rivoli n'était pas le seul immeuble à avoir été impacté :

 
On y apprend aussi que ce sont deux Gothas G-V qui avaient réussi à franchir les lignes aériennes françaises en fin de soirée et qui étaient passés sur le 4e arrondissement vers 10h10 du soir.

Cela m'a permis de trouver sur un 3e site une page qui détaille très précisément l'intervention des pompiers sur le site de la Brigade de Sapeurs-pompiers de Paris. On y découvre que le bombardement a précisément eu lieu à 10h19 et une mine d'informations sur le déroulement des opérations de secours.

Le bilan de ce bombardement a été très lourd (27 morts et 72 blessés) car une des bombes avait éventré une conduite de gaz. Toujours d'après le site de la Brigade de sapeurs-Pompiers, 1 233 personnes ont été blessées par des bombardements allemands sur Paris entre 1914 et 1918 et 522 en sont mortes.

Cela nous rappelle combien les bombardements sont particulièrement affreux pour les civils. On ne peut bien sûr qu'avoir une pensée pour les Syriens qui subissent une telle situation depuis plusieurs années.

Lire aussi les articles

- du 11 novembre 1919 sur le bombardement du  29 mars 1918 sur l'église Saint-Gervais-Saint-Protais (Paris 4e).

 - du 11 novembre 2020 sur les effets du bombardement du 30 janvier 1918 rue de Choiseul (Paris2e)


 

 

vendredi 16 septembre 2016

MDCCLXI : La fontaine de l'impasse de la Poissonnerie

  Il existe certains lieux insolites du 4e arrondissement devant lesquels à chaque fois que je passe devant, je me dis qu'il faut que je fasse un article tant ils ont de charme. Tel est le cas de la fontaine de l'impasse de la poissonnerie qui est située dans le dédale pas très passant situé entre la rue de Jarente et la rue des Francs Bourgeois.

Cette fontaine date de 1783 (l'époque où l'ensemble de ce secteur a été loti pendant le début du règne de Louis XVI. Cette fontaine située dans une impasse qui correspond à un prolongement de la rue Necker (voir mon article du 7 août 2012) est dans le goût néo-classique qui n'est pas sans rappeler les œuvres de Claude-Nicolas  Ledoux avec pilastres doriques et une table rectangulaire représentant un faisceau entouré de feuilles de chênes le tout étant encadré par deux dauphins et deux cornes d'abondance :

Dans le fronton, une urne déverse de l'eau gelée :

L'eau s'écoule par dans la partie basse de la fontaine par la bouche d'un mascaron :

Cette fontaine n'a cependant été alimentée en eau que vers 1812 grâce à l'adduction des eaux du canal de l'Ourcq.

A lire : Danielle CHADYCH, Le Marais, Parigramme, page 425 (où on peut voir une aquarelle de 1913 montrant cette fontaine)

- l'article écrit sur le blog rival et ami de l'Indépendant du 4e, Vivre le Marais, "La fontaine cachée de l'impasse de la poissonnerie" par Dominique FEUTRY, 9 juillet 2014.