lundi 29 août 2022

MMCDLXXI : Une (autre) vue du Port Saint-Paul au XVIIIe siècle

 

Au musée Nissim de Camondo, mon attention a été attirée par cette vue de Paris au XVIIIe siècle.A gauche, on voit la partie Nord-Est de l'ïle Saint-Louis, au centre le Pont Paris et à droite, la rive droite à la hauteur de ce qui formait à l'époque le port Saint-Paul.

Voici l'espace auquel cela correspond sur le plan Turgot des années 1730 :

Voici l'espace où l'artiste (je ne sais pas s'il s'agit de Nicolas-Jean-Baptiste Raguenet à qui l'on doit de nombreuses vues de Paris) s'est placé et l'angle de vue : 

Cela permet de préciser ce que l'on voit dans la partie droite du tableau :

En ce qui concerne le Pont Marie, on remarque que seule la partie Nord du Pont était surmontée de maisons (voir article du 7 mai 2008). Quant à la rue des Barrés (à ne pas confondre avec la rue des Barres), elle correspond à l'actuelle rue de l'Avé Maria en relation avec un ordre monastique installé à cet endroit (voir article du 20 septembre 2021). J'ai consacré un précédent article à une vue du port Saint-Paul sous un autre angle (article du 13 mars 2022) ;

vendredi 26 août 2022

MMCDLXX : Les statues du Louvre : Série Les personnages (1er volet) : La Fontaine par Jean-Louis Jaley

 

Alors que j'ai presque fini la série consacrée aux personnages représentés sur les façades de l'Hôtel de Ville, j'ai décidé d'en commencer une nouvelle relative à ceux représentés dans la cour du Louvre quelques centaines de mètres plus à l'Ouest. L'intérêt est que contrairement aux personnages de l'Hôtel de Ville ils ne sont pas tous Parisiens (mais on en retrouve certains) et qu'ils ont été fait à peu près 20 ans plus tôt dans les années 1860 (alors qu'à l'Hôtel de Ville, les statues datent des années 1880). On trouve plus de personnages à l'Hôtel de Ville (117) qu'au Louvre (86).

J'ai décidé de commencer par la partie la plus au Nord de la Cour, dans la partie en retour de l'aile Turgot :

On y trouve huit statues et cet article concerne celle située tout à gauche :

Cette statue représente Jean de La Fontaine :

Pour chaque personnage, il est facile de l'identifier puisque le nom apparaît juste sur le socle :

Il est autrement difficile d'identifier le fabuliste Jean de La Fontaine né à Château-Thierry le 8 juillet 1621 et mort le 13 avril 1695 à Paris. Il est juste représenté par des livres et on ne voit apparaître les animaux d'aucune fable. Il n'a pas un air particulièrement intelligent :

L'auteur de cette statue assez peu inspiré est Jean-Louis Jaley né à Paris le 27 janvier 1802 et mort à Neuilly-sur-Seine le 30 mai 1866.

On lui doit de nombreuses statues par exemple dans Paris Centre, sur la façade du palais de Justice : la Force et l'Equité (1859).


mardi 23 août 2022

MMCDLXIX : Les fontaines de Paris Centre : La fontaine de la Croix du Tahoir

  

Comme j'ai consacré plusieurs articles à la fontaine des Innocents, il m'a paru intéressant de publier celui-ci à propos de celle de la Croix du Tahoir qui est située à quelques centaines de mètres plus au Sud et à l'Ouest (à l'angle de la rue Saint-Honoré et de la rue de l'Arbre Sec). En effet, sa disposition en angle donne un aperçu de ce que pouvait être la la fontaine des Innocents avant sa reconfiguration à la fin du XVIIIe siècle (voir article du

Une fontaine a été installée à cet endroit sous François Ier cela est indiqué sur une petite plaque :


 Elle est située dans l'angle côté rue Saint-Honoré :

Il est aussi indiqué que la fontaine a été remodelée en 1775 pendant la 1ère année du règne de Louis XVI : cela est indiqué -en latin- sur la place qui donne sur la rue de l'Arbre sec:

L'architecte qui a refait la fontaine est donc Soufflot auquel on doit notamment aussi le Panthéon. Les décors sculptés sont de Louis-Simon Boizot né à Paris le 9 octobre 1743 et mort à Paris le 10 mars 1809. On lui doit donc cette nymphe qui n'est pas sans rappeler celles de Jean Goujon et d'Augustin Pajou à la fontaine des Innocents (voir mon article du 15 juillet 2022) :

On doit peut-être aussi le décor de la partie principale de la fontaine avec le tuyau d'où sort l'eau et une petite vasque. Ce n'est pas de mon point de vue la partie la plus réussie :

La fontaine de la Croix du Tahoir était situé à un carrefour qui jouait un rôle important dans l'urbanisme de Paris avant le percement de la rue de Rivoli. Elle était en effet dans l'axe de la porte Saint-Honoré qui était une des entrée principales de Paris sur la rive droite en venant de l'Ouest. On s'en rend compte sur le plan de Bâle des années 1550 :

Cette croix était située à l'intersection avec la rue de l'Arbre Sec qui permettait de rejoindre la Seine. La rue de l'Arbre sec portant ce nom car on trouvait à la Croix du Tahoir un gibet où était exécutés les condamnés à mort.

On aperçoit la croix où les suppliciés pouvaient faire une dernière prière sur le plan Turgot des années 1730 : 

Parmi les suppliciés sur cette place, les faux-monnayeurs (la Monnaie de Paris n'était pas très loin [voir article du 8 janvier 2021).

 

samedi 20 août 2022

MMCDLXVIII : Les statues de l'Hôtel de Ville : Série sur les villes de France (2e volet) : Reims par Lucien Pallez

  

Voici le 2e volet de la série consacrée aux statues des villes de France représentées sur la façade de l'Hôtel de Ville. Côté rue Lobau, dans la partie centale, la 2e statue en partant de la droite (donc juste à gauche de la statue représentant Lille [Voir article du  18 juillet 2022)] on peut voir la statue représentant la ville de Reims :

La statue tient ce qui ressemble à un écu dans la main droite:

mais il est tourné de telle façon que les armoiries sont impossibles à voir :


 Par contre, elle tient dans la main gauche un objet très reconnaissable : une bouteille de champagne :

Cette statue est une oeuvre de  Lucien Lamesfeld, de son nom d'artiste Lucien Pallez  est né à Paris (ancien 9e arrondissement) le 22 mai 1853 et mort à Paris 14e  le 3 octobre 1933.

mercredi 17 août 2022

MMCDLXVII : Une exposition autour de Molière, personnage le plus célèbre de Paris Centre. Un article avec vingt photos pour vous convaincre d'aller faire un tour à Moulins avant le 5 novembre !

 

Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière sous son nom de plume et de scène, est certainement le personnage le plus célèbre de toute l'Histoire de Paris Centre. Son nom sert à désigner la langue française. Il est né dans Paris Centre il y a eu 400 ans cette année. Je renvoie à mon article du 10 juin 2020 à propos de son lieu de naissance au 96 rue Saint-Honoré le 15 janvier 1622.

De plus, alors que Molière a beaucoup voyagé au cours de sa carrière, il est aussi mort dans Paris Centre, le 17 février 1673 après une représentation du Malade imaginaire à son domicile rue Richelieu. Paris Centre est donc directement concerné par le 400e anniversaire de sa naissance et le 350e anniversaire de sa mort.

Je n'ai pas l'habitude de consacrer des articles à des lieux situés hors du Centre de Paris mais c'est à ce titre que j'ai décidé de publier celui-ci à propos d'une exposition qui se tient à 300Km de Paris, à Moulins, la préfecture de l'Allier. 

En effet, le Centre National des Costumes de Scène (CNCS) présente  jusqu'au 6 novembre une exposition que j'ai vraiment trouvé passionnante avec pour thème "Molière en costumes". Je ne suis pas habituellement un grand amateur des musées ou des expositions consacrées aux vêtements mais j'ai vraiment été enthousiasmé par cet exposition pour plusieurs raisons :

1°) La scénographie de l'exposition est vraiment admirable. Les costumes se répondent les uns aux autres dans un impressionnant foisonnement, le tout dans une ambiance qui reste sombre avec des fonds noirs.

2°) L'exposition permet de se replonger dans les nombreuses pièces de Molière plus ou moins connues en les regroupant autour de thèmes organisés de manière vraiment très intéressantes (Les relations pères/filles, Le ridicule de la bourgeoisie, Les maîtres et les Serviteurs, Les Médecins et les Malades, La Jalousie et l'infidèlité...). Cela permet de créer des liens entre les différentes oeuvres de Molière.

3°) On retrouve certains costumes qui ont été portés par des monstres sacrés du théâtre comme Louis Jouvet ou Michel Bouquet. Certains de ces costumes font partie de l'imaginaire que l'on garde de l'étude des pièces dans les petits ouvrages illustrés que l'on étudie en classe quand on est adolescent.

4°) Cette exposition est bien sûr un hommage au costumier et à leur travail. On voit qu'à différentes époques, la façon de représenter les personnages de Molière a sensiblement changé -avec en outre certains créateurs qui ont volontairement eu une approche originale-.

5°) Certains costumes proviennent de prestigieuses collections comme celle qui appartenait à Pierre Bergé.

6°) Dans plusieurs salles, des écrans permettent de retrouver des photographies et surtout des vidéos avec des extraits des pièces. Cela permet de replacer les costumes dans leur contexte et d'avoir le plaisir de réentendre des tirades de Molière entrées dans la postérité, interprétés par des acteurs merveilleux.

Voici tout d'abord cinq exemples des scénographies autour de cinq thèmes différents :

Thème 1 : Religion et Libertinage

Thème 2 : Bourgeois et Ridicules

Thème 3 : Jaloux et Infidèles


Thème 4 : Molière en Scène

Thème 5 : De l'Antiquité


 

Voici ensuite une sélection de 13 des costumes présentés :

1. Costume d'Harpagon porté par Jean Vilar dans L'Avare en 1952

2. Costume de Clitandre porté Francis Huster dans le Misanthrope en 1975

3. Costume de Don Juan porté par Louis Jouvet dans Don Juan ou le Festin de Pierre en 1947

4. Costume de Tartuffe pour Michel Fau dans la pièce Le Tartuffe en 2017, costume par Christian Lacroix   

5. Costume de Léonor porté par Jeanne Braye dans L'Ecole des Maris, 2007

6. Costume de Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois Gentilhomme, 1898 (mon costume préféré).

7. Costume de Mascarille pour Les Précieuses Ridicules, 1999

8. Costume de Georgette pour L'Ecole des Femmes (1999)

9. Costume d'Argan interprété par Michel Bouquet dans Le Malade Imaginaire (2008)

10. Costume de Dorimène dans Le Mariage forcé (1999)

11. Costume de Don Juan porté par Louis Jouvet dans Don Juan ou le Festin de Pierre (1947)

12. Costume d'Elmire dans Le Tartuffe (2017)


13. Costume d'Alcmène dans Amphithryon (2002)

A voir absolument  donc !





dimanche 14 août 2022

MMCDLXVI : Quand la rue Montmartre avait des airs de Petite Venise

J'ai déjà consacré de nombreux articles aux immeubles de la rue Montmartre. Dans un article paru le 24 janvier 2022 j'ai expliqué comment progressivement elle s'est allongée avec le déplacement vers le Nord et l'Ouest de la Porte Montmartre.

 Elle traverse les 1er et 2e arrondissement depuis l'église Saint-Eustache jusqu'aux Grands Boulevards sur une  distance de 939m.

Cette rue est intéressante car dès le XVIIIe siècle sur le plan Turgot des années 1730 on se rend compte qu'elle avait deux caractéristiques : elle était relativement large tout en ayant un parcours assez sinueux surtout dans son extrémité nord :

On se rend ainsi compte que contrairement à de nombreux autres rues qui ont cette largeur, il ne s'agit pas d'une percée haussmannienne du XIXe siècle.

On peut s'en convaincre sur place à la hauteur du 127 où se situe un petit café appelé "La petite bourse" : du côté pair comme du côté impair, certains immeubles sont anciens et semblent dater d'avant le XIXe siècle. 

De plus la photographie montre bien qu'en regardant vers le Nord, la rue a une forme vraiment en courbe.

Or, il est possible decomprendre à quoi correspond cette partie de la rue en regardant un plan de 1615 (plan dit Mérian) :

La partie Nord de la rue est comprise entre l'ancienne porte de l'enceinte de Charles V et la porte de l'enceinte bastillonnée construite au  milieu du XVIe siècle. On voit que cette partie de la rue ressemblait alors à une petite Venise avec des ponts raccordant les rues situées de part et d'autre :

Cette partie de la rue s'appelait "Faubourg Montmartre" mais elle a été intégrée à la rue Montmartre (son actuelle partie Nord) quand les enceintes ont été supprimées et que la limite de Paris a été déplacée jusqu'à ce qui correspond aux Grands Boulevards (Le début du Faubourg Montmartre a été repoussé vers le Nord dans ce qui correspond aujourd'hui au 9e arrondissement).

En regardant un plan de Bâle qui date du milieu du XVIe siècle, on peut encore remonter dans le temps et voir l'aspect de ce qui correspond à cette partie de la rue aujourd'hui. On voit qu'au délà de la porte Montmartre de l'enceinte de Charles V (située comme cela a été évoqué dans l'article du 24 janvier 2022) au niveau du carrefour avec la rue de Cléry et jusqu'aux actuels Grands Boulevards, on trouvait un véritable ruisseau :


Je me suis rendu compte de l'existence de ce rue ancien en lisant la partie géologique de l'ouvrage consacré aux fouilles du Louvre dans les années 1980 (voir article du 22 janvier 2022). En effet, on y évoque un ruisseau qui coulait depuis la butte Montmartre et allait se jeter dans la Seine un peu à l'Est du Louvre :

C'est le long de ce ruisseau dont le cours a varié que s'est construite la rue Montmartre qui était un axe important puisqu'il permettait d'aller vers la colline de Montmartre le plus haut point de Paris.

Cela explique la sinuosité de la rue Montmartre et encore plus au nord du Faubourg Montmartre entre les Grands Boulevards et la place Kossuth.

Cela explique aussi la largeur de la rue entre la rue d'Aboukir et les Grands Boulevards puisque, initialement au milieu de la chaussée on trouvait un ruisseau.