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samedi 3 février 2024

MMDCLXXIV : Les anges de Paris Centre : l'ange de la Victoire de la fontaine du Palmier

 

Voici un nouvel épisode de la série consacrée aux anges de Paris Centre. Il s'agit de l'ange de la Victoire que l'on peut voir dans une des quatre cours du musée Carnavalet :

Cette sculpture est la version originale de la statue qui domine la fontaine du Palmier place du Châtelet (voir mon article du 30 janvier 2023) :

La copie a été mise en place en haut de la colonne en 1900 et l'oeuvre originale installée au Musée Carnavalet en 1901. Cela permet de voir de près cette oeuvre de Simon-Louis Boizot (né à Paris le 9 octobre 1743 et mort le 10 mars 1809 à Paris. La statue en bronze date de 1806/1808. Elle fait 2,90m de haut. L'intérêt de l'avoir déposé dans à cet endroit est qu'on peut l'admirer de près :


 

On doit aussi à Simon-Louis Boizot la nymphe de la fontaine de la Croix du Tahoir située rue Saint-Honoré (voir mon article du 23 août 2022).

jeudi 26 octobre 2023

MMDCXXXVI : Les statues du jardin des Tuileries : Le monument en l'honneur de Pierre Waldeck-Rousseau dans le jardin des Tuileries

  

Dans la partie Nord du Jardin des Tuileries, au pied du mur d'enceinte où est situé le Jeu de Paume, on peut voir un monument un peu à l'écart. J'ai décidé de lui consacrer cet article...

Ce monument, comme cela est indiqué, est dédié à Pierre Waldeck-Rousseau. Il date de 1909 et c'est une œuvre du sculpeur Laurent-Honoré Marqueste, sculpteur né à Toulouse le 12 juin 1848 et mort le 5 avril 1920 dans le 14e arrondissement de Paris (on lui doit aussi la statue de Pierre de Montreuil qui orne la façade de l'Hôtel de Ville (voir article du 25 mars 2011), l'achèvement de la statue équestre d’Étienne Marcel sur le quai de l'Hôtel de Ville (voir article du 16 avril 2008) et le monument en l'honneur du sculpteur Antoine Barye du square de l'Hôtel de Ville (voir article du 23 avril 2009). L'ensemble de la composition est due à l’architecte Gustave Rives (1858-1926).

Au centre, on peut voir un buste de Pierre Waldeck-Rousseau :

Sur la gauche, on observe deux personnages dénudés encadrés par une femme :

A l'arrière-plan, on reconnaît une allégorie de la République :

Il s'agit d'une évocation de la "Loi Waldeck-Rousseau" du 21 mars 1884 par laquelle la loi Le Chapelier de 1791 a été abrogée et les syndicats ont été autorisés. C'est pourquoi les deux personnages masculins représentent le monde ouvrier :

Pierre Waldeck-Rousseau est né à Nantes le 2 décembre 1846 et il est mort à Corbeil-Essonne le 10 août 1904. Il a notamment été ministre de l'Intérieur de février 1883 à avril 1885 (époque pendant laquelle il a fait voter la loi qui porte son nom) et Président du Conseil (équivalent actuel de Premier Ministre) de juin 1899 à mars 1902, époque à laquelle a été votée une loi très importante : celle sur la Liberté d'Association du 1er juillet 1901. 

A sa mort, en août 1904, Pierre-Waldeck Rousseau était considéré comme un des pères des libertés acquises avec la IIIe République. J'ai retrouvé l'article à la Une du Petit parisien du 11 août 1904 qui est très élogieux envers Waldeck-Rousseau : "Il gouverna la France en exerçant la dictature du talent., et quand il lui plût de quitter le pouvoir, le pays se sentit dépouillé d'une auréole".

Il était annoncé que le gouvernement voulait organiser en son honneur des obsèques nationales. Or, dans le journal du lendemain, on apprenait que la famille avait refusé par modestie une telle cérémonie :

Il n'y eut donc pas d'obsèques nationales mais le gouvernement décida de faire ériger un monument dans le jardin des Tuileries. Le texte situé au centre à la base du buste rend un très bel hommage au personnage :

A gauche, on peut lire : "Ce doit être le souci du législateur que de regarder l'avenir, fils d'un républicain de 1848, je n'ai jamais d'ambition plus chère que de donner à la République de 1848 cette revanche, la République définitive" et à droite "Nous avons choisi la liberté, faisons-lui confiance avant de devenir sage, il faut avoir été longtemps libre. Le législateur a fait son devoir, le temps fera son œuvre". Au centre on peut lire "RF, Waldeck-Rousseau, Hommage national, 1884 : loi sur les syndicats professionnels, 1899 : Défense républicaine, 1901 : Loi sur les Libertés d'association".

Ce monument a été d'abord présenté au Salon des Artistes Français de 1909. 

La cérémonie d'inauguration eut lieu le 6 juillet 1910 en présence du Président de la République Armand Fallières. Elle fut l'objet de la "Une" du Petit Parisien du 7 juillet 1910 :

On remarque qu'en ce début du mois de juillet, le temps était très maussade :

Plusieurs discours rendirent hommage à Waldeck-Rousseau. Le dernier fut celui du président du conseil Aristide Briand (président du Conseil pour la première fois de sa carrière politique de juillet 1909 à février 1911). Voici sa conclusion :


 Il parle à propos de Pierre Waldeck-Rousseau de "ce noble et beau modèle qui fut une exception, et aux yeux de certains, une anomalie".

Il est aussi intéressant de noter que l'inauguration fut accompagnée d'incidents qui sont relatés par l'article :

On ne sera pas surpris de voir que l'esprit contestataire que certains pensent relever du monde actuel n'a en fait rien de très nouveau.

En poursuivant, les recherches sur cette statue, j'ai découvert cette photographie qui montre l'inauguration sous un autre angle que celui qui était présenté à la "Une" du Petit Parisien :

Or sur cette photo, un détail m'a surpris : on observe sur le côté une allégorie en bronze ailée :

Cela m'a conduit à rechercher d'autres représentations de monument sur des cartes postales :

Une petite recherche m'a appris que comme beaucoup de statues en bronze, cette allégorie de la gloire a été fondue en 1942 pendant l'Occupation.

De plus, d'autres cartes postales montrent que le monument était situé dans un lieu plus visible :


De plus il n'était pas adossé à un mur ce qui fait qu'il était visible depuis la face arrière :

J'ai retrouvé un ancien plan du jardin des Tuileries qui montre que le monument était initialement situé dans la partie Sud-Est près du bassin de flore. Je l'ai entouré sur le plan ci-dessous et j'ai indiqué par une étoile l'emplacement actuel du monument :

 La localisation initiale de ce groupe statuaire avait fait l'objet d'une polémique car l'architecte du Louvre Gaston Redon s'était opposé à son installation à cet endroit. Le gouvernement de l'époque avait insisté pour cet emplacement.

Sur cette vue aérienne de 1955, on comprend mieux l'organisation du jardin des Tuileries de l'époque et la localisation du monument en l'honneur de Waldeck-Rousseau :

 On l'aperçoit aussi sur cette autre vue aérienne du jardin des Tuileries prise sous un autre angle en 1950 :

Voici une vue prise actuellement de l'endroit où était située cette statue pendant plusieurs décennies :



samedi 30 septembre 2023

MMDCXXVIII : Sur la piste des cousins du "Grand Assistant" de Max Ernst

  

Dans un article paru le 11 juin 2023, j'ai évoqué la sculpture "Le grand assistant de Max Ernst" que l'on peut voir rue Rambuteau au niveau du Centre Pompidou.

Le hasard m'a conduit cet été à découvrir deux autres version de cette statue que l'on peut voir dans deux endroits très éloignés mais qui ont joué un rôle important dans la vie de Max Ernst. L'une d'elle se trouve à Amboise (Indre-et-Loire) :

Une fontaine a été décorée et offerte à la ville par Max Ernst pour remercier Michel Debré qui avait accordé la nationalité française l'époque où il était Premier Ministre (1958-1962). A l'époque du don, en 1968, Michel Debré était maire d'Ambroise (fonction qu'il a occupé de 1966 à 1989).

On reconnait la statue qui se trouve rue Rambuteau :

Ce qui est amusant c'est que sur cette fontaine la statue ne s'appelle pas le "Grand assistant" mais le "Grand génie".


J'ai eu le plaisir de découvrir une autre version de cette statue en juillet à Brühl en Rhénanie-du-Nord-Westphalie au Sud de Cologne. En effet, dans cette ville où est né Max Ernst on trouve un musée dédié à cet artiste. Dans la salle principale on peut voir cette sculpture :

On reconnaît à nouveau dans la partie supérieure le même personnage :

Or, ce qui est intéressant c'est que cette sculpture a pour titre "Le génie de la Bastille" :

Cette sculpture est inspirée par la colonne de Liberté de la place de la Bastille. Quand on regarde l'ensemble du piédestal, il est inspiré de la colonne de Juillet :

On se rend compte en juxtaposant une vue de la colonne de Juillet et du "Génie de la Bastille" exposé à Brühl des ressemblances :

En suivant ce parallèle, on peut penser que le "Grand assistant" de la rue Rambuteau est inspiré du "Génie de la Bastille" d'Auguste Dumont (voir mon article du 28 novembre 2022).

vendredi 22 septembre 2023

MMDCXXVI : Les statues du Jardin des Tuileries : Une statue très triste, "Caïn venant de tuer Abel" d'Henri Vidal

  

Voici une des statues les plus tristes de Paris Centre. On peut la voir dans le jardin des Tuileries :

Le cartel indique que c'est une oeuvre d'Henri Vidal qui date de 1896. Elle fait 1,95m de haut. Elle représente Caïn venant de tuer son frère Abel.

 La statue est signée par l'artiste sur le côté droit :


Henri Vidal est né à Charenton-le-Pont le 3 mai 1864 et il est mort au Cannet le 11 janvier 1918.

Il s'agit ici d'une scène extraite de la Bible. Caïn et Abel étaient les deux fils d'Adam et Eve. Caïn offrit à Dieu les fruits de sa culture du sol. Abel lui fit don des produits de son élevage. Dieu préféra ce dernier présent ce qui rendit Caïn jaloux et le conduisit à tuer son frère. Le premier meurtre de l'histoire de l'Humanité... et un témoignage du côté peu sympathique de la nature humaine.

La statue représente Caïn accablé par son acte. Le texte biblique insiste sur le fait que Dieu maudit Caïn et lui fit porter. Voici l'extrait de la Bible (Genèse, 4, 10-15 dans la traduction de Louis Segond) qui explique le fardeau porté par Caïn.

Et Dieu dit : "Qu`as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi.
Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère
.
Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre."
Caïn dit à l`éternel : "Mon châtiment est trop grand pour être supporté.
Voici, tu me chasses aujourd’hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera
".
L`éternel lui dit : "Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l`éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point."

On peut donc supposé que ce Caïn accablé est celui qui non seulement a tué son frère mais qui de plus a reçu cette terrible malédiction divine.


Les cheveux sont sculptés dans une pièce de marbre à part et posés sur la tête à la manière d'une perruque.

Cette statue a été exposée dans le Grand Palais pendant l'Exposition Universelle de 1900. Elle a appartenu aux héritiers d'Henri Vidal qui en ont fait don à l’État en 1980. Il a été installé sur ce socle le 19 février 1982. (Source : Le Musée d'Orsay.). 

Reste à savoir pourquoi Henri Vidal a choisi ce thème si triste et aussi pourquoi il a été décidé de l'installer à cet endroit ? 

Remarque : Il ne faut pas confondre Henri Vidal, le sculpeur de cet statue, avec Henri Vidal acteur français né à Clermont-Ferrand le 26 novembre 1919 et mort le 10 décembre 1959. Il avait épousé Michèle Morgan le 6 février 1950 avec qui il habitait le 1er étage de l'Hôtel Lambert (Paris 4e).