samedi 29 octobre 2022

MMCDXCIII : Les rues de Paris Centre : la rue Edouard Colonne située tout près de l'emplacement d'un abreuvoir du Paris ancien.

  

En 2020, j'avais consacré un article à la rue des Colonnes dans le 2e arrondissement (voir article du 9 avril 2020). Or mon attention a été attirée par le fait que dans le 1er arrondissement on troue une rue Edouard Colonne. Elle est très petite puisqu'elle fait 35m de long entre le quai de la Mégisserie et l'avenue Victoria :

Cette rue porte ce nom depuis 1912. Elle rend hommage à Edouard Colonne (né à Bordeaux le 23 juillet 1838 et mort à Paris le 28 mars 1910 dans le 16e arrondissement). Edouard Colonne était un violoniste et un chef d'orchestre. En 1873, il a fondé les "concerts Colonne", l'un des plus anciens orchestres associatifs parisiens. Il a été photographié par Nadar :

La rue portait le même nom que la rue qui se prolonge plus au Nord vers la place Sainte-Opportune sur ce plan de 1892 :

Cette rue longe par l'Ouest le théâtre du Châteler où était installé... le concert Colonne. Voici une affiche de 1874 :

Cette partie de ce qui s'appelait la rue des Lavandières Sainte-Opportune était relativement récente. Elle avait été percée lors de la construction du théâtre du Châtelet et du percement de l'avenue Victoria.

Auparavant, on trouvait à cet endroit (quelques mètres plus à l'Est), un passage appelé "L'Arche Pépin". On le voit sur ce plan de 1836 :

Comme son nom l'indique, cette petite rue se finissait par un arche qui donnait vers le quai de la Mégisserie. Voici une gravure qui montre son aspect en 1840 :

Elle portait le nom de Pépin, par déformation de "Popin,", du nom de Jean Popin, prévôt des Marchands de 1293 à 1296. 

Sur le plan Turgot des années 1730, elle porte le nom de "Rue de l'Abreuvoir Pépin". On trouvait initialement ici un petit port transformé en abreuvoir pour permettre aux chevaux de boire l'eau de la Seine. Un document de 1606 décrit cet abreuvoir : "Le pavé de dessus l'arche dudict abreuvoir Popin contient huict thoises de long sur quatorze (piedz) thoises de large".

 Le dictionnaire historique et administratif de Paris permet de se rendre compte que ans la 1ère partie du XIXe siècle, la rue de l'Arche Pépin avait été progressivement élargie passant d'abord à 7m puis à 12m de large :

La longueur de la rue était déjà de 37m (donc approximativement autant que la rue Edouard Colonne).
 

mardi 25 octobre 2022

MMCDXCII : Les statues du Louvre : Série Les personnages (3e volet) : L'historien Mézeray par Louis-Joseph Daumas

  

Voici le 3e article consacré aux personnages représentés dans la cour du Louvre. Il  concerne Blaise Pascal que l'on peut voir dans la partie en retour de l’aile Turgot :

La statue de François-Eudes de Mézeray est la 3e en partant de la gauche :

De Mézeray est beaucoup moins célèbre que les deux personnages situés à sa droite auxquels j'ai déjà consacré un article (La Fontaine et Pascal). Il avait une activité cependant très intéressante puisqu'il était historien. Il est né en 1610 à Caen. Il a publié en 1643 le premier volume de L'Histoire de France qu'il a continué à publier dans les années qui suivirent. Il en aussi publié un abrégé chronologique qui jusqu'au XIXe siècle est resté un ouvrage de référence.

Il est entré à l'Académie française en 1648. Il a écrit quelques Mazarinades ce qui lui valu quelques problèmes avec Colbert. Cela ne l'empêcha pas de devenir en 1675 Secrétaire perpétuelle de l'Académie française. Fonction qu'il exerça jusqu'à sa mort le 10 juillet 1683.

La statue -qui date de 1857- est une œuvre de Louis-Joseph Daumas (né à Toulon le 24 juin 1801 et mort à Paris le 22 janvier 1887). On lui doit aussi par exemple deux statues de guerriers du pont d'Iéna datant de 1853.

Mézeray est montré la plume à la main :

Il a, à ses pieds, plusieurs livres, des volumes de l'Histoire de France :

Quand on regarde de près, le visage de Mézeray n'est pas très gracieux :

mais en vérifiant à quoi ressemblait le personnage on se rend compte que Daumas a été assez réaliste :

Cela reste à vérifier mais il semble que Mézeray avait demandé à ce que son coeur soit déposé dans l'église des Billettes dans le 4e arrondissement.

A noter qu'à la base de sa statue (comme sous celle de tous les hommes illustres de la cour du Louvre), on trouve une tête de lion :


dimanche 23 octobre 2022

MMCDXCI : Les façades de Paris Centre : l'immeuble du 21 rue Montmartre par l'architecte Alexis Falconnet

 

Au 21 rue Montmartre, à l'angle avec la rue Jean-Jacques Rousseau et à l'endroit où la rue rue Montmartre croise la rue Etienne Marcel, on peut trouver un immeuble qui a retenue mon attention. Il est particulièrement beau à voir le matin quand une lumière rasante le met en valeur :

 
 
On peut y voir plusieurs mascarons :

Il s'agit tout d'abord de sept têtes de personnages grotesques qui sont situés dans les consoles des balçons entre le 1er et le 2e étage (désignées par des flèche sur la photo ci-dessous) :

et de têtes féminines au dessus des fenêtres du 2e étage :

L'entrée de l'immeuble est située du côté du 21 de la rue Montmartre :

Le linteau du portail est plutôt sobre.

L'immeuble est signé et daté sur la partie en angle qui donne vers la rue Etienne Marcel:

Il date de 1887 et est dû à l'architecte "A. Falconnet" :

Le permis de construire a été déposé le 16 avril 1887 au nom d'un propriétaire appelé Senta. L'architecte Falconnet habitait 20 rue Clément Marot (dans le 8e arrondissement). Ce permis a été modifie à deux reprises le 30 avril et le 21 mai 1887 alors que les travaux avaient commencé.

Alexis Falconnet est un architecte né à Genève en 1845. Il a fait ses études d'architecture à l'Ecole polytechnique férérale de Zurich. Il a dessiné les plans de plusieurs immeubles à Genève (dont le bâtiment de la bibliothèque de la Ville). Il s'est installé à Paris en 1884. Il a notamment les plans de l'immeuble où était installé le journal Le Temps rue des Italiens :

Le nom du journal "Le Temps" explique qu'on y ait installé une grande pendule :

Là aussi le nom d'Alexis Falconnet et la date de construction apparaisse sur la façade :

Cet immeuble a été par la suite le siège du Monde jusqu'en 1990 puis le parquet national financier de 2014 à 2018.

Quant à  Alexis Falconnet il est mort en 1912.

En architecture, les années 1880 sont marquées par une continuité avec le style Haussmannien. C'est une des raisons pour lesquels on retrouve les balcons filants tout le long de la façade au 2e et 5e étage, selon les "canons" esthétiques légués par la 2nd Empire.


 

J'ai consacré très peu d'article à des façades d'immeubles qui datent de cette décennie :

- l'immeuble du 6/10 rue Jean Du Bellay qui date de 1881 (article du 27 janvier 2012)

- celui du 39 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie de 1883 (article du 5 décembre 2009)

- celui situé à l'angle de la rue du Pont Louis-Philippe et de la rue François Miron qui date de 1884 (article du 8 juin 2010)


jeudi 20 octobre 2022

MMCDXC : Un compte rendu de la réunion publique sur la végétalisation du boulevard Henri IV qui s'est tenue mardi 20 octobre grâce à une série de tweets de @Baptiste75004

 Depuis le lancement de 2008, j'ai écrit l'intégralité des articles qui sont parus sur ce blog. Il m'est arrivé de publier des lettres ouvertes ou des tribunes écrites par d'autres. Je tente avec cet article une nouvelle formule qui peut être un nouveau moyen d'enrichir le contenu de L'Indépendant du Coeur de Paris. En effet, cet article est le produit d'une série de tweets écrits par @Baptiste75004 à propos du Boulevard Henri IV et de la réunion organisée en mairie de Paris Centre à 18h45 mardi 18 octobre 2022. J'ai moi-même assisté à cette réunion mais j'ai trouvé qu'il était intéressant de lui laisser la main en publiant ce "fil" twitter très complet qu'il a fait paraître à cette occasion.

 Le boulevard Henri IV, ce remarquable axe parisien entre la place de la Bastille et la pointe Est de l'ïle Saint-Louis, en partie situé sur le secteur sauvegardé du Marais, mérite un aménagement particulièrement soigné.

Le mardi 20 octobre, à la Marie de Paris Centre se tenait la réunion publique destinée à recueillir l’avis des usagers en vue de la végétalisation du boulevard Henri IV [...] L’objectif ici était de présenter le projet, de proposer différentes options d’aménagement et de recueillir l’avis des personnes assistant à la réunion en présence du maire de Paris Centre Ariel Weil, de deux conseillères de Paris élus de Paris Centre, Corine Faugeron et Raphaëlle Rémy-Leleu et du conseiller d'arrondissement, Florent Giry : 


 - Le boulevard Henri IV étant situé en partie sur le secteur PSMV du Marais (côté numéros impairs) , l’architecte des Bâtiments de France a demandé à ce que l’aménagement soit fait de façon symétrique et harmonieuse sur les deux trottoirs.

 - Il était ici uniquement question d’aménagement des trottoirs. Des pistes cyclables sont prévues sur le boulevard mais elles seront réalisées après les Jeux Olympiques.

 - L’intégralité du mobilier historique (bancs Davioud, colonnes Morris…) sera préservé et remis à sa place d’origine. C’est une bonne nouvelle.


 Il y aura, partout où c’est techniquement possible, des allées végétalisées reliant les platanes du boulevard entre eux.


 Les pieds d’arbres ne pouvant pas s’intégrer dans ce schéma, et qui seront par conséquent isolés, doivent également être aménagés. Il a été proposé de leur mettre une grille (avec accessibilité PMR : contour en granit) ronde ou carrée OU de les laisser enherbés. Les avis étaient mitigés. Certaines personnes, visiblement mal informées sur les avantages des grilles (notamment pour la santé des arbres) souhaitaient des végétaux partout où c’est possible et donc pas de grilles. Les grilles sont esthétiques, FONT PARTIE DE L’IDENTITÉ PARISIENNE (au même titre que les bancs) et offrent davantage d’espace pour les piétons. J’ai donc donné mon avis en faveur des grilles rondes avec contour en granit (et non en béton comme sur la photo ci-dessous).

Mais je n’étais pas le seul à m’exprimer et je n’ai pas eu la possibilité de les défendre davantage… À suivre donc, mais j’ai quand même bon espoir pour ces grilles.

Première surprise de la soirée : en demandant à Florent Giry pourquoi on se posait la question de savoir si on allait mettre ou non des grilles alors qu’il écrit dans le Manifeste d’Emmanuel Grégoire que les grilles sont la norme pour les pieds d’arbres isolés, il m’a répondu que pour tout « nouveau projet d’aménagement d’ensemble », les règles du Manifeste ne s’appliquaient pas ! J’ai aussitôt pensé au futur réaménagement des Champs-Elysées… 

Les débats ont ensuite porté sur le type de bordures pour les allées végétalisées.  En raison de passages de véhicules motorisés en certains endroits sur le trottoir (portes cochères, livraisons commerces), l’option des lisses métalliques (« lames de rasoir ») est rejetée en ces endroits au profit de bordures en granit. La version donnée en modèle est celle qui a été mise en oeuvre rue des Martyrs dans le 9e arrondissement :

 
Des personnes préféraient les lisses métalliques d’un point de vue esthétique, d’autres les bordures en pierre. Mais il y avait consensus pour qu’il n’y ait pas deux types de bordures sur le bd et qu’on parte donc sur les bordures en granit... OUF !

 Deuxième surprise de la soirée en voyant une photo de lisses pleines à l’écran . Je suis intervenu pour rappeler à Florent Giry : « Mais de toute façon ces lisses sont interdites dans le Manifeste de Monsieur Grégoire. »  L'élu m'a répondu: « C’est une erreur, elle va être corrigée ! » tout en précisant «Soyez rassuré » ce ne seront plus les lisses pleines de la rue de Sully (photo ci-dessous)..

mais celles de la rue du Temple (photo suivante). 

 Tout va bien alors…

Une dame a pris la parole pour souligner le côté dangereux de ces lisses en cas de chute.Florent Giry lui a répondu que tomber la tête sur une bordure en granit était également dangereux. Il y a quand même une différence entre se cogner le crâne et se le fendre…

Comme on peut le voir sur cette image du projet, il est prévu de poser des pavés enherbés. Personnellement, je trouve ça plutôt esthétique sur la photo.

 MAIS attention au retour de bâton dans la réalité si l’entretien n’est pas assuré (voir les photos qui suivent de Quentin Divernois) : 

Je l’ai dit lors de la réunion. On m’a répondu qu’à partir de 2023 cet entretien serait fait régulièrement…
 
 Début des travaux : mai 2023. Livraison : janvier 2024. 
 
 Le support de la réunion sera mis en ligne dans quelques jours à ce lien.
@Baptiste75004

mercredi 19 octobre 2022

MMCDLXXXIX : Les statues de l'Hôtel de Ville : Série sur les Villes de France (4e volet) : Troyes par Louis-Charles Janson, un sculpteur de l'Aube.

 

Voici le 4e volet de la série consacrée aux villes de France qui ornent l'Hôtel de Ville de Paris. Côté rue Lobau, dans la partie centrale, la 4e statue en partant de la droite représente la ville de Troyes :

Cette statue n'est pas facile à identifier. En effet dans la main gauche, elle tient un récipient qu'elle semble renverser :

Sa main droite s'appuie sur un grand médaillon avec deux visages de profil :

Ce médaillon est appuyé sur une petite colonne où on peut (aperce)voir les armoiries de la ville de Troyes :

Or voici les armoiries de la préfecture de l'Aube : "« d'azur à la bande d'argent côtoyée de deux doubles cotices potencées d'or de treize pièces, au chef aussi d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or. » :



La statue est une oeuvre du sculpteur Louis-Charles Janson qui était né à Arcis-sur-Aube le 4 novembre 1823 et est mort dans le 6e arrondissement de Paris le 26 mars 1881. La statue date de 1879. 

On lui doit aussi la représentation d'Horace sur l'aile de Marsan au Louvre.