jeudi 30 juin 2022

MMCDXLVIII : La nef de Paris dans Paris Centre (50e volet) : la nef de l'ancien Musée Cognacq-Jay au 25 boulevard de Capucines

  

Voici un nouvel article consacré aux représentations de la nef de Paris dans Paris Centre. Il concerne une nef qui date de la fin des années 1920 que l'on peut voir au 25 boulevard des Capucines :

Une recherche très rapide permet de savoir de quel bâtiment il s'agissait. En effet le 25 boulevard des Capucines est situé juste à côté du... 27 où on trouvait le magasin Samaritaine Luxe inauguré en 1917 (voir mon article du 31 mars 2022). Or le 25 a lui aussi été construit par la volonté de la famille Cognacq-Jay qui possédait la Samaritaine. On s'en rend compte en regardant le portail d'entrée située sous la nef :


Sur les ferronneries on peut lire les initiales MCJ :

et dans la partie supérieure en arc de cercle du porche, on aperçoit encore l'emplacement où se trouvait les lettres qui devaient indiquer "Musée Cognacq-Jay" (Il faut regarder très attentivement !)

J'ai retrouvé un article du Journal Paris-soir du 5 juin de 1929 à propos de l'inauguration de ce musée qui a eu lieu un an après la mort d'Esnest Cognacq (1839- 1928) quatre ans après la mort de son épouse  Marie-Louise Jaÿ (1838-1925) :

L'article rend hommage aux collections léguées par les deux fondateurs de la Samaritaine mais on sent une pointe négative concernant les salles au début du 2e paragraphe "Dans un local médiocre, fait de petites pièces". Cela explique peut-être pourquoi ce musée a été transféré à la fin des années 1980 dans l'Hôtel de Donon situé dans le Marais et que le bâtiment du 25 boulevard des Capucines n'est plus aujourd'hui un musée.

Quant à la nef, on peut donc la dater sans aucun doute possible de la fin des années 192. On reconnait sous le "Fluctuat" la légion d'Honneur attribuée à la ville en 1900 et la Croix de guerre reçue en 1919 sous le "Mergitur"

Sur la maquette du quartier de l'Opéra que l'on peut voir au Musée d'Orsay, on peut voir la l'emplacement du musée :


mardi 28 juin 2022

MMCDXLVII : Les rues de Paris Centre : la rue de la Michodière

  

La rue de la Michodière est situé dans le 2e arrondissement. Elle relie la rue des Saint-Augustin au boulevard des Italiens et elle est traversée par la rue du 4e septembre :

Voici plusieurs vues prises en remontant la rue vers le Nord :

La vue en direction du Nord depuis la rue Saint-Augustin :  


La partie centrale située au niveau de la rue du Quatre Septembre toujours en regardant vers le Nord :

La partie Nord de la rue en regardant cette fois en direction du Sud :

On voit sur cette photo à droite l'immeuble du Berlitz.

Cette rue a été percée en 1778 et porte ce nom suite à une décision prise par le roi Louis XVI le 8 avril 1778 :

Comme l'indique cette ordonnance royale, la rue a été percée sur l'emplacement d'un hôtel et de son jardin : l'Hôtel des Deux-Ponts. On peut le voir sur le plan Turgot des années 1730 :

On voit donc voir à quoi ressemblait cet hôtel particulier :

La rue a pris le nom de "Delamichodière" par référence au prévôt des Marchands de Paris Jean-Baptiste François De La Michodière (1720-1797), prévôt des Marchands des Marchands de Paris de 1772 à 1778. Il était encore en fonction quand la rue a pris son nom puisqu'il a quitté ses fonctions en août.

Le peintre Joseph-Siffred Duplessis a réalisé un superbe portrait de ce personnage en 1771 :


Voici aussi une médaille frappé en 1775 pour ce prévôt des Marchands :


Ce personnage a donné son nom à une autre rue située un peu plus au Nord et à l'Est. En effet, il était aussi comte de Hauteville :


Le hasard a fait qu'à peine quelques jours après m'être rendu compte de ce lien entre la rue de la Michodière et la rue de Hauteville j'ai lu le roman de Benjamin Randow, Carrousel des Anges, qui évoque ce lien entre les deux rues.

Jean-Baptiste de la Michodière est mort à Paris le 2 mai 1797. Il serait intéressant de savoir comme il a traversé à la fin de sa vie les moments forts troublés de la Révolution.

La physionomie de la rue de la Michodière a été transformée lors du percement de la rue du 10 décembre qui a été achevéeen 1868 (voir article du 10 décembre 2020) et qui par la suite est devenue la rue du 4 septembre :

 Voici une photographie prise par Charles Marville en 1866 de la rue de la Michodière depuis la rue des Augustins. On peut se rendre compte que la rue avait un aspect différent avant d'être sectionné par la rue du 4 septembre :

J'ai consacré un article à l'immeuble du 20 rue de la Michodière dont le décor est typique de la fin du XVIIIe siècle (article du 20 décembre 2021).

samedi 25 juin 2022

MMCDXLVI : Les représentations de Louis XIV dans Paris Centre : le jeu de miroir des statues équestres de Louis XIV dans la cour Puget du Louvre pour quelques semaines

  

Il y a quelques semaines, j'ai consacré un article à la statue équestre de Louis XIV par François Girardon que l'on peut voir dans la Cour Puget du Louvre et qui est un modèle réduit de celle qui se trouvait à partir de la toute fin du XVIIe siècle sur l'actuelle place Vendôme (article du 18 mai 2022).

J'ignorais alors que le Louvre nous réservait une surprise insolite. En effet, pour quelques semaines, une autre statue équestre est présentée juste à côté. Il s'agit du modèle réduit de la statue en bronze due à Antoine Coysevox pour la ville de Rennes et qui est légèrement plus ancienne puisqu'elle date du début des années 1690 alors que celle de Girardon date de la toute fin de cette décennie.

Les deux statues semblent se répondre de manière symétrique avec des différences assez minimes. Le piédestal et le soclage de celle de Coysevox est vraiment splendide.

Elle est présentée provisoirement au Louvre car elle a été achetée en 2021 pour le Musée des Beaux Arts de Rennes et a fait l'objet d'une restauration au C2RMR, la Laboratoire situé dans les sous-sol du Louvre, ce qui explique son passage par Paris.


 On peut observer quelques différences entre les deux statues. La principale est que dans la statue de Coysevox, Louis XIV tourne la tête vers la droite et qu'il tient un bâton de commandement :

alors que dans celle de Girardon, il regarde vers la gauche et que le bâton est rangé sur son côté gauche :

La présentation est superbe car elle donne l'impression d'un jeu de miroir entre les deux statues :

Il est à noter que les deux sculpteurs sont des contemporains de Louis XIV (1638-1715) et qu'ils ont comme le monarque vécu fort longtemps : François Girardon de 1628 à 1715 et Antoine Coysevox de 1640 à 1720.


mercredi 22 juin 2022

MMCDXLV : Inauguration hier de la place Albert Memmi : un petit reportage en 10 photos...

 

Hier, je suis allé assister à l'inauguration de la place Albert Memmi qui avait lieu à 17h30 en présence de nombreux élus. Cette place est située dans la partie piétonnisée de la rue du Temple au Nord de la rue de la Verrerie. Je lui ai déjà consacré plusieurs articles (voir notamment article du 3 août 2020).

J'y ai fait plusieurs très belles découvertes avec tout d'abord la fontaine Wallace, la dernière installée dans Paris (même si je ne désespère pas qu'au moins une soit installée dans le 1er arrondissement, le SEUL arrondissement de Paris qui n'en compte aucune).

J'ai aussi été content d'y trouver des bancs... Davioud dans le style de ceux du XIXe siècle (avec des palmettes) :

Un de ces bancs est celui offert suite à une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot par le collectif #SaccageParis (voir article du 21 mai 2021).

De plus un effort avait été fait pour fleurir la place (même si cela peut encore être amélioré,  il n'empêche que c'est assez joli):

Une série de discours ont ensuite été enchaînés avec deux thèmes différents : l'esthétique de cette place d'une part, la personnalité d'Albert Memmi à la fois sociologue et romancier qui a vécu de 1920 à 2020 et qui habitait tout près de cet endroit.

Pour les amoureux de Paris, dans le discours introductif Ariel Weil le maire de Paris Centre a clairement fait allusion à la nécessité de préserver une esthétique parisienne. Il est dommage qu'il ne soit pas aller jusqu'à évoquer le nom du collectif  #SaccageParis qui a offert un des bancs. Je n'utilise pas pour ma part ce hashtag sur Twitter mais je dois admettre qu'il a servi d’électrochoc et que l'on peut espérer que le message de préservation du Patrimoine et du cadre de vie à Paris a été entendu par les dirigeants de la majorité. Ce hashtag réunit beaucoup d'amis pour qui j'ai énormément d'estime et loin d'être des extrémistes, ils ont contribué à nous rappeler à tous la nécessité de revenir sur des dérives passées (raison pour laquelle personnellement je préfère le hasthtag #ReparerParis )

 On peut tout de même regretter que ceux qui avaient organisé l'achat du banc Davioud à Drouot -et qui avaient participé à son financement donc- n'aient pas été prévenus de l'horaire de l'inauguration de cette place. Je trouve que ce n'est vraiment pas respectueux.

Dans un discours conclusif, le 1er adjoint de la Ville de Paris Emmanuel Grégoire a repris les mêmes éléments de langage à propos de la préservation de l'esthétique parisienne avec le "Manifeste pour la Beauté de Paris" qui vient justement d'être publié il y a quelques jours.

Je me suis présenté à lui à la fin de la cérémonie en commençant par lui annoncer que moi aussi je m'appelais Emmanuel, et quand il m'a demandé mon nom de famille et que j'ai répondu, il a juste répondu "Ah oui vous êtes très présent sur les réseaux sociaux" ce qui n'a pas semblé un compliment puisqu'il a immédiatement achevé l'échange. Mon indépendance ne semble pas plaire... mais je ne changerai pas pour autant ! 

Le moment clé de la cérémonie a alors eu lieu avec le dévoilement de la plaque indiquant le nom de la place :

La cérémonie s'est achevée par un concert du groupe Sotto Voce. J'ai été ravi de retrouver ce groupe de jeunes chanteurs d'autant plus qu'ils avaient fait partie de la programmation de la fête de la musique du 4e arrondissement de 2019 à laquelle j'avais été associé dans sa préparation par Ariel Weil (à l'époque maire du 4e). Un retour dans le monde d'avant COVID (voir article du 22 juin 2019). J'ai aussi été content de découvrir qu'une mère de mes élèves avait une autre de ses enfants qui participait à ce chœur d'enfants :

Pour finir une petite séance photo a eu lieu devant la fontaine Wallace avec outre Ariel Weil et Emmanuel Grégoire, Karen Taieb l'adjointe en charge du Patrimoine que j'ai remerciée car son action a permis d'avancer (même s'il y a encore beaucoup à faire) dans la préservation de ce qui fait la beauté de Paris :

lundi 20 juin 2022

MMCDXLIV : Les quatre statues du Pont du Carrousel : quatre allégories de Louis Petitot

  

Le pont du Carrousel relie le 1er et le 6e arrondissement. Je lui ai consacré un article paru le 9 mai 2021. A chaque extrémité du pont, on peut voir quatre statues auxquelles cet article est consacré :

Sur la rive droite, les deux statues représentent des femmes allégoriques liées au thème de l'économie :

Celle, située en aval, est une allégorie de l'abondance : elle tient dans sa main droiteune corne d'abondance :

et dans celle de gauche, un coffre bien rempli :

l'autre statue de la rive droite, en amont, a pour thème l'industrie. On peut voir une roue dentelée d'engrenage :

dans sa main droite, elle tient le caducée de Mercure symbolisant le Commerce :

Sur la rive gauche, donc côté 6e arrondissement, on peut observer des statues liées à la localisation du pont... à Paris, dans le département et au bord de la Seine :

En aval, le 3, sur la photo ci-dessus, on peut voir l'allégorie représentant la Seine :

Elle verse... de l'eau.

la statue située en amont (qui correspond au 4 sur les photo ci-dessus) est une allégorie de la ville de Paris :

La nef de Paris est visible depuis l'arrière : l'allégorie est assise dessus :

Ces quatre statues sont des oeuvres de Louis Petitot (1794-1862). Elles datent de 1846. Initialement, elles décoraient le pont des Saints-Pères. On peut voir sur cette photo très ancienne de 1840 que les statues n'étaient pas encore en place :

par contre, elles apparaissent aux extrémités du pont sur cette autre photo qui date de la 2nde moitié du XIXe siècle :

Le pont des Saints-Pères a été remplacé en 1937 par le Pont du Carrousel. Cette photo montre qu'au moment des travaux, les statues étaient encore installées aux extrêmités du Pont initiale :

Il est intéressant de noter que le socle de la statue de Paris présente dans sa partie tournée vers l'Ouest des impacts de tirs qui doivent donc dater de la Libération de Paris :