samedi 23 juin 2012

MCXXI : Statues de l'Hôtel de Ville (84e volet) : Voltaire par Jules Coutan

  

Voici le 84e épisode de la série que je consacre aux statues de l'Hôtel de Ville. Au 1er étage, tout à droite du pavillon central situé au centre de la place dans l'Hôtel de Ville, on peut voir la statue de Voltaire.

Je ne ferai pas l'affront à mes lecteurs réguliers de rappeler qui était Voltaire et quelle a été son oeuvre. Il faut cependant souligner plusieurs points.

1°) Voltaire, de son vrai nom François Marie Arouet est né à Paris le 21 novembre 1694. Cependant, Voltaire affirme qu'en réalité, il est né en février 1694 à Châtenay-Malabry. ce n'est donc pas un vrai parisien...

2°)  Après avoir voyagé (notamment en Prusse à la cour de Frédéric II) et connu l'exil en Suisse à Ferney, il a fini sa vie dans la capitale où il est mort le 30 mai 1778 (dans l'actuel 6e arrondissement, quai Volatire).

3°) Voltaire est le personnage qui est présent depuis le plus longtemps au Panthéon (1791) puisque le seul qui l'avait précédé, Mirabeau, a été déplacé quand on a découvert la correspondance secrète qu'il avait eu avec le roi.

4°) Voltaire a donné son nom au boulevard qui relie la place de la République à la place de la Nation. Dans le très intéressant Journal d'un bourgeois de Paris pendant le siège de 1870-1871, l'auteur souligne la bêtise de ses contemporains en rappelant que c'est pendant ce siège que le boulevard a perdu le nom de Boulevard du Prince Eugène (de Beauharnais) qui était trop lié à la période impériale pour prendre celui de Voltaire. Il est vrai qu'avec un peu plus de culture, le maire du 11e arrondissement de l'époque se serait rendu compte que le Prince Eugène présent à la bataille d'Iéna en 1806 avait beaucoup plus de titre que Voltaire pour incarner la résistance à la Prusse qui a passé une grande partie de sa vie à louer les mérites du roi Frédéric II de Prusse.

5°) On a trop tendance à oublier que Voltaire était un grand admirateur de Louis XIV auquel il a consacré un de ses ouvrages les plus importants Louis XIV et son siècle (1751). Ceux qui me connaissent comprendront pourquoi je signale cet ouvrage !

6°) Voltaire a résidé au moins une partie de sa vie dans le 4e arrondissement puisqu'il a été embastillé en 1717 (pendant 11 mois) puis à nouveau en 1726 (pendant 2 semaines).

7°) Voltaire a été élu membre de l'Académie française en 1746. Il a occupé le fauteuil n°33.
 

 La statue de Voltaire est une du sculpteur Jules-Alexis Coutan dit Jules Félix Coutan (né à Paris le 22 septembre 1848 et mort dans le 6e arrondissement de Paris le 23 février 1939).

Jules Coutan en 1923 :

Au musée d'Orsay, on peut voir un surprenant plâtre de grande dimension de cet artiste intitulé "chasseurs d'aigles" qui date de 1900 :



jeudi 21 juin 2012

MCXX : Le printemps... la saison où il fallait admirer le square/jardin Marie Trintignant.

  

Le square  (ou jardin suivant les appelations)  Marie-Trintignant est situé entre la rue de l'Ave Maria et le quai des Célestins, face à l'Hôtel de Sens.

Ce square avait été originellement créée en 1933 sous le nom de square de l'Ave Maria (du nom d'un couvent qui avait été fondé à cet endroit par Louis XI au XVe siècle). Il ne fait que 790 m².

Il a été complètement rénové et inauguré en 2007, année où il a pris le nom de la comédienne Marie Trintignant, décédée dans des conditions sordides en 2003.

On peut déplorer qu'à cette occasion, le style paysager du square ait été complètement revu.En matière d'esthétique, je suis conscient que tout est discutable.  On peut cependant au moins admettre que, depuis que cet espace vert a été modifié, plus personne ne prend du plaisir à s'y installer pour profiter du temps qui passe. Je connais des amies qui aimaient aller y jouer quand elles étaient enfants... Depuis 2007, le lieu est devenu désert. Je passe de temps en temps par là, je n'y vois jamais grand monde quelle que soit la saison. Le nouveau jardin est signé par le paysagiste David-Besson Girard . S'il y a des habitants ou des visiteurs 4e  qui aiment ce lieu qu'ils laissent un commentaire. Cela m'intéresse !

Néanmoins, je dois admettre qu'on peut lui trouver à ce lieu un certain charme au printemps. Comme on peut le voir sur les photographies qui accompagnent cet article et que j'ai prises le 31 mars 2012, les nombreux cerisiers (qui étaient déjà plantés à cet endroit avant 2007) permettent d'oublier -pendant quelques semaines- l'aspect de friche végétale qui singularise le lieu.

Sans changer le nom de ce jardin qui doit continuer à rendre hommage à Marie Trintignant, on peut quand même se demander s'il ne pourrait pas être un peu repensé pour être davantage accueillant. Et bien sûr, pas question de "déplanter" (comme on dit dans la com' politiquement correcte parisienne) ces très beaux arbres à fleur* !

Autre condition, il ne faudrait pas que ça coûte trop d'argent. D'après le site du paysagiste David Besson-Girard le réaménagement de ce petit square a coûté ("prix indicatif") 200 000€ en 2008 ! Bien sûr le Conseil de quartier Saint-Gervais n'a jamais été consulté pour dire ce qu'il pensait de ce square !

* après avoir interrogé le site Paris.fr à ce sujet, j'ai appris par un mail reçu le 24 avril que l'essence des arbres en fleur au printemps est la suivante : PRUNUS serrulata  New Red  (cerisier à fleurs) [alors qu'en période estivale fleuriront les LAGESTROEMIA indica (Lilas des Indes)]

mercredi 13 juin 2012

MCXV : Les bas-reliefs qui accompagnaient le coeur de Louis XIII dans l'église Saint-Louis-des-Jésuites, actuelle église Saint-Paul-Saint-Louis

 
Deux angelots dont un tenant un sablier et un autre en pleurs tiennent un texte en l'honneur du cœur du roi Louis XIII

L'église Saint-Paul-Saint-Louis a été édifiée dans la première moitié du XVIIe siècle par l'Ordre des Jésuites. Ce n'est qu'après la Révolution française et la destruction de l'église Saint-Paul qu'elle a pris le nom de Saint-Paul-Saint-Louis. La Congrégation des Jésuites était très puissante en France à cette époque. Pour preuve, le roi Louis XIII -qui a régné de 1610 à 1643- a souhaité que son cœur y repose et soit placé dans une chapelle latérale située près du chœur. Le coeur de Louis XIII y était conservé dans un vase soutenu par des anges en argent et placé en hauteur à la clé de l'arc. Ce monument et les anges en argent ont été fondus à l'époque de Napoléon.Dans l'arcade de chaque côté, des bas-reliefs en marbre avaient aussi été sculptés. Ce sont ces décors qui sont aujourd'hui conservés au Louvre :

On peut savoir comment ces bas-reliefs étaient initialement présentés grâce à un dessin qui représnte le monument tel qu'il avait été voulu par l'artiste Jacques Sarazin (1592-1660) qui en est l'auteur :

On peut savoir comment ces bas-reliefs étaient initialement présentés grâce à un dessin qui représnte le monument tel qu'il avait été voulu par l'artiste Sarazin qui en est l'auteur :

 
La tempérance (verse de l'eau... Elle met de l'eau dans son vin)
 
 
La prudence sert contre elle le serpent de la discorde et se regarde dans un miroir

 
La Force coiffée d'un casque face à un ange qui lui tend la palme et le laurier de la victoire

Le cœur de Louis XIII était ainsi situé à quelques centaines de mètres de celui de Henri II (que l'on trouvait aussi dans le 4e arrondissement au Couvent des Célestins [voir article du 10 janvier 2012] Au XVIIIe siècle, il sera rejoint par celui de Louis XIV qui sera placé lui aussi dans l'église Saint-Louis dans la chapelle symétrique à celle où était placé le coeur de son père.

vendredi 8 juin 2012

MCXIII : D. Bertinotti, C. Girard et B. Delanoë à l'affiche d'un remake des "Tontons flingueurs"...

Ceux qui me lisent très régulièrement savent que j'aime détourner certaines affiches de film. L'actualité politique récente du 4e arrondissement me conduit à rendre un hommage au film : les Tontons flingueurs.

En effet, comme je l'ai déjà expliqué, la nomination de Dominique Bertinotti comme ministre déléguée à la Famille va conduire à un remaniement des cartes locales qui est loin de se passer dans la joie et la bonne humeur. Certains peuvent penser que j'ai tendance à exagérer la réalité. Je les invite à lire l'article paru dans Le Parisien daté du 6 juin 2012 en page III du cahier central de l'édition 75 :


J'ai choisi l'affiche du film Les tontons flingueurs mais j'aurais pu choisir Règlement de comptes à O.K. corral. En fond sonore, je pense aussi à la chanson interprétée par France Gall Ca balance pas mal à Paris.

Voici un résumé en trois actes (pour le moment) des péripéties de cette saynette à l'intérêt très local :

L'acte I se passe à la mairie du 4e, place Baudoyer

Acte I, scène 1 : Dominique Bertinotti est nommée ministre déléguée à la famille le 16 mai dernier. Le Premier ministre confirme que les membres du gouvernement doivent démissionner de tout mandat exécutif.

Acte I, Scène 2 : La loi "PLM" oblige le maire d'arrondissement à être membre du Conseil de Paris. Or le 4e arrondissement ne désigne que 3 conseillers de Paris. Les élus depuis les dernières élections de mars 2008 sont Dominique Bertinotti (PS), Christophe Girard (PS) et Vincent Roger (UMP). Christophe Girard est donc appelé à devenir maire du 4e... à moins que la Gauche ne fasse un geste d'ouverture inattendu !L'acte II se passe à l'Hôtel de Ville, toujours dans le 4e arrondissement

Acte II, scène 1 : Depuis l'élection de Bertrand Delanoë  comme maire de la capitale en 2001, une règle a été mise en place : les adjoints à la Ville de Paris n'ont pas pas le droit d'être maire d'arrondissement (règle un peu faux-cul puisque par contre ils ont le droit d'être parlementaire). Christophe Girard réalise que sa place en tant qu'adjoint à la Culture est menacée. Il bat le rappel et de manière très spontanée tous ceux qu'il a nommé à la tête d'institutions culturelles parisiennes l'exhortent à rester maire adjoint à la Culture de la Ville. La principale cible de cette campagne n'était autre que le maire de Paris afin qu'il accepte une exception à la règle fixée par lui depuis 2001.

Acte II, scène 2 : Les proches de Bertrand Delanoë laissent clairement entendre que la question du remplacement de Christophe Girard en tant qu'adjoint à la Culture est clairement envisagée (On le comprend dans un article paru dans le  journal Le monde daté du 31 mai 2012). Pour le comprendre, je renvoie au livre de Dominique FOING, Comptes et légendes de Paris (Paris, Denoël, 2011). On y apprend que le maire de Paris cherche depuis pas mal de temps à se débarasser de son adjoint à la Culture auquel il a quelques reproches à faire.  Avec l'élection de Christophe Girard comme maire du 4e arrondissement, l'occasion paraît trop belle !

L'acte III : Retour à la mairie du 4e arrondissement

Acte III, scène 1 : Christophe Girard sent qu'il est victime d'un petit traquenard. Mme Bertinotti et M. Delanoë ne sont pas les meilleurs amis du monde mais dans cette affaire ils font cause commune. Dans l'article du Parisien daté du 6 juin 2012 qui m'inspire aujourd'hui, on comprend que Mme Bertinotti ne fait rien pour aider son successeur à garder le poste d'adjoint à la Culture. Elle rappelle qu'être maire d'arrondissement lui a permis de devenir ministre (alors que Christophe Girard a  pu lui même rêver d'une telle fonction) et souligne qu'être maire d'arrondissement est un job à plein temps...

Acte III, scène 2 : Le même Christophe Girard mène la riposte contre la maire du 4e (avec laquelle il est de notoriété publique qu'il n'entretient pas des relations cordiales). Il rappelle que Dominique Bertinotti n'a pas décidé de renoncer à son poste de conseillère de Paris tout en précisant le montant de l'indemnité que cela lui permet de recevoir en complément de ce qu'elle reçoit comme ministre (les coups peuvent voler très bas !). De plus, il rappelle qu'au terme de la loi PLM, Mme Bertinotti devra être adjointe du conseil du 4e arrondissement (il faut en effet qu'un des adjoints au maire d'arrondissement soit membre du Conseil de Paris). Il donne donc un argument percutant qui plaide en faveur de la démission de Mme Bertinotti du Conseil de Paris. En effet, il avait été prévu que les ministres ne pouvaient garder aucun poste dans un exécutif, même celui de maire adjoint (cela a été précisée notamment par la porte-parole du gouvernement lors d'un grand jury sur LCI le dimanche 27 mai). Bref, si la règle s'applique complètement à Mme Bertinotti, elle doit démissionner de son poste de conseillère de Paris. Ambiance ! Ambiance !

Acte III, scène 3 : On attend avec impatience le prochain conseil d'arrondissement qui doit se tenir lundi 11 juin à 19h dans la salle des mariages du 4e !

To be followed...

 J'avais rappelé dans un précédent article que si Dominique Bertinotti devenait ministre (cela n'avait rien de certain à l'époque), elle laissait une majorité dans un "état pour le moins chaotique". On pourra admettre que si je prétends pas au titre de "pythie du 4e arrondissement" qu'un spécialiste du Marais m'a décerné, j'étais en fait en deça de la réalité !