vendredi 31 mars 2023

MMDLVIII : Les animaux de Paris Centre : Les quatre lions de la façade de l'Hôtel de Ville, rue de Lobau, oeuvres de deux grands sculpteurs animalieurs


Aux deux entrées de lHôtel de ville rue de Lobau, on peut observer quatre lions qui protègent les portails :


 Ces lions sont très semblables, cependant si on les regarde de près, ils ne sont pas complètement similaires. On peut même remarquer qu'ils sont les oeuvres de deux sculpteurs différents.

Les deux lions du 3 rue Lobau sont signés à leur base Henri-Alfred Jacquemart :


et ceux du 5 rue de Lobau sont d'Auguste Cain :


Ces deux sculpteurs ont eu des carrières assez proches. L'un et l'autre sont nés à Paris : Jacquemart le 15 février 1824 et et Auguste Cain le 10 novembre 1821. Ils sont tous les deux morts à Paris, Jacquemart le 4 janvier 1896 et Cain le 6 août 1894.

Ces quatre lions protègent la façade où figure la statue d'un autre grand sculpteur animalier : Louis-Antoine Barye qui lui aussi est représenté avec un lion à ses pieds. Voir mon article du 19 novembre 2008.

mardi 28 mars 2023

MMDLVII : Les 15 ans de l'Indépendant du Coeur de Paris.

 

Il y a 15 ans aujourd'hui, le 28 mars 2008, je publiais le 1er article de "L'Indépendant du 4e". 1966 articles étaient Paris entre le 28 mars 2008 et le 28 mars 2018. 

A cette date, le 28 mars 2018, l'Indépendant du 4e était devenu l'Indépendant du Coeur de Paris pour étendre son champ d'intérêt aux 1er, au 2e et au 3e arrondissements dans le cadre de la fusion entre les 4 arrondissements centraux décidées dans les dernières semaines de la présidence Hollande en février 2017.

Depuis le 28 mars 2018, 590 articles sont parus. L'aventure de ce blog continue.

Une pensée pour deux autres blogs et sites parisiens qui ont eux aussi une très belle longévité et avec qui j'ai d'excellentes relations : Paris Bise Art et Paris Marais.

lundi 27 mars 2023

MMDLVI : Les rues de Paris Centre : la Rue Saint-Marc

 

La rue Saint-Marc est une rue du 2e arrondissement. Elle a été -tristement-à la une de l'actualité avec un début d'incendie en marge de la manifestation de jeudi 23 mars avec des images illustrant le chaos lié à l'absence de ramassage des ordures. Le lendemain, parune surprenante déclaration, la maire du Paris expliquait que les bennes de ramassage des ordures ne pouvaient pas y passer en raison de l'étroitesse de la rue...

La rue Saint-Marc fait aujourd'hui 320m de long et elle relie la rue Favart -à l'Ouest- à la rue Montmartre au niveau du 149 après avoir été rejoint à son extrémité par la rue Feydeau (à laquelle j'ai déjà consacré un article du 7 décembre 2021). Voici une vue prise depuis la rue Montmartre en direction de l'Ouest

La rue Saint-Marc vue en regardant vers l'Ouest depuis la rue Montmartre avec tout à gauche l'angle formé avec la rue Feydeau

Cette rue n'est pas un héritage du Paris médiéval. Elle était située dans cette partie Nord-Ouest de Paris comprise entre la porte Montmartre de l'enceinte de Charles V (XIVe siècle) et la partie protégée par les fortifications du milieu du XVIe siècle. Sur le plan Mérian des années 1610, on se rend compte 'on se trouvait encore au début du XVIIe siècle dans un espace presque rural avec des propriétés qui ressemblent à de grandes fermes:

Extrait du plan Merian de 1615

Tout a changé pendant le règne de Louis XIII et le début du règne de Louis XIV avec l'aménagement de ce quartier. La rue Saint-Marc a été construite vers 1650 d'après le Dictionnaire Historique et Administratif des rues de Paris de 1844 :

 Il est intéressant de remarquer que cette rue porte le nom de Saint-Marc non pas en raison d'une église disparue qui aurait été placée sous l'invocation de ce saint (comme c'est le cas de nombreuses autres rues de Paris) mais en raison de la présence d'une enseigne. On peut aussi souligner que dans cet article il est précisé la largueur de la rue a été progressivement élargie pour être portée pendant le règne de Charles X (1826) à une largueur non négligeable de 10m.

Sur le plan Turgot des années 1730, on peut voir l'aspect de la rue Saint-Marc dans la 1ère moitié du XVIIIe siècle :

Plan Turgot des années 1730

Al'époque la rue ne faisait que 214m de long car à l'Ouest elle s'arrêtait rue de Richelieu. Au delà, on trouvait une superbe demeure aristocratique que j'ai représentée en rouge :

Il s'agissait de l'Hôtel édifié par Pierre de Crozat (1661-1740) un financier, mécène et des plus grands collectionneurs de son temps. Suite à une alliance matrimoniale, cette demeure est devenue la propriété du duc Etienne-François de Choiseul (1719-1785), principal ministre de Louis XV de 1758 à 1770. Tombé en disgrâce, celui-ci abandonna sa résidence parisienne et le quartier de l'Hôtel fut lôti pendant le règne de Louis XVI par une lettre-patente de 1780. Cette nouvelle rue a d'abord pris le nom de "rue neuve Saint-Marc". Voici l'article qui lui est consacré dans le Dictionnaire des rues de Paris de 1844 :

Sur un plan de Paris en 1785 (dit plan Brion de la Tour), on peut voir cette nouvelle rue qui mesurait 94m de long :

Plan Brion de la Tour (1785)

Voici l'aspect actuel de la rue qui a alors été percée, depuis la rue de Richelieu en direction de l'Ouest, avec l'arrière-plan l'Opéra comique :

Les rues Neuve Saint-Marc et Saint-Marc ont fusionné à une date que je n'ai pas réussi à trouver mais l'étude des plans de Paris montre que le changement a eu lieu dans la 2e moitié des années 1860. La rue Neuve Saint-Marc est mentionnée sur les plans que j'ai observée jusqu'en1865 mais ce n'est plus le cas en 1869 et l'appellation rue Saint-Marc s'étend de la rue Favart à la rue Montmartre :

Extrait du plan Lallemand de 1869

La rue Saint-Marc a fait l'objet d'un décret du 7 juin 1880 signé par le président de la République Jules Grévy pour que son extrémité Est à l'angle avec la rue Feydeau respecte l'alignement :

La rue Saint-Marc est  aujourd'hui une rue qui a une largeur de 10m sur toute sa longueur (-Elle le doit au fait qu'elle a fait l'objet de l'attention des pouvoirs publics qui se sont succédés entre 1650 et 1880-) C'est notamment le cas dans le tronçon compris à l'Est de la rue Vivienne comme le montre cette photographie :

La rue Saint-Marc depuis l'angle de  la rue Vivienne en regardant en direction de l'Est
 

C'est dans cette partie de la rue Saint-Marc, au n°9, qu'a eu lieu le soir du jeudi 23 mars le début d'incendie qui aurait pu embraser tout l'immeuble sans l'intervention des riverains et des pompiers de Paris en raison de l'amoncellement de déchets qui étaient stockés là depuis des jours :

La façade du 9 rue Saint-Marc après l'incendie du 23 mars 2023

(P.S. Je m'étais déjà intéressé à une façade de cette rue : j'avais fait paraître en janvier 2021 un article à propos de la façade du 24 rue Saint-Marc qui date de 1894 et qui est un très bel exemple d'architecture de l'âge industriel au cœur de Paris).

dimanche 26 mars 2023

MMDLV : Les statues du Louvre : Série Les personnages (8e volet) : Pierre Corneille par Henri Lemaire

  

Voici le 8e article consacré aux personnages représentés dans la cour du Louvre. Il  concerne Blaise Pascal que l'on peut voir dans la partie en retour de l’aile Turgot :

La statue de Pierre Corneille est la 8e en partant de la gauche (ou la 1ère en partant de la droite) :

Pierre Corneille est né le 6 juin 1606 à Rouen et il est mort à Paris (Parois Saint-Roch), le 1er octobre 1684. C'est un poète et un dramaturge de grand talent. Sa pièce la plus célèbre est le Cid (1637) comme on s'en rend compte en regardant de près la statue :

Il faut en effet regarder le feuillet qu(il tient dans la main gauche :

on peut voir le titre de la pièce :

Derrière Corneille, des ouvrages sont représentés à ses pieds. On peut s'en rendre compte en regardant la statue de dos depuis les salons d'honneur du Ministère d'Etat du Louvre :

Voici une citation très lucide de Pierre Corneille 'Chaque instant de la vie est un pas vers la mort" (dans Titus et Bérénice [1670]).

Cette statue qui date de 1857 est une oeuvre du sculpteur Henri Lemaire, né à Valenciennes le 8 janvier 1798 et mort à Paris le 2 août 1880. Henri Lemaire a aussi été député du Nord de 1852 à 1863 (donc à l'époque où il sculpta la statue de Corneille). Voici une photographie de lui à cette époque :

 Henri Lemaire a aussi réalisé la statue de Pierre Froissart qui se trouve au Louvre. Il avait aussi réalisé la statue équestre qui était placée au dessus de la porte centrale de l'Hôtel de Ville et qui aujourd'hui est conservée au Musée Carnavalet.

La statue de Pierre Corneille a fait l'objet récemment d'un nettoyage comme on peut le voir avec la comparaison entre une photographie que j'ai prise en mars 2021 et une autre en juin 2022 : 

vendredi 24 mars 2023

MMDLIV : Coup de gueule : hier "Scènes de chaos au Coeur de Paris"... Et ce n'est pas faute d'avoir prévenu !

 

Dimanche dernier j'avais fait paraître "Chaos du ramassage des ordures : un coup de gueule contre la Maire de Paris, mais pas uniquement elle...".J'y écrivais : " L'autre enjeu important, surtout avec la colère qui est montée d'un cran avec le recours par le gouvernement jeudi dernier à l'article 49.3 est le fait que tous ces déchets peuvent être facilement incendiés et et que l'on peut se retrouver avec des immeubles en feu. Laisser toutes ces poubelles dans les rues est absolument irresponsable."

Quand j'ai vu les images hier soir sur les chaînes d'information montrant dans les rues du 2e arrondissement (la rue Saint-Marc sur la capture d'écran ci-dessus extraite de LCI) je ne peux m'empêcher de penser que j'avais -malheureusement- raison. J'ai  constaté que malheureusement le mot "chaos" que j'avais employé s'était imposé de lui-même aussi à l'esprit des journalistes. On notera au passage que les média parlent du "Coeur de Paris", nom que j'ai choisi pour ce blog en 2018 car je pense moi aussi que "Paris Centre" n'évoque pas grand chose.

Il est urgent que toutes les poubelles qui continuent à pourrir dans certains arrondissement de Paris soient PARTOUT déblayées (dans le 2e mais aussi dans tous les autres arrondissements concernés).

Il en va de la santé et de la sécurité des Parisien(ne)s. Hier grâce aux pompiers de Paris aucun immeuble n'a été détruit par un incendie mais c'est presque un miracle. Il est tant que Mme Hidalgo réagisse.


 

jeudi 23 mars 2023

MMDLIII : L' ancien dôme du café Riche sur le Boulevard des Italiens

 

J'ai depuis mon adolescence fréquenter le boulevard des Italiens car ma mère a longtemps travaillé dans ce quartier C'est peut-être une des raisons pour laquelle j'ai acquis plusieurs cartes postales qui représentent cette voie située sur les Grands Boulevard à l'Est de la place d l'Opéra, par exemple celle qui ouvre cet article.Or sur cette carte qui date du début du XXe siècle (on y voit sur la droite une automobile et le cachet de la poste est datée de 1907), on peut observer un très grand dôme dont je me suis longtemps demandé où il se trouvait précisément et à quoi il correspondait :

Or ce dôme apparaît sur de nombreuses autres cartes postales que je possède aussi :

Cependant, une carte postale que je viens de trouver m'a permis de mieux me repérer :

On y voit ce dôme à nouveau sur la droite :

mais on peut distinguer plusieurs éléments intéressants côté gauche :

 On reconnaît à l'angle au 1er plan le buste du cardinal de Richelieu sur le café "Le Cardinal" et à l'arrière-plan la silhouette du siège du Crédit Lyonnais :

Toutes ses vues sont donc vues depuis l'extrémité Est du boulevard des Italiens, à l'angle avec la rue de Richelieu et la rue Drouot, en direction de l'Ouest. Sur la gauche, il s'agit donc du 2e arrondissement, et sur la droite du 9e arrondissement.

Une enquête rapide m'a permis de comprendre qu'il s'agissait d'un établissement aujourd'hui disparu : le "Café riche" qui se trouvait à l'angle du boulevard des Italiens et de la rue Le Pelletier. Voici sa situation sur une carte de Paris de 1862. Je l'air représenté par une étoile. J'ai aussi représenté l'emplacement du boulevard Haussmann qui n'était pas encore percé à cette date :

Le café Riche avait été fondé en 1785 par Mme Riche. Il a été repris en 1865 par Lucien Bignon qui en a fait un établissement couru par le tout Paris. Sous le 2nd empire, le Café Riche avait cet aspect :

Il est décrit par Emile Zola dans la Curée : "Sous la fenêtre même, le café Riche avançait ses tables dans le coup de soleil de ses lustres, dont l’éclat s’étendait jusqu’au milieu de la chaussée ; et c’était surtout au centre de cet ardent foyer qu’ils voyaient les faces blêmes et les rires pâles des passants. Autour des petites tables rondes, des femmes, mêlées aux hommes, buvaient. Elles étaient en robes voyantes, les cheveux dans le cou ; elles se dandinaient sur les chaises, avec des paroles hautes que le bruit empêchait d’entendre. "

Voici une gravure de Louis-Emile Benassit qui montre le terrasse du Café riche vers cette époque :

La gravure ci-dessous représente les cuisines de cet établissement après son agrandissement en 1865 :


L'établissement a seulement pris en 1899 l'aspect que l'on peut voir sur les cartes postales évoquées en début d'article  avec un dôme et une façade dessinés par l'architecte Georges Gourin-Moustiaux :

 La photographie suivante permet de mieux se rendre compte de l'aspect imposant de cette façade :

et voici un détail qui montre le dôme :

Cet immeuble a été un des six primés en 1901 pour le concours organisé par la ville de Paris parmi ceux édifiés en 1899.

L'intérieur du café riche étaient vraiment magnifique comme le montrent les vues suivantes :


Voici des extraits du menu préparé pour la fin de l'année 1913 :

une vue des salons du 1er étage :

cet établissement était réputé à la veille de la Première guerre mondiale pour son école de Tango :

qui était mis en avant par la couverture du menu :

Le café Riche a fermé ses portes en 1916 pour être remplacé par une établissement bancaire : la banque national du Crédit qui y a installé une partie de son siège social et a loué l'immeuble. 10 ans plus tard, l'immeuble est détruit pour être remplacé par une construction Art Déco due à Joseph Marast. Cet immeuble a été achevé en 1932 pour devenir le siège de la BNCI (la BNC avait fait faillite entre temps !)..

Cette démolition et cette reconstruction s'inscrivent dans le cadre du percement de l'extrémité Est du boulevard Haussmann (inauguré en 1927 par le président de la République Gaston Doumergue [Voir article du 2 mai 2022]). L'agencement de cette partie du boulevard des Italiens a radicalement été transformé. On s'en rend compte avec le montage ci-dessous :

A l'emplacement du Café Riche, on trouve aujourd'hui le siège de la banque BNP-Paribas.

Il existe toujours aujourd'hui dans le 9e arrondissement un restaurant appelé le "Petit Riche", situé 25 rue Le Pelletier et qui était jadis, une annexe de l'établissement située boulevard des Italiens et appelé pour cette raison le "Grand riche".

A lire :

- article consacré au Café Riche vu par Emile Zola sur le blog Paris Bistro

-  notice sur une photographie de l'immeuble sur le site Paris Musée

- sur un menu de 1913 sur le site de Paris Musée

- article consacré à l'histoire du Café Riche sur le site 9eme Histoire (qui n'évoque pas du tout le dôme auquel je consacre cet article).