vendredi 31 juillet 2020

MMCLXXXV : les animaux de Paris Centre : Le lion de "A Réaumur" qui m'a permis d'en apprendre sur un Grand Magasin de Paris Centre


Je continue la série consacrée aux animaux dans le Centre de Paris Centre. Il concerne un lion qui surplombe un immeuble du 2e arrondissement : celui situé entre le 82 et le 96 rue Réaumur :

Cela m'a conduit à faire une recherche sur ce long bâtiment qui longe la rue Réaumur  entre la rue Saint-Denis et la rue Dussoubs :

avec deux élégant dômes à chaque extrémité :


Une paege Wikipédia consacrée à cet immeuble m'a permis d'apprendre qu'il s'agissait (comme on pouvait s'en douter) d'un ancien grand magasin appelé "A Réaumur". Ce bâtiment a été construit par Jean-Baptiste Gobert-Martin. Il été inauguré le 17 avril 1897 par le président Félix Faure. J'ai trouvé une page très complète sur Jean-Baptiste Gobert-Martin né en 1849 à Pouilly-sur-Meuse et mort en 1921. Après sa mort, c'est sa veuve, Lucia née Martin qui reprit la direction du magasin jusqu'à sa mort en 1946.

 La surface initiale de 1000m² a été portée en 2500m² en 1900 puis à 6000 m² en 1925 (grâce à une extension dans un immeuble situé à l'ouest de la rue Dussoubs). D'après Strucurae l'architecte de ce bâtiment s'appelait  F Constant-Bernard. D'après le site CTHS, François Constant-Bernard a vécu de 1851 à 1930. Il a surtout construit des bâtiments scolaires.

 L'originalité -à l'époque- du magasin "A Réaumur" était qu'on y trouvait des vêtements en prêt-à-porter de bonne qualité dont les modèles étaient présentés en catalogues. Ces derneirs sont des témoignages très intéressants  sur l'évolution de la mode :

- la couverture du catalogue été  1902 :

- la couverture de l'été 1906 :

-  de l'Hiver 1923-1924 :



- la couverture du catalogue de l'hiver 1931-1932 :

et pour finir le catalogue de l'été 1936 :

Les magasins "A Réaumur" ont fermé en 1960.

Vous pouvez trouver sur ce blog de nombreux autres informations consacrés à ce grand magasin :  http://areaumur.over-blog.com/

mardi 28 juillet 2020

MMCLXXXIV : Il y a 190 ans le 28 juillet 1830, D'Arcole donnait son nom à un pont de Paris Centre


Nous célébrons en ce moment les "Trois Glorieuses" des 27, 28 et 29 juillet 1830 qui ont conduit le dernier roi de France Charles X à abdiquer (et à céder le trône à Louis-Philippe, "roi des Français"). Les combats révolutionnaires qui ont conduit à ce renversement se sont déroulés dans plusieurs endroits de Paris mais les principaux combats ont eu lieu autour de la place de l'Hôtel de Ville.

Pour commémorer ce 190e anniversaire, j'ai choisi de commenter ce petit tableau non signé qui est dans une collection particulière. Pour situer l'action, il faut comprendre que le peintre donne un point de vue depuis l'Hôtel de Ville (qui est dans son dos) et donc on voit à droite un partie des immeubles qui donnaient sur la place et à l'arrière-plan, l'île de la Cité. L'action se passe donc dans la partie Sud-ouest de l'actuelle place de l'Hôtel de Ville :

Dans le tableau on repère au 1er plan à droite, des soldats :

quand on regarde de près, on voit qu'ils chargent un canon et qu'ils ont déjà subis des pertes. Ce sont les soldats de Charles X qui essaient de s'opposer à la révolution en cours.

Il faut après regarder au 1er plan à gauche :
on voit la population en arme brandir un drapeau tricolore (symbole des révolutionnaires qui s'opposaient au fait que depuis la Restauration en 1814/1815 le drapeau blanc à fleur de lys était redevenu l'emblème national français) avec tout à gauche une barricade :
On a en quelque sorte une version moins allégorique du célèbre tableau de Delacroix "La Liberté guidant le peuple" où on voit des les révolutionnaires avancer en passant par delà une barricade avec des soldats de Charles X morts au 1er plan et où on voit à l'arrière plan les tours de Notre-Dame :

Dans le tableau qui sert de file conducteur à cet article, il faut ensuite s'intéresser au 2e plan :
On voit un pont, ou plus précisément une passerelle :
On comprend en effet, qu'elle était réservée aux piétons puisqu'on pouvait y accéder par des marches avec une petite barrière qui marquait l'accès à la place de l'Hôtel de Ville. Cette passerelle édifiée en 1828 (deux ans plus tôt) avait pour nom "Passerelle de la Place de grève" (appellation la place de l'Hôtel de Ville à l'époque). Elle a considérablement changé d'aspect depuis puisqu'elle a été remplacée par un "vrai" pont en 1856 :

Dans le tableau, on voit sur la passerelle un élément important de l'action :
un autre groupe de révolutionnaires franchit la Seine avec en tête un autre drapeau tricolore. J'avais déjà parlé de ce fait d'armes dans un article du 9 octobre 2008 (il y a déjà 12 ans !) : Le 28 juillet, un jeune polytechnicien surnommé "Arcole" mena l'assaut de cette passerelle. Il tomba avec drapeau bleu, blanc, rouge en main sous les balles des soldats de Charles X mais cette action héroïque permit la prise de l'Hôtel de Ville. En expirant, il s'écria "Rappelez-vous que je m'appelle Arcole". En effet on comprend grâce a tableau que les soldats de Charles X sont désormais confrontés à une attaque de flanc qui les fragile face à la barricade de l'Hôtel de ville. :

Ce jeune homme courageux mort au combat a donné son nom au pont :

Il porte donc ce nom non par par référence à la bataille remportée par Napoléon Ier en 1796 (comme beaucoup le pensent) mais à cet épisode du 28 juillet 1830.

Dernier élément intéressant à observer sur ce tableau : l'arrière-plan : 

Quand on regarde de près, on voit les bâtiments qui étaient situés sur la rive Nord de l'Ile de Cité à l'emplacement de l'actuel quai de la Corse entre le Pont d'Arcole et le Pont Notre-Dame :
On reconnaît tout à droite la flèche de la Sainte-Chapelle... mais pour le reste, depuis, le paysage a beaucoup changé :
 Sous le règne de Napoléon III, les immeubles ont été détruits pour laisser place à l'Hôtel Dieu et la silhouette de la nef de Sainte Chapelle est masquée par le tribunal de Commerce.

dimanche 26 juillet 2020

MMCLXXXIII : Si un monsieur de La Palisse n'avait pas sauvé la cathédrale Notre-Dame, elle aurait été détruite il y a déjà près de 150 ans.


L'incendie de la cathédrale Notre-Dame en avril 2019 a provoqué une émotion mondiale. Cependant, tel n'aurait pas été le cas si l'édifice n'avait été préservé depuis le Moyen Âge (avec certes quelques modifications par Viollet-le-Duc). Or, je viens de découvrir que le bâtiment avait échappé au XIXe siècle à un anéantissement programmé.

En effet, en visitant le château de La Palisse dans l'Allier cet été, j'ai entendu pour la 1ère fois l'évocation d'un sauveteur de la cathédrale Notre-Dame en... 1871. En effet, on peut voir dans le château une photographie d'Antoine de Chabannes qui était un officier de cavalerie :

D'après ce qui est raconté pendant la visite (et que l'on peut retrouver sur une page d'un site consacré à la famille de Chabannes) pendant la Commune, cet officier était placé sous les ordres du général Ducros. Les Communards (auxquels je suis à peu près certain on va rendre des hommages très appuyé l'an prochain pour le 150e anniversaire de la Commune) avaient placé des barils de poudre pour faire exploser la cathédrale Notre-Dame. Aidé de deux hommes de confiance, Antoine de Chabannes serait allé désamorcer les fils qui permettaient la mise à feu. Je n'ai pas trouvé d'autres sources de cette anecdote mais je suis intéressé par toute autre source qui permettrait de l'étayer.

 Le château de La Palisse appartient à la famille De Chabannes depuis le XVe siècle.  Son membre le plus célèbre est le Jacques II de Chabannes, Maréchal de La Palisse,  mort à la bataille de Pavie en 1525 (et dont l'hommage rendu par ses soldats lors du retour de sa dépouille en France est de manière involontaire à l'origine des La Palissades). Il est superbe mais il a  -d'après ce que j'ai pu en voir - besoin de poursuivre les travaux de préservation qui sont entrepris. S'il reste des financements aux travaux de restauration de Notre-Dame, il serait peut-être bien d'en faire profiter la demeure de celui sans qui la cathédrale serait devenue une ruine dès 1871.
Une petite suggestion que je me suis faite en entendant pour la 1ère fois évoqué ce sauveur de Notre-Dame.

P.S. en ce qui concerne Antoine Edouard de Chabannes La Palice né le 18 juin 1836 à Paris et mort à Alger à l'âge de 36 ans le 18 avril 1873 à Alger. Il était diplômé de Saint-Cyr de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr et décoré de la légion d'honneur de 

jeudi 23 juillet 2020

MMCLXXXII Les ponts de Paris Centre : Le pont des Arts


Sur l'Indépendant du 4e, j'ai publié sur plusieurs années une série consacrée aux ponts du 4e (55 articles parus de 2008 à 2017). Grâce au regroupement des arrondissements centraux, ce blog est devenu depuis 2018 l'Indépendant du Coeur de Paris mais je n'avais pas pensé à prolonger cette série. Or pendant, le déconfinement, profitant d'un Paris complètement vide de touriste à la mi-mai, je me suis dit qu'il fallait que je la reprenne pour évoquer mon 2e pont préféré de Paris (après le Pont Marie) : le Pont des Arts.

Celui-ci est en effet situé dans un endroit magnifique : il relie l'Institut (l'Académie français) sur la rive gauche à la Cour carrée du Louvre :


On peut y profiter d'une des plus belles vues de Paris sur l'île de la Cité :


De plus, alors que Paris était presque désert on pouvait voir une perspective intéressante et assez rare avec ce pont vide ce qui est très rare :

Ce pont est techniquement et historiquement intéressant : décidé sous le Consulat, il a été construit entre 1802 et 1804. C'est le 3e pont au monde (les deux premiers se trouvant en Angleterre) construit en fonte même s'il repose sur les des piles en pierre. Il s'agit donc d'un témoignage de la Révolution industrielle qui a marque l'Europe à la partir de la fin du XVIIIe siècle.


 Autre innovation : ce pont a toujours été conçu pour être une passerelle réservée aux piétons. Une passerelle réservée aux "circulations douces" comme on dit maintenant. De plus, à l'époque d'après le guide bleu "Elle constituait un véritable jardin suspendu avec des arbustes, fleurs et bancs pour les promeneurs". Comme quoi en matière de végétalisation, Bonaparte était un précurseur.

Cette passerelle rythmée par neuf arches est un point de passage assez compliqué à gérer pour les péniches et les bateaux mouches. Par mesure de sécurité elle avait été fermée au public et il avait été envisagé de la démolir. Cependant, des travaux de rénovation furent entrepris en 1982 et achevés en 1984. Elle n'est plus en fonte mais en acier.

lundi 20 juillet 2020

MMCLXXXI : Le 4e arrondissement a aussi sa boîte en à lettres en hommage à Simone Veil


Le 13e arrondissement avait déjà depuis plusieurs années une boîte aux lettres rendant hommage à Simone Veil. Elle avait été vandalisée en 2019.Depuis le mois de mars 2020, une boîte à lettres du 4e arrondissement, rue du Grenier-sur-l'eau, à quelques mètres du Mémorial de la Shoah,  rend aussi hommage à cette grande dame.



vendredi 17 juillet 2020

MMCLXXX : Une église aux dimensions étonnantes : Saint-Nicolas-des-Champs


Pendant la longue période de "déconfinement", ne pouvant pas nager puisque les piscines étaient fermées, j'ai pris l'habitude de beaucoup marcher dans Paris. Or, lors d'une de mes promenades, mon attention a été attiré par une église dans laquelle je n'étais jamais rentré : Saint-Nicolas-des-Champs (église située dans le 3e arrondissement pas très loin du CNAM et donc de l'ancienne abbaye Saint-Martin-des-Champs). J'ai déjà consacré un article à une belle surprise que j'ai pu y découvrir : le portail Sud que je considère comme un joyau de la Renaissance (article du 21 mai 2020).

Le portail principal de l'église ne donne pas du tout l'idée de ce que l'on peut y voir à 'intérieur. On a en effet l'impression de rentrer dans une petite chapelle :


Or dès que l'on pénètre dans la nef, on est véritablement saisi par les volumes :
L'église est en effet de dimension impressionnante : elle fait 90m de long (pour mémoire Saint-Eustache fait 105m et la cathédrale Notre-Dame de Paris 127m). La voûte y est plus basse (20m de haut contre plus de 40m à Saint-Eustache et Notre Dame) mais cela accroit cette impression d'étirement en longue de l'église.

D'après la brochure que l'on peut acheter sur place, une première chapelle avait été élevée à cet endroit en 1184 pour desservir la petite bourgade accolée à l'abbaye Saint-Martin-des-Champs et qui était située hors de l'enceinte de Philippe Auguste. Après la construction de l'enceinte de Charles V dans la 2e moité du XIVe siècle, cette partie située au Nord-Est  a connu une croissance démographique importante. En 1420 -en pleine guerre de 100 ans- il a été décidé de construire une nouvelle église. La façade et les sept premières travées datent de cette époque.

Par la suite, l'église a été prolongée en deux temps : au XVIe le doublement du bas-côté Sud, l'ajout de quatre travées supplémentaires dans la nef et la construction d'un double bas côté au Nord. On peut d'ailleurs noter l'élégance incroyable de ces bas côtés :

En dans le premier quart du XVIIe siècle, on finit de construire les deux dernières travées de la nef, le choeur, le double déambulatoire et les douze chapelles rayonnantes. Là aussi, on ne peut qu'être impressionné par les lignes du déambulatoire:
 
 Bien qu'elle n'ait pas de transept : l'église est très large, elle fait 36m de largeur.

Quand on observe plan Turgot des années 1730, on se rend bien compte de la dimension impressionnante de cette église (entourée en rouge) en comparant avec la chapelle du monastère Saint-Martin qui paraît vraiment toute petite alors que quand on visite le CNAM on est aussi impressionné par les beaux volumes de cet édifice (entouré en jaune) :



mardi 14 juillet 2020

MMCLXXIX : La façade très richement décorée de "La France" au 142 rue Montmartre


En août dernier, j'ai consacré un article à une vue prise rue Montmartre en août 1944 au moment de la Libération (article du 13 août 2019). Je m'étais promis de publier plus tard un article consacré à cet étonnant bâtiment que l'on y voyait sur la droite avec des atlantes et des caryatides : la façade du journal "La France". Voici donc  l'objet de cet article.

Située au 142 de la rue Montmartre, l'ancienne entrée principale est impressionnante (on y trouve aujourd'hui un carrefour city) :



L'inscription "La France, journal du soir est soutenu par deux atlantes  de chaque côté :




 L'artiste qui les a sculptés a indiqué son nom à la base : Louis Lefebvre, aussi appelé Louis-Alexandre Lefebvre Deslongchmaps (1849-1893) [auquel on doit la statue de Burnouf sur la façade de l'Hôtel de Ville, voir mon article du 10 décembre 2008]


tandis que dans la partie centrale on trouve deux caryatides qui symbolisent la presse  : l'une représentant le journalisme :


 l'autre la typographie et l'impression des journaux :.
On peut aussi voir le nom du sculpteur au pied de cette dernière statue, Ernest Eugène Holle  (1834-1886) :



A l'angle formé avec la rue du Croissant on peu observer en hauteur un buste :


il s'agit bien sûr de Marianne :


Cet immeuble a été édifié en 1883 par Ferdinand Bal.  On peut le voir inscrit tout à droite de la façade :

 "La France" (journal créée en 1862) s'était impliquée lors de la crise du 16 mai 1877 contre le président Mac Mahon qui avait provoqué une dissolution de la Chambre des Députés dans un contexte où les Républicains devenaient de plus en plus nombreux (alors que les monarchistes l'avaient emporté en 1871).

Cependant en 1896, le journal fit faillite après avoir publié une liste d'une centaine d'hommes politiques et de responsables qui auraient été impliqués dans le scandale et de Panama. Mécontents, il avaient porté plainte pour diffamation...

La journal l'Aurore s'installa dans ce bâtiment en 1897. C'est pourquoi on peut aussi y voir une plaque qui rappelle que c'est depuis cet endroit que l'écrivain Émile Zola publia en janvier 1898 son célèbre "J'accuse" pour dénoncer l'erreur judiciaire commise contre Alfred Dreyfus. Cela est aussi rappelé par une plaque :


Un lieu chargé de l'Histoire de la République donc.