mercredi 25 mars 2015

MDXXXIX : Grèves dans les piscines : pour une médiation concluante.

 

On peut encore voir cette affiche dans certains établissements sportifs parisiens. A chaque fois que je la vois, je me dis que plutôt que de poser des questions aux habitants, il faudrait plutôt que nos élus commencent par régler les problèmes qu'ils leur posent...

En effet, depuis maintenant un an, les piscines municipales de Ville de Paris sont touchées par des grèves perlées qui provoquent la fermeture presque tous les dimanches de nombreuses d'entre elles (il est vrai que la piscine Saint-Merri n'est pas la plus concernée).

A la fin du Conseil d'arrondissement du 2 mars 2015, j'ai posé une question à ce sujet en demandant qu'une solution soit enfin trouvée. Le maire m'a fait une réponse très courte en m'expliquant que les conflits sociaux étaient un élément de la démocratie.

J'ai quelques notions à propos de la grève et des conflits sociaux. J'ai moi-même participé à une très longue grève des enseignants de Seine-Saint-Denis entre mars et mai 1998 [Ce département était devenu en métropole celui où le nombre de professeurs par élèves était le plus faible]. Je sais personnellement la colère ressentie par des personnes qui font grève pendant une très longue période en estimant qu'ils ont raison. Je peux témoigner par ma propre expérience que rien n'est pire que l'impression que le conflit s'enlise et qu'aucune solution ne peut être trouvée. Contrairement à ce que pensent certains (et là je ne pense pas forcément à ceux qui sont les plus à Gauche), participer à une grève n'est jamais une partie de plaisir, même si elle est "perlée". Contrairement aussi à une autre légende tenace, les jours de grève sont bien prélevés sur les traitements des fonctionnaires (même si ils peuvent être étalés sur plusieurs mois). Quand on sait ce que touche les agents techniques des personnels de la Ville, je peux assurer que quelques euros de moins à la fin du mois cela peut représenter une vraie difficulté.

Le sentiment de l'injustice et du manque d'écoute provoque une colère sourde contre les dirigeants. Or, en ce qui concerne les piscines,un conflit que l'on laisse pourrir pendant aussi longtemps (plus d'un an), je pensais que seule la Margaret Thatcher des années 1980 en Grande-Bretagne en était capable.

J'avais été informé qu'un vote sur la fin du conflit était prévu le vendredi 20 mars avec une possibilité de mettre fin à la grève. Cela ne semble  pas encore avoir abouti. En effet, dimanche 22 mars 2015, encore 16 piscines municipales parisiennes étaient fermées mais pas il est vrai la piscine Saint-Merri (site http://piscine.equipement.paris.fr/tousleshoraires).

Je ne prétends pas savoir bien sûr si le personnel des piscines a raison de faire grève. Ma seule requête est que les élus Parisiens -qui s'avèrent incapables de trouver une solution- acceptent de nommer un médiateur qui trouve enfin une issue. Un vœu dans ce sens a été voté par les élus de la Majorité municipale du 9e arrondissement du 2 mars 2015. (Je n'ai pas assister à son vote puisque pour ma part -comme on le sait- j'assiste au Conseil du 4e auquel je reste fidèle). Mon souhait est que face à cet enlisement du conflit, les élus du 4e soutiennent aussi un vœu afin qu'un médiateur soit nommé et règle le problème.

Comme je le disais en posant ma question, certains élus peuvent se passer des piscines municipales car ils fréquentent des clubs sportifs très "sélects", mais en ce qui concerne le Parisien moyen la fermeture des piscines le dimanche (mais aussi le samedi depuis quelques semaines) est un vrai problème. Un sondage diffusé à l'occasion des municipales de 2014 a montré que la natation était le sport préféré des Parisiens et ils ont raison.

[Addendum le jeudi 26 mars à 9h17: J'apprends, suite à la publication de cet article, par le compte twitter @Colsport17 que lors de l'AG du 20 mars, non seulement la reprise de la grève n'a pas été votée mais qu' "en plus il a été décidé d'étendre la grève au mercredi en plus des samedi et dimanche". De l'utilité des réseaux sociaux].

dimanche 22 mars 2015

MDXXXVIII : Les passages de Paris Centre : Le "passage du Gantelet" permet de découvrir une très belle vue sur l'église Saint-Gervais-Saint-Protais et sur des vestiges de la Renaissance

  

En cette année 2015, le 4e arrondissement compte un nouvel petit espace de tranquillité : le "passage du Gantelet". Il relie la rue des Barres à la place Saint-Gervais en longeant la partie sud de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais. 

Il reprend le tracé d'une ruelle qui longeait l'église et que l'on peut voir sur le plan Turgot des années 1730 :

 
 
Ce nouveau passage offre une vue inédite sur la partie Sud de l'église :



 Dans la partie la plus proche de la place Saint-Gervais, on peut voir la cour de la Maison des Compagnons. On peut y apercevoir trois superbes encadrements de fenêtres :

 
 Le style laisse indéniablement pensé à des créations qui datent de la Renaissance (on reconnait  des oeuvres dans le style de Jean Goujon).
 

 J'ai pensé à des vestiges de la version Renaissance de l'Hôtel de Ville qui se situe pas très loin de là. Cependant, je n'ai rien trouvé dans ma documentation (notamment ma "Bible", le Chadych sur le Marais) ou sur la toile.
 

jeudi 19 mars 2015

MDXXXVI : Les blasons des villes qui apparaissent sur l'Hôtel de Ville côté rue Lobeau

 

Depuis les premières semaines de l'existence de ce blog, je publie des articles consacrés aux personnages représentés sur l'hôtel de Ville. Cette série d'article est presque finie.

J'ai décidé de commencer très bientôt une nouvelle saga consacrée aux statues des villes que l'on peut voir dans les parties hautes de l'Hôtel de Ville et dont j'ai la liste ce qui me permettra de trouver très facilement des informations à leur sujet.

Cependant je publie cet article à propos d'une énigme. On trouve aussi sur l'Hôtel de ville des armoiries qui ne semblent pas avoir de rapport direct avec les villes représentées sous dorme des statues. Voici un exemple, avec la partie située rue de Lobau dans le secteur sud entre la partie centrale et la Seine. On peut 8 armoiries que j'ai identifiées ci-dessous par des lettres :

Voici des agrandissements de chacune de ses armoiries avec la ville qu'elle représente d'après les recherches (pas toujours faciles à mener) que j'ai faites :

A : Melun :

"D'azur, à sept besants d'or, 3, 3 et 1, au chef du même" (il y a donc semble-t-il une erreur dans la représentation)

B : Meaux :

"parti de gueules et de sinople à la lettre onciale "M" d'or; au chef d'azur semé de fleurs de lys d'or".

 C : Saint-Denis :

"d'azur semé de fleurs de lys d'or"

 D : Étampes :

coupé : de gueules à la tour crénelée de cinq pièces d'or mouvant de la pointe, flanquée de deux tourelles en forme de guérite du même, la tour ouverte et ajourée et maçonnée de sable et chargée d'un écusson d'azur à trois fleurs de lys d'or, brisé en cœur d'un bâton péri en bande de gueules, chargé de trois lionceaux d'argent.

 E : Versailles :

d'azur aux trois fleurs de lys d'or, au chef d'argent chargé d'un coq bicéphale issant au naturel

  F : Beauvais ?

"de gueules au pal d'argent"

 G : Sarcelles 

"d'azur à trois merlettes d'or"

 H : Lille

"de gueules à la fleur de lys florencée d'argent"

Plusieurs remarques concernant l'identification de ces armoiries (qui m'a pris un peu de temps) :

- la plupart de ces blasons représentent des villes de l'actuelle région Ile-de-France :

- Beauvais était peut-être à l'époque considéré comme une ville qui faisait partie de l'ère géographique de Paris

- Quant à la dernière ville, Lille, c'est la seule qui correspond à la statue située juste à côté. Pourquoi est-ce la seule ? Mystère ! Peut-être parce que c'est la seule statue qui ne tient pas dans sa main un écu avec représenté dessus ses armoiries.


 


dimanche 8 mars 2015

MDXXX : Les statues de l'Hôtel de Ville (112e volet) : Mme Vigée-Lebrun par Edouard Pépin

 

En ce dimanche 8 mars, Journée internationale de la femme, je finis la série consacrée aux statues que l'on peut voir sur les façades extérieures de l'Hôtel de Ville. Ces sculptures ont été installées à l'époque où le sexisme était dominant : c'est pourquoi toutes les statues qui représentent des femmes sont situées sur la façade qui donne au sud côté quai qui était peu visible en raison de la présence d'un jardin privé dépendant de l'Hôtel de Ville. 

La dernière statue de cette série à laquelle je consacre cet article représente  "Mme Vigée-Lebrun que l'on peut voir au 1er étage dans l'angle du pavillon de droite qui donne sur ce jardin :


Louise Elisabeth Vigée-Lebrun est une peintre portraitiste de très grand talent. Né à Paris le 16 avril 1755, elle y est décédée le 30 mars 1842.

 Le Grand Palais va très bientôt organiser une exposition consacrée à cette artiste (du 23 septembre 2015 au 11 janvier 2016) (voir le lien suivant).

Voici un exemple d'un superbe portrait qu'elle a peint en 1787 : Alexandre-Charles-Emmanuel de Crussol que l'on peut voir au Metropolitan Museum de New York :

La statue est une oeuvre d'Edouard Félicien Alexis Pépin est né à Paris le 21 novembre 1853 comme en atteste son acte de mariage à la mairie du XVIIe arrondissement le 16 octobre 1884 (à l'époque Édouard Pépin était domicilié au 87-89 rue Denfert-Rochereau). Acte retrouvé en juillet 2022 par @stefdesvosges :

Voici une oeuvre qui lui est attribuée : L'Industrie récompensée :


 

samedi 7 mars 2015

MDXXIX : Refus d'une plaque à la Mémoire d'Henri Dutilleux... Un petit rappel historique pour les élus de la Majorité municipale

 


Lors du Conseil d'arrondissement de Décembre 2014, Jean-Pierre Plonquet (mélomane averti et candidat UDI aux municipales dans le 4e en mars 2014) avait demandé qu'une plaque soit apposée sur l'Île Saint-Louis à l'endroit où le grand compositeur français Henri Dutilleux (1916-2013) a  vécu une grande partie de sa vie.

Après avoir oublié de répondre à cette question en janvier, les élus de la majorité municipale ont expliqué lors du Conseil d'arrondissement du 2 mars 2015 que la pose de cette plaque n'était "pas possible pour le moment". Christophe Girard a donné la parole à la Conseillère de Paris PS du 4e, KarenTaieb, qui a expliqué que Henri Dutilleux était soupçonné de faits de Collaboration. On lui reproche d'avoir composé la musique d'un film collaborationniste "Forces sur le stade" (1941). M.Girard a ajouté des paroles accablantes en précisant qu'on ne pouvait poser des plaques en l'honneur des Juifs exterminés  et dans le même temps rendre hommage à d'autres personnes qui peuvent être considérées comme un mauvais exemple.  Il a fini en soulignant qu'il ne fallait pas que la moindre confusion soit possible dans l'esprit des enfants d'aujourd'hui.

La période de l'Occupation  est une époque, sur laquelle à mon avis, il est nécessaire d'être pour le moins prudent concernant le jugement que l'on peut avoir sur tel ou ou tel parcours..En effet, dans les heures sombres, chacun peut avoir eu avoir à faire des compromis, voire des compromissions. Certains grands personnages couverts d'honneurs par la suite se sont même laissés aller à recevoir la francisque des mains mêmes du Maréchal Pétain.

En ce qui concerne Henri Dutilleux, ce procès en Collaboration contre un des plus grands compositeurs français du XXe siècle relève purement et simplement de l'ODIEUX :

Pendant l'Occupation Henri Dutilleux a certes participé à des représentations à Paris devant la Wehrmacht (il était directeur du choeur de l'Opéra de Paris) mais il a toujours refusé de jouer pour la radio collaborationniste Radio Paris ce qui bien sûr ne manquait pas de courage (Comme cela est expliqué par un ouvrage universitaire récent très complet de de Chiara Lepora et Robert E Godin "On compromise and Complicity", Oxford University Press, 2013, page 126)

De plus, Henri Dutilleux a rencontré son épouse Geneviève Joy en participant  a un réseau de Résistance : Le Front National des Musiciens (comme cela est expliqué sur le site Holocaustmusic.org). Henri Dutilleux a rejoint ce groupe dès 1942 (une époque où être résistant n'était pas encore si répandu que cela)  C'est dans ce contexte qu'il a mis en musique le poème, "La Geole" écrit par Jean Cassou. Voir l'article du Monde Culture  du 26 mai 2011 dont je reproduit ci-dessous un extrait :

 "Jean Cassou, l'auteur du poème Eloignez-vous, est un symbole artistique de la Résistance. Incarcéré de 1941 à 1943 à Toulouse, il a interdiction d'écrire et n'a, comme le stigmatisera Aragon, "que la nuit pour encre, et le souvenir pour papier". Cassou parvient toutefois à concevoir et à mémoriser trente-trois sonnets que Les Editions de Minuit font paraître dans la clandestinité, en juin 1944 (en donnant à l'auteur le pseudonyme de Jean Noir). Henri Dutilleux en prend connaissance par le biais du Front national des musiciens, organe de résistance, qu'il rejoint en 1942. Il met aussitôt un des poèmes en musique sous le titre de La Geôle, qu'il dédie à son frère retenu en Allemagne dans un camp de prisonniers. Le baryton Gérard Souzay en assure la création le 9 novembre 1944 en compagnie de l'Orchestre national, dirigé par Manuel Rosenthal".

Un éventuel soupçon d'antisémitisme de la part de Henri Dutilleux semble pour le moins étonnant. En effet, alors que les Musiciens et les compositeurs Juifs étaient proscrits dans la France occupée, il a pris le risque de participer à un réseau clandestin qui organisait des concerts de compositeurs Juifs. : "Others worked to preserve Jewish music through a network of clandestine underground concerts. Concerts dedicated to the works of Darius Milhaud took place in occupied France and in Provence, hosted by Henri Dutilleux and Manuel Rosenthal, the Prince and Princess de Polignac, and the Comtesse Pastré, among others". (voir la page suivante)

S'il avait été un collaborationniste avéré, il est étonnant qu'Henri Dutilleux ait été choisi, en 1944  au moment de la Libération, comme Chef de chœur de la Maison de la Radio (voir article du Monde du 22 mai 2013). L'épuration n'a pas pour réputation d'avoir donné dans la demi-mesure pour tous ceux qui ont été soupçonnés d'être des "collabos". 

Je trouve vraiment affligeant  ce qui a été dit avec une telle légèreté dans l'enceinte publique qu'est un Conseil d'Arrondissement. Il est tellement facile de cracher sur la Mémoire de ceux qui ont vécu il y a plus de 70 ans pendant l'Occupation et qui ne peuvent plus se défendre aujourd'hui. En ce qui concerne Henri Dutilleux, la cible est pour le moins fort mal choisie.

Cet opprobre jeté sur Henri Dutilleux est d'autant plus surprenant qu'en décembre 2013 Christophe Girard avait présidé, en tant que maire, une soirée organisée à l'initiative de Jean-Pierre Plonquet dans la salle des fêtes de la mairie du 4e arrondissement pour célébrer la mémoire du compositeur disparu quelques mois plus tôt (voir mon article du 22 décembre 2013). En présence de sa famille et de ses proches, il avait tenu des propos très élogieux le concernant. Le maire du 4e arrondissement est encore une fois surpris à tenir des discours différents au gré du temps.

 [Addendum du 6 avril 2015 : Lire l'article paru le 6 avril 2015 : MDXLV : L'Honneur de Henri Dutilleux lavé de la suspicion]

vendredi 6 mars 2015

MDXXVIII : La maison natale de Félix Arvers et le premier vers de son célèbre sonnet

  

Rue Budé, sur l'immeuble à l'angle avec le 12 quai d'Orléans (donc sur l'île de la Cité), on peut voir cette plaque en bronze sur laquelle est écrite "Le poète Félix Arvers est né dans cette maison le 23 juillet 1806".

J'avoue que je ne suis pas un spécialiste de ce poète. On peut voir dans des petits écussons situés de part et d'autre le premier vers de son poème le plus célèbre :

 "Mon âme a son secret..."

 

"...Ma vie a son mystère".

 Félix Arvers est né ici le 23 juillet 1806. Son père y était marchand de vins en gros. Une plaque de bronze due au sculpteur Fraisse est apposée sur la façade.

 Voici la version complète de ce poème :

Ma vie a son secret, mon âme a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.

À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
" Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.

Voici une lecture de ce poème et quatre pastiches qui ne manque pas d'intérêt : https://www.youtube.com/watch?v=mPHB3YuAlQY

Ce poème a aussi de parole à une chanson de Serge Gainsbourg.

Pour lire d'autres poème de Félix Arvers (qui sont dans la même verve romantique), voir le lien suivant : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/felix_arvers/felix_arvers.html