dimanche 31 août 2008

CXXIII : Eté 2008 : Le splendide come back de la Tour Saint-Jacques

 

C'est avec un énorme plaisir qu'au cours de cet été, j'ai retrouvé un de mes monuments préférés du 4e arrondissement. (J'avais déjà écrit un article sur le 4e que j'aime à son sujet). Pour moi qui passe mon 13e été dans le 4e arrondissement, quelle joie de retrouver les effets de lumière, notamment le soleil couchant, sur cette tour du XVIe siècle ! Cela fait de très nombreuses années qu'elle était masquée par de tristes échafaudages. 

 Cette tour a été édifiée au début du XVIe siècle, entre 1509 et 1522. Les Parisiens ont en effet mis beaucoup de temps à renoncer au style gothique. Elle est le vestige de l'église Saint-Jacques-de-la-boucherie détruite à la Révolution.

Les travaux de restauration ont été beaucoup plus longs que prévus car il a fallu remplacer plus de 600 tonnes de pierre en mauvais état. D'ailleurs, les travaux ne sont pas complètement finis puisqu'on peut encore voir l'atelier des sculpteurs de pierre situé dans la partie Est du square :


Après la série sur les statues de l'Hôtel de ville -qui est loin d'être finie- , je pourrai me consacrer à une nouvelle série consacrée à celles de la Tour Saint-Jacques.

Les travaux s'achèveront en 2009. Le coût total est de 8,3 millions d'Euros pris en charge pour moitié par la Ville et pour moitié par l'Etat. Prochain gros chantier dans l'arrondissement : la restauration de l'église Saint-Paul-Saint-Louis.

* P.S. : Après avoir fini la série des statues  de l'Hôtel de ville, j'ai effectivement commencé près de 10 ans après avoir écrit cet article une série consacrée aux statues de la Tour Saint-Jacques (à partir du 26 décembre 2017).

 

mercredi 27 août 2008

CXXI : Les statues de l'Hôtel de ville (12e volet) : Jean-François Regnard par Pierre-Eugène Hébert

  

Voici le 12e volet de la série des statues de l'Hôtel de ville.Il concerne la statue située rue Lobau au 2e étage à droite du pavillon d'entrée droit :

Jean-François Regnard est né le 7 février 1655 à Paris. Il était le fils d'une famille de riches marchands des Halles. Il était assez aisé puisqu'il avait une charge de trésorier de France.

C'était un grand voyageur. Le navire qui le transportait en Méditerranée a été intercepté par des corsaires et il a été vendu comme esclave à Alger en 1678. Après, avoir été racheté par sa famille, il a voyagé dans toute l'Europe centrale et du Nord. Il a écrit un Voyage en Laponie. Une destination prisée à l'époque puisque j'ai déjà signalé que Clairaut s'y est rendu quelques décennies plus tard.

C'est avant tout un écrivain et dramaturge français qui a été considéré comme le seul digne successeur de Molière. Le pourtant très acerbe Voltaire a déclaré à son propos : « Qui ne se plaît point aux comédies de Regnard, n’est point digne d’admirer Molière. » Cependant, même sa pièce qui la rendu célèbre à l'époque, Le Joueur,  représentée pour la 1ère fois en 1696 ne me semble pas être passée à la postérité. La seule pièce qui aît encore été réimprimée récemment (en 2002) est Le légataire universel (une pièce de 1708) aux éditions "L'avant Scène Théâtre".

A retenir que Regnard était un défenseur de la cause des femmes : il écrivit Une satire contre les maris en réponse à la Satire contre les femmes de Boileau.Jean-François Regnard est mort au château de Grillon, près de Dourdan le 4 septembre 1709.

La rue Regnard est une toute petite rue du 6e arrondissement. Elle est située juste à côté du théâtre de l'Odéon.

Voici la notice du livre de Georges Veyrat paru en 1892 sur les statues de l'Hôtel de Ville à propos de Jean-François Regnard :

La statue est une oeuvre du sculpteur (Pierre-Eugène) Emile Hébert né 12 octobre 1838 à Paris et mort dans la même ville le 19 octobre 1893.

On lui doit le monument en l'honneur de François Rabelais de Chinon qui date de 1882.

jeudi 21 août 2008

CXV : Conseil de Paris : quelques questions sur la dette de la Ville

 

J'ai assisté à la séance du Conseil de Paris de début juillet 2008.Au moment de ma visite, le sujet n'avait rien de très enthousiasmant puisque l'ordre du jour appelait le vote du budget supplémentaire. Le genre de sujet technique dans lequel les débats sont souvent techniques et les prises de position d'un classicisme à toute épreuve : la majorité de gauche est pour toutes les propositions, l'UMP contre tout et le Nouveau Centre s'abstient sur tout, seuls les Verts tanguent...

Dans ce débat donc très technique deux informations ont retenu mon attention et doivent conduire à une certaine vigilance :

- la dette de 2,1 milliards d'euros. Elle est certes de seulement 1000€ par habitant ce qui est deux fois moins que Lyon et trois fois moins que Marseille. Cependant, cette dette a augmenté de 50% depuis l'arrivée au pouvoir de Bertrand Delanoë puisqu'elle n'était que de 1,4 milliards d'Euros.

- les taxes perçues par la Ville au titre des droits de mutation se sont élevées en 2007 à 900 millions d'euros. Ce montant ne s'élevait qu'à 483 millions d'euros en 2001. Dans un contexte de ralentissement de l'immobilier, la Ville semble donc avoir mangé son pain blanc. N'aurait-elle pas du en profiter pour réduire la dette au lieu de l'augmenter... ?

Voilà une gestion qui n'est pas si éclairée que cela ! M.Delanoë l'a emporté en mars 2008, mais je ne suis pas sûr que les Parisiens avaient conscience de cette évolution des comptes de la Ville.

Vu l'état des finances de l'Etat, on espère que s'il aspire à des fonctions encore plus éminentes, il se résoudra à une gestion plus avisée. Voir le compteur de la dette publique qui montre que malheureusement l'Etat est lui aussi de plus endetté. Un legs que les générations futures devront prendre en charge (environ 20 000 € par habitant !)

mercredi 20 août 2008

CXIV : Les statues de l'Hôtel de Ville (11e volet) : Charles-François Daubigny par Henri-Honoré Dupré

 

Voici le 11e volet de la série sur les statues de l'Hôtel de Ville. Il s'agit de Charles-François Daubigny qui apparaît lui aussi côté rue de Lobeau au 2e étage (voir la photo ci-dessous). 


Charles-François Daubigny est un peintre Il a joué un rôle important dans l'évolution de la peinture au XIXe siècle. Né à Paris le 15 février 1817, il a fait partie du groupe des peintres de l'école de Barbizon. Il est considéré comme un des précurseurs de l'impressionnisme. Il a influencé Claude Monet et Paul Cézanne.

Il est mort à Paris le 19 février 1878. Il est enterré au Père-Lachaise. Un musée lui est consacré à Auvers-sur-Oise (95).La rue Daubigny est située dans le 17e arrondissement.

C'est un artiste que j'ai appris à apprécier après avoir publié cet article : voici deux photographies que j'ai prises de ses œuvres : un verger que l'on peut voir à la collection Walraff de Cologne peint vers 1869 :

Et cette vague présentée à l'exposition de la collection Hansen au musée Jacquemart-André peinte en 1874 :

Voici la notice que lui consacrait en 1892 Georges Veyrat dans son livre que les statues de l'Hôtel de Ville :

La statue est une oeuvre du sculpteur et peintre Henri-Honoré Plé né le 2 mars 1853 à Paris et mort le 31 janvier 1922 à Paris.


vendredi 15 août 2008

CXII : Une façade très "classique" : l'église Saint-Gervais Saint-Protais

 


Voici un article consacré à une autre église du 4e qui date de la même époque : Saint-Gervais / Saint-Protais.

La première pierre de la façade actuelle a été posée en 1616. L'architecte Clément Métézeau a signé un travail d'inspiration typiquement classique. L'ouvrage a été fini en 1657. La façade a causé l'émerveillement général et Voltaire (une grande pensée cordiale à tous ceux qui se réclament de lui...) a dit à son propos "c'est une chef d'oeuvre auquel il ne manque qu'une place pour contenir ses admirateurs".

L'intérêt d'un point de vue artisitique de cette façade est qu'elle respecte les préceptes du classicisme :

 - au 1er niveau des chapiteaux doriques tels qu'on pouvait en trouver dans la Grèce classique (par exemple au Parthénon à Athènes). Comme cela est voulu dans ce style, la partie située au dessus du niveau de ces colonnes est décoré par des triglyples. La sobriété de ce style figurait pendant l'Antiquité le genre masculin. 


 -au 2e niveau, les colonnes sont ioniques. Il comporte deux volutes et le fût de la colonne doit être orné de 24 cannelures. Venu de Ionie (côte ouest de la Turquie actuelle), on retrouve ce genre de colonnes à l'Erechtéion (à côté des cariatides) un autre monument de l'Acropole d'Athènes. Ce style figurait l'élément féminin pendant l'Antiquité.

 

- au 3e niveau, les chapiteaux (même s'ils sont très en hauteur) corinthiens sont caractérisés par deux rangées de feuilles d'acanthe. Ils correspondent au "neutre". Il était très répandu dans l'Empire romain (on le trouve par exemple au Panthéon de Rome ou à la Maison Carrée de Nîmes.)

Sans vouloir tomber dans une mystique cachée (et souvent fausse) à la Dan Brown, il est souvent dit que la présence de ces trois styles représentent dans la logique de la Contre-Réforme catholique le dogme de la "Sainte-Trinité". Au 1er niveau, le style dorique est l'image de Dieu créateur, au 2e niveau le style ionique est celle du Fils (le Sauveur) et au 3e niveau, le style corinthien représente le Saint-Esprit qui doit permettre de retrouver Dieu.

Cette façade est aussi décorée par des statues du XIXe siècle dont je reparlerai dans un prochain article.

mercredi 13 août 2008

CX : Statues de l'Hôtel de ville (10e volet) : Abel-François Villemain par Alexandre-Victor Lequien

 

Voici le 10e volet de la série consacrée aux statues de l'Hôtel de ville. Il s'agit de celle d'Abel-François Villemain qui est très visible puisqu'elle est située au 1er étage côté rue Lobeau, à droite d'un des portails d'accès dans le bâtiment. 

Abel-François Villemain est né à Paris le 9 juin 1790. Il est aussi mort dans cette ville près de 80 ans plus tard le 8 mai 1870. C'est un professeur spécialiste de littérature et de latin. Il a aussi écrit des livres historiques comme l'Histoire de Cromwell en 1819. Il a aussi été conseiller d'Etat à partir de 1826.  Il a pris position contre le renforcement de la censure à la fin du règne de Charles X.

C'est sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) que Villemain a connu son heure de gloire. Il a été fait Pair de France par Louis-Philippe en 1832. Il a donc, dès lors, siégé au Palais du Luxembourg (la Chambre des Pairs était l'ancêtre du Sénat). Il est devenu secrétaire perpétuel de l'Académie française en 1834. Villemain a été ministre de l'Instruction publique de 1839 à 1840 puis à nouveau de 1840 à 1844. Il est l'auteur d'une loi qui réformait l'Université et qu'il eût beaucoup de mal à faire adopter...

Après la révolution de 1848, Villemain se retira de la scène politique. Il se concentra sur des recherches historiques et devint un spécialiste des rapports entre l'Empire et la papauté au Moyen Âge. Il a notamment écrit à cette époque en 1860, La France, l'Empire et la Papauté. Alors que l'Unité italienne était en marche il se faisait de cette manière un ardent défenseur des pouvoirs temporels du pape. Il est mort le 8 mai 1870.

C'était donc un conservateur qui malgré tout a su montrer une grande force de caractère en 1827 à l'époque où il fallait résister aux lois liberticides de Charles X... Comme quoi on peut être d'un tempérament de droite sans pour autant accepter des dérives inadmissibles pour les libertés publiques.

Voici la notice que lui consacré Georges Veyrat dans son ouvrage sur les statues de l'Hôtel de Ville en 1892 :

 

Il existe une rue Villemain dans le XIVe arrondissement.

La statue est une oeuvre de Victor-Alexandre Lequien (1822-1904). En juillet 2022, grâce à @Stefdesvosges j'ai obtenu la date précise de sa mort. Il est  mort à Paris 11e le 30 mai 1904.

Il réalisé en 1868 un buste de Napoléon III qui a été commandé en 9 exemplaires. Encore un artiste sur lequel je ne trouve pas d'informations sur la date précise de sa naissance et de sa mort.

On ne s'en rend pas trop compte sur la photographie mais Lequien a choisi de rendre hommage au rôle d'érudit de Villemain en le représentant avec un nombre impressionnant de livres derrière lui :



dimanche 10 août 2008

CVII : Rue de Lobau (suite) : "Mon mouton, c'est un lion..."

  

J'ai déjà consacré un article à l'origine du nom de cette rue. Je viens de tomber sur une information complémentaire qui explique que ce lieu ait pris le nom de rue Lobau, car il faut bien reconnaître que la bataille dont j'avais parlé n'a pas marqué l'Histoire.

 La rue de Lobau a pris ce nom en 1838 à la mort de Georges Mouton. Ce général a montré une grande bravoure (la bravitude est réservée à l'escalade de la muraille de Chine) lors de la bataille de la campagne de 1809 lors de laquelle, l'ïle de Lobau a joué un rôle stratégique essentiel. Le 21 avril 1809, le général Mouton a repoussé  à sept reprises les assauts autrichiens au pont de Landshut. Napoléon l'a alors fait "comte de Lobau". Il aurait même dit "Mon mouton, c'est un lion". Fait prisonnier à Waterloo, le général Mouton de Lobau a par la suite joué un rôle politique non négligeable.

En effet, né à Phalsbourg (Meurthe le 21 février 1770), il est devenu député de la Meurthe en 1828. Opposant à Charles X, il a été fait général de la Garde nationale après les trois glorieuses (juillet 1830) et la prise de pouvoir par Louis-Philippe. Ce dernier, dans sa volonté de récupérer la légende napoléonienne (pour mémoire, c'est Louis-Philippe qui a fait achever la construction de l'Arc de Triomphe et qui a facilité le retour des cendres de l'Empereur), a couvert le général Mouton de dignités : le comte de Lobau est maréchal de France en 1831 et il a été fait pair de France en  1833. Enfin, dès sa mort, en 1838, la rue Lobau a pris son nom. Elle est située derrière l'Hôtel de ville qui justement avait été complètement reconstruit sous Louis-Philippe pour être agrandi (Le bâtiment détruit en 1871 pendant la Commune a été rebâti en conservant les mêmes dimensions).

Plus qu'à la bataille de Lobau, la rue doit doit donc davantage son nom à ce personnage qui, il faut l'admettre, a été un peu oublié depuis...

Je ne suis même pas sûr du tout que les quatre énormes lions, qui ornent les portails d'entrée de l'Hôtel de ville du côté de la rue Lobau, aient un rapport avec la phrase "mon mouton c'est un lion".

Sources :

- Bernard STEPHANE, Dictionnaire des noms de rues, Mengès, réédition 2005, (1ère édition 1977).

- article de Wikipédia sur le général Mouton.

- article sur le site napoleonbonarparteworldpress.com

mercredi 6 août 2008

CIII : Statues de l'Hôtel de ville (9e volet) : Nicolas Malebranche par Gustave Debrie

  

Voici le 9e volet de la série sur les statues de l'Hôtel de ville. Celle-ci est située rue Lobau au 3e étage. Voir la photo ci-dessous pour bien la localiser : 

 

Il s'agit d'un personnage dont le nom n'est pas inconnu puisqu'il s'agit de Malebranche, Nicolas de son prénom. Ma 1ère surprise a été de découvrir qu'il était le contemporain exact de Louis XIV puisqu'il est né à Paris le 6 août 1638 (un mois avant le Roi-Soleil) et qu'il est mort -toujours à Paris- le 13 octobre 1715 (un mois et demi après le Roi-Soleil). [Ceux qui connaissent savent que ce genre de détail ne pouvait pas m'échapper].

Nicolas Malebranche était le fils du trésorier de Richelieu. C'est un théologien et un philosophe. Pour lui, le fait de penser prouve que l'Etre existe. Adaptant le Cogito cartésien, Malebranche semble nous dire "Je pense, c'est donc que Dieu existe". Il est l'auteur d'un ouvrage écrit en 1707 qui montre l'importance à cette époque des échanges intellectuels avec l'extrême Orient : Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois sur l’existence et la nature de dieu.

Voici la notice que Georges Veyrat lui consacre dans son livre de 1892 sur les statues de l'Hôtel de Ville :


La rue Malebranche est une rue du 5e arrondissement. Elle est parallèle à la rue Soufflot. 

La statue est une œuvre du sculpteur Gustave-Joseph Debrie.  Cet artiste très peu documenté a travaillé en 1900 sur le Monument des Girondins à Bordeaux. De nombreux sites indiquent une date de décès erronée. En juillet 2022, grâce à @Stefdesvosges j'ai obtenu les dates précises de sa naissance et de sa mort. Il est né à Paris le 18 septembre 1842 et mort à Paris 5e le 15 mai 1924.