dimanche 31 juillet 2016

MDCCLIII : Les façades de Paris Centre : deux façaces identitiques de la fin XIXe au 40 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie et au 3 rue du plâtre

 

voici un nouvel article de la série consacrée aux façade des immeubles du Centre de Paris. Je me suis intéressé à celle-ci pour illustrer comment le respect des règles d'urbanisme haussmannienne expliquait que certaines façades soient en retrait. Tel est en effet ce qu'on peut voir avec cet immeuble assez étroit (3 fenêtres sur façades) que l'on peut voir au 40 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. Les deux constructions voisines ne respectent pas l'alignement voulu au XIXe siècle car elles sont plus anciennes.

Or, en cherchant la date précise de l'édification de l'immeuble situé au 40 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, sur un site qui recense tous les permis de construire de cette époque (Paris en construction), j'ai eu la surprise de me rendre compte que l'immeuble avait été construit en même temps et par le même architecte que l'immeuble du 3 rue du plâtre, la rue parallèle au Nord et qui est dans le même pâté de maisons.  On peut comprendre pourquoi grâce à une vue aérienne degoogle : si les deux façades sont distantes et séparées par un autre immeuble intermédiaire, les façades du 3 rue du plâtre (la  double flèche jeune du haut) et celle du 40 rue du plâtre (la double flèche du bas) sont à la même hauteur du pâté de maisons :

Je suis donc allé voir sur place à quoi elle ressemblait la façade du 3 rue du plâtre...

J'ai eu une petite surprise (surtout que je fréquente particulièrement ce quartier depuis près de 20 ans),  et même si au 3 rue du plâtre la façade est beaucoup plus longue (7 fenêtres sur rue),  de me rendre compte  que les deux façades sont jumelles.

Les décors sont (presque) les mêmes. On peut s'en convaincre tout d'abord en observant avec les portails d'entrée : voici celui du 40 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie :

et celui du 3 rue du plâtre :


Les consoles qui soutiennent le linteau -au dessus de la porte- sont exactement semblables.

On fait le même constat avec les balcons avec par exemple le grand balcon central du 2e étage du 40 rue du plâtre :

On le retrouve (mais en 2 exemplaires disposés donc symétriquement sur la façade) au 3 rue du plâtre :

Autre similitude totale dans le traitement des ouvertures du 3e étage comme on peut le voir ci-dessous avec le 40 rue Sainte-Croix puis le 3 rue du plâtre :

Pour s'amuser aux jeux des différences (outre la longueur de la façade et des balcons), on peut cependant noter quelques rares dissemblances. Par exemple, dans le traitement des fenêtres du 2e étage. On peut observer des décors floraux sur les consoles qui soutiennent le rebord des fenêtres au 40 rue Sainte-Croix mais ils sont remplacés par des décors géométriques 3 rue du plâtre :

 Le permis de construire des deux immeubles a été déposé le 5 septembre 1898 par un architecte appelé P. Marbeau et au nom d'une propriétaire V P. Houdé,

Le décor est assez caractéristique de ce qui se faisait à Paris dans la 2e moitié du XIXe siècle. L'immeuble du 40 rue Sainte-Croix est beaucoup plus sobre que celui que l'on peut trouver pas loin de là sur le trottoir d'en face au 39, qui date de la même époque et auquel j'ai consacré un article le 5 décembre 2009.

Notons aussi que le 3 rue du plâtre va devenir une adresse très chic puisqu'il jouxte le lieu où va ouvrir la fondation des Galeries Lafayette (voir mon article du 4 novembre 2015)

jeudi 28 juillet 2016

MDCCLII : Une autre exposition à ne pas manquer au Centre Pompidou : Pierre Paulin

J'ai déjà évoqué il y a peu l'exposition consacrée à Paul Klee qui se tient au Centre Pompidou jusque début août (voir article du 21 juillet 2016). Je tenais à signaler également une autre exposition qui se tient au même endroit et que j'ai visité à la même occasion : la rétrospective consacrée à Pierre Paulin (1927-2009).

Celui-ci était un designer de génie qui a non seulement fabriqué du mobilier mais aussi des objets de la vie courante tels que des appareils d'électro-ménagers.

L'exposition est vraiment très belle à voir et on peut y découvrir de très beaux meubles. Je pense notamment aux sofas qui ont ensuite été installés dans la grande galerie du Louvre (avec des couleurs plus neutres) :

enfin, comme Pierre Paulin a travaillé pour deux présidents de la République, Georges Pompidou et François Mitterrand, on peut signaler ce superbe siège de bureau fabriqué en 1984 pour le 4e Président de la Ve République :

jeudi 21 juillet 2016

MDCCXLIX : Une rétrospective très complète de l'oeuvre de Paul Klee au Centre Pompidou

  

Jusqu'au 1er août 2016, le Centre Pompidou présente une exposition consacrée à Paul Klee, un artiste que je ne connaissais pas bien et dont j'avais du mal à cerner l’œuvre.

L'exposition qui offre une rétrospective très complète des créations de l'artiste permet de comprendre ce qui fait la spécificité de Paul Klee : l'artiste ne s'est jamais figé dans un courant artistique précis et a sans cesse évoluer dans son mode d'expression. Marcel Duchamp, neuf ans après la mort de l'artiste en 1940, a bien résumé cette idée "son extrême fécondité n'a jamais montré de signes de répétition comme c'est généralement le cas. Il avait tellement à dire qu'un Klee ne ressemble jamais à un autre".

Parmi les œuvres présentées, plusieurs ont attiré mon attention :

Un paysage de sa période cubiste avec une œuvre qui date de 1914 et qui n'est pas sans préfiguré (ou inspiré le style de Nicolas de Staël ou de Lyonel Feininger, deux peintres que j'apprécie énormément) :

 
Saint-Germain près de Tunis, 1914

J'ai aussi été amusé par une série un peu décalée de personnages nus dans des attitudes étranges. Je pense notamment à ce pianiste qui à l'air complètement déjanté :

 
Le pianiste en détresse, 1909

Enfin mon attention a été très attirée par une série de dessin de 1933 au moment de la prise de pouvoir par les nazis en Allemagne. Paul Klee qui été germano-suisse a alors quitté définitivement quitté l'Allemagne non sans témoigner de la violence à laquelle il a assisté. Le caractère tourmenté de ses œuvres permet d'illustrer l'horreur qu'il a pu ressentir :

 
Violence, 1933

Une exposition à voir donc avant le 1er août.
 

lundi 18 juillet 2016

MDCCXLVIII : Financement de restauration patrimoine cultuel à Paris : des avancées mais qui méritent des éclaircissements.

 

Cela fait des années que je peste sur ce blog contre les échaudages qui ornent le superbe clocher de l'église Saint-Gervais Saint-Protais, une des tours médiévales les plus hautes du 4e arrondissement (à l'exception des tours de Notre-Dame). Ces échafaudages sont en place depuis 2011, c'est-à-dire bientôt  5 ans. Je rappelle que des crédits de rénovation de cette tour ayant été brutalement annulés, les échafaudages ont été installés mais les travaux de rénovation de la tour n'ont jamais été lancés avant 2014... ni même après. Du coup ces échafaudages que l'on peut voir depuis la place Baudoyer où se trouve la mairie du 4e n'ont pas bougé depuis :


Je fais partie de ceux qui affirment qu'il faut arrêter avec la démagogie et  faire croire qu'il est possible de "raser gratis". Les finances de la ville de Paris sont dans un tel état qu'il n'est pas possible de financer les restaurations de tous les édifices cultuels qui en ont besoin. Aussi je fais partie de ceux qui depuis des années demandent que les mécènes et des annonceurs puissent participer à ce financement.J'ai été ravi d'apprendre l'annonce par la Ville de Paris d'un plan lancé le 10 avril 2015 pour la rénovation des bâtiments religieux. Il était prévu dans le cadre du projet de mandature, jusqu'en 2020,  que la Ville finance 80 millions, 10 millions par l'Etat et 20 millions par des financements externes.