vendredi 8 juillet 2022

MMCDLI : Les splendeurs de l'Hôtel Le Bas de Montargis visibles au Louvre mais qui jadis se trouvaient Place Vendôme

 

En visitant le Louvre, on peut voir les décors d'un  très bel hôtel particulier avec un superbe ensemble de boiseries typiques du XVIIIe siècle.


Les cartels et une vidéo présentés sur place permettent d'en savoir plus sur le bâtiment dans lequel se trouvait ces décors. Il s'agit de l'Hôtel Le Bas de Montargis situé dans l'angle Sud-Ouest de la place Vendôme  que l'on peut voir sur le plan Turgot des années 1730 :

Pour ceux qui connaissent bien la place il s'agit de l'angle situé à gauche du Ministère de la Justice :

La construction de cet hôtel particulier a été particulièrement soigné puisque son propriétaire était l'architecte Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) en personne. Il a pris le nom d'Hôtel Le Bas de Montargis car la fille de l'architecte Catherine Henriette Hardouin-Mansart (1673-1748) a épousé  en 1693 Claude Lebas de Montargis, marquis du Boucher-Valgrand (1659-1731) qui était richissime (il était trésorier général de l'extraordinaire des guerres). C'est ce dernier qui a donné son nom à cet hôtel puisque l'édifice a été achevé en 1708, l'année même de la mort de son beau-père.

La configuration de l'Hôtel a été profondément modifiée au XXe siècle pour créer un vaste  passage au rez-de-chaussée vers la rue Saint-Honoré mais elle permet de se rendre compte de la relative étroitesse de la façade puisqu'on ne ne compte que 5 fenêtres donnant vers la place Vendôme.

La vidéo présentée au Louvre permet de se rendre compte de l'utilisation optimale de l'espace par Jules Hardouin-Mansart :

L'escalier d'honneur a été placée en l'arrière sur la droite pour desservir des pièces pour l'usage privé et la domesticité.

Sur la façade, on distinguait  cinq niveaux :

Au niveau 1, on trouvait les pièces de service, les écuries et les cuisines. Au niveau 2 : les appartements privés. Au niveau 3 : l'appartement principal des maîtres de maison. Au niveau 4, les chambres des enfants et des domestiques. Au niveau 5 : d'autres chambres pour la domesticité.

L'étage d'honneur malgré l’exiguïté de la façade sur la place permettait la disposition que les salles d'apparat donnent sur la place avec une succession : antichambre,  grande chambre et grand cabinet :

Cette division en trois pièces ne se voit pas sur la façade car elle est ordonnancée par 7 colonnes :

A: L'antichambre, B : La grande Chambre, C : Le Grand Cabinet.

Un étage joua un rôle important dans l'histoire intellectuelle française, l'entresol :

En effet, à partir de 1724, c'est à cet endroit que se réunissait le "club de l'Entresol". Ce cercle de réflexion et d'échange se réunissait dans l'appartement du Président Charles-Jean-François Henault (1685-1770) qui avait épousé en janvier 1714... Catherine-Henriette Le Bas de Montargis (1695-1728) qui était donc la petite-fille de Jules Hardouin-Mansart.

Le "club de l'entresol" se réunissait chaque samedi de 17h à 20h et comprenant une vingtaine de membres dont l'Abbé de Saint-Pierre. Il recevait des invités parmi lesquels on compta notamment Montesquieu, Helvetius, Mme Du Deffand ou le marquis d'Argenson.

Le "club de l'Entresol" fut fermé en 1741 à la demande du cardinal de Fleury, Premier Ministre de Louis XV, qui trouvait que les idées qui y étaient diffusées pouvaient être dangereuses pour la Monarchie et l'Eglise mais aussi car ce club suscitait quelques jalousies.

Il ne reste rien de cet entresol puisqu'au XXe siècle, le bâtiment a été complètement remanié ouvrir un passage vers la rue Saint-Honoré :

La façade arrière est plus représentative du style Art Déco à la mode à partir de 1910 que du style Mansart !

Cela explique pourquoi les décors de l'Hôtel Lebas de Montargis sont installés au Louvre...

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