dimanche 3 juillet 2022

MMCDXLIX: L'Hôtel de Donon, un exemple des hôtels particuliers de la fin du XVIe siècle

  

L'Hôtel de Donon, situé rue Elzevir abrite depuis 1990 les collections du musée Cognacq-Jay, présentées auparavant (et depuis 1928) au 25 boulevard des Capucines et auxquelles je suis particulièrement attachées. Il s'agit en grande partie d'objets et d’œuvres du XVIIIe siècle.

Cependant, il est aussi intéressant de s'intéresser à l'histoire du bâtiment lui-même car il s'agit d'un des hôtels particuliers les plus anciens du Marais.

Il est situé dans un espace situé au Nord de la rue des Francs Bourgeois qui était jusqu'au milieu du XVIe siècle, un espace périphérique comme on le voit sur le plan de Bâle des années 1550 :


 Le quartier avait radicalement changé d'aspect dans les années 1730 sur le plan Turgot et on y voit très bien l'Hôtel de Donon :

L'Hôtel de Donon, tout comme ceux qui le voisinent dans le pâté de maisons situé entre la rue Elzevir et la rue Payenne date de la 2e moitié du XVIe siècle. Il a été bâti pour Méderic de Donon. Celui-ci portait un prénom très local en raison de la proximité de l'église Saint-Merry ou Saint-Médéric qui y abritait les reliques du saint. Ce personnage était conseiller du roi Henri III depuis 1575 et son contrôleur général des bâtiments. La construction de l'Hôtel de Donon date justement de 1575/1577. Le nom de l'architecte n'est pas connu mais elle est fortement inspirée par Philibert Delorme et par Jean Bullant qui était un proche de Médéric de Donon.

Médéric de Donon était né en 1521. Il est mort le 18 mars 1590 alors que Paris était aux mains de la Ligue. Il était marié avec Jeanne de La Robbia (née vers 1530 et décédée le 18 mars 1584) et il était donc le gendre de Girolamo Della Robbia né à Florence en 1481 et mort à Paris le 4 août 1556, le célèbre architecte et céramiste italien.

Cet hôtel a la particularité des hôtels particuliers de la 2e moitié du XVIe siècle et du tout début du XVIIe siècle avec un détail que l'on observe aussi bien côté cour: sous le corps de logis principal, un étage en partie en sous-sol avec juste des fenêtres à hauteur du sol accueillait une partie des salles réservées aux cuisines et à la domesticité :

 Côté cour, des escaliers permettent d'accéder plus facilement à cet étage en partie enterré :

En allant aux toilettes du musée, on peut voir un couloir qui est situé dans ce soubassement :

Cette solution était fort pratique puisque les cuisines permettaient aussi de chauffer le corps de logis principal. Par contre, cela avait un gros inconvénient : le bruit et surtout les odeurs. Cela explique pourquoi, dans les Hôtels construits par la suite, ces pièces ont été reléguées dans les ailes latérales.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire