lundi 30 août 2021

MMCCCXXXVI : Les façades de Paris Centre : un immeuble de la Monarchie de Juillet à l'angle de la rue de Richelieu et du boulevard Montmartre

Voici un nouvel épisode de la série consacrée aux façades d'immeuble de Paris Centre. Il concerne un édifice devant lequel je passe très souvent et que j'ai beaucoup pris en photo pendant les confinements. Il est situé à l'angle de la rue de Richelieu et du boulevard Montmatre (donc dans le Nord-Ouest du secteur Paris Centre).

Cet immeuble a d'abord attiré mon attention en raison d'un décor étrange que l'on peut voir dans la partie située le long de la rue Richelieu :


 On peut en effet voir cinq de ces étranges décors végétaux :

On ne les trouve que sur la façade côté rue Richelieu. Pourtant on voit qu'elle est coordonnée avec le décor du boulevard Montmartre car le portail (situé au 112 rue de  Richelieu) :

a le même aspect que celui situé au 21 rue Montmartre :

Mais quand on regarde attentivement la façade qui donne sur le Boulevard Montmartre, on peut faire de très belles découvertes : 

Les ferronneries y sont particulièrement belles :

mais on peut aussi observer deux sculptures en bas-relief :

les thèmes représentés ne sont pas évidents :

On observe aussi des fresques dans un goût qui rappelle les décors de Pompéi en vogue depuis la fin du XVIIIe siècle :

Il s'agit de personnages :

mais on peut aussi observer deux griffons :

Enfin, sous les balcons, en regardant d'encore plus près, sous les balcons, on peut observer un thème vu sur d'autres façades : 

On reconnaît les signes astrologiques :

De façon assez étonnante; il manque le Scorpion, le Sagittaire et le Capricorne. Peut-être était-il dans la partie située rue de Richelieu et qui ont peut-être disparu par la suite.

Cet immeuble est inscrit dans la liste de ceux qui dont l'objet d'une protection patrimoniale. On y apprend qu'il a été "construit à partir de 1837, comme ses voisins du n°15 au n°23, constituent la tête de l'îlot  entre les rues Vivienne et Richelieu. La forme régulière des cours rappelle qu'il s'agit d'une même opération.Façades très spectaculaires, tant par leur ampleur que par leurs qualités
décoratives" et qu'il s'agit d'un "immeuble de rapport caractéristique de la Monarchie de Juillet appartenant à un ensemble construit pour le comte d'Osmond, riche propriétaire foncier, dans les années 1830 et figurant au XIXe siècle parmi les locations les plus élevées de la capitale".

Parmi les locataires de cet immeuble, on trouve Honoré de Balzac qui y a à partir de 1838 comme on peut le lire sur le site "Terre des écrivains" :  " L’angle de la rue Richelieu et du boulevard Montmartre (110-112 rue de Richelieu) est l’adresse du pied-à-terre que Balzac loue au tailleur Buisson sous les toits, à partir de 1838. Le restaurant-bal Frascati a disparu deux ans auparavant lorsque les nombreux établissements de jeux qui foisonnaient dans le quartier ont été interdits d’activité. Il a été démoli et un immeuble lui a succédé, construit par Jean Buisson, tailleur-spéculateur immobilier." C'est à cette époque qu'Honoré Balzac a écrit Les Illusions perdues et Splendeurs et Misères des courtisanes. 

Balzac photographié par Nadar en 1845

 Le café Frascati qui était situé à cet endroit était le plus ancien café du boulevard. Il avait ouvert en 1798 (ou 1792 selon les sources). Le lieu a été décrit par un voyageur anglais en 1802 : « L'entrée ressemble à celle de la maison de quelque grand seigneur ; le rez-de-chaussée se divise en élégants salons, splendidement éclairés et ornés de miroirs. Ces salons s'ouvrent sur un jardin rempli d'orangers et d'acacias illuminés, avec des grottes, des temples, des allées féériques ; le joyeux effet des lampes de couleurs, ainsi que l'entrain général font penser aux contes des Mille et une nuits. » (John Dean Paul, Journal d'un voyage à Paris au mois d'août 1802, traduit et annoté, pour la Société d'histoire contemporaine, par Paul Lacombe, A. Picard, Paris, 1913, p. 49-50). On voit ce café en 1822 sur cette peinture de Christophe Civeton


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