J'ai été amusé de découvrir un mur aveugle marquant la limite avec la parcelle située, juste à côté sur la droite :
En sortant, j'ai lu le panneau informatif situé juste devant la façade.On y lit "Hôtel de Sandreville. Sous cette appellation, il convient de distinguer deux hôtels d'époques fort différentes. Le premier a été bâti, vers 1586, en fond de cour pour Claude Mortier, sieur de Soisy, notaire et secrétaire du roi. La façade sur jardin, restaurée, est la plus belle, et donne un bon exemple de l'architecture privée à Paris à la fin du XVIe siècle. Le nom de Sandreville vient d'un éphémère propriétaire au temps de Louis XIII; plus célèbre est Guillaume Cornuel, époux d'une des femmes les plus spirituelles du Marais. Le second corps d'hôtel, sur la rue des Francs-Bourgeois, a été reconstruit en 1767 pour Louis-Charles Le Mairat. La façade est déjà de style Louis XVI".
Cette mention de "Guillaume Cornuel, époux d'une femmes les plus spirituelles du Marais" m'a interpelé car on ne pouvait pas y lire le nom de l'épouse elle-même. Une recherche assez rapide m'a fait découvrir une personnalité, que je l'avoue, je ne connaissais pas : Madame Cornuel.
Celle-ci, née sous le nom d'Anne-Marie Bigot, le 29 novembre 1605, était la fille de Jacques Bigot, intendant du duc de Guise et qui mourût le 8 mars 1626. Moins d'un an après la mort de son père le 7 février 1627, elle épousa à l'église Saint-Jean-en-Grève, Guillaume Cornuel, né vers 1578, et qui était "trésorier des parties casuelles et de l'extraordinaire des guerres" (une fonction financièrement très profitable). Guillaume Cornuel, avec son épouse, acheta l'hôtel de l'actuel 26, rue des Francs-Bourgeois en 1638. Il décéda le 28 octobre 1657, mais sa veuve, Madame Cornuel lui survécut plus de 35 ans. Elle mourût le 9 février 1694 à l'âge de 88 ans. Elle tint avec ses filles un salon qui eut une certaine notoriété et qui accueillit notamment Mme de Sévigné qui venait en voisine. Anne-Marie Bigot de Cornuel était très célèbre pour son don des réparties (et elle a été assez régulièrement citée par Madame de Sévigné dans ses lettres).
J'ai trouvé une page très complète à son sujet (même si elle comporte une erreur en ce qui concerne la date de la mort de son mari qui est mort en 1657, et pas en 1650). Une épitaphe rédigée juste après sa mort, en 1694,permet de comprendre la réputation qu'elle avait :
" Ci-gît qui de femme n'eut rien 
Que d'avoir donné la lumière 
A quelques enfants, gens de bien, 
Et peu ressemblants à leur mère, 
Célimène, qui de ses jours, 
Comme le sage, et sans faiblesse, 
Acheva le paisible cours. 
Dans ses mœurs, quelle politesse ! 
Quel tour, quelle délicatesse 
Éclataient dans tous ses discours !"
Parmi les propos acerbes, voyant un monsieur pâle et décharné, elle aurait dit "Voici un monsieur qui a oublié de se faire enterrer". Elle eut surtout cette phrase assez savoureuse "M. le duc de Rohan est bien né, mais il a été bien mal fouetté".
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| Madame Cornuel (1605-1694) | 
Madame Cornuel tenait salon en l'hôtel du 26, rue des Francs Bourgeois, en compagnie de son amie Marguerite Le Gendre issue du 1er mariage, de la veuve de Guillaume Cornuel. Marguerite Le Gendre était la fille de Marguerite Combefort et d'un dénommée Le Gendre. Devenue veuve, Mme Le Gendre avait épousé Guillaume Cornuel, mais elle était elle-même décédée en 1626. Madame Cornuel avait donc un lien familial très éloigné avec Mademoiselle Legendre, née en 1600, mais elle la considérait comme sa belle-fille. Elles n'avaient que 15 ans de différences. Elle fut connue dans le "monde précieux" sous le nom de la reine Marguerite. Elle épousa en 1652 le gouverneur de Vincennes, Monsieur de la Ferronnays.
Quant à Madame Cornuel, Tallemant des Réaux lui consacra une de ses Historiettes. Voici des extraits ce qu'il dit de Mme Cornuel :
"Madame Cornuel était fille unique d'un M. Bigot, qu'on appelait Bigot de Guise, parce qu'il était intendant de feu M. de Guise. Cette fille avait été furieusement dorlotée. Le père, qui était riche, fit quelque méchante affaire; il fut tout glorieux de la donner à Cornuel, frère du président Cornuel, dont nous avons parlé. Cet homme en devint amoureux à l'enterrement de sa première femme, et l'épousa peu de temps après. C'était une jolie personne et fort éveillée. Il n'y avait pas longtemps qu'ils étaient ensemble quand elle s'avisa d'une plaisante folie. Un soir, qu'elle avait fait semblant d'aller dehors à une assemblée du voisinage, elle s'habille comme on représente les âmes qui reviennent, et sur le minuit va tirer les rideaux de ce pauvre homme, et lui fit des reproches de son ingratitude, et après elle se mit à rire comme une folle.
Elle a de l'esprit autant qu'on en peut avoir; elle dit les choses plaisamment et finement. Une fille de la première femme de son mari, qu'on appelle mademoiselle Le Gendre, et une fille de M. Cornuel et de cette première femme qu'on appelle encore aujourd'hui Margot Cornuel, ont aussi toutes deux bien de l'esprit, et de cet esprit un peu malin, qui est celui qui plaît le plus. Tout cela attirait bien du monde chez elle, car ces trois personnes étaient toutes trois jolies.
Elle dit que les cornes sont comme les dents; elles font du mal à percer, et après on en rit. Ce fut elle qui donna le nom d'Importants aux gens de la cabale de M. de Beaufort, parce qu'ils disaient toujours qu'ils s'en allaient pour une affaire d'importance. Elle a dit depuis que les Jansénistes étaient des importants spirituels.")
D'autres informations données à propos de cet Hôtel particulier ont attiré mon attention. J'en parlerai dans mon prochain article...






 










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