La galerie Véro Dodat est située dans le 1er arrondissement avec une entrée Est rue du Bouloi (photo ci-dessus) et une autre à l'Ouest rue Jean-Jacques Rousseau (photo ci-dessous)
Elle a été construite en 1826 donc pendant la Restauration (tout comme d'autres galeries couvertes de Paris Centre qui datent des années 1820 : le passage du Bourg l'Abbé [article du 13 juin 2020], le passage Choiseul [article du 22 octobre 2020], le passage du Ponceau [article du 16 mai 2020], le passage Vendôme [article du 20 octobre 2019], et la galerie Vivienne [article du 22 juin 2020]).
La galerie a été bâtie à l'initiative de deux promoteurs qui avaient fait fortune dans la charcuterie : Benoît Véro et François Dodat*. La charcuterie de Benoît Véro était située tout près du passage, rue Montesquieu. On voit ce plan de Paris de 1840 ci-dessous que la galerie (appelée ici passage) est dans le prolongement Est de la rue Montesquieu.
Benoît Véro a acheté la parcelle où se trouvait un hôtel particulier passé entre plusieurs mains. Il était visible sur le plan Turgot des années 1730 :Cet hôtel a appartenu au XVIIe à la famille Dreux d'Aubray qui doit sa funeste renommée à Marie-Madeleine Anne, plus connue sous le nom de marquise de Brinvilliers (nom qu'elle prit après son mariage en 1651 avec Antoine Gobelins, marquis de Brinvilliers). La marquise fut une des principales protagonistes de "l'affaire des Poisons" dont furent victimes -notamment - son père Antoine Dreux d'Aubray (1600-1666) seigneur d'Offémont, lieutenant Civil du Châtelet à Paris, et ses deux frères cadets Antoine (mort le 17 juin 1670) et François (mort le 12 novembre 1670). Après un procès, la marquise fut exécutée en place de Grève, le 17 juillet 1676.
François Véro acheta cet hôtel et pour mener à bien le projet de construction de la galerie, il s'associa à un autre charcutier parisien, François Dodat, dont l'enseigne "Au Grand Saint-Antoine'" était située rue du Faubourg Saint-Denis à l'angle qà l'Est de la porte Saint-Denis. On peut encore y voir aujourd'hui une statue du "grand Saint-Antoine" qui date du milieu du XIXe siècle :
La galerie Véro-Daudat, inaugurée en 1826, avait une particularité : elle a été, dès son ouverture, éclairée au gaz (le premier éclairage des rues au gaz à Paris date de 1818). Les verrières (possibles grâce à l'emploi d'une structure métallique elle aussi caractéristique de l'âge industriel) donnent beaucoup de luminosité :
La galerie rénovée entre 1980 et 1997 a gardé une grande partie d'un charme du Paris de la 1ère moitié du XIXe siècle :
On trouve plusieurs références à l'Antiquité. Tout d'abord, sur la façade de l'entrée rue du Bouloi : on peut observer deux statues :
l'une représente Hermès (ou Mercure) :
Dans les panneaux centraux, on peut reconnaître des dieux romains qui font aussi allusion à l'Antiquité :
- Mercure le dieu du commerce :
- Minerve la déesse de la sagesse avec un rameau d'olivier tenant à distance un nuage (symbolisant la guerre et la discorde) :
- Cérès, la déesse de l'agriculture :
- Apollon, le dieu des Arts :
On peut aussi voir des putti qui représentent différents thèmes :
- la géographie :- l'ivresse (ou l'abondance) :
- l'agriculture :
- la Musique :
- la peinture :
ces angelots sont eux-mêmes décorés par des personnages qui représentent des anges aux quatre coins des panneaux :
Un panneau informatif concernant la galerie est installée à droite de l'entrée de la galerie côté rue du Bouloi :
Il comporte une information qui m'a interpelé : on y lit que le succès de la galerie est due à la proximité de Messageries générales, "terminus de toutes les diligences de France".
Cette affirmation est un peu excessive mais j'en reparlerai dans un article à venir.
Par un arrêté du Ministère de la Culture du 9 juin 1965, plusieurs éléments du passage ont été inscrits à l'inventaire des Monuments historiques : les façades et les toitures sur rues ; les façades et les plafonds intérieurs, les sols du passage.
A lire :
- La page du Site du Ministère de la Culture.
.- le livre "Les Français et l'Argent. Entre fantasmes et réalités", Presses Universitaires de Rennes, page 47 à propos de Benoît Véro et François Dodat.
- l'article très complet et très documenté du site Paris La Douce.
- l'article du blog passages couverts de Paris
- sur le "Grand Saint-Antoine", voir un article de Paris Bise Art.
Merci pour l'article et pour les photos. Le plan de 1840 est passablement faux. La galerie aboutit en réalité nettement au sud de la rue des Deux Ecus. Entre autres imprécisions coupables. La même année, Vuillemin, Hennequin et Perrot font mieux :
RépondreSupprimerhttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53085193v/f1.item.zoom
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53085179q/f1.item.zoom
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53085176c/f1.item.zoom