mercredi 4 janvier 2023

MMDXXI : Un souvenir du faste du salon de l'Empereur à l'Hôtel de Ville

 

Au Petit Palais, on peut admirer cette oeuvre du peintre Jean-Dominique Ingres. Le cartel indique qu'il s'agit d'une esquisse de 1853 pour le salon de l'Empereur à l'Hôtel de Ville de Paris, ce qui m'a conduit à creuser le sujet.

Le cartel donne plusieurs informations très intéressantes. Il permet notamment de localiser l'endroit où se trouvait cette salle dans l'Hôtel de Ville avant son incendie en 1871. Il est en effet précisé que cette salle se trouvait au sud de la Galerie des fêtes :

Sur un plan de l'Hôtel de ville à cette époque, j'ai indiqué par un "1" le grand escalier d'honneur, par un "2" la galerie des fêtes et par un "3" le salon de l'empereur :

Je n'ai trouvé qu'une photographie représentant ce salon :

On voit qu'au dessus de la cheminée le portrait de l'empereur Napoléon Ier en tenue de sacre par le baron Gérard, mais comme il l'est indiqué dans le cartel, l'apothéose de Napoléon Ier par Ingres se trouvait au plafond. On l'aperçoit sur ce tableau de 1855 peint à l'occasion de la visite officielle de la reine Victoria :

Malgré le lustre on voit dépasser les pattes des chevaux qui tirent le char qui conduit Napoléon Ier vers son apothéose :

Ce décor a disparu avec l'incendie de l'Hôtel de Ville en mai 1871. Atget a pris une photographie de cette salle alors qu'elle n'était plus qu'en ruines :

Cette apothéose de Napoléon Ier par Ingres devait servir le dirigeant qui l'avait commandé : l'empereur Napoléon III. La ville de Paris a frappé une monnaie qui permet de le montrer :

Cette monnaie date de 1854 comme on peut s'en rendre compte au revers :

Elle a fait l'objet d'un article dans l'édition du 9 mai 1857 du Monde illustré (page 15). On voit apparaître encore mieux que sur la monnaie un détail intéressant :


 On peut lire "IN NEPOTE REDIVIVUS", ce qui signifie "dans le neveu, revenu" ce qui laisse entendre que grâce à Napoléon III, neveu de l'empereur Napoléon Ier, la France a retrouvée sa grandeur.

Le journaliste dans son enthousiasme à louer le régime en place s'est risqué à estimer que ce plafond de l'Hôtel de Ville serait pour longtemps le chef d’œuvre de l'Hôtel de Ville :

Nul ne pouvait prévoir que moins de 15 ans après la publication de cet article, ce décor serait parti en fumée.

Parmi les détails intéressants que l'on voit sur l'esquisse, on peut remarquer la quasi nudité de l'empereur :

et surtout à la base la façon dont Nemesis, la déesse de la Justice placée derrière le trône semble donner un uppercut au Crime et à l'anarchie :


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